Mécanique quantique et principe de causalité font mauvais ménage.
Après l’article définitif et historique d’A. Aspect, le 16/12/2015, validant d’une façon complète les propriétés de l’intrication sans qu’il n’y ait la moindre faille qui permettrait de remettre en cause la théorie de la mécanique quantique selon la version de l’école de Copenhague, malgré cet article approuvé par une très large majorité de la communauté scientifique on constate qu’il y a toujours une grande inertie intellectuelle ou une incapacité à en tirer des conséquences qui devraient s’imposer.
D’après l’article du 18 Août sur le site de physicsworld.com :
« La mécanique quantique fait encore plus de ravages avec les idées conventionnelles de la causalité. Une équipe de chercheurs a montré que même en autorisant que la causalité puisse être non locale – c’est-à-dire qu’un évènement à une place puisse avoir une influence sur un autre placé à distance – cela n’est pas suffisant pour expliquer comment les objets quantiques se comportent.
Sans cause et effet, la science serait impossible (sic). On ne pourra jamais utiliser une observation pour déduire quelque chose à propos du mécanisme sous-jacent qui le cause. Mais la mécanique quantique défie notre sens commun de la causalité – par exemple en impliquant que quelque chose se produise au hasard, sans cause apparente, ou bien qu’une action en un lieu puisse sembler avoir un effet quelque part ailleurs, même si les deux lieux ne peuvent pas interagir.
Ce type de non localité est devenu largement accepté en théorie quantique, grâce aux expériences réalisées sur les états intriqués. Dans ce cas, deux ou plus d’entités quantiques, telles que des photons, acquièrent des propriétés interdépendantes qui sont révélées par des corrélations constatées sur les valeurs mesurées.
Action à distance ?
Parce que les propriétés quantiques sont inhérentes à des résultats qui sont le fruit du hasard, ces corrélations sont typiquement le résultat de la moyenne de plusieurs mesures. La surprise supplémentaire c’est que la mécanique quantique semble insister que ces propriétés ne sont pas fixées tant que la mesure n’est pas effectuée. Cela semble impliquer qu’une mesure sur un photon intriqué affecte instantanément l’autre photon à travers l’espace (sic). »
Ces lignes sont extraites de l’article, cité ci-dessus, de présentation d’expériences récentes qui visaient à sauver certains aspects du réalisme, façons Einstein et Bell. La thèse de la causalité non locale ne se vérifie pas, en tous les cas une large classe de cette thèse est exclue. Un autre article sur le même sujet sur le site phys.org avec le titre : « Des corrélations quantiques n’implique pas une causalité instantanée. »
Il faut se rappeler que selon la conception traditionnelle et suivant la relativité restreinte, la chaîne de causalité ne peut pas se propager à une vitesse qui soit au-delà de la vitesse de la lumière. Il est à mon avis impropre de faire perdurer le concept de causalité à propos des propriétés de l’intrication, pas plus de causalité non locale. Quand un des auteurs de l’article écrit d’une façon définitive : « Sans cause et effet, la science serait impossible. », il met en évidence une véritable angoisse de physicien mais il ne faut pas s’arrêter à celle-ci. Par contre si l’auteur avait écrit: « Sans cause et effet notre capacité de raisonnement scientifique actuelle serait impossible. », alors il est substitué au sentiment d’angoisse, à l’idée d’une impossibilité définitive, une perspective ouverte, historique. Le principe de causalité constitue pour nous humain un support qui valide la qualité d’un raisonnement, mais nous devons le considérer comme étant un substrat de la pensée humaine et non pas le considérer comme un paradigme qui régit effectivement les propriétés de la nature, en effet il doit être considéré comme une projection. Pour nous rapprocher des propriétés observées dans la nature il nous faut donc nous émanciper de ce substrat spécifique de la pensée humaine. Comme précisé ci-dessus, le développement du principe de causalité est limité à celui de la limite de C, vitesse finie, donc à l’existence de l’espace et du temps.
Si comme je l’ai déjà conjecturé : avec la phénoménologie de l’intrication, il ne peut pas y avoir de référence ni au temps, ni à l’espace, donc il ne peut y avoir de vitesse de propagation, et en conséquence aucune référence à une telle limite. Voir article du 29/10/2015 : « L’univers n’est pas si bizarre si… », ainsi que du 9/12/2015 : « L’espace-temps a une source mais pas quantique. ». Puisque la fondation de l’espace –temps relève de sujet pensant, quand les conditions de cette fondation sur un phénomène ne sont pas réunies, dans ce cas-ci à cause de TpS, ce phénomène ne peut être décrit en termes d’espace-temps, ni en termes de grandeurs qui en dépendent.
Avec l’intrication nous sommes donc confrontés à un phénomène qui nous suggère que dans la nature toutes les propriétés ne sont pas régulées par des critères et des contraintes habituelles qui sont de fait les conséquences de déterminations du sujet pensant. En cela nous pouvons comprendre les raisons de l’inertie intellectuelle déployée puisqu‘il est particulièrement déroutant de se trouver confronté à une rupture conceptuelle qui avant tout remet en cause nos déterminations ancrées, jusqu’à présent totalement ignorées. L’espace et le temps sont des propres de l’homme, C définit notre présent horizon limite de vitesse, mais il n’est pas celui de la nature.
Il y a peut-être une autre approche semblable à celle que je préconise et qui résulte aussi d’une conjecture formulée par Maldacena et Susskind : E.R. = E.P.R, en 2013. Cette égalité dit qu’en cas d’intrication on pourrait considérer que les particules se joignent par un ‘trou de ver’. Un trou de ver permettrait de passer d’une région d’espace-temps à une autre instantanément. Ce concept a pour origine un article publié par Einstein Rosen(1935). Donc un trou de ver affranchirait la relation entre des particules de toute contrainte spatio-temporelle. Cela est une spéculation et les physiciens tournent en rond sur ce sujet parce qu’ils pensent que l’espace-temps est réel et donné, alors qu’avec ce concept, de trou de ver, l’espace-temps n’a plus de réalité et il est cout circuité.
Un autre article dans NewScientist, du 20/08, rend compte d’une expérience qui met en œuvre une ingénierie qui vise à essayer de pousser jusque dans ses ultimes retranchements les propriétés dites bizarres de la mécanique quantique. Dans cette expérience on réalise de mettre en état de superposition un événement A qui semble précéder B avec celui de B qui pourrait anticiper A. On arrive à conserver le fil d’une compréhension du résultat des occurrences après mesure, si et seulement si on se réfère au concept basique du principe de superposition des états avant la mesure tel qu’il fut postulé par N. Bohr.
By the way : ce sondage, ci-dessous, datant de 2011 présente un intérêt :
« In 2011, 33 physicists and philosophers at a conference in Austria on “Quantum physics and the nature of reality” were asked to nominate their favorites, listed below. The percentages of the delegates backing the various options do not add up to 100 – in keeping with the spirit of quantum theory, the poll allowed multiple answers.
The Copenhagen interpretation – 14 votes, 42 per cent
The information interpretation – 8 votes, 24 per cent
Many worlds – 6 votes, 18 per cent
Objective collapse – 3 votes, 9 per cent
Quantum Bayesianism – 2 votes, 6 per cent
Relational quantum mechanics – 2 votes, 6 per cent
The de Broglie-Bohm interpretation – no votes, 0 per cent