Trois niveaux hiérarchiques du traitement cérébral de l’information
Depuis la fin septembre, je suis dubitatif à l’égard d’un article intitulé : « Un nouveau modèle informatique du développement du cerveau », dont la source est l’Université de Montréal. Cet article relate une étude qui a fait la couverture de la revue ‘Proceedings of the National Academy of sciences’, rendant compte du développement neuronal sur trois niveaux hiérarchiques de traitement de l'information. Le niveau sensorimoteur explore comment l'activité interne du cerveau intègre des régularités statistiques à partir de la perception sous forme de schémas et les coordonne avec l'action. Ensuite, le niveau cognitif examine la façon dont le cerveau combine ces schémas de manière contextuelle. Enfin, le niveau conscient considère comment le cerveau se dissocie du monde extérieur et manipule les schémas appris (par le biais de la mémoire) qui ne sont plus accessibles à la perception.
C’est évidemment cette affirmation-là : « Le cerveau se dissocie…et manipule les schémas appris », qui a fait que je me rappelle l’article que j’ai publié le 03/07/2017 : « Comment la ruse quantique peut brouiller cause et effet » (voir dans mon blog) dans lequel je rapportai le résultat d’une expérience réalisée par une équipe de chercheurs à Vienne : Walther’s experiments, qui finalement ont été amenés à conclure : « Au pied de la lettre, ceci semblerait violer l’idée que maintenir une superposition dépend de ne pas essayer de la détecter par la mesure. Mais maintenant les chercheurs réalisent qu’en mécanique quantique, ce n’est pas exactement ce que vous faites qui importe, mais ce que vous savez (sic). » A ma connaissance cet article a été peu cité.
Entre ces deux articles qui ont cinq années d’écart de publication on serait pour le moins tenté de faire un certain rapprochement puisque : « ce que l’on sait » et « les schémas appris » joueraient un rôle significatif pour forger la conclusion d’une observation quantique réalisée par des physiciens.
Ce rapprochement est à mon sens renforcé par l’expression du point de vue du nouveau prix Nobel de physique : Anton Zeilinger : « La distinction entre la réalité et notre connaissance de la réalité, entre réalité et information, ne peut pas être faite. Il n’y a aucun moyen de se référer de la réalité sans utiliser l’information dont nous disposons à son sujet. » ; soit : "The distinction between reality and our knowledge of reality, between reality and information, cannot be made. There is no way to refer to reality without using the information we have about it."
Pour rappel, à l’opposé de ce que nous dit Zeilinger, les Réalistes affirment l’existence effective des entités décrites par les théories scientifiques ainsi que de leurs attributs vis-à-vis des situations d’observation. Comme l’affirmait A. Einstein dans la première phrase de l’article collectif EPR, « Il y a toujours un élément de réalité physique à une grandeur physique mesurée qui lui est attaché. »
Le rappel, et la remise au jour de cette problématique me convainc d’exhumer mon article du 05/08/2017 (voir sur mon blog) : ‘Appel d’offres. (A Request for proposal)’. Dans cet article je propose une expérience avec trois catégories de personnes ce qui, selon mon hypothèse, permettrait de constater ou de ne pas constater, grâce au résultat de l’expérience, le rôle du savoir a priori. Ci-dessous je récapitule ce qui constituait ce projet en 2017.
1 – Une catégorie de personnes ayant une connaissance approfondie des propriétés de la mécanique quantique.
2 – Une catégorie de personnes ayant eu une formation uniquement en physique des ondes.
3 – Une catégorie de personnes n’ayant reçu aucune formation en physique, n’en n’ayant pas ou plus une culture.
L’expérience consiste en premier lieu d’équiper ces trois groupes de moyens d’observation IRM fonctionnelle qui permet de mesurer où, dans le cerveau de ces différentes personnes, l’activité cérébral a justement pris place en observant le signal caractérisé par la dépendance au niveau de l’oxygène du sang. Ces trois groupes sont successivement placés devant un interféromètre de type Young ou de Mach Zehnder comprenant un miroir semi transparent (activé ou non).
Dans la première situation de la réalisation de l’expérience on fait circuler dans l’interféromètre un objet quantique (électron, photon, ou autres) avec connaissance de la trajectoire spatio-temporelle suivie par l’objet. Dans ce cas on peut s’attendre à ce que les trois groupes voient la même chose sur le récepteur et in fine l’aspect de l’objet quantique sera ponctuel à l’évidence pour tout le monde.
Deuxième situation : il n’y a pas la connaissance de la trajectoire spatio-temporelle de l’objet quantique. Dans ce cas le groupe 1, verra ce que les physiciens de la quantique observe ‘naturellement’ : des franges d’interférences, propres à l’aspect ondulatoire de l’objet. A priori on devrait observer la zone cérébrale activée correspondant à celle de l’apprentissage des propriétés de la mécanique quantique. En ce qui concerne le groupe 3, je fais l’hypothèse qu’il n’y aura aucune activité cérébrale spécifique prononcée. Uniquement une activation correspondant à la perplexité. Pour le groupe 2, on pourra peut-être observer une activité cérébrale caractéristique d’une quête sans que pour autant il y ait une similitude de l’image de l’activité cérébrale avec le groupe 1.
A l’époque j’ai pensé cette expérience dans le but de constater que l’espace-temps est un propre de l’homme et en conséquence il n’est pas donné. Cette même déduction pourra être aussi considéré si les résultats obtenus conformes à mes hypothèses sont vérifiés en ce qui les groupes 1, 2 et 3.
Aujourd’hui, étant donné la qualité des moyens techniques dont nous disposons, il me semble que cette expérience n’est pas trop complexe à réaliser, d’autant plus qu’il y a un savoir-faire et savoir interpréter des équipes de neuroscientifiques qui se sont amplement développés.