~~L’esthétique de la Relativité Générale.
Tout bien pesé, on peut considérer que la civilisation grecque avait eu une intuition précoce de ce qui constitue l’essence de la Relativité Générale (R.G.), c’est-à-dire que la matière et la lumière ont partie liée. Lorsqu’on contemple les œuvres de sculpteurs de cette civilisation dont notre culture en est l’héritière, il ne nous échappe pas que l’interdépendance de la matière et de la lumière constitue le leitmotiv qui guide le ciseau de ces ancêtres. Volumes et formes qui séduisent notre regard sont sculptées par les effets d’enveloppements et de glissements de la lumière qui au paroxysme nous laisse penser que l’éclat de cette lumière jaillit directement de la matière de l’objet ou du sujet sculpté.
Par exemple, contemplons la « Victoire de Samothrace » nouvellement restaurée, et notre impression de la permanence d’un envol imminent est entretenue par la légèreté des ailes déployées soutenues par le flux de la lumière qui les éclaire.
Rodin, C. Claudel, C. Brancusi, etc…, nous rappellent que les grecs sont les initiateurs de l’esthétique qui nous parlent toujours.
Dans la ‘Critique de la raison pure’ (1781), de Kant, l'esthétique transcendantale désigne la science de l'intuition des concepts a priori de l'espace et du temps du point de vue de la connaissance. L'esthétique est la science du "sensible" par opposition à la logique, qui est la science de "l'intelligible".
N’oublions pas que notre intelligence convoque les concepts a priori de l’espace et du temps pour établir l’équation de la géodésique (trajectoire) du photon de lumière. Géodésique (trajectoire) qui se courbe, se modifie, sous l’effet de l’influence de la matière !
Selon Kant : « Est beau ce qui plaît universellement sans concept. » J’ajouterai volontiers : « ce qui nous parle… sans faire appel au besoin d’énoncer. », « ce qui évoque… parce que c’est déjà présent en nous. »
Pour Kant : « La Nature se révèle dans et par l’art », ainsi l’art « doit avoir l’apparence de la nature. »
Si l’on en croit Kant, la loi de la Relativité Générale est dans la Nature, et si on accepte mon interprétation de l’esthétique grecque, l’intuition de ce qui constitue l’essence de la R.G. fait partie de notre culture contemplative de la Nature.
Le résultat qui a surgi en 1915 sous la plume d’A. Einstein, n’était pas, me semble-t-il, préconçu par l’auteur. Les hypothèses du début de son raisonnement en 1905 ne conditionnaient pas le résultat final. Ce qui, à mes yeux, donne encore plus de valeur et de véracité au résultat final en 1915 et suscite à juste raison de l’admiration à propos de la grande disponibilité intellectuelle du découvreur.
Espace – Temps – Matière, propriété d’interdépendance mise en lumière rationnellement par la R.G. est une propriété qui appartient à notre culture, depuis l’origine de son expression, d’une façon intuitive et depuis 1915 elle est régie par la loi physique. De R. Lehoucq, article du 22/04 dans le ‘Monde’ : « Contrairement à la physique classique, la lumière devient sensible à la présence de matière car elle aussi est forcée de suivre les géodésiques. Sa trajectoire peut donc être courbée au voisinage d’un corps massif. »
Espace – Temps – Matière est sensée être une loi qui permet de décrire Notre univers. En effet c’est la loi de la R.G. qui constitue l’outil théorique essentiel pour tenter de décrire ce qu’il pourrait être en tant que contenant et surtout pour décrire son contenu. La structuration de l’univers est considérée comme étant la conséquence de la domination, à cette échelle, de l’interaction gravitationnelle, 380 000 ans après le Big-Bang. Au premier niveau : systèmes solaires et galaxies, ensuite : groupe de galaxies, puis amas de galaxies…et in fine superamas de galaxies : Laniakea magnifiquement identifié en 09/2014.
De R. Lehoucq, du même article : « Aujourd’hui, la déviations des rayons lumineux par la matière est un fait incontournable. Elle est à l’origine du phénomène de lentille gravitationnelle : l’image d’une galaxie lointaine est déformée par son passage à travers un amas de galaxies plus proche. L’amplitude de la déformation permet d’estimer la masse de l’amas déflecteur… »
Maintenant, grâce à : ‘l’effet lentille gravitationnelle’, qui se déduit de la R.G., nous avons entrepris d’ausculter avec plus d’acuité les structures et le contenu de Notre univers.
L’effet lentille gravitationnelle nous permet, a priori, de mieux déterminer les composants qui constituent les amas de galaxies et maintenant ces amas de galaxies devraient nous permettre d’observer la formation, 2 à 3 milliards d’années après le Big-Bang, des proto-amas de galaxies dans les profondeurs du temps de la genèse de l’univers. C’est dans l’œil que l’on observe la formation de l’œil qui nous permet de voir notre Notre univers…
Au début, la validité de la R.G. a été reconnue car elle englobe la loi de Newton, ainsi elle a hérité du caractère universelle de la loi de Newton.
Il se trouve que devant les difficultés que nous rencontrons pour que coïncident les prévisions théoriques et les observations de l’univers, un physicien particulièrement iconoclaste (Milgrom) a sérieusement fragilisé le caractère universel de la loi de Newton, en modifiant pragmatiquement la loi pour qu’elle corresponde au plus près des observations. Après des tâtonnements, au bout de trente ans, Milgrom a montré que dans des domaines, de plus en plus significatifs, sa démarche produit des résultats vraiment crédibles sans ajouter une hypothétique matière noire. Dans d’autres domaines les tenants de la matière noire tiennent toujours la corde. Alors… ! Le plus probable est que ces deux théories antagoniques sont approximatives et donc globalement elles sont erronées.
Faut-il pour autant rejeter la loi de la R.G ? Non, gardons le cadre, mais regardons le contenu. Premièrement, la matière que nous comprenons actuellement dans cette loi est d’une nature trop spécifique, d’autres matières de natures plus variées pourraient être concernées…
Si la loi de la R.G. a une valeur universelle alors il nous faut aussi dépasser notre conception actuelle de l’espace et du temps. Cela s’est déjà produit dans l’histoire de la physique à propos de l’espace et du temps puisque depuis 1905 l’espace et le temps de la Relativité Restreinte et partant de la R.G. n’ont rien à voir avec ceux absolus de Newton de la physique. Donc si nous considérons que le triptyque Espace – Matière – Temps continue d’avoir une validité universelle, alors le nouveau triptyque à mettre en évidence comprendrait un Espace, un Temps, et des Matières qui seraient de natures qu’il nous faut découvrir, reconnaître. En sommes-nous si éloignés ? Pas sûr !