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3 juin 2016 5 03 /06 /juin /2016 08:27

Bienvenu au ‘Temps créatif’ de Nicolas Gisin.

Le 02/05/2013, j’ai déjà exprimé une bienvenue à l’adresse de Lee Smolin, avec l’article : ‘Bienvenu au ‘Moment Présent’ de Lee Smolin’ faisant référence à l’époque à un article de l’auteur sur le site du NewScientist qui sera suivi en 2014 par un livre en français : ‘La Renaissance du temps : pour en finir avec la crise de la physique’, édit. Dunod. Mon enthousiasme était dû au fait que je rencontrais pour la première fois un travail très élaboré d’une conception du temps et d’une habilitation de celui-ci qui rejoignait la mienne. La convergence principale s’effectue entre mon hypothèse de ‘l’Instant Présent’, avec celle de Smolin : le ‘Moment Présent’. Au-delà nos points de vue se séparent puisque Smolin conjecture que le temps est un donné réel alors que pour moi le temps est fondé grâce à la ‘Présence’ du sujet pensant qui doit être réellement inclue dans le décryptage des lois de la nature auxquelles nous accédons au fur et à mesure de nos investigations et de nos conquêtes de celles-ci.

Nicolas Gisin, avec son concept de ‘Temps Créatif’, apporte de l’eau à notre moulin d’une façon significative. Nous devenons un trio de précurseurs, comme les 3 mousquetaires (qui étaient 4), espérons que nous allons emporter la victoire. Selon Gisin ce temps créatif qui à la valeur d’un instant, d’un moment, s’impose grâce, primordialement, au ‘libre arbitre’ de l’être humain qui est une ressource fondamentale de l’être humain quand il pense quel que soit le domaine de sa pensée. En conséquence le flux du temps est de notre monde et il faut rétablir cette compréhension pour retrouver les voies des bons raisonnements en science physique. Au-delà, comme avec Smolin, je diverge beaucoup avec sa conception des choses mais je considère, étant donné l’état de l’art, que c’est secondaire car ce qui est fondamental, et c’est là que tout se joue, c’est d’introduire comme inexpugnable l’‘Instant Présent’, quelle que soit la signification première qu’on lui attribue, et reconnaître qu’il a un rôle pivot autorisant une nouvelle conception du temps. Clairement, il y a matière à un nouveau paradigme permettant de sortir de l’ornière la physique théorique et fondamentale.

Enfin, avec Gisin, je rencontre une convergence explicite à propos de la cause réelle de la mésinterprétation du temps : ce sont les lois de la relativité d’Einstein et donc de sa conception de la perception de la nature du monde. Chez Smolin, j’étais resté interrogatif à la lecture de son livre car comme on dit : il a tourné autour du pot, mais n’a pas franchi le Rubicond, ce que fait Gisin bien qu’il ajoute dans son article (arxiv : 1602.01497v1) en incise : « désolé Einstein ». Moi aussi, en incise, j’éprouve le besoin de commenter ces excuses qui en disent beaucoup sur la difficulté d’oser s’opposer à la conception réaliste einsteinienne de la connaissance de la nature. Comme je l’ai déjà indiqué cette Totémisation a des conséquences redoutables et cause de sclérose de la pensée en physique. Espérons que Gisin a entrouvert une fenêtre, bien qu’il soit dans la ligne de la pensée de Bell, c’est-à-dire celle des réalistes.

Dans l’article du NewScientist du 18 Mai de N. Gisin au titre radical « La physique a tué le libre arbitre et le flux du temps. Nous devons revenir en arrière (sic).» Je cite, partant de Newton et de « Sa loi de la gravitation universelle qui de fait implique une théorie déterministe, donc ce qui arrive aujourd’hui était fixé hier et donc était déterminé par les conditions initiales du Big-Bang ; rien de véritablement nouveau ne se produit. » « Cela devient encore plus impénétrable avec la relativité d’Einstein, qui montre qu’il n’y a pas de définition unique d’évènements simultanés. Pour cadrer ceci avec un univers déterminé, une figure connue comme ‘l’univers bloc’ émerge (voir livre de L. Smolin : la renaissance du temps, pages 62-69). Ici nous nous passons non seulement de libre arbitre mais aussi de l’écoulement du temps. Passé, présent et futur sont gelés dans un énorme bloc de glace. Le présent dans lequel nous sommes libres de penser et d’être – dans lequel nous exerçons notre libre arbitre – est juste aussi illusoire que le ‘libre arbitre’ lui-même. »

Dans le livre de Smolin et dans les pages citées, on lit : « Si vous ôtez de la description de la nature donnée par la relativité restreinte tout ce qui correspond à des observations faites par des observateurs particuliers, ce qui reste est la structure causale. Puisque c’est tout ce qui est indépendant de l’observateur, cela doit correspondre – si la théorie est correcte – à la réalité physique (sic). » ; « L’image de l’histoire de l’univers, prise en une fois, comme un système d’événements reliés par des relations causales, est appelée univers bloc. » ; « Avec l’univers bloc culmine le mouvement entamé par Galilée et Descartes pour traiter le temps comme s’il s’agissait d’une autre dimension d’espace. Il donne une description de l’histoire entière de l’univers sous la forme d’un objet mathématique, qui comme nous l’avons noté dans le chapitre 1, est intemporel. Si vous croyez qu’il correspond à ce qui est objectivement réel dans la nature, vous supposez que l’univers est fondamentalement intemporel. Cette image de l’univers bloc est la seconde étape dans l’éradication du temps découlant de la théorie d’Einstein de la relativité restreinte. » ; « De l’histoire de l’univers entier représenté en relativité générale, le résultat est encore l’image de l’univers bloc. »

Ce qui est pointé par Smolin ci-dessus : «Puisque c’est tout ce qui est indépendant de l’observateur, … – à la réalité physique (sic). », est exactement ce qui m’avait intellectuellement secoué, il y a 10 ans en rencontrant cette réflexion d’Einstein : « Seules les coïncidences spatio-temporelles sont réelles. Et rien d’autre ! » Ce réalisme appuyé exprime une condition essentielle : l’évacuation de l’observateur. Et c’est le refus de cette incongruité qui m’a amené à introduire le paradigme de la ‘Présence’ du sujet pensant, (de l’être réflexif), ce qui implique τs ou TpS (temps propre du sujet pensant) estimé de l’ordre de 10-25s. Entre autres, voir article du 02/11/2012 : ‘Un Monde en ‘Présence’’ et celui du 01/01/2013 ‘Un Monde en ‘Présence’ II’. Les 3 mousquetaires : Smolin, Gisin, et moi-même, faisons le même diagnostique, et formulons une hypothèse a priori suffisamment semblable pour produire une sortie d’impasse dans laquelle se trouve la physique aujourd’hui.

La conception de N. Gisin est centrée sur la propriété fondamentale qu’il attribue à l’être humain qui est celle du ‘libre arbitre’. Je ne pense pas que cela soit un bon choix parce qu’en premier lieu le libre arbitre est une qualité certes spécifique à l’être humain mais évolutive, donc pas si fondamentale comme l’est la ‘Présence’ qui est immuable comme un phare qui est dressé et éclaire l’océan. A mon sens le libre arbitre évolue avec les acquis de la connaissance, plus on dispose de connaissances plus nos capacités d’arbitrage sont affûtées et plus la liberté va grandissante. Ainsi avec l’argument du libre arbitre on prend le risque de donner du grain à moudre à ceux qui l’interprèteront comme une introduction néfaste de la subjectivité dans le corpus de la physique et s’en serviront pour rejeter cette idée nouvelle. Avec le concept de la ‘Présence’, on introduit un concept qui est un invariant, quelle que soit l’évolution du sujet pensant. Comme on le sait, les physiciens ont besoin d’ancrer le produit de leur pensée sur des éléments invariants et c’est légitime. Cette façon de concevoir les choses permet aussi d’accepter l’idée, à mon sens importante, de l’évolution (au sens de la phénoménologie Darwinienne) de la pensée en physique. Par exemple, il y a quelques jours une découverte originale a été faite d’une grotte aménagée, comprenant des outils travaillés, des aménagements géométriques, dans le Tarn et Garonne, il y a 170.000 ans, par l’homme de Neandertal. Une paléoanthropologue n’hésite pas à nous dire que dans cette grotte nous avons des preuves de ce que le développement cérébral de Neandertal permettait déjà de concevoir et de faire. Cette dynamique du développement cérébrale doit être prise en compte pour mieux situer l’émergence des concepts de la physique qui visent à mieux rendre compte des propriétés de la nature que l’on contribue ainsi à situer hors-de-soi.

En adhérant à cette dynamique on évite l’erreur que nous propose N. Gisin de revenir en arrière car c’est en analysant ce qui est erroné et, même plus, ce qui est cause de régression de la pensée que l’on peut faire des progrès remarquables. Voir article : ‘Une seconde naissance de l’homme’ du 21/07/2015 ; article ‘Là, où, pense Homo Sapiens’ du 03/02/2016.

Les concepts franchement novateurs de Smolin et de Gisin ont l’inconvénient de n’être que qualitatifs ce qui limite la possibilité dans le cadre du corpus de la physique de les exploiter pour les soumettre à la question. A mon concept de la ‘Présence’ se trouve étroitement associé le ‘TpS’ avec la valeur de l’ordre 10-25s, ce qui impliquerait que sur des durées plus petites, l’intelligence du sujet pensant soit rédhibitoirement aveugle. Ceci peut être testé, pas encore d’une façon définitive mais nous pouvons déjà apprécier des bornes dépassables ou indépassables sachant que nous avons techniquement la capacité de mesurer des intervalles de temps de 10-18s. 10-21s à 10-22s est déjà de l’ordre de l’acquis indirect, peut être que 10-26s va s’imposer. Cette dernière évaluation est obtenue par l’intermédiaire de la limite de l’intervalle de distance = 10-18m, la plus petite mesurable dans l’interféromètre Ligo. En prenant en compte C, cela nous conduit à une aptitude potentielle d’apprécier jusqu’au mieux 10-26s.

A la fin de l’article publié dans arXiv, N. Gisin dit : « Finalement, parce que la physique – et la science en général – est l’activité humaine ayant pour but de décrire et de comprendre comment la Nature fonctionne. Pour cette raison nous devons décrire aussi comment l’être humain interagit avec la nature, comment on la questionne. » Evidemment, je suis en total accord avec cette proposition fondamentale. On peut aller plus loin encore en intégrant dans cette proposition, le versant de la question : comment l’être humain évolue en se frottant et en conquérant une compréhension de la Nature ? Dans le but de mettre en œuvre ce questionnement, j’ai proposé le 18/03/2015 : ‘Décrypter la physique comme une interface de l’être humain et de la Nature.’ et le 10/11/2015 : ‘Principe de causalité : construction de l’esprit ou loi dans la nature ?

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