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23 septembre 2014 2 23 /09 /septembre /2014 11:41

 

 

 

 

 

 

Descartes, Spinoza… merci Maurice Merleau-Ponty[1].

            Grâce à l’ouvrage cité de M. Merleau-Ponty, j’ai pu constater après coup que certaines des idées  mises en avant pour étayer le contenu de l’article un ‘Authentique Big-Bang’ ont déjà été débattues lorsqu’il s’est agi d’expliquer l’évolution du rapport d’intelligence entre le sujet pensant et la nature. Par exemple, comment l’être pensant puise dans sa relation primordiale à la nature, ce qui va forger sa compréhension, sa représentation, sa pensée, notamment de l’espace ?

Rappel de ce que j’ai proposé dans l’article en question. « Ainsi, c’est un authentique ‘big bang’ qui s’est produit quand a surgi dans la Nature une première intelligence, surgissement que l’on situe à peu près entre 10 à 8 millions d’années. Cette intelligence primordiale de notre ancêtre, qui est à l’origine de la trace de la lignée humaine, s’est différenciée des autres hominoïdes en s’installant dans l’espace et dans le temps. C’est donc une ‘Présence’ embryonnaire qui s’installe. On peut concevoir que cet ancêtre intègre premièrement l’idée d’espace parce que la nature lui offre le support concret qui permet le déplacement, le changement de lieu, ainsi que le repérage concret, physique, des lieux qui diffèrent. L’idée de l’espace s’impose sur une base proprement fonctionnelle, elle est corrélée significativement avec le support proprement tellurique et elle résulte d’un rapport premier ‘d’intelligence’ avec ce qui est offert par l’environnement naturel immédiat. C’est une appropriation, comme toute appropriation, elle se fait par un conditionnement aux fins qui lui sont attachés (pensons à la multitude d’étalons de distance qui ont été inventés par l’homme). L’Idée de l’espace au sens exprimé par Platon ne se forgerait, selon ce processus, bien après coup, à la suite d’un développement intellectuel déjà très sérieusement élaboré qui favoriserait le processus d’une abstraction idéale plus complète, exactement parfaite, (détachée de son conditionnement fonctionnel) qui conduirait à l’Idée de l’espace. »

Avant tout, je cite, ‘la Nature’, p. 335 « Par suite le rapport homme – animalité n’est pas un rapport hiérarchique, mais un rapport latéral, un dépassement qui n’abolit pas la parenté. Même l’esprit est incroyablement pénétré de sa structure corporelle : l’œil et l’esprit. C’est à partir du visible que nous pouvons comprendre l’invisible. A partir du sensible que nous pouvons comprendre l’Etre, sa latence et son dévoilement…» Cette conviction du rapport latéral a été un point d’appui important dans mon article du 27/08, et à ce titre j’ai cité un ouvrage plus récent : ‘La fin de l’exception humaine’.

Dans ‘La Nature’ de M. Merleau-Ponty, p33-34 : « Lorsque nous pensons l’espace, nous pensons une unité spirituelle ; lorsque nous le voyons, nous nous trouvons en face de parties juxtaposées. Le mode d’action, dans cette étendue réelle, ne peut être que le mouvement : d’où le mécanisme cartésien. Spinoza, au contraire, ne connaît pas cette opposition entre l’étendue réelle et l’étendue pensée. Le rapport entre les deux termes est un rapport tout autre ; c’est un rapport intrinsèque, une corrélation entre l’idée et son idéat. (Idéation : processus de la formation et de l’enchaînement des idées). L’idée de l’espace intelligible et l’idée de l’espace perçu ne sont séparées que par une différence d’idéation, plus ou moins finie. Aussi le mécanisme ne se retrouve-t-il pas chez Spinoza : le mathématisme enveloppe tout. Les actions physiques ne sont plus réduites à des transports de mouvements, mais à des relations intelligibles. Le possible et l’actuel sont équivalents

« Ce réalisme est-il une survivance ? Certes, le mécanisme cartésien, au sens étroit d’explication du monde par des machines simples, est sans avenir scientifique. Mais il est intéressant dans la mesure où il traduit une résistance à une idéalisation du monde. Nous ne sommes pas en relation avec des corrélats de pensée, mais avec des réalités. Réalités irréductibles, réalité qui ne peut être comprise par l’esprit pur. C’est déjà ce que Kant exprimera en disant qu’il y a dans les objets de l’espace quelque chose qui résiste au pur entendement… »

 

 

La question que nous pouvons nous poser est la suivante : est-ce que nous avons la capacité de concevoir une pensée de l’espace pur, sans que soit convoqué concomitamment le processus (le mode d’action) par lequel nous avons pu nous l’approprier en tant qu’être pensant ? Si nous ne pouvons pas penser l’espace purement, sans qu’il lui soit attaché le mouvement qui est à l’origine de la genèse de sa ‘globalisation-abstraction’, alors, à la pensée objective de l’accroissement de l’espace se trouve automatiquement associée la nécessité souterraine d’une action induisant le mouvement associé. Je pense concrètement à la problématique de l’énergie sombre qui serait le moyen d’expliquer la raison d’une observation de l’accélération de l’expansion de Notre univers. C’est selon la majorité de la communauté scientifique ce que nous observerions par l’intermédiaire de l’évaluation des distances ‘réelles’ des Supernova de type IA. Expansion accélérée de Notre univers, signifie que depuis peut-être plus ou moins 8 milliards d’années, celui-ci a sa dimension spatiale qui s’accroît avec le temps a une vitesse de plus en plus élevée, quittant ainsi un régime d’expansion à vitesse constante définie par la loi de Hubble.

C’est notre espace qui s’accroît et concrètement nous le visualisons indirectement par un redschift plus important, c’est de l’espace conquis, de l’espace neuf, une extension d’une quantité d’apparaître nouveau ! Devons-nous être étonnés que soit associée à cet accroissement une énergie qui en serait la cause ? Parmi les explications, il y en a une qui prend en considération l’idée que cette énergie est sous-jacente à l’espace-temps. Lorsque celui-ci s’accroît, de fait, il libère (il fait apparaître) cette énergie qui contribue à un nouveau supplément d’expansion, ainsi de suite. C’est la thèse de la quintessence. L’autre thèse qui produit le même effet est celle de l’énergie sombre, dont la densité est constante, qui est interprétée comme une propriété de l’espace-temps.

            Si, comme je le propose, on pense qu’il n’y a pas de mécanisme qui pousse à une extension effective et accélérée de Notre univers, mais plutôt qu’il y a une conquête intellectuelle, grâce à l’accroissement de nos capacités d’inférence, de l’espace existant de Notre univers, cela n’exclut pas, étant donné ce qui a été exposé précédemment, que nous y associons naturellement une énergie active. Cette énergie est virtuelle comme le sont les particules des diagrammes de Feynman. Ici donc, je privilégie une explication anthropocentrique, j’assume pleinement l’intitulé de mes cours : ‘Faire de la physique avec ou sans ‘Présence’’. Ce sont les déterminations fondamentales de l’être pensant qui expliqueraient la problématique de l’énergie sombre.

            Etant donné ce qui précède, il est normal que l’on me dise que mon raisonnement relève d’un parti pris et qu’il ne tient pas compte des observations qui ont été accumulées. En effet, on considère, depuis la fin 1990, que l’on est en mesure d’observer cette accélération de l’expansion de l’univers. Les résultats obtenus s’appuient sur la certitude que les SN IA, doivent être considérées comme des chandelles standards, c’est-à-dire que, qu’elles que soient les supernovae, si elles sont du type IA, elles émettent la même quantité de lumière et par conséquent le flux de lumière recueilli par nos télescopes est classiquement inversement proportionnel au carré de la distance parcouru jusqu’à nos détecteurs.

Il se trouve que de fait, les considérations que nous faisons valoir à propos de nos observations, sont fragiles et relèvent d’un certain parti pris. Nos chandelles standards ne le sont peut-être pas car, évidemment, nous ne pouvons pas reproduire ce phénomène en laboratoire. Tout est basé sur l’idée que nous comprenons parfaitement le mécanisme de formation et d’effondrement des étoiles, particulièrement celui qui conduit aux SN IA. Cette assurance semble forte puisqu’en 2011 il a été attribué, aux trois physiciens : Paul Perlmutter, Brian Schmidt, Adam Riess, le prix Nobel récompensant leurs travaux sur l’accélération de l’expansion de l’Univers, comme si la chose était entendue. On peut s’en étonner car il n’est pas dans l’habitude de ce jury d’être aussi prompt.

De toute façon on peut répliquer que s’il y a erreur, excès d’interprétation, nous ne quittons pas pour autant la voie de la démarche scientifique traditionnelle. Sauf que l’ampleur de l’erreur peut être bien plus significative que ce que l’on croit actuellement. En effet, je cite :

  1. En astrophysique on découvre actuellement, grâce aux moyens d’observations de plus en plus performants, que des résultats qui semblaient établis ne le sont pas effectivement. Ainsi on ne trouve pas le taux de lithium nécessaire au scénario de la genèse de l’univers. Ce résultat paru dans la revue Monthly Notices of the Royal Astronomical Society démontre que le "lithium (Le lithium est un élément chimique, de symbole Li et de numéro atomique 3.) manquant", l'un des mystères de l'astrophysique (L’astrophysique est une branche interdisciplinaire de l'astronomie qui concerne principalement la physique et l'étude des propriétés des objets de l'univers (étoiles, planètes, galaxies, milieu interstellaire par exemple), comme leur...) moderne, n'est pas seulement circonscrit à la Voie Lactée (La Voie lactée (appelée aussi « notre galaxie », ou parfois simplement « la Galaxie », avec une majuscule) est le nom de la galaxie dans laquelle se situent le Système solaire (dont la Terre,...): c'est un problème universel. Le lithium est l'un des rares éléments chimiques (avec l'hydrogène (L'hydrogène est un élément chimique de symbole H et de numéro atomique 1.) et l'hélium) à avoir été formé juste après le "Big Bang (Le Big Bang est l’époque dense et chaude qu’a connu l’univers il y a environ 13,7 milliards d’années, ainsi que l’ensemble des modèles cosmologiques qui la...)" pendant les fameuses trois premières minutes ( Forme première d'un document : Droit : une minute est l'original d'un acte. Cartographie géologique ; la minute de terrain est la carte originale, au...) de l'existence de l'Univers (L'Univers est l'ensemble de tout ce qui existe et les lois qui le régissent.).

  2. De même, grâce à des observations très récentes : On découvre, le rôle inattendu des galaxies naines dans la formation des étoiles.
    Une équipe internationale d'astronomes, dont des chercheurs de l'Institut d'astrophysique de Paris (CNRS/UPMC) et du Laboratoire d'astrophysique de Marseille (CNRS/Aix-Marseille Université), viennent de mettre en évidence que les galaxies naines dans l'
    Univers (L'Univers est l'ensemble de tout ce qui existe et les lois qui le régissent.) lointain ont été des moteurs (Un moteur est un dispositif transformant une énergie non-mécanique (éolienne, chimique, électrique, thermique par exemple) en une énergie mécanique ou...) exceptionnels de la formation stellaire. L'analyse à grande échelle (La grande échelle, aussi appelée échelle aérienne ou auto échelle, est un véhicule utilisé par les sapeurs-pompiers, et qui emporte une...) de ce type de galaxies permet de faire une avancée importante dans la compréhension de l'évolution des galaxies et, avec elles, de l'histoire (sic) de l'Univers. Ces résultats ont été réalisés à l'aide de Hubble (Le télescope spatial Hubble (en anglais, Hubble Space Telescope ou HST) est un télescope en orbite à environ 600 kilomètres d'altitude, il effectue un tour complet de la Terre toutes les 100 minutes. Il est...), le télescope spatial (Un télescope spatial est un télescope placé au delà de l'atmosphère. Le télescope spatial présente l'avantage par rapport à son homologue...) de l'ESA et de la NASA (La National Aeronautics and Space Administration (« Administration nationale de l'aéronautique et de l'espace ») plus connue sous son abréviation...). Ils sont publiés depuis le 19 juin dans The Astrophysical Journal.

  3. ALMA sonde l'origine tumultueuse des galaxies à disque. Le 17/ 09

Des décennies durant, les scientifiques ont pensé (sic) que les fusions de galaxies se soldaient généralement par la formation de galaxies elliptiques. Toutefois, des chercheurs utilisant le réseau ALMA et de nombreux autres radiotélescopes viennent pour la première fois de démontrer que la fusion (En physique et en métallurgie, la fusion est le passage d'un corps de l'état solide vers l'état liquide. Pour un corps pur, c’est-à-dire pour une substance constituée de molécules toutes identiques, la fusion...) de galaxies conduit plutôt à la formation de galaxies à disque (Le mot disque est employé, aussi bien en géométrie que dans la vie courante, pour désigner une forme ronde et régulière, à l'image d'un palet — discus...). Ce résultat pour le moins surprenant serait même très fréquent. Il pourrait expliquer la raison pour laquelle les galaxies spirales ((voir page de discussion)) telle que la Voie Lactée (La Voie lactée (appelée aussi « notre galaxie », ou parfois simplement « la Galaxie », avec une majuscule) est le nom de la galaxie dans laquelle se situent le Système...) sont si nombreuses dans l'Univers (L'Univers est l'ensemble de tout ce qui existe et les lois qui le régissent.).

Avec ces quelques exemples, très récents, on peut constater qu’à propos de Notre cosmos, dans les années à venir, de nombreuses certitudes seront appelées à être plus qu’ajustées, certainement significativement modifiées. Ces exemples cités ne remettent pas en cause directement la problématique de l’accélération de l’expansion de l’univers mais devrait, comme cela est indiqué, remettre en cause notre conception actuelle de ‘l’histoire de l’univers’. Or avec l’hypothèse de l’énergie sombre, son effet survient dans le cours d’une histoire que nous avions conçue avant la découverte des SN IA, et en conséquence cette histoire a été modifiée.  

Comme on peut le constater, l’histoire que nous prêtons à Notre univers, pourrait être tout simplement l’histoire de notre savoir à propos de celui-ci et comme j’ai déjà eu l’occasion de le projeter : la dynamique authentique qui serait à l’œuvre, serait celle relative à la conquête, par le sujet pensant, de nouveaux espaces qui sont investis grâce au développement continu de nos capacités d’inférence. Comme j’aime à le rappeler, au sein d’une éternité, parmi tous les possibles… l’être pensant continuera d’anéantir les frontières qui feront front à l’expansion de l’Univers de sa connaissance.

 




[1] Je cite M. Merleau-Ponty en puisant dans l’ouvrage :’ les Notes du Collège de France : La Nature’, établi et annoté par Dominique Séglard. Edit. Le Seuil, 1995. Disparu brutalement en 1961, M. Merleau-Ponty est l’une des grandes figures de l’existentialisme français, héritier direct de Husserl et de Heidegger.

 

 

 

 

 

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