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15 août 2017 2 15 /08 /août /2017 08:00

Disposition ou Dispositions ?

En relisant l’article précédent du 05/08, j’ai réalisé qu’une logique implicite avait fini par pointer dans celui-ci alors qu’à aucun moment dans ma réflexion je ne l’avais anticipée. Cette logique laisserait entendre qu’il y aurait chez l’être humain deux dispositions, l’une serait cérébrale et l’autre serait intellectuelle. Attention ! j’ai conscience que lorsque l’on aborde ce type de sujet il faut être précautionneux car il est facile de déraper d’autant que ce que l’on pourrait appeler la science du cerveau est une science native.

            La disposition cérébrale serait une disposition réflexive, déductive, naturelle et spontanée puisque le cerveau est prédisposé à engendrer cette réflexion-déduction à cause d’un apprentissage très antérieur dans le temps. Cette prédisposition s’expliquerait par le fait que l’organisation neuronale est déjà établie (câblée) et elle est permanente. C’est ce que D. Buonomano suggère lorsque parlant de l’instinct, dans toutes ses formes, des animaux, il évoque les ‘instincts câblés’. Je cite : « La plupart des exemples de planifications apparentes de long terme chez les animaux, semblent actuellement être des instincts câblés[1]. » (Penser à l’exemple de l’écureuil qui instinctivement stocke des noisettes pour se nourrir l’hiver)

            Les câblages acquis et qui perdurent sont le fruit de l’évolution. Je vais une fois de plus me référer à D. Buonomano pour justifier mon propos : « La vérité est, bien que les humains soient bien meilleurs pour la planification à long-terme que tous les autres animaux, nous ne sommes pas particulièrement bon pour ceci. Ceci ne doit pas être une surprise. Le cerveau humain est le produit d’un processus de l’évolution qui s’est développé depuis des centaines de millions d’années (sic). Donc la plupart de notre bagage neuronal provient des animaux qui vivait, sur le plan cognitif, dans le présent immédiat. En conséquence, en tant qu’espèce, nous humains continuons d’apprendre pour perfectionner nos nouvelles compétences[2] »

La disposition intellectuelle est celle qui est à l’œuvre (nous humains, nous continuons d’apprendre) au cours de l’existence propre de chacun d’entre nous, dès le début de celle-ci. La disposition intellectuelle est corrélée à l’étude, à l’apprentissage récent ou en cours qui peut se développer aussi profondément que le peut une génération, celle-ci bénéficiant des acquis de la précédente. La disposition intellectuelle peut évidemment conduire à une émancipation à l’égard de la détermination correspondant à la disposition purement cérébrale installée. Ainsi quand je considère nous ne pensons pas quantique, pas encore, voir article du 26/09/2015, je signifie que notre rapport historique avec la Nature à l’échelle classique a provoqué un câblage cérébral qui s’impose toujours en premier lieu et un dépassement est nécessaire pour accéder à une pensée quantique sans artefact (s) : ce qui n’est pas encore le cas.

Notre pensée à l’égard de phénomènes à l’échelle quantique ne peut se développer qu’en réinitialisant sans cesse celle-ci et à chaque fois sur la base des postulats fondamentaux appris qui dictent ce qui est franchement en rupture avec la mécanique classique. Penser, justement, naturellement, quantique sera possible lorsque à force de sa pratique une organisation neuronale appropriée se mettra en place à demeure et pourra se transmettre génétiquement. Je fais l’hypothèse que cette mise en place à demeure se cristallisera lorsque de plus on mettra en évidence un ou des paradigmes de ruptures valant tout autant pour la mécanique classique que la mécanique quantique, notamment à propos de l’espace-temps et de sa source.

Dans l’expérience que je propose (voir article précédent), je souhaite pouvoir tester cette hypothèse, je le pense avec insistance en prenant aussi en compte les résultats éloquents d’autres expériences citées déjà dans l’article précédent qui révèle que « le cerveau fait plus confiance à sa propre information inventée qu’à ce qu’il voit à l’extérieur dans le monde. » Ainsi, les personnes non formées à la physique ne peuvent rien inventer[3], lorsqu’ils n’ont plus d’information spatio-temporelle de la trajectoire de l’objet quantique dans l’interféromètre. Par contre les personnes formées à la mécanique quantique[4] ont intellectuellement intégré les outils, les schémas, pour que leur cerveau conçoive une image relative à la dispersion spatio-temporelle. Ces personnes transcendent le câblage établi du repérage spatio-temporel du déplacement dans la nature immédiate de l’individu (qui ici est le correspondant de l’objet classique), établi depuis au moins 2 millions d’années. C’est-à-dire à une époque où une conscience de soi s’établit. Ce câblage est typiquement d’essence humaine. Il en résulte, selon mon hypothèse, que l’espace-temps n’est pas donné dans la Nature. Si les résultats a) et b) sont ce que je prévois, mon hypothèse sera valide, sinon elle sera invalidée.

Une disposition cérébrale serait donc une disposition qui serait acquise du point de vue des réseaux des connexions neuronales, cela constitue une potentialité et on naît avec, globalement, elle correspond à l’état de notre évolution pour l’époque considérée (évidemment, il y a à nuancer suivant les cultures, les patrimoines génétiques, etc…) C’est un héritage.  

Une disposition intellectuelle serait une disposition qui serait une aptitude à transcender ce qui s’imposerait du point de vue de la disposition cérébrale. Une disposition intellectuelle qui cogiterait pertinemment conduirait à un nouveau câblage et à une disposition cérébrale actualisée. Dans le cas de la physique une disposition intellectuelle pertinente est celle qui prédit des résultats expérimentalement vérifiés et expliqués, et qui élucide les postulats qui ont prévalus à l’origine. Ce n’est pas encore le cas des cogitations à propos de la mécanique quantique car nous sommes toujours obligés d’accepter les postulats de l’Ecole de Copenhague, sans jusqu’à présent comprendre pour autant, quels sont leurs fondements, d’où proviennent naturellement (dans la Nature) ces postulats[5]. Et puis ce n’est pas par hasard ni par habitude que sans cesse l’on évoque : l’étrangeté des propriétés quantiques, des actions fantômes, etc…

Nos capacités intellectuelles sont encore essentiellement celles qui ont comme support les capacités cérébrales qui ont été façonnées par notre confrontation aux conséquences des lois de la nature qui prévalent à l’échelle classique, parce que la principale finalité était la survie humaine physique. Ce façonnement a permis à l’humanité de passer du statut de Chasseur-Cueilleur au statut de Producteur-Créateur-Scrutateur de ressources de plus en plus conscient, c’est-à-dire prévoyant. De l’enjeu de la survie à l’échelle classique on a transité (on transite) vers l’expansion aux échelles qui se situent de part et d’autre. De plus, il y a un engendrement de dispositions intellectuelles qui s’autonomisent. C’est-à-dire dans mon schéma l’Être dans la Nature réduit sa dépendance de l’Être de la Nature.

Pour terminer cet article, je cite P. Picq, dans ‘Dossier pour la Science’ de juillet-septembre 2016, « Le roman des intelligences », page 8 : « La première coévolution concerne tous les organismes vivants et leurs interactions. La deuxième se met en place avec les premiers hommes (Homo erectus) avec des innovations techniques et culturelles, comme la cuisson et la taille des outils, qui modifient et sélectionnent nos organismes, des gènes aux capacités cognitives. La troisième se manifeste depuis le début du XXIe siècle avec l’impact des NBIC (nanotechnologies, biologie naturelle et de synthèse, sciences informatiques et cognitives)

Mais contrairement aux sirènes du transhumanisme qui postulent que l’évolution est arrivée à son terme et que nos technologies doivent prendre le relais, il faut penser notre avenir en fonction des interactions de ces trois coévolutions (sic) ; l’émergence, en quelque sorte, d’une nouvelle intelligence… Notre humanité doit se remettre en marche. Notre cervelet possède 70 milliards de neurones connectés à l’ensemble de notre corps et de notre cerveau et des études récentes montrent que la marche et tout particulièrement dans un bout de nature, augmente notre créativité de 60% ; et c’est encore mieux avec les autres. »

Tout ce qui est écrit dans cet article a à voir, selon mon point de vue, avec le sujet relatif à comment pourrons-nous penser quantique et de quelle façon cela va advenir ? Quelles en seront les conséquences ?

Descartes affirmait que de l’arbre de la connaissance, le tronc représentait : la science physique, toutes les autres sciences étaient des ramifications qui s’y rattachaient. Connaître les sciences relatives à ses ramifications permet aussi réciproquement de mieux analyser la sève centrale qui irrigue le tronc et amplifie la vigueur de l’arbre. Pour cette raison, il est vivement souhaitable que les physiciens enrichissent le domaine de leurs propres investigations des domaines qui prospectent et expliquent cette histoire et cette dynamique. Par exemple ainsi procèdent les paléoanthropologues qui intègrent maintenant, la biologie, la génétique et les neurosciences dans leur corpus d’analyse prospective. D’où mon projet d’un manifeste qui conduirait les physiciens à solliciter et provoquer un rapprochement semblable entre différents corpus.   

Je viens de découvrir qu’un livre vient d’être publié (le 07/08) aux E.U. : « Life through time and space. », « La vie à travers le temps et l’espace. » En résumé : “The origins of intelligent life: How did life, and eventually intelligent life, come into existence on Earth?” Je n’ai pas encore pu l’acquérir, dès que ce sera possible, s’il présente de l’intérêt, pour notre propos, j’en parlerais. Déjà on remarque que c’est dans le cadre de l’espace-temps que l’auteur tente de rendre compte de l’émergence de la vie intelligente. Comme s’il ne pouvait y avoir d’intelligence qui ne soit sertie dans l’espace-temps, en tous les cas à propos de celle dont nous pouvons développer un discours. Ce qui laisse possible toutes les autres formes d’intelligence mais pour nous indicible parce que hors ce cadre. Selon l’auteur si l’espace-temps est d’une nature intelligente, pour le moins concomitante avec l’émergence de l’intelligence, on comprend la difficulté des physiciens pour résoudre l’aporie spatio-temporelle, qui veulent la traiter dans le cadre de la matière inerte.  Par contre cela donnerait tout son poids à ma conception : « Je dirais que l’espace-temps est un concept qui a émergé quand une première intelligence a créé le besoin de ce concept pour se situer sur la planète Terre de façon non instinctive. » Voir article précédent du 05/08.

 

           

 

[1] Page 199 : « Most examples of apparent long-term planning in animals actually seem to be hardwired instincts. »

[2] Page 206 : “The truth is that even though humans are far better a long-term planning than all other animals, we are not particularly good at it. This should not come as a surprise. The human brain is the product of an evolutionary process that unfolded over hundreds of millions of years (sic). So, most of our neural baggage comes from animals that lived, cognitively speaking, in the immediate present. Consequently, as a species, humans are still learning to perfect our newly acquired skills…”

[3] Elles sont déterminées par leur cortex entorhinal, sans échappatoire.

[4] Le cortex préfrontal et/ou temporal actif(s) grâce a un processus d’apprentissage. 

[5] N. Bohr et Heisenberg ont toujours indiqué que le savoir (les résultats des mesures) que nous obtenons sur les objets quantiques, est uniquement un savoir relatif à l’échelle de nos capacités humaines. C’est un savoir transposé, interprété, adapté pour qu’il soit humainement transmissible.

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