‘De la Vérité dans les Sciences’, et après !
Effectivement, il faudrait qu’il y ait un après ce qui fut analysé et exprimé par Aurélien Barrau dans son livre dont j’ai rapporté, dans l’article du 12/04/, ce qui m’a potentiellement semblé être à la source d’une compréhension différente donc nouvelle de la science physique. J’ai la conviction que c’est une étape importante et nécessaire. Toutefois cela peut être illusoire, au regard de velléités parfois significatives qui ont pu surgir dans le cours de l’histoire du développement du corpus de cette science. Simplement, je cite N. Bohr : « La physique est seulement concernée par ce que l’on peut dire sur la nature. », W. Heisenberg : « Le postulat d’une réalité physique existant indépendamment de l’homme n’a pas de signification. »
Avant tout, il faut se demander si les équations actuelles de la physique sont hermétiques à une quelconque possibilité d’intégration d’éléments complémentaires qui incluraient de la signification relative à la réflexion de Barrau, je cite notamment : « Mais il ne faut pas oublier, … que nos manières d’appréhender cet « autre part » n’en demeurent pas moins humaines et créées. » Il y a fort à parier qu’une très grande majorité de physiciens réalistes répondraient oui, parce que, selon eux, les bonnes lois de la physique sont celles qui ont justement évacué toute trace de subjectivité (voir la loi de la Relativité Générale). D’autres répondront qu’il y a herméticité parce que de fait cela est déjà inclus dans le processus de la formulation des lois : elles sont humaines, cela ne peut pas être dépassé. Cette situation de fait s’imposerait donc à l’insu des réalistes proclamés alors que les tenants de l’impossibilité du réalisme en physique ont la conviction qu’aucune pensée, pas même une pensée scientifique aussi élaborée soit-elle, ne peut totalement s’émanciper de l’essence de la chrysalide de la pensée humaine. C’est, à mon sens, ce que nous dit A. Barrau, p37 : «La science est une louable tentative d’accéder au non-humain-du-réel. » Louable tentative certes, toujours renouvelée, mais qui ne peut pas être plus que cela. En tant que physicien, il ne resterait donc qu’à prendre du recul à l’égard du travail scientifique et avec distance tenter d’analyser et d’expliquer que ce qu’il n’est… et surtout ce qu’il ne peut pas être. On peut considérer que le livre de Barrau est un bel exemple de cet exercice. Mais il ne faudrait pas qu’il se cantonne à n’être qu’un bel exercice de plus… d’épistémologue, de philosophe des sciences, etc…
Prenons appui sur ce qui est dit page 36 : « Mais il ne faut pas oublier,… que nos manières d’appréhender cet « autre part » n’en demeurent pas moins humaines et créées » et sur : « Nous choisissons et inventons les rapports au(x) monde(s) que nous jugeons pertinents. Ils ne sont pas donnés, ils sont construits. » L’auteur nous dit que le physicien ne découvre pas (jamais !), il construit sa connaissance au(x) monde(s). En adoptant ce point de vue, on ne doit pas pour autant se condamner à la passivité car l’exercice suivant à mener, que l’on pourrait qualifier d’herméneutique, vise à tenter de distinguer ce qui serait, au sein de la construction et de l’expression scientifique humaine, des ponctuations plus spécifiquement révélatrices de la contribution du sujet pensant, bref de la réalité de sa ‘Présence’. Cela concerne tout autant ce qui se pense bien, se conçoit bien, a priori, que ce qui se pense difficilement, sans qu’une conception satisfaisante ne s’impose. Sans que cela soit exhaustif je pense plus particulièrement à l’effet Zénon, à l’effet tunnel, à l’impossibilité à identifier clairement dans le corpus de la physique le rôle respectif attribué au champ gravitationnel et au champ d’espace-temps, au concept de ‘moment présent’, à l’intrication.
En ce qui concerne l’effet Zénon, effet qui s’observe lorsque des processus quantiques laissent constater des durées naturelles qui s’accroissent lorsqu’ils sont effectivement scrutés avec une plus grande fréquence par un observateur. Ici, si on installe dans le discours scientifique, l’effet conséquent de la réalité de la ‘Présence’ du sujet pensant, on explique l’essence du phénomène. (Voir article de Phys.org, le 23/10/2015 : l’Effet Zénon vérifié : les atomes ne bougeront pas tandis que vous les observez.)
En ce qui concerne l’évolution du formalisme qui traite de l’effet tunnel, dès que l’observateur peut exploiter des horloges qui scandent l’attoseconde, le temps dans les équations de cet effet n’a plus de raison d’être représenté par un nombre complexe. Grâce à la prouesse technique récente qui permet maintenant à l’observateur de produire, donc mesurer l’attoseconde, c’est-à-dire marquer, installer, sa présence devenue réelle durant cet intervalle de temps, l’effet tunnel est rendu compte sous un nouvel éclairage. (Voir article du 17/06/2015)
En ce qui concerne le statut variable de l’espace-temps à l’égard du champ gravitationnel, il est clair que pour le fondateur de la relativité général et ses disciples l’espace-temps ne serait qu’un ersatz du champ gravitationnel. Mais comme on l’a encore constaté à l’occasion de la première détection d’une onde gravitationnelle, c’est l’ébranlement de l’espace-temps qui est observé. L’espace-temps ne peut pas être radié lorsqu’il y a la présence d’un observateur humain, d’un penseur humain qui décrypte les propriétés dans la nature. A partir de ce constat, il ne faut pas exclure que l’espace et le temps soient fondés par l’être réflexif, ils en sont un attribut.
Quand il y a quelques années, L. Smolin, découvre que l’idée d’un ‘moment présent’ doit avoir du sens pour un physicien, à mon avis, subrepticement il est entrain de découvrir que la ‘Présence’ du sujet pensant dans sa louable tentative d’accéder au non-humain-du-réel est inexpugnable. Ceci est mon interprétation pas celle de Smolin qui jusqu’à présent est resté au milieu du gué sur ce sujet.
En ce qui concerne l’intrication, mon hypothèse consiste à faire appel au ‘TpS’ point aveugle de l’intelligence humaine de l’ordre 10-25s (voir nombreux articles). Le processus de l’intrication étant un processus instantané (ou quasiment), le sujet pensant ne peut pas fonder des espace-temps différenciés pour chacun des composants de l’intrication et inévitablement cette situation perdure. Pas d’espace, pas de temps, la notion de vitesse n’est plus valide, d’où l’impression d’’action fantôme’.
Les ponctuations que je propose pourraient recevoir des justifications grâce aux nouveaux moyens d’imagerie cérébrale de plus en plus perfectionnés qui sont maintenant à l’œuvre. J’ai déjà cité le travail de S. Dehaene (voir article du 26/05/2015 : ‘Académie des sciences : A la recherche du temps.’) Celui-ci vient d’être confirmé, avec des nuances, par une équipe de l’école polytechnique de Lausanne, le 12/04/2016 in la revue : ‘Plos Biology’.
Tout récemment, sur le site de ‘Pour la Science’ on peut lire un article du 14/04/2016 : ‘Comment fonctionne le cerveau des grands mathématiciens’, relatant le résultat des travaux de M. Almaric et S. Dehaene. Ils ont mis en évidence un fonctionnement nettement différencié entre le cerveau du mathématicien de haut vol qui réfléchit sur des mathématiques abstraites et le cerveau du mathématicien basique qui pratique simplement le calcul. Ce résultat m’encourage à proposer à nouveau l’expérience qui consiste à placer devant un interféromètre de laboratoire des physiciens éduqués et des non physiciens qui seraient appelés à réagir quand ils disposent d’information spatio-temporelle d’un objet quantique qui transite dans l’interféromètre et alternativement appelés à réagir lorsqu’ils ne disposent pas d’information spatio-temporelle. Selon mon point de vue, très probablement, selon la catégorie des personnes en position d’observateur, les images cérébrales seraient distinctes. Cela permettrait probablement de lever ou comprendre la nature du voile sur la problématique quantique aspect ondulatoire ou aspect ponctuel.
Effectivement, la majorité des sujets physiques que j’ai pointée révèle des problèmes d’interprétation concernant l’espace et le temps. Ce n’est pas par hasard si la très grande majorité des physiciens reconnait que la crise de la physique fondamentale est corrélée à l’incompréhension que nous avons à propos de la nature de l’espace et du temps. L’attribution d’une origine naturelle à l’espace et au temps ne conduit pas à une levée de l’incompréhension, idem si on leur refuse une quelconque origine.