Au-delà de ce que l’on appelle la lumière.
Officiellement, le 11 février nous avons appris qu’au-delà de ce que l’on appelle la lumière il y a d’autres moyens d’extraire de la connaissance en ce qui concerne ‘notre univers’. C’est une première qui annonce ce cap remarquable qui vient d’être franchi. Jusqu’à présent toutes les informations que nous avons pu obtenir et mettre en ordre, à propos de notre univers, cela fut grâce à la lumière. Quand je dis ceci je globalise car j’appelle lumière tout ce qui est onde électromagnétique avec un spectre qui s’étend des ondes radios jusqu’aux rayons gamma. Respectivement de plus de mille mètres jusqu’à moins de 10-19mètre en longueur d’onde. Les ondes des couleurs de l’arc-en-ciel constituant la lumière naturelle à laquelle notre œil est sensible sont comprises entre 7.10-11m (rouge) et 4.10-11m (bleu). Très grande sensibilité de l’œil humain mais, comme on le constate, très spécialisé sur une gamme particulièrement étroite si on compare l’ampleur de la gamme qui a été depuis conquise. La gamme a été effectivement conquise par l’homme moderne qui a construit au fur et à mesure des instruments qui ont étendu par des moyens indirects des capacités de ‘voir’. Ainsi aujourd’hui on peut découvrir un article intitulé : «Voie Lactée : une spectaculaire image ... invisible (à notre œil) »
L’accès à une connaissance de la diversité des rayonnements électromagnétiques s’est engagé grâce à I. Newton : en 1672, à travers un prisme, il décompose la lumière blanche en lumière de l’arc-en-ciel. En 1800, W. Herschel découvre le rayonnement infra-rouge (I.R.). En 1801, J.W. Ritter découvre le rayonnement ultraviolet (U. V.). En 1815, Von Fraunhofer invente la spectroscopie. En 1865, J. Maxwell découvre les équations de propagation du rayonnement électromagnétique en général qui correspondent aussi à la lumière en particulier. En 1884 les ondes micro-ondes sont découvertes. En 1888, H. R. Hertz montre l’existence concrète des ondes électromagnétiques. En 1895, les rayons X sont découverts par W. Röntgen et les rayons gamma en 1900 par Paul Villard. Les rayons cosmiques découverts en 1900 qui sont d’origines matérielles ne sont étudiables que par les cascades de lumière induites quand ils pénètrent dans notre atmosphère et dont le flux est partiellement mesurable in fine dans des détecteurs appropriés, ex : Observatoire Pierre Auger.
Cette scansion historique, nous rappelle que c’est à partir de la faculté naturelle de voir que nous avons développé l’observation de notre monde. Ce n’est pas rien mais cela donne du poids à l’interrogation suivante : au-delà de cette faculté naturelle de l’être humain est-il possible de décrypter autrement et plus largement notre monde ?
Ces derniers jours, depuis le 11 février, on peut lire dans de nombreux articles des prédictions du type : « L’astronomie des ondes gravitationnelles va révolutionner notre compréhension de l’univers. » ; « Nouvelle fenêtre sur l’univers » ; « Ici on ouvre un nouveau domaine scientifique, l’astronomie des ondes gravitationnelles » ; « A l’aube d’une nouvelle astronomie » …etc. Ces prédictions ont de bonnes probabilités de se réaliser car ce ne sera plus uniquement avec notre œil et les outils qui en ont dérivé que l’on va être amené à constater ce qui se produit et ce qui ordonne notre univers. L’expression ‘notre univers’ acquière maintenant toute sa force, puisqu’elle nous rappelle les limites plus que jamais discernables de ce que nous avons su jusqu’à présent décrypter. C’est exactement ce que nous devons retenir du précieux résultat du 11 février : l’univers que nous avons pu investir jusqu’à présent, est celui qui est donné par, (à cause de), nos déterminations d’être humain.
N’oublions pas qu’il y a une grande majorité de physiciens qui considère que l’on voit déjà au-delà de nos propres déterminations grâce à la puissance des mathématiques et donc nous sommes des êtres doués d’une faculté universelle de ‘voir’ qui se déploie avec notre faculté de penser. Certes, cette conception se défend ! D’autant que les ondes gravitationnelles ont été pensées grâce à l’équation de la Relativité Générale en 1916. Toutefois l’euphorie du 11 février est significative. Les résultats obtenus ont la valeur d’une conquête historique pour la communauté scientifique parce que fondamentalement la physique est une science expérimentale dans le sens où il faut que des effets prédits par la théorie soient effectivement détectables et mesurables par l’un de nos sens et celui de la vue, a le statut de la plus grande objectivité. Cette assertion est d’autant plus consistante qu’elle s’applique aux ondes gravitationnelles elles-mêmes. En effet, les conséquences relatives à leur existence avaient été calculées avec une précision remarquable par R. Hulse et J. Taylor, il y a plus de 30 ans. A juste raison, ils ont été récompensés en 1993 par un prix Nobel. Le 11/02 on a vu leurs effets dans 2 interféromètres grâce à un train d’onde qui a imprimé pendant 0.2 seconde.
Voir les ondes gravitationnelles est encore, malgré tout, de l’ordre de l’actuel possible parce que ce résultat s’obtient avec des moyens et des contraintes encore anthropocentrés car celles-ci se déplacent dans l’espace-temps à la vitesse de la lumière. Comme je l’ai déjà exprimé cette vitesse est une vitesse horizon, pour nous, jusqu’à ce que nous puissions la dépasser, au moins penser que cela est pertinent. Mais il est certain que dans l’immédiat les ondes spatio-temporelles vont nous fournir des informations qui ne peuvent être qu’inédites et les connaissances de notre univers vont être plus denses dans un futur proche. Etant donnée l’originalité des ondes gravitationnelles, comparées aux ondes électromagnétiques, il est probable que les limites, de l’univers que nous avons investi, vont être repoussées mais il faut aussi envisager aussi que de nouvelles énigmes, de nouveaux paradoxes, vont surgir. Il n’est pas nécessaire d’être devin pour faire ce genre d’annonce car il est de plus en plus évident que dans le monde physique il y a quantités de phénomènes et d’informations qui ne nous sont pas encore accessibles. La preuve pour le moment nous n’avons identifié que 5% de ce qui est censé composer notre univers. Les 95% pour lesquels nous sommes toujours aveugles pourraient être éclairés, au moins indirectement, grâce, aux nouvelles énigmes, aux nouveaux paradoxes. Les motivations pour chercher à débusquer ces 95% seront redoublées puisque des pistes nouvelles de détection deviennent envisageables. Comment aboutir ? Concentrera beaucoup d’énergie cérébrale.
Il faudra probablement concevoir des détecteurs qui ne seront plus aussi anthropocentrés comme cela est actuellement. Ici, avec ces propos, il ne faut pas que cela soit entendu comme inaccessible à l’entendement de l’Homo Sapiens que nous sommes mais il faut l’entendre comme le fait qu’Homo Sapiens franchira un cap supplémentaire de sa faculté de concevoir grâce à la maîtrise de nouveaux paradigmes et qu’il en déduira de nouvelles capacités de ‘voir’. Ce ‘voir’ comprendra une haute proportion qui sera de l’ordre du ‘penser’ en général. De cette façon, il y aura de fait, grâce à l’accroissement de l’acuité intellectuelle, suffisamment de convergences pour que nous nous approchions, au plus près, d’une vérité partagée. Il faut prendre en compte qu’avec l’évolution, l’Homo Sapiens, que nous sommes, est devenu de plus en plus sujet pensant, et à ce titre les conquêtes dans l’espace-temps sont de moins en moins physique, mais de plus en plus le fruit de l’accroissement de nos capacités cognitives et à ce titre ont plus de sens. Le poids des déterminations de ‘l’être de la nature’, partie de l’être humain, diminue, et cette émancipation correspond au fait que s’élève le socle duquel ‘l’être dans la nature’, cette autre partie de l’être humain qui prend de l’ampleur, surplombe de plus en plus des conceptions du monde physique à venir. Voir articles du 2/11/2012 : ‘Synthèse : un Monde en ‘Présence’’ ; du 29/06/2013 : ‘Notre matière n’est pas toute la matière’ ; du 10/09/2013 : ‘Convergence’.
On peut considérer qu’assez rapidement on procèdera à une plus ample évaluation de ce que l’on appelle notre univers, soit par extension, soit par addition. Par addition, cela veut dire comme je l’ai indiqué dans l’article 13/02/2016, que nous additionnerons par exemple des univers du multivers déjà considérés avec une certaine probabilité avec des lois physiques qui nous semblent aujourd’hui encore totalement exogènes, mais que nous finirons par intégrer dans notre espace d’intelligibilité, lorsque des preuves à l’appui seront mises en relief.
Ainsi, c’est presqu’en temps réel que se trouve illustré ma référence métaphysique : ‘Au sein d’une Eternité, parmi tous les possibles, l’anthrôpos ne cesse de creuser sa connaissance de l’Univers, jusqu’à ce qu’il soit en mesure d’atteindre l’addition de tous les possibles, c’est-à-dire à l’infini du temps et de l’espace là où ils se confondent.’