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24 juin 2022 5 24 /06 /juin /2022 11:17

 

Le 24/06/2022

Toujours la suite de la publication du 2e chapitre : ‘Présence’ : du mémoire ‘l’Être humain est une Réalité de/dans l’Univers’. C’est précisément la continuité de la publication du 17/06

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Ce qui provoque un émerveillement scientifique de S. Dehaene est aussi, selon moi, une fenêtre remarquable pour ouvrir une nouvelle piste de réflexion car en s’appuyant sur une interrogation d’Einstein, il exprime avec cet ultime propos l’idée d’une concomitance, d’une corrélation, entre le développement cérébral de l’être humain et le développement de notre connaissance de l’univers. Ceci donne du sens à l’hypothèse suivante qui peut paraître inédite : « Si, après tout, ce que nous construisons grâce à notre capacité de pensée abstraite et que nous désignons comme étant le développement d’une connaissance de l’univers était simplement le fruit d’une conception pure de l’être humain nous offrant une sorte de miroir, de faire valoir, de notre intelligibilité ? » Cette hypothèse permettrait d’élucider ce qui est un mystère pour Einstein car dans le cas où l’univers serait l’émanation de nos capacités cérébrales en évolution, il ne peut être que compréhensible. Mais il réfuterait immédiatement cette proposition car elle est en complète contradiction avec sa philosophie de physicien réaliste. Pour lui, l’univers est. Qu’il soit intelligible par l’être humain qui lui est extérieur, l’interpelle. Je ne peux pas écrire : « serait extérieur », car pour A. Einstein ce conditionnel est inconcevable. Mon hypothèse est franchement anthropocentrique et ce serait donc l’intelligence humaine qui mènerait la danse en façonnant, au fur et à mesure de l’évolution de notre intelligence, des pièces du puzzle d’un soi-disant univers. En quelque sorte l’univers ce serait une part de nous-mêmes, une extension de nous-mêmes. Cette proposition aventureuse, par rapport à la pensée standard, n’est pas si abscons que cela, puisque des anthropologues qui étudient les facteurs de l’évolution de l’être humain depuis la nuit des temps sont amenés à reconnaître que l’être humain est un constructeur de monde avec un besoin de plus en plus viscéral d’imaginaire…   

Tout récemment, dans le journal ‘Le Monde’, du 25 Août 2021, un article de Jean-loïc Le Quellec : ‘La Préhistoire, ses Mythes et ses Secrets’, on peut lire : « A cet égard, il est particulièrement intéressant d’examiner la répartition mondiale de mythes qui ne tombent pas sous le sens, mais qui sont considérés comme essentiels dans les collectivités où ils s’expriment. C’est le cas des grands récits d’origine, qui présentent une impressionnante stabilité puisqu’ils sont réputés dire le vrai sur l’origine du monde, de l’humanité, de la mort, etc., de la culture dans laquelle ils s’inscrivent… Grâce à ces méthodes, on a pu démontrer que, selon toute probabilité, le grand mythe d’origine qui prévalait au paléolithique final était celui dit de « l’Emergence primordiale (sic) » Il raconte qu’au tout début, les humains et les autres animaux vivaient à l’intérieur de la terre et, un beau jour, à la suite de circonstances dont le détail varie selon les récits, ils en sont sortis en passant par l’ouverture d’une grotte – avant de se disperser progressivement à la surface du globe. »

Je cite l’article de ce mythe de l’émergence pour rappeler que les physiciens devraient intégrer dans leur quête des connaissances à venir les recherches développées dans d’autres domaines scientifiques. Le cloisonnement des connaissances conduit à l’appauvrissement de celles-ci. Comme il est supposé avec le mythe de « l’Emergence primordiale », il y a au tout début l’émergence d’une ‘Présence’ d’une intelligence humaine primordiale qui consciemment s’installe et se développe progressivement dans le monde. Pour exister, sa tâche vitale et permanente est d’investir physiquement et intellectuellement le monde. Nous sommes aujourd’hui les héritiers et les prolongateurs de cette dynamique enclenchée depuis cette émergence conçue et nous devons comprendre que toutes les connaissances que nous acquérons de ce monde sont le produit de l’intelligence humaine et rien de plus. Quant à savoir si nos connaissances atteignent l’os de la réalité de ce monde nous ne pouvons pas l’affirmer, ce qui est sûr c’est que le physicien est en mesure de mettre en évidence des vérités partagées quand il y a consensus de la part de la communauté scientifique.

Mon concept de la ‘Présence’ du sujet pensant qui s’est installée concomitamment à l’émergence évoquée (voir 1 de la publication du 17/06) peut être comparé à un phare érigée une bonne fois pour toute et dont sa lumière (intellectuelle), au cours du temps, de plus en plus éclairante, ne cesse de dévoiler de nouveaux confins de notre univers. C’est ce que j’exprime avec cet énoncé rituel : « Au sein d’une éternité parmi tous les possibles, Anthrôpos ne cesse de creuser sa connaissance de l’univers. » Je rajouterais volontiers : « et il ne cessera de creuser car il y aura toujours à ‘voir’ ». Je propose, une image supplémentaire représentative de mon concept de ‘Présence’, en suggérant de contempler les sculptures de Giacometti qui figurent, à mes yeux, une artistique quintessence hors du temps de l’être humain.

Les promoteurs du Qbism (contraction de Quantum Bayésianisme) dont j’ai pris connaissance en 2014 laissent entrevoir comment la physique théorique : centrée sur la compréhension et l’interprétation de la mécanique quantique, est créée par les êtres humains bien réels. Le Qbism[1] a ses racines dans la théorie des probabilités « personnalistes » Bayésiennes.  Dès le début de l’avènement de la mécanique quantique, Werner Heisenberg a soutenu que les états quantiques n’étaient pas des caractéristiques objectives du monde, mais des expressions de notre connaissance. John Bell de façon révélatrice a demandé : « Connaissance de qui ? Connaissance de quoi ? ». Le Qbist fait une petite mais profonde correction : il remplace « connaissance » par « croyance ». La croyance de qui ? La croyance de l’acteur qui fait l’assignation d’état, informé par son expérience passée. Croyance en quoi ? Dans le contenu de son expérience. Il n’y a pas un état quantique des objets quantiques qui soit indépendant de l’observateur. Il faut ici abandonner la croyance que les états multiples a priori possibles d’un objet quantique correspondent à une propriété objective. Et la mesure effective de ces possibles, est toujours réduite à l’obtention d’une information sur un seul état. Cette situation des plus énigmatiques de la mécanique quantique est formalisée par l’expression : « le problème de la mesure ou encore le problème de la réduction de la fonction d’onde ». Pour les Qbists cette énigme est levée dès que l’on considère que la réduction de la fonction prend effectivement place dans la conscience de l’observateur qui opère la mesure, non pas en raison d’un processus physique unique, mais seulement parce que l’état de l’objet quantique est une construction de l’esprit de l’observateur et non une propriété objective du système physique.

Avec la théorie du Qbism nous sommes confrontés à un véritable paradigme de l’émergence de la connaissance en physique, surtout à l’échelle du monde quantique, car jusqu’à présent, et ce depuis au moins Galilée, la croyance dominante des physiciens correspond à la croyance qu’ils mettent en évidence des lois qui sont effectivement celles du monde réel, du monde objectif. A l’opposé, comme l’indique les Qbists, si je comprends correctement leur théorie, il faut considérer que les lois de la nature que nous mettons en évidence sont des expressions qui nous disent l’état de nos connaissances dans le domaine de la physique. Contrairement à ce que pense les théoriciens du réalisme - le plus proche de nous et le plus célèbre est Albert Einstein dont la pensée imprègne toujours la communauté scientifique actuelle - nous n’avons aucun moyen d’affirmer ce qui est assurément réel.

Historiquement à chaque fois que les physiciens ont prétendu, à part quelques détails encore à régler, qu’ils avaient atteint la connaissance définitivement aboutie, de facto, ces détails étaient des failles énormes dans le champ de leur savoir et ils devaient se remettre à la tâche avec quasiment une page blanche. Cette déconvenue fut vécue par William Thomson, alias Lord Kelvin (1824-1907), chef de file de l’élite des scientifiques européens, au tournant du vingtième siècle « La science physique forme aujourd’hui, pour l’essentiel, un ensemble parfaitement harmonieux, un ensemble pratiquement achevé ». Il avait été précédé par Louis de Lagrange (1736-1818) qui avait proposé dans son traité de mécanique analytique en 1788 : « d’avoir fait toutes les démonstrations nécessaires et ainsi avoir condensé le plus possible des choses dans une seule formule ». Encore récemment ce fut le cas avec la ‘Théorie du Tout’ qui paraissait être à deux doigts de son aboutissement à condition de réaliser une suprême unification des forces subatomiques avec la force gravitationnelle. Stephen Hawking avait prévenu qu’une fois cette unification acquise cela autoriserait les physiciens à vouloir occuper la place de Dieu.

L’ambition d’accéder à la connaissance physique totale du monde, de la part des physiciens, a mené ceux-ci à subir historiquement de sérieux revers intellectuels. Au mieux, il est possible de penser qu’il y a un horizon de réalités potentielles, asymptotiquement saisissables grâce à l’activité du physicien mais comme cela semble avec tout horizon il y a une perspective, une[2] volonté permanente, qui sans cesse nourrit la curiosité inassouvie de l’Être humain.

Mon désaccord significatif avec les Qbists provient du fait qu’ils suggèrent, avec leur théorie, la présence du sujet pensant : le physicien, mais c’est une présence avec un p. minuscule, une présence avec une conscience conjoncturelle qui correspond à des opérations spécifiques. Avec mon hypothèse la ‘Présence’ en question, est avec un p. majuscule, parce qu’elle est une érection une fois pour toute, elle est concomitante à l’émergence d’une intelligence humaine primordiale et elle est inexpugnable. L’ampleur de sa signification et de ses conséquences théoriques sont autres que la petite présence mise en scène par les Qbists.

Les Qbists ont légitimé leur théorie en exploitant la statistique bayésienne dont l’inventeur est le révérend James Bayes : Pasteur de l'Église Presbytérienne et mathématicien britannique (1701‐1761). Etant donné l’impact remarquable de cette loi dans tous les domaines de la physique, il est utile de faire un rappel sur l’histoire de son apparition dans le paysage scientifique. Le Révérend étudie la logique et la théologie à l’Université d’Edimbourg. Auteur de plusieurs ouvrages publiés de son vivant, c’est après sa mort que son ami Richard Price retrouve, dans ses papiers, un Essai sur la manière de résoudre un problème dans la doctrine des risques qu’il présente à la Royal Society, où il sera publié en 1763. Celui‐ci met en exergue cette fameuse « règle de Bayes ». 

Dans un cours au Collège de France en 2012, Stanislas Dehaene a consacré une séance complète sur ce sujet précisant que notre cerveau fonctionne en exploitant des mécanismes évolués de raisonnement probabiliste. Et il rappelle que l’inférence Bayésienne est une théorie mathématique simple qui caractérise le raisonnement plausible en présence d’incertitudes. L’inférence Bayésienne rend bien compte des processus de perception : étant donné des entrées ambigües, notre cerveau en reconstruit l’interprétation la plus probable.

Nos décisions combinent un calcul Bayésien des probabilités avec une estimation de la valeur probable et des conséquences de nos choix. L’architecture du cortex pourrait avoir évolué pour réaliser (sic), à très grande vitesse et de façon massivement parallèle, des inférences Bayésiennes. L’algorithme utilisé pourrait expliquer la manière dont notre cerveau anticipe sur le monde extérieur et dont il répond à la nouveauté. L’algorithme Bayésien est très exploité présentement en intelligence artificielle surtout lorsqu’il est mis en réseau. Sa signification dans le développement de l’intelligence humaine semble être déterminante si l’on en croit le neuroscientifique Dehaene : « Je parle de révolution, car il n’est pas courant de voir apparaître aussi soudainement un cadre théorique qui s’infiltre dans tous les plans d’une science. Nous étions nombreux à penser qu’il ne pouvait y avoir de théorie générale de la cognition, le cerveau étant le résultat du bricolage de l’évolution… mais cette idée est en train d’être battue en brèche par la statistique bayésienne tant ses applications sont extraordinaires ».

Dans la formule de Bayes : P(A/B) = P(B/A)∙P(A)/P(B) Le terme P(A) est la probabilité a priori de A. Elle est « antérieure » au sens qu’elle précède toute information sur B. P(A) est aussi appelée la probabilité marginale de A. Le terme P(A|B) est appelé la probabilité a posteriori de A sachant B (ou encore de A sous condition de B). Elle est « postérieure », au sens qu’elle dépend directement de B. Le terme P(B|A), pour un B connu, est appelé la fonction de vraisemblance de A. De même, le terme P(B) est appelé la probabilité marginale ou a priori de B. Ainsi confrontant deux évènements l’un à l’autre, la formule quantifie donc la probabilité pour l’un d’induire l’autre, remontant ainsi des conséquences vers les causes pour comprendre les phénomènes de la nature. Nous avons donc à faire avec une mathématisation de la chaîne de causalité, en tous les cas elle sert de référence.

L’exploitation de plus en plus importante de ces réseaux bayésiens amène à considérer qu’ils modélisent au plus près la façon dont les savoirs, chez l’être humain, s’actualisent ou plus précisément rendent compte des mouvements incessants de pensée entre les phénomènes observés et la dynamique du savoir emmagasiné. De plus on est en droit de considérer que si la formule de Bayes décrypte le monde, celle-ci décrirait tout autant les mécanismes du cerveau. Ce serait en même temps une sacrée ouverture sur une théorie de la pensée.

Cette révolution conceptuelle annonce qu’avec la formule bayésienne c’est une dimension subjective qui est réintégrée contrairement au dogme d’une vision objective authentique proclamée par la science. Cette formule met en exergue ce que nous savons du monde plus sûrement qu’elle ne nous permet de décrypter les lois de la nature. Pour rappel c’est exactement ce qu’ont postulé les fondateurs de la mécanique quantique, en l’occurrence : Bohr et Heisenberg. Cette petite formule nous oblige à penser que les théories et modèles scientifiques reflètent notre représentation de la réalité et non pas ‘La Réalité’. En conséquence, aujourd’hui nous sommes incapables de concevoir le pont qui nous permettrait de transiter d’une représentation de la réalité qui est la nôtre à la réalité elle-même qui ne nous est pas accessible. Au mieux elle est un miroitement, un tropisme. Je pense qu’il est plus approprié de nous concentrer sur notre démarche scientifique, de comprendre que l’accès à la connaissance scientifique est une source d’émancipation, de libération pour l’être humain, plutôt que d’être obnubilé par l’existence d’une réalité finale car selon mon point de vue il faut abandonner ce postulat métaphysique : qu’il y aurait un monde absolument extérieur. Après tout, les lois de la nature que nous découvrons sont en fait une extension de ce que nous sommes en tant qu’être réflexif. Bref la science physique est une construction de l’intelligence humaine, une extraordinairement très belle construction de cette intelligence.

Les Qbists ont précisé en 2009 que les probabilités d’obtenir le résultat d’une mesure de l’état quantique d’un objet effectif sont le fruit d’un raisonnement Bayésien empirique et il n’y a pas d’état quantique objectif qui serait préalable à ce raisonnement. L’activité scientifique ne se réduit pas à faire des prédictions, elle résulte d’une confrontation existentielle de l’être humain avec la nature depuis au moins 2 millions d’années, dont il fait partie intégrante comme je le proclame dans le titre du livre, non seulement Être dans la nature mais aussi Être de la nature. Être de la nature ce qui est entendu basiquement lorsqu’il est proclamé que nous sommes faits de poussières d’étoiles et ce qui, selon moi, est cause des déterminations qui obstruent le passage à la connaissance authentique de la nature. Être dans la nature qui rend compte du promontoire sur lequel l’être humain a réussi à s’installer pour voir, comprendre, dominer, des lois de la nature. Conquêtes obtenues grâce au dépassement progressif des déterminations qui l’attache à son être naturel. Plus l’être humain accroit son intelligence de la nature, plus il s’en émancipe, plus le promontoire de son être dans la nature l’élève. (Voir l’article ajouté en P.S. de la précédente publication qui évoque du fait d’un contexte spécifique mais qui est parfaitement illustratif : « deux tensions contradictoires : celle issue de forces évolutives archaïques nous incitant à croître et celle issue de la partie la plus évoluée de notre cerveau nous enjoignant de prendre en compte les limites de la planète… c’est au cortex cérébral, intelligent, capable d’abstraction et de volonté de prendre les commandes)

Une de ces déterminations, qui est à dépasser, est illustrée par le fait que la vitesse de la lumière est une vitesse limite et est à la fois une constante universelle. La lumière, rayonnement, que nous sommes capables d’identifier est la lumière de la matière visible. Cette matière est celle qui exclusivement nous compose, compose toutes les parties de notre corps, jusque dans la composition de nos neurones. La Matière et son rayonnement constituent donc notre enveloppe, notre chrysalide. Lumière et matière sont les deux facettes d’une même entité. Voir la lumière, c’est voir ce qui nous compose, ce qui fait partie de nous-même. C’est une vue de ce qui constitue l’intériorité de l’univers humain. Le saut de la pensée, qui nous propulsera au-delà de notre chrysalide, est loin d’être esquissé mais nous sommes en droit de nous dire que cette étape est à franchir et cela se fera quand l’accumulation de nos connaissances à venir nous donnera les moyens de franchir le cap. Nous dépasserons donc notre référentiel universel actuel pour en identifier un nouveau.

         C’est au cœur du corpus des affirmations générées dans le cadre du développement du savoir en physique que j’ai été amené, pour mon propre compte, à faire surgir dans le paysage de ce savoir, en surplomb, le concept de ‘Présence’. C’est à partir de l’affirmation suivante d’Einstein : « Ce qui du point de vue physique est réel…est constitué de coïncidences spatio-temporelles. Et rien d’autre. », que j’ai constaté une conséquence inacceptable voire révoltante de celle-ci. Avec l’exploitation directe des équations de la relativité restreinte on peut mesurer mathématiquement la portée de cette affirmation. Ici je propose d’illustrer la portée de cette affirmation, dans le cadre d’une situation concrète, que l’on peut facilement imaginer,

Imaginons que nous assistions à un feu d’artifice réalisé dans le voisinage de la tour Eiffel et du Trocadéro. Nous y assistons depuis la terrasse du Trocadéro, mais un autre public installé sur une comète ou un mobile dans l’espace est aussi spectateur.

 Ces spectateurs en mouvement voient aussi les belles bleues et les belles rouges mais explosant à leurs yeux différemment dans l’espace et dans le temps.

1 Si une belle rouge explose dans le ciel parisien avant une belle bleu et que cela se produise alors qu’elles sont séparées de quelques mètres, les voyageurs sur la comète verront la même chose, dans le même ordre, mais à des instants différents sur leur montre, avec un écart de temps différent ainsi qu’avec un écart de distance différent.

2 Si la belle rouge explose en même temps que la belle bleue mais que l’événement de cette coïncidence se produise alors qu’il y a toujours un écart de distance entre la belle bleue et la belle rouge, les voyageurs mobiles n’observeront pas une telle coïncidence temporelle, au contraire ils observeront deux explosions distinctes, différenciées par un intervalle de temps.

3 Si la belle rouge et la belle bleue n’explosent pas en même temps mais si elles explosent à partir d’un même lieu, là encore les voyageurs mobiles ne verront pas la même chose que les spectateurs immobiles du Trocadéro car ils mesureront un écart de temps plus important.

Les équations propres à la relativité restreinte nous permettent de calculer avec une précision remarquable la réalité observée de ces différentes situations proposées[3]. Si je prends en compte le cas de figure suivant : La belle bleue et la belle rouge explosent en même temps à partir du même lieu, eh bien ! dans le cadre de cette coïncidence spatio-temporelle parfaite, du point de vue théorique, les différents spectateurs, mobiles : quels qu’ils soient, et immobiles, verraient la même chose en même temps et au même lieu. En effet dans le cadre d’une coïncidence spatio-temporelle parfaite, le traitement des équations de la relativité restreinte fait nettement apparaître que le résultat est le même qu’il y ait ou qu’il n’y ait pas d’observateur, ce qui doit sérieusement nous interpeler. En effet une coïncidence spatio-temporelle parfaite ne peut pas être enregistrée par une présence humaine car nous savons, entre autres, de plus, qu’il faut toujours une fraction de temps, de l’ordre de 1/3 de seconde[4], pour que l’être humain prenne conscience d’une situation ou d’un évènement, notamment de cette coïncidence[5]. Donc, avec son précepte de réalité et pour que celui-ci soit vrai, Einstein évacue de fait la présence de l’être humain générique observateur, il évacue le sujet pensant qui serait à même de constater et de dire la réalité. Ceci est en accord avec sa philosophie fondamentale, réaliste, qui proclame que les bonnes équations de la physique sont celles qui sont indépendantes de toute trace d’une présence intelligente pour la faire vivre. Bref ces bonnes équations sont par elles-mêmes consistantes et suffisantes et l’être humain, le physicien, est nu de toute contribution lorsqu’il décrypte et met en en évidence une loi de la Nature. Ce que l’excellent connaisseur français de la relativité générale, Th. Damour, met en exergue lorsqu’il précise : « le principe de relativité générale est un principe d’indifférence… (à un quelconque statut particulier d’un sujet pensant présent.) » Ainsi on comprend le refus total d’Einstein d’admettre les fondements de la mécanique quantique ainsi que son statut de science complète car, en tout point de son exploitation et de son développement, la mécanique quantique revendique la présence d’un observateur.

La suite de ce chapitre ‘Présence’ sera publiée le 01/07/2022

 

[1] Le nom de Qbism consonne avec celui de cubisme, mouvement artistique fondé par Picasso et Braque. Les tableaux cubistes laissent voir des représentations d’images d’objet ou de personne notablement différentes suivant les points de vue  différents du contemplateur. .

[2]

[3] Lorsque j’évoque la ‘belle bleue’ et la ‘belle rouge’ du feu d’artifice du 14 juillet, qui au pied de la Tour Eiffel explosent au même instant mais à des distances distinctes (par ex : à chacune des extrémités du bassin du Trocadéro), les équations de la relativité restreinte m’indiquent que la foule au pied de la Tour Eiffel (référentiel O) partagera la simultanéité des explosions, par contre une foule perchée sur une comète (référentiel O’) verrait des explosions distinctes sur le plan temporel et spatial. Donc il faut qu’il y ait simultanéité temporelle et superposition spatiale des explosions de la gerbe rouge et de la gerbe bleue pour que les deux foules (comme toutes autres foules de spectateurs O’’, O’’’) affirment que les deux explosions se sont produites au même instant. V étant la vitesse de déplacement des spectateurs sur la comète, relative à la position immobile des spectateurs au pied de la tour Eiffel.

Sachant que x’r = γ(xr – v*tret que x’b = γ(xb – v*tb) ;     (1)

Si  tr = tb et xr > xb ; j’en déduis que x’r –  x’b = γ(xr – xb) ;           (2)

La loi de transformation des temps respectifs étant :

t’r = γ(tr – v/c2*xr) et t’b = γ(tb – v/c2*xb),                                 (3)

j’en déduis t’r – t’b = γv/c2(xb – xr).                                              (4)

Si je postule la coïncidence temporelle tr = tb ainsi que la coïncidence spatiale xr = xb,

J’obtiens x’r – x’b = 0 et t’r – t’b = 0. Ce résultat vaut pour tout référentiel O’, O’’, etc.

Avec cet exemple de double coïncidence, je constate qu’aucune foule d’observateurs ne peut relativiser les événements constituaient par l’explosion de la ‘belle rouge’ et l’explosion de la ‘belle bleue’. Les foules ne peuvent affirmer que la même chose : Ô la belle bleue et la belle rouge se font voir au même moment ! En même temps, la présence de ces observateurs est nécessaire pour dire cette coïncidence. Il faut qu’elle soit énoncée.

L’affirmation d’Einstein, « Ce qui du point de vue physique est réel…Et rien d’autre. », pourrait donc être complétée par : Quand il y a coïncidences spatio-temporelles, les différents observateurs situés dans des référentiels relativistes distincts voient absolument la même chose et ils ont un discours totalement semblable (superposable) pour la décrire. Cela revient à considérer que tous ces observateurs pourraient se situer dans un seul et même référentiel. Dans ce cas le concept d’observateur(s) n’a plus de pertinence puisqu’ils sont confondus. Ils n’ont pas d’utilité propre.

 

 

[4] Depuis 2 décennies toutes les expériences en neurosciences conviennent de cette fraction de temps minimale et moyenne. De plus, plus le cerveau est vieillissant plus la durée nécessaire à la prise de conscience en moyenne augmente.

[5] Pour illustrer mon propos j’ai l’avantage d’avoir rencontré hier, le 22/06, un article sur le site « phys.org » de Lee Sandberg qui signale que nous devons prendre en compte le fait que notre cerveau ne considère qu’une moyenne de l’information qu’il reçoit. Cet article a pour titre : « Un vacillement dans le noir : Lire entre les lignes pour modéliser notre trou noir central galactique. » ; « Voir peur être décevant. La lumière d’un bulbe incandescent paraît stable, mais elle vacille 120 fois par seconde. Parce que le cerveau perçoit seulement la moyenne de l’information qu’il reçoit, le vacillement est brouillé et la perception d’une illumination constante n’est qu’une illusion. »        

 

 

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