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23 août 2016 2 23 /08 /août /2016 07:53

Décrire comment les humains interagissent avec la nature ? Comment ils évoluent grâce à cette interaction ?

J’ai effectivement signalé mon très grand intérêt, dans l’article du 21/06, à l’égard de la proposition de N. Gisin : « Finalement, la physique – et la science en générale – est l’activité humaine qui a comme but de décrire et de comprendre comment la Nature fonctionne. Pour cette raison on a besoin de décrire comment les humains interagissent avec la nature, comment on questionne la nature. » Selon ma thèse (voir articles du 2/11/2012 ‘Synthèse, un monde en Présence’ et ‘Un monde en Présence II’ du 1/01/2013) cette interaction entre les humains et la nature va de soi car chez l’être humain, il y a (aura) toujours une composante d’être de la nature bien que celle-ci puisse être de plus en plus réduite à cause des conquêtes intellectuelles sans fins de l’être humain qui contribuent à l’accroissement du socle de l’être dans la nature. Au questionnement original de N. Gisin, j’ajoute celui de la dynamique de l’évolution de l’être humain grâce à cette interaction. En effet lorsque l’être humain obtient une réponse (ou ce qui y ressemble) significative à la question : « comment la Nature fonctionne ? », il franchit un nouveau cap qui prend appui sur la réponse obtenue, c’est-à-dire l’être humain est un autre puisque riche d’un nouveau savoir.

A mon avis cette interaction ne peut pas évidemment être décryptée en temps réel, ni pendant des temps courts. C’est en puisant dans la profondeur des temps très longs qui correspondent à des durées significatives d’évolution jusqu’à l’émergence de l’homme moderne que nous pouvons repérer des évolutions de cette interaction avec la Nature. Aujourd’hui, la paléoanthropologie est une science suffisamment développée pour nous fournir des supports de données tangibles qui permettent de mettre en relief les différentes formes d’interaction avec la Nature. La tâche à accomplir, suggérée par Gisin, doit être menée en étroite coopération avec les paléoanthropologues. Accomplir cette tâche est maintenant nécessaire (impérative) car on ne peut plus se satisfaire de déclarations justes, mais déjà exprimées il y a 1 siècle, et sans lendemain comme je les ai pointées dans l’article du 23/04/2016 : « ‘De la vérité dans les sciences’, et après ! », à propos d’un livre d’Aurélien Barrau qui nous dit entre autres : « Nous choisissons et inventons les rapports au(x) monde(s) que nous jugeons pertinents, ils ne sont pas donnés, ils sont construits. »

A quand, un manifeste réunissant physiciens et paléoanthropologues qui proposerait de mettre en commun des résultats de recherche et des perspectives de recherches. Pour valider la justesse de cette proposition je retiens un seul exemple, celui sélectionné dans le livre de J. Guilaine : « Une seconde naissance de l’homme », page 57, titre du chapitre : « Origines : Le temps déduit de l’espace ? », je cite : « Sans doute la notion d’espace devait-elle être plus ou moins reliée à celle du temps (sic). », « Au paléolithique archaïque, aux alentours de 1.9 million d’années, l’analyse de la documentation fournie par plusieurs sites africains montre une gestion des matières premières fondée sur un certain rapport à l’espace (et donc au temps). » S’il se trouvait avérer que l’espace et le temps n’était qu’un propre de l’homme, les fruits d’un tropisme, cela modifierait sérieusement la valeur universelle que l’on prête à l’espace et au temps, à l’espace-temps. Pour mémoire je cite aussi les remarquables travaux de recherche qui viserait à montrer une très forte corrélation entre le développement (physique) du cerveau, le façonnage de la matière immédiate (le silex), la naissance de la volonté et de la nécessité du langage. Ce processus se serait engagé il y a environ 2 millions d’années.

Depuis deux décennies au moins, à la demande des physiciens, il y eut de nombreuses réunions voire des colloques entre physiciens et philosophes ainsi que des théologiens sur des sujets tels que : « A propos de l’espace et du temps. », mais je n’ai jamais constaté un éclairage significatif, original, chacun des orateurs ou des rédacteurs déployé sa conception, sa logique conceptuelle. Il n’y avait donc que des discours parallèles sans, aucun pont, aucune soudure, possibles. A mon avis ce ne serait pas le cas avec la paléoanthropologie et des points de soudure sont envisageables, ces deux corpus scientifiques peuvent développer des échanges fructueux à condition de les mettre en perspective par exemple dans un manifeste pour qu’il y ait des compétences qui interagissent de concert.

Ce que je veux croire avec la proposition de N. Gisin, c’est qu’il a une intuition qu’il me plait de cueillir parce qu’elle rejoint une idée que je laboure depuis quelques années : par exemple voir article du 21/07/2015 : ‘La seconde naissance de l’homme’, du 26/08/2014 : ‘Un authentique Big-Bang’. Je suis convaincu que ce type d’intuition, une fois qu’elle a été formulée dans un article, ne peut pas être considéré comme banal, ni marginal par l’auteur de ces lignes. Cette intuition laisse entendre qu’il ne faudrait plus considérer la physique comme une science qui fondamentalement exclurait toutes références à l’intelligence qui la pratique et la révèle. Cette intuition laisse entendre que dans toute nouvelle compréhension fondamentale de la Nature il s’y inclut aussi une nouvelle compréhension fondamentale du ‘sujet pensant’. Et dans la chaire de l’une il y a de la chaire de l’autre, bien qu’on puisse estimer qu’il n’y ait pas un rapport d’équilibre puisque la science physique est la science des lois physiques qui régirait la Nature. J’ai l’intuition que nous sommes à l’aube de l’évidence (ou de la nécessité) de la découverte d’une telle théorie inclusive et non pas exclusive et c’est pour cette raison que depuis toujours j’accepte l’idée que la physique est la première de toutes les sciences comme l’a proclamé R. Descartes en son temps. In fine, cette théorie inclusive intègrera le paradigme de la ‘Présence’ de l’être réflexif qui met en évidence les lois de la physique et qui est en conséquence inexpugnable du contenu et du formalisme de ces lois. Le ‘Sujet pensant’ avec ses déterminations relatives à l’état de son évolution physique, intellectuelle, existentielle, devra être considéré comme étant partie intégrante de la réalité de ces lois.

Nous sommes à l’aube d’une théorie inclusive parce que nous sommes de plus en plus confrontés aux conséquences du crépuscule d’un savoir physique exclusif. Il y a deux semaines nous avons été abasourdis par l’onde d’un silence abyssale qui s’est implacablement imposée à l’occasion de l’ICHEP (International Conference of High Energy Physics) de Chicago, il y aussi LUX qui fait chou blanc sur la matière noire pour la deuxième fois en deux ans malgré de notables améliorations de la sensibilité du détecteur et le très haut niveau de compétences de l’équipe de physiciens qui l’ausculte, il en est de même avec le télescope spatiale FERMI, idem pour AMS2. Alors la nécessité d’une rupture pour rebondir finira bien par s’imposer.

Dès le début des années 1930, Paul Dirac (1902-1984), en tant que disciple de Platon, affirmait que ce qui le guidait, au cours de ses cogitations de physicien, c’était la belle harmonie, la belle mélodie des propriétés de symétrie que faisaient entendre et voir ses équations théoriques. Quand, durant ses cogitations, il rencontrait cet état de grâce, il se disait assuré de dévoiler une vérité de la Nature. Ainsi, il mit en évidence l’antiélectron, et plus généralement l’antimatière, effectivement découvert dans une expérience par Anderson (1932) quelques années plus tard. Alors les physiciens de la physique des particules élémentaires se ruèrent sur ce paradigme des propriétés de symétrie dévoilée. Ce paradigme généra malencontreusement de la paresse intellectuelle puisqu’il fut considéré d’une façon définitive que là où il y a de la symétrie il y a du prix Nobel dans l’air. A force de tirer sur cette ficelle celle-ci finira par se rompre, peut-être que la rupture est déjà acquise dans la mesure où la Supersymétrie pourrait être une construction théorique de trop car toutes les tentatives d’observer la trace de son existence sont infructueuses avec comme conséquence, entre autres, de ne pas détecter la moindre trace de matière noire.

Lorsque nous serons en mesure d’entendre une nouvelle mélodie harmonieuse, elle ne sera pas de même nature que celle perçue par P. Dirac, elle proviendra du présent silence abyssale c’est-à-dire qu’il faut dès maintenant que les physiciens prêtent l’oreille, apprêtent leur cerveau, pour devenir disponibles à un nouvel entendement. Harmonie de l’interaction entre la Nature et l’être humain, qui validera que dans les lois de la Nature que nous dévoilons il y a de l’humain (contrairement à ce qu’a postulé Einstein, tandis que comme je le préconise, il y a de l’humain, certes dans une tranche de temps infiniment petite 10-25s, mais définitivement marquante parce qu’il en résulte une densité de ‘Présence’ ineffable.) et chez l’humain il y a toujours de la Nature qui projette ses déterminations (contrairement à ce que postule les dualistes). Quand cette interdépendance sera comprise, cela conduira tout autant à une découverte anthropologique majeure qu’à un nouvel envol de découvertes pour la physique. A cause de cette interdépendance cela mettra aussi en évidence la ténuité de notre existence telle qu’elle se manifeste, cela devrait aussi nous faire prendre conscience de notre responsabilité à l’égard de la Nature dont nous sommes issus et dépendant et cela ne se limite pas à l’échelle de notre planète. N’oublions pas que les acides aminés lévogyres qui sont les briques élémentaires des protéines sont forgés par la lumière dans l’espace interstellaire.

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