Il faudra un jour que la pensée en physique franchisse le Rubicond.
Jusqu’à présent l’effet Zénon est clairement observé et identifié mais n’est pas fondamentalement expliqué. Les physiciens se satisfont d’une description factuelle, sans que ne soit creusé, ne soit interrogé, le rôle spécifique de l’observateur. Voir article du 21/12/2011.
Jusqu’à présent ce que nous dit D. Mermin : « Les mesures (quantiques) ne ‘causent’ pas les choses qui se produisent dans le monde réel, quel qu’il soit ; elles causent les choses qui se produisent dans nos têtes. L’action fantôme à distance est aussi une illusion… », n’a pas suscité la moindre tentative de comprendre comment cela se produirait dans nos têtes. Voir article du 27/05/2014.
Jusqu’à présent ce que nous déclare A. Barrau et d’autres : « Mais il ne faut pas oublier… que nos manières d’appréhender cet « autre part » n’en demeurent pas moins humaines et créées… Nous choisissons et inventons les rapports au(x) monde(s) que nous jugeons pertinents. Ils ne sont pas donnés, ils sont construits. », continue d’être un commentaire gratuit, sans conséquence, puisqu’aucune nouvelle manière, autre que l’habituelle, n’a été jusqu’à présent suggérée. Pourquoi Barrau est-il resté au milieu du gué d’une réflexion pourtant pertinente ? Pourquoi est-ce avec la casquette de philosophe qu’il a avancé ce propos ? Voir articles du 12/04/2016 et du 23/04/2016.
Jusqu’à présent l’intrication entre des objets quantiques est absolument reconnue par les physiciens, les ingénieurs exploitent cette propriété, en repoussant sans discontinuité les limites de son exploitation, mais jusqu’à présent dans le cadre de la croyance réaliste traditionnelle les physiciens ne savent pas fondamentalement expliquer ce qui est en jeu. Voir article du 22/11/2014 et les autres.
Jusqu’à présent L. Smolin, affirme que : « L’univers réel a des propriétés qui ne sont pas représentables par un quelconque objet mathématique. Une de celles-ci est qu’il y a toujours un moment présent. Les objets mathématiques, étant intemporels, n’ont pas de moments présents, n’ont pas de futurs ni de passés. Toutefois, si on embrasse la réalité du temps et voit les lois mathématiques comme des outils plutôt que des miroirs mystiques de la nature, d’autres faits têtus, inexplicables, concernant le monde deviennent explicables… », mais il n’a pas pu aller au-delà de ce constat car il n’a pas pu franchir le Rubicond c’est-à-dire prendre le contre-pied de la métaphysique d’Einstein. Voir article du 02/02/2013.
Jusqu’à présent N. Gisin annonce dans un article au titre évocateur : « La physique a tué le libre arbitre et le flux du temps. Nous devons revenir en arrière » puis « Finalement, parce que la physique – et la science en général – est l’activité humaine ayant pour but de décrire et de comprendre comment la Nature fonctionne. Pour cette raison nous devons décrire aussi comment l’être humain interagit avec la nature, comment on la questionne. » Dans cet article, il a écrit en incise « désolé Einstein », il a donc fait les premiers pas en vue de franchir le Rubicond sans plus. Voir article du 03/06/2016
De plus en plus fréquemment des illustrations représentant l’univers et ses structures essentiels avec leur évolution dans le temps, depuis l’origine appelé Big Bang, sont accompagnées de la figure du Penseur de Rodin situé dans le temps actuel soit 13 milliards 800 millions d’années depuis ce Big Bang. Nous connaissons tous la posture de ce Penseur mais comment comprendre la présence de ce Penseur dans cette illustration ?
Est-il le contemplateur de Galilée hérité de Platon pour qui, l’intelligible ne s’apprend pas du visible, il appartient à l’âme qui doit le tirer, par la réminiscence, de son fonds. La science galiléenne étant une science d’un monde sans l’homme, d’un monde préétabli, préordonné, par des fondements physico-mathématiques, se passant de la pensée, bref La vérité de l’univers étant indifférente à la réalité de l’homme. Dans ce cas le penseur de Rodin est inapproprié, pour le moins superflu.
Est-ce le penseur Einsteinien qui doit être un acteur préalablement actif pour assurer les conditions de l’accueil de la réalité indubitable de l’univers ? Bref ici le penseur de Rodin est en partie approprié parce qu’il reçoit la réalité du monde qui vient à lui parce qu’il a assuré les conditions de cet accueil. Mais une fois établi le flux est à sens unique.
Est-ce, tout autrement, le penseur qui, selon mon point de vue, doit franchir le Rubicond ? Et partant doit considérer que la connaissance du monde n’est que sa connaissance du monde – et non point universel – façonnée selon ses capacités actuelles d’acquérir cette connaissance et ne peut pas être déclarée connaissance du réel car dans ce cas ce quasi platonisme – qui est franchement majoritaire chez les physiciens et les mathématiciens, consciemment ou non – s’oppose au flux biunivoque (flux évoqué par N. Gisin : « comment l’être humain interagit avec la nature, comment on le questionne » voir mon article du 23/08/2016.) qui doit être considéré comme un paradigme de l’évolution de l’anthrôpos. Pour illustrer mon propos, je me réfère à ce que nous dit la science paléoanthropologique toute récente, en effet : dans un article qui relatait récemment la découverte au Maroc de « l’Homo sapiens » le plus ancien (315 000 ans), l’un des découvreurs des restes de 5 individus nous dit : « Leur visage n’était pas différent de celui de n’importe qui dans le métro. Leur boîte crânienne était aussi volumineuse mais moins globulaire que la nôtre, et leur cervelet moins développé. L’évolution ne s’arrête pas, nous évoluons encore et toute la différence, entre les premiers sapiens et nous, tient probablement dans l’organisation interne du cerveau, sa connectivité. Malheureusement, la génétique ne sera d’aucun secours pour en savoir plus : il fait trop chaud au Maroc pour espérer récupérer de l’ADN ancien sur ces fossiles. »
Notre connaissance authentique de la nature physique du monde dans sa globalité sera atteinte lorsque notre cerveau, par l’acquisition de tout ce qui fait connaissances, assurera toutes ses connectivités possibles. Ici, il faut penser que c’est une dynamique parfaitement biunivoque qui est en jeu. L’aboutissement de ce processus est certainement imprédictible, puisqu’il nous renvoie dans l’infini spatio-temporel : le moteur de notre volonté de conquête.
Ce processus de croissance des connectivités possibles, qui dirige pour l’essentiel notre évolution, subit probablement une croissance exponentielle qui doit présentement nous rendre humble à l’égard du statut de nos connaissances actuelles, qui devraient être à mon sens non seulement considérées comme des approximations de ce qui seraient, mais, pour permettre le bon recul intellectuel, devraient être pensées comme des apparaîtres construits illustratifs de nos capacités cognitives actuelles, représentants de l’état provisoire et daté de notre évolution.
Ci-dessous, je joins la traduction d’un article avec son original en copie, car il fait réfléchir et puis il sera probablement repris ultérieurement en référence.
Est-ce que la vie est plus probable que les trous noirs d’être une adaptation pour la duplication de l’univers ? Article du 15 juin par Sarah Cox de la Brunel Université de Londres.
La vie intelligente est plus probable, que ne le sont les trous noirs, d’être une adaptation conçue par la sélection naturelle cosmologique. C’est ce que spécule un évolutionniste de l’Université Brunel. Michael Price qui adopte un point de vue adaptationniste à propos de la théorie de la sélection naturelle cosmologique introduite par Lee Smolin au début des années 1990. En effet celui-ci suggère que les trous noirs sont une adaptation conçue par la sélection cosmologique naturelle et que la vie est un sous-produit de la sélection pour les trous noirs. L’autoréplication au moyen des trous noirs et la sélection favorisent des univers qui contiennent plus de trous noirs.
Price théorise qu’en considérant notre connaissance, à propos du comment la sélection naturelle opère au niveau biologique, la vie intelligente est actuellement plus vraisemblable que les trous noirs d’être un mécanisme par lequel les univers se répliquent eux-mêmes – un concept connu en tant que sélection naturelle cosmologique avec intelligence (a concept known as cosmological natural selection (CNS) with intelligence). (A mon sens il faut comprendre cette phrase : CNS grâce à l’intelligence)
Price note que la sélection naturelle opérant au niveau biologique est le processus connu le plus fort dans l’univers pour créer un ordre complexe et pour faire diminuer le processus de l’entropie croissante (dégénération et désintégration), et cela devrait opérer aussi bien au niveau cosmologique. Essentiellement, la vie est ordonnée avec bien plus de complexité et elle est vraisemblablement moins certaine de survenir par chance qu’un trou noir et donc plus vraisemblablement d’être une adaptation de la duplication d’univers. Ce point de vue est contrasté de celui de Smolin qui suggère que les trous noirs résultent de l’adaptation et la vie est un sous-produit.
« Les organismes vivants sont les moins entropiques, c’est-à-dire les complexités les plus ordonnées et les entités improbables connues pour exister » nous explique Price.
La sélection biologique naturelle (Biological natural selection (BNS)) est donc le processus anti-entropique le plus fort connu parce qu’il crée des organismes. La sélection biologique naturelle dote ces organismes avec des traits (caractères) nommés des adaptations qui ultimement rendent possible les réplications génétiques. On reconnaît un trait comme une adaptation basée sur sa complexité improbable, et cette complexité est le signe (la marque) de la sélection naturelle.
Si nous acceptons, comme l’argumente Smolin, que nous vivons dans un multivers où les modèles d’univers se reproduisent compétitivement selon un processus de sélection, alors la sélection biologique naturelle peut être un guide fiable auquel nous pourrions nous attendre de la sélection naturelle cosmologique.
- implication, je suggère qu’ensemble la vie intelligente et les trous noirs sont des candidats plausibles pour être des adaptations conçus par CNS mais la probabilité d’être une telle adaptation est plus grande pour la vie que pour les trous noirs ou bien sûr, pour tout autre objet connu dans l’univers, parce que la vie est la chose la plus complexe et improbable dont nous avons connaissance.
Je suggère aussi que plus généralement, CNS pourrait être l’ultime cause première de l’ordre cosmologique, juste comme BNS est l’ultime cause première de l’ordre biologique. En d’autres mots, BNS et CNS pourraient être ensemble ultimement responsables de plus d’ordre que nous observons dans l’univers. Sans cet ordre il n’y aurait pas d’entropie parce que rien ne se désintègrerait dans un état d’ordre inférieur et en conséquence pas de flèche du temps.
En somme, le processus de la sélection pourrait être bien plus fondamental pour expliquer la nature de notre univers tel qu’il est généralement supposé.
Je rappelle pour mémoire, durant ces deux dernières décennies on a identifié à coup sûr trois catégories de trous noirs : ceux d’une masse de quelques dizaines de masses solaires et on cherche à savoir la densité de présence de ceux-ci par unité de volume d’univers soit en binaire soit en unitaire ; ceux qualifiés massifs (millions de masses solaires), hypermassifs (milliards de masses solaires) qui sont au cœur des galaxies matures ; ceux que l’on découvre maintenant, hypermassifs et de moins d’un milliard d’années depuis le Big Bang. Enfin on cherche à savoir si des trous noirs primordiaux existent dans notre univers et quelle serait leur masse aussi quelle serait leur densité de répartition dans l’univers.
Is life more likely than black holes to be an adaptation for universe replication?
June 15, 2017 by Sarah Cox, Brunel University London
- life is more likely than black holes are to be an adaptation designed by cosmological natural selection, an evolutionist from Brunel University London speculates.
Writing in the journal Complexity, Dr Michael Price takes an adaptationist view on the theory of cosmological natural selection introduced by theoretical physicist Professor Lee Smolin in the early 1990s.
Smolin suggests that black holes are an adaptation designed by cosmological natural selection and that life is a by-product of selection for black holes. Universes self-replicate through black holes, and selection favours universes that contain more black holes.
Dr Price theorises that, based on our knowledge about how natural selection operates at the biological level, intelligent life is actually more likely than black holes to be a mechanism by which universes replicate themselves – a concept known as cosmological natural selection (CNS) with intelligence.
Price notes that natural selection operating at the biological level is the strongest known process in the universe for creating complex order and for slowing down the process of increasing entropy (degeneration and decay), and it may operate at the cosmological level as well.
Essentially, life is much more complexly ordered and less likely to arise by chance than a black hole, and thus more likely to be an adaptation for universe replication, he explains. This view contrasts with Smolin's suggestion that black holes are the adaptation and life is the by-product.
"Living organisms are the least entropic, that is, the most complexly ordered and improbable entities known to exist," Dr Price, Head of Brunel's Centre for Culture and Evolution, explains.
"Biological natural selection (BNS), then, is the strongest known anti-entropic process because it creates organisms. Biological natural selection endows those organisms with traits called adaptations that ultimately enable genetic replication. We recognise a trait as an adaptation based on its improbable complexity, and this complexity is the hallmark of natural selection.
"If we accept, as Professor Smolin argues, that we live in a multiverse where universe designs reproduce competitively according to a process of selection, then biological natural selection may be a reliable guide to what we should expect from cosmological natural selection.
"By implication, I suggest that both intelligent life and black holes are plausible candidates to be CNS-designed adaptations but the probability of being such an adaptation is higher for life than black holes or indeed, for any other known object in the universe, because life is the most complexly improbable thing we know of.
"I also suggest that more generally, CNS may be the ultimate primary cause of cosmological order, just as BNS is the ultimate primary cause of biological order. In other words, BNS and CNS may together be ultimately responsible for much of the order that we observe in the universe. Without this order there would be no entropy because nothing would decay to a less-ordered state and therefore no arrow of time.
"In sum, the process of selection may be far more fundamental to explaining the nature of our universe than is generally supposed."
Explore further: Did the universe evolve to make black holes?
More information: 'Entropy and selection: Life as an adaptation for universe replication' by Michael E. Price, Department of Life Sciences, Brunel University London, is published in Complexity: www.hindawi.com/journals/complexity/aip/4745379/
Provided by: Brunel University