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20 novembre 2016 7 20 /11 /novembre /2016 15:08

Cachée dans un secteur caché.

‘La matière noire serait cachée dans un secteur caché.’ : tel est le titre d’un article daté du 11/11/2016, dans phys.org, qui commente ainsi l’article original récemment publié dans le Physical Review Letters. Cet article relate les travaux de ‘cordistes’, que l’on désigne ainsi ceux qui travaillent sur la théorie des cordes et conséquemment sur la théorie des paysages.

Selon eux la matière noire est constituée de particules occupant l’un des multiples (une centaine) ‘secteurs cachés’ qui sont pensés exister (sic) en dehors du ‘secteur visible’ qui lui inclut entièrement notre monde visible. « Les secteurs cachés sont nommés ainsi parce que les particules de ces secteurs sont insensibles aux forces fortes et électrofaibles comme celles du secteur visible, ce qui réduit leur interaction avec le secteur visible. Ainsi les particules de secteurs cachés pourraient être tout autour de nous et nous n’avons aucun moyen de les détecter. » Alors que la publication de McGaugh, il y a quelques semaines, vient de fragiliser les fondements de la théorie de la matière noire, il se trouve que cet article apparaît pour sauver cette théorie avec un argument principal statuant qu’elle est vraie mais elle est pour nous absolument et définitivement invisible. Définitivement invisible ! pas tout à fait car selon eux il devrait exister une porte par laquelle on pourrait conjecturer une réalité de l’existence de la matière noire. Cette porte ils ne l’ont pas encore mise en évidence mais patience cela va venir ! Les auteurs de l’article montrent (sic) que les WIMPs pourraient théoriquement se désintégrer en une ou plusieurs particules plus légères d’un secteur caché qui pourraient encore se désintégrer en particules plus légères d’un autre secteur caché… Donc, ils en déduiraient que les WIMPs supersymétriques ne seraient pas de bons candidats de particules de matière noire parce qu’elles sont typiquement instables et il faudrait aller chercher dans d’autres secteurs cachés de particules qui seraient de meilleurs candidats pour la matière noire.

Je cite encore avant de me prononcer sur ce genre de fonctionnement, de conception, de la connaissance en physique, de sa dynamique et partant de son devenir : « Le paysage des cordes inclut un nombre très grand de théories possibles de modèle à basse énergie (le Modèle Standard des particules élémentaire constituant le Modèle connu de référence). Néanmoins nous avons trouvé que presque tous les paysages indiqueraient une instabilité certaine des WIMPs. Une telle conclusion signifie que si nous pensons sérieusement inclure notre univers visible dans une théorie des cordes nous devons considérer sérieusement la possibilité naturelle que la matière noire réside dans un secteur cachée… »

Ce qui est absurde, aberrant, avec ce type d’assertion, c’est qu’il est prétendu que les physiciens savent tout : même ce qui est définitivement inaccessible à leur connaissance. Je crains que ce soit le propre de beaucoup d’adeptes de la théorie des cordes qui, depuis le début l’avènement de cette théorie (années 1970), n’a jamais pu être soumise à une quelconque épreuve de vérification expérimentale. Elle est pure développement théorique mathématique – pourquoi pas – et à mes yeux ce qui est inquiétant c’est qu’elle prétend figer dans le marbre des mathématiques l’exclusion de tout autre alternative. Cela conduit à asphyxier toute velléité de faire émerger de nouveau(x) paradigme(s). Alors que l’attitude, à mon sens, la plus pertinente, étant donnée l’état de la recherche de la matière noire et conséquemment la valeur des travaux de McGaugh et Lelli, c’est de collectivement réfléchir en ces termes : bref nous sommes probablement sur une piste erronée, analysons sur des bases différentes la compréhension des dynamiques jusqu’à présent observées des différentes structures qui composent notre univers. De plus nous ne pouvons pas ignorer plus longtemps certains résultats obtenus par Milgrom, sans devoir pour autant opter, a priori, pour son postulat initial.

Il est sérieusement régressif de penser que l’être humain, ici le physicien, est doté aujourd’hui d’une capacité à penser aboutie et ainsi son aptitude à évoluer serait révolue. Il n’aurait plus à apprendre de ses tâtonnements, de ses erreurs. Ces cordistes sont-ils inconscients au point de considérer que ce qu’ils appellent les secteurs cachés réels, mais inobservables, ne sont rien d’autres que des domaines de connaissances non encore élucidés mais qui le seront parce que le propre de l’homme est d’accéder à une connaissance sans fin de nouveaux territoires de compréhension des lois de la nature. Ces cordistes qui véhiculent de tels concepts apparaissent comme des disciples de Freud et de Lacan avec leur théorie de l’inconscient mais la psychanalyse concerne un champ de recherche, certes très intéressant, mais totalement extérieur à celui de la physique. La physique ne procède pas par topiques.

A maintes occasions, ces dernières décennies, il fut tenté d’exploiter les neutrinos pour combler les incompréhensions que nous avons de la dynamique des différentes structures que l’on a identifiées dans notre univers. Ces différentes opérations de comblement furent régulièrement abandonnées puisqu’à chaque fois incohérentes. Ces tentatives régulièrement infructueuses étaient envisagées à cause de notre connaissance franchement approximative des neutrinos. En conséquence la bonne démarche consisterait, non pas à inventer des secteurs cachées mais à percer les énigmes posées par les neutrinos. Déjà, poser correctement le problème : quelle est la physique que nous révèlent les neutrinos plutôt que : quelles sont les lois physiques – sous-entendus du modèle standard – auxquelles répondent les neutrinos ? En débusquant cette autre physique nous ferons un sérieux pas en avant pour accéder à la compréhension de la dynamique dans notre univers

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