~~ Espace – Temps – Matière.
Avec cet article je me réfère aussi à ceux précédents : ‘Un authentique Big-Bang’, du 27/08/2014, et ‘Descartes, Spinoza…merci Maurice Merleau-Ponty’, du 23/09/2014, dans lesquels j’indiquai ma conception de la fondation de l’Espace et du Temps. Ici je veux préciser une différence significative, déjà esquissée, de ces deux processus de fondation par le sujet pensant. Différence qui est conforté ‘en creux’, donc sujet à interprétation et j’en conviens, par un exposé de Thibaud Damour dans le livre ‘Einstein aujourd’hui’ datant de 2005, dans le chapitre : ‘Relativité Générale’
Le processus de fondation de l’espace et du temps par l’être pensant comme je le conçois ne peut pas correspondre de la part de l’être pensant à une émancipation à l’égard de la matière. Notre dépendance, pour ne pas dire notre asservissement, à la matière-Terre est totalement intériorisé à ce stade de notre développement et donc cette intériorisation primitive est incluse dans les opérations de fondation de l’espace et du temps. Il est en soi logique que cette interdépendance apparaisse dans le triptyque : « Espace – Temps – Matière ». Avec Newton un réarrangement significatif de cette intériorisation se produit, puisque ses lois correspondent à une extériorisation, à une explicitation, de la loi qui régit la dépendance de notre personne matérielle avec la planète Terre. Cela n’exclut pas que des aspects immanents de cette intériorisation continuent d’affecter l’être humain. Lesquels ? Ce questionnement ne doit pas être effacé. En tous les cas l’interdépendance Espace-Matière est, selon ma conception, plus prégnante que celle de Matière-Temps, ou Espace-Temps.
(On n’oublie pas que l’interdépendance Matière-Temps est malgré tout tangible car si une montre s’approche d’un puits de potentiel : l’écoulement du temps ralentit et l’effet contraire est aussi mesurable. Le GPS exploite cette propriété, voir aussi le paradoxe des jumeaux à titre d’illustration. En ce qui concerne l’interdépendance Espace-Temps, Samuel Alexander, philosophe britannique (1859-1938), qui s’est beaucoup inspiré de la doctrine Spinoziste, lui a attribué une très forte valeur : « Le temps est l’esprit de l’espace et l’espace le corps du temps. », bref : «Espace et Temps ne sont pas deux choses mais une seule, et il n’y a ni espace sans temps, ni temps sans espace. », ou encore : « Le temps ne saurait faire son œuvre sans l’espace ; mais, cela étant posé, c’est le temps qui est le principe du mouvement et du changement. » (La hiérarchie qualitative que propose S. Alexander : Le temps qui est le principe… me convient car le temps qui émerge, c’est le Logos qui émerge, la pensée réflexive qui émerge… Toutefois les processus de fondation de l’Espace et du Temps que je propose et leurs chronologies m’oblige à exprimer mon désaccord avec : «…il n’y a ni espace sans temps… », Par contre j’adhère complètement à l’expression : « Le temps ne saurait faire son œuvre sans l’espace. »)
Ce que met en évidence Th. Damour à propos de la fluidité spatio-temporelle (p.285), c’est que l’espace-temps subit un effet d’entraînement à cause de la rotation de la Terre. Toutefois, il y a une nuance qui apparaît quand je cite Th. Damour : « La rotation de la Terre entraîne, d’une façon minime, tout l’espace (sic, ce n’est plus l’espace-temps) autour d’elle à « tourner » continuellement comme le ferait un fluide. Cette « rotation de l’espace » se traduit, de façon observable, par une violation des effets prévus par Newton et confirmés par les expériences de Foucault : en particulier, un gyroscope ne s’aligne plus avec une direction « fixe dans l’espace absolu », mais son axe de rotation est « entraîné » par le mouvement de rotation de l’espace local où il se trouve. Cet effet était bien trop petit pour être visible dans les expériences de Foucault. Son observation par Gravity Probe B est importante pour rendre sensible au plus grand nombre la notion einsteinienne révolutionnaire d’un espace-temps (sic, c’est l’espace-temps qui est repris en compte) fluide. »
On peut considérer que dans le propos de Damour, il y a une étape dans laquelle il procède à un découplage de l’espace du temps, faisant comprendre ainsi qu’objectivement, dans l’étude de ce phénomène physique, seul l’espace est concerné par l’effet de la rotation de la terre. Une fois l’étape décrite, il reprend le concept d’espace-temps, ce qui est tout à fait acceptable.
A cette occasion, objectivement, Damour exprime une distinction de ‘nature’ entre l’espace et le temps. Ceci correspond, en creux, à valider les processus de fondation de l’espace et du temps par le sujet pensant que je préconise.
Le processus de la fondation de l’espace a comme ressource première une réalité de l’espace donnée dans la Nature (voir ‘Un authentique Big-Bang’), mais cet espace donné est complètement réaménagé dans le processus d’appropriation-intériorisation par l’anthrôpos à tel point que je peux parler d’un processus de fondation. Toutefois, il ne faut pas exclure qu’il y a quand même des réminiscences de l’origine de l’histoire de cette fondation. En creux on pourrait considérer que la présentation ciselée de Th. Damour constitue une bonne raison de persévérer avec mes hypothèses de fondation de l’espace et du temps par l’anthrôpos dont le processus de fondation a suivi des chemins différenciés.
A propos de la fondation du temps, le TpS comme je le qualifie : ‘Temps propre du Sujet’, est in fine une émanation du sujet pensant, bien qu’à l’origine, des tempos donnés dans la Nature : alternances des saisons et/ou celles du jour et de la nuit, ont pu constituer des références primitives évidentes. L’émergence de TpS est fondatrice du sujet pensant qui développe une capacité au langage, une capacité à la conceptualisation et à la symbolisation. TpS et donc le processus de fondation du temps qui est spécifiquement un processus qui caractérise l’humain. Ce qui expliquerait peut-être la raison pour laquelle il est nécessaire conjoncturellement de découpler l’espace et le temps comme l’a fait Th. Damour dans l’exemple cité.
Mais attention, l’être pensant, fondateur du temps, est un être concomitamment en voie d’humanisation qui est marqué par sa condition d’être terrestre et le lien à la Terre est une donnée première. La découverte de la loi de la loi de Newton qui dit que le poids de notre corps résulte de notre interaction avec la matière de la Terre constitue une opération d’objectivation et non pas d’émancipation, bien que le même Newton ait cru bon de pourvoir l’espace et le temps de la légèreté céleste et divine (‘Sensorium de son Dieu’). Il n’est pas anodin que ce soit le même savant qui ait à la fois pensé à notre relation avec la matière-Terre et simultanément affirmé une nouvelle définition du Temps et de l’Espace
L’interdépendance Espace-Temps-Matière est présentement largement justifiée (par exemple, l’effet lentille gravitationnel). Par contre il est temps de s’interroger si l’Espace et le Temps avec une telle genèse fondatrice peuvent inclure au sein des tirets tous les types de matière dans la Nature. La réponse est : non. Il faudrait donc envisager une conception de l’Espace et du Temps qui dépasse celle qui est encore imprégnée des déterminations de l’être pensant pour qu’une interdépendance avec des types de matière ignorés jusqu’à maintenant soit mise en évidence. L’autre alternative envisageable serait que ce soit la mise en évidence d’autres types de matière qui conduisent à reconsidérer, la valeur et l’intensité des tirets de l’interdépendance actuellement établie et partant d’autres fondements de l’Espace et du Temps devraient être considérés.
P.S. Aujourd’hui, un article circonstancié est posté sur le site du NewScientist, juste avant que je poste le mien : ‘Galaxy smash-ups show dark matter wants to be alone’ qui conclut que la matière noire n’interagirait qu’avec elle-même et par une force qui serait spécifique : ‘dark-matter-only’ force.