Accordons quelques batifolages à l’esprit.
Il est de saison, n’est-ce pas, de s’autoriser à quelques batifolages intellectuels dans le sens où on a du temps de prendre en considération certains enjambements de la pensée, c’est-à-dire que l’on est plus dans la méditation, plus dans la contemplation d’horizons lointains, que dans la réflexion immédiatement déductive. Déjà l’an passé, j’avais laissé mon esprit gambader en postant le 31/07/2014 un article : ‘Etre de lumière et intelligence des lumières’. Je considérai qu’en tant qu’être humain nous étions probablement déterminés par la matière qui nous constituait ainsi que sa lumière les deux faces d’une même réalité. Cela pouvait conduire, nous qui sommes : un assemblage de poussières d’étoiles, à un tropisme probablement difficile, voire impossible, à transcender. Comment le savoir ?
Madame de Sévigné écrivait : « Faner, c’est retourner du foin en batifolant. » Batifoler suggère plutôt la folâtrerie. Ici, je veux privilégier l’idée de liberté, de légèreté, estivale, qui autorise des enjambements de la pensée, hardis mais pas interdits.
Louis Pasteur avait été le premier à constater que la différenciation entre la matière vivante et la matière inerte s’observait avec la propriété spécifique de la matière ‘vivante’ de polariser une lumière incidente non polarisée en une lumière sortante polarisée à gauche (lévogyre).
Aujourd'hui, on a su observer et donc vérifier que les acides aminés « naturels » qui constituent les briques élémentaires du monde vivant sont tous lévogyres alors que, lorsqu'on les synthétise dans des conditions symétriques (expérience de Miller par exemple), on obtient un mélange 50/50 des formes L (de lévogyre) et D (de dextrogyre).
Les acides aminés sont les briques fondamentales de la matière vivante, puisque constituants essentiels des protéines. On parle d'homochiralité du vivant. Pourquoi et comment la vie a-t-elle systématiquement privilégié une des deux formes demeure évidemment une question non résolue.
L’article, joint ci-dessous, publié sur le site de Futura – Sciences le 21/06/2014, nous dit que c’est la lumière stellaire (sic) ultraviolette qui a procédé à cette sélection. Alors le titre de mon article de l’an passé : ‘Être de lumière…’ est une heureuse anticipation. Le concept d’‘Être de la Nature’ que je considère très fréquemment – en cours ainsi que dans les articles – dans une dynamique d’opposition irréductible avec l’‘Être dans la Nature’, devient de moins en moins une pure construction de l’esprit. Mais ne nous autorisons pas pour autant, au-delà, la moindre extrapolation. A l’occasion, il me plaît de citer le professeur de protohistoire : J. P. Demoule : « Révolution technique, le Néolithique est aussi une révolution spirituelle et symbolique : les représentations humaines, rares jusque-là, se multiplient sous formes de statuettes ou de signes gravés. Les chasseurs-cueilleurs se pensaient comme une espèce animale parmi les autres. Au Néolithique, l’homme se ‘dénature’ (sic) pour se penser comme distinct du reste du vivant. » Cette citation me plaît parce que j’ai toujours indiqué que cela représentait le propre de l’être humain qui est toujours engagé dans une conquête impulsée par son être dans la nature (statut qui correspond peut être à celui du physicien), qui cherche à s’émanciper de son être de la nature. Cette émancipation ne sera jamais définitive parce que l’être humain est premièrement, comme cela devient plausible, un être de la nature
Pourquoi les acides aminés utilisés par la vie terrestre sont-ils asymétriques ? Depuis des années, les scientifiques ont une hypothèse pour expliquer cette énigme dite de la chiralité : la lumière ultraviolette du rayonnement stellaire aurait conduit à privilégier l'une des formes dans le nuage au sein duquel se sont formés le Soleil et ses planètes. C'est ce qu'a vérifié une collaboration interdisciplinaire menée par une équipe de l’IAS (CNRS/UPS) dans le cadre de l’expérience MICMOC (Matière Interstellaire et Cométaire, Molécules Organiques Complexe) à l'aide du synchrotron Soleil. Comme en 2011 pour l'alanine, les chercheurs viennent de conforter ce scénario pour cinq acides aminés.
Le 21/06/2014 à 09:24 - Par CNRS
- La nébuleuse de la Patte de Chat (NGC 6334) encore appelée nébuleuse de la Patte d'ours, est située dans la constellation du Scorpion à une distance d'environ 5.500 années-lumière du Soleil. Elle s'étend sur environ 50 années-lumière. Elle fut découverte par l'astronome britannique John Herschel en 1837. © Eso
Les organismes vivants utilisent des acides aminés chiraux présentant uniquement la forme énantiomérique L (lévogyre) pour la fabrication des protéines, une propriété connue sous le nom d’homochiralité. L’origine de cette asymétrie est à ce jour encore mal connue mais il est généralement admis un processus en deux étapes : tout d’abord l’apparition de faibles excès énantiomériques dans un matériau organique chiral, suivie par un mécanisme d’amplification menant à la sélection complète d’un seul des deux énantiomères. L’une des hypothèses privilégiées pour expliquer l’apparition des excès énantiomériques initiaux repose sur l’interaction de lumière circulairement polarisée avec la matière, ce qui introduit l’asymétrie initiale.
Pour élucider cette énigme, les chercheurs ont commencé par reproduire en laboratoire des analogues de glaces interstellaires et cométaires. Ils les ont ensuite soumis à un rayonnement ultraviolet « polarisé circulairement » (UV-CPL) à l’aide des faisceaux disponibles au synchrotron Soleil.
Vincent Minier, astrophysicien (CEA, Saclay), et Laurent Nahon, physicien (ligne Desirs, Soleil), expliquent pourquoi et comment les éléments qui composent le monde du vivant sur notre planète pourraient avoir une origine « extraterrestre ». Une approche simple et claire des recherches en exobiologie et du problème de l’étonnante asymétrie chirale qui caractérise les acides aminés du vivant. © Synchrotron Soleil, Dailymotion
Des glaces interstellaires et cométaires bombardées d'UV polarisés
Depuis 2003, l’équipe « Astrochimie et Origines » a mis en œuvre une expérience de simulation de photochimie sur des analogues de glaces inter/circumstellaires en utilisant un faisceau de lumière « asymétrique » car polarisée circulairement. En 2011, un premier résultat avait permis d’obtenir une sélectivité énantiomérique sur un acide aminé protéique, l’alanine. Grâce aux performances de la ligne Desirs du synchrotron Soleil, ainsi qu’aux méthodes analytiques de chromatographie couplées à la spectrométrie de masse employées à l’institut de Chimie de Nice, de nouveaux résultats marquants ont été obtenus sur les résidus organiques issus de l’irradiation de glaces en lumière ultraviolette polarisée circulairement.
Les chercheurs ont étendu l’expérience de 2011 à cinq acides aminés : α-alanine, valine (protéiques) ; acide 2,3-diaminopropionique, acide 2-aminobutyrique et norvaline (non protéiques) parfaitement séparés dans les deux formes énantiomériques L et D. À chaque fois, ils ont obtenu des excès de la même forme (gauche ou droite selon la polarisation). Bien que toujours faibles (inférieurs à 2 %), ces excès sont comparables à ceux observés dans certaines météorites primitives et renforcent par leur caractère systématique le scénario astrophysique pouvant mener à l’apparition de l’homochiralité propre au vivant.
Image, obtenue au microscope (grossissement de 60), d’un échantillon de résidu organique à température ambiante issu de l’irradiation de glaces en laboratoire. La taille de la cible est d’environ 1 cm2. © P. Modica
De la lumière polarisée dans les pouponnières d'étoiles
La transposition à l’astrophysique est plausible car les analogues de glaces utilisés en laboratoire sont de composition chimique proches de celle des glaces inter/circumstellaires. De plus, dans la nébuleuse d’Orion et NGC 6334, des sources intenses de rayonnements polarisés circulairement à gauche et donnant jusqu’à 22 % de taux de polarisation ont été mises en évidence dans des régions de formation d’étoiles massives bien plus vastes qu’un système planétaire en formation. Notre Système solaire aurait donc pu bénéficier de telles conditions lors de sa formation.
Ce résultat d’une expérience d’astrophysique de laboratoire pourrait donc valider l’hypothèse ancienne selon laquelle la sélection énantiomérique des molécules du vivant, constatée en premier par Pasteur en 1848, procède d’une origine physique déterministe, par ailleurs discutée par Pierre Curie en 1897.
Finalement, une des implications indirectes de ce résultat est que la nébuleuse solaire serait vraisemblablement née dans une région d’étoiles massives. Cette idée est envisagée depuis trente ans et confortée par la détection de radioactivités éteintes dans les météorites primitives, conséquence de l’explosion d’étoiles massives en supernovae. Cette expérience se poursuit en prenant maintenant pour cible d’autres molécules prébiotiques importantes dont l’homochiralité biologique (droite) est à l’opposé de celle des acides aminés (gauche) : les sucres.
Fin de l'article de Futura Sciences
« Ce résultat d’une expérience d’astrophysique de laboratoire pourrait donc valider l’hypothèse ancienne selon laquelle la sélection énantiomérique des molécules du vivant, constatée en premier par Pasteur en 1848, procède d’une origine physique déterministe. »
Je cite cette phrase de l’article car depuis une décennie, je formule l’hypothèse que le sujet pensant est un être déterminé et l’hypothèse de TpS témoigne entre autres de cette détermination. Non seulement je considère qu’elles sont physiques mais elles ont des conséquences sur nos capacités de décryptage des propriétés ‘physiques’ de/dans la Nature. Prudence car ces déterminations qui conduisent à TpS ne relèvent pas du même ordre dans la hiérarchie du vivant. L’une est à l’origine du monde vivant, l’autre concerne l’être vivant que nous sommes au plus haut de la hiérarchie de ce monde vivant. Sur la base de ce constat, il n’y a pas de place pour la moindre spéculation, il faut faire silence, il ne faut pas chercher à établir des corrélations qui ne pourraient être que farfelues mais on peut prolonger la flamme d’une grande proximité avec la Nature par la voie de la poésie ou de la philosophie comme le firent les grands poètes et philosophes de la Naturphilosophie romantique allemande au XIX siècle[1].
Difficile de concevoir qu’un exclusif monde du vivant (le nôtre) ne peut émerger qu’avec des acides aminés lévogyres, comme si le monde vivant avait posé préalablement ses conditions à son édification. Pourquoi n’y aurait-il pas un autre monde vivant édifié sur la base d’acides aminés dextrogyres ? Certes, ce monde éventuel nous est totalement opaque mais tant que nous ne pouvons pas justifier qu’il faut impérativement des acides aminés lévogyres pour que se conçoivent des organismes vivants : uniques représentants d’un possible monde vivant, nous ne pouvons pas fermer la porte.
Pour ma part je vais tenter de continuer de creuser sur le thème ‘Être de lumière et intelligence des lumières’ et si le volet ‘Être de lumière’ devient un peu plus légitime celui de l’‘intelligence des lumières’ n’a pas progressé depuis l’an passé, pas de mon fait en tous les cas. Il faudrait recueillir des indications sur le fait que la lumière qui nous est si familière est une lumière de Notre univers actuellement intelligible et franchir le cap d’une intelligence d’autres lumières (au moins une autre) qui nous conduirait à réunir d’autres univers (au moins un autre) au Nôtre.
Complément ajouté le 05/08
A présent, retenir l’hypothèse que Notre univers pourrait être complètement identifié par la propriété que la vitesse C de la propagation de sa lumière = 2,998.108 m/s devient une hypothèse à retenir. Cela veut dire aussi qu’elle est une constante universelle que dans cet univers qui est le nôtre et cette propriété que nous avons décryptée résulte de notre profonde détermination physique. Puisque notre univers serait ainsi complètement identifié par C, cela veut dire que les autres propriétés qui accompagneraient la définition de son identité physique, telles que l’estimation de sa dimension spatiale, la nécessité d’un début temporel, etc… sont superflues, et parasitent notre capacité d’aller de l’avant dans la compréhension et l’identification d’un monde plus riche, plus étendu, parmi tous les possibles…au sein d’une éternité.
A présent, la bonne question est la suivante : ‘Disposons-nous présentement de phénomènes physiques non élucidés, qui seraient des signes de notre aveuglement intellectuel (cognitif) mais qui seraient des messages, des indices, qui nous parviennent d’un monde plus riche, plus étendu ?’ Ma réponse est oui, et il y a accumulation d’indices qui devraient être décryptés différemment, par exemple à propos de la physique des neutrinos, concomitamment avec la matière noire, entre autres. Aujourd’hui, il y a acceptation intellectuelle d’une émancipation à l’égard des critères et des lois de la physique reconnue qu’à travers des extrapolations mathématiques. Il suffit de constater tout le tralala qui s’est ensuivi avec la publication du livre de Max Tegmark. Sans dénier, évidemment, l’intérêt que représente ce type de production intellectuelle, cette production présenterait, selon moi, l’inconvénient de créer un effet d’écran (qui ne sera certes que provisoire) détournant le regard qui devrait se concentrer sur une réceptivité différente, franchement nouvelle, des phénomènes physiques recensés qui nous interpellent depuis des décennies.
[1] Par exemple la conception goethéenne repose sur l’idée d’une continuité de la nature et de l’esprit. La nature serait visible dans l’esprit. Cette thèse de l’identité de la nature et de l’esprit conduira à voir dans la nature un être total, même une totalité organique, dont la philosophie et la science devront restituer l’unité !!