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12 mai 2015 2 12 /05 /mai /2015 12:21

~~Pas d’anticipation déraisonnable.

C’est à la fin du présent article que je joins en intégralité celui qui a motivé le mien. L’article en question provient du site ‘Philoscience’ où son auteur est très souvent cité. Dès la première phrase on est saisi par l’ambition du projet d’Alain Cardon : « On peut chercher à préciser la raison de l’existence du vivant organisé formé avec des composants physiques élémentaires en adoptant une approche résolument systémique. »

Il s’agit bien de préciser la raison, on est donc au seuil de l’explication ultime !

Cette explication ultime est nourrie par ce type d’affirmation dans le texte : « Un méta-organisme qui se forme et se reconforme sans cesse en incitant le déploiement de tous les organismes dans toutes les directions viables possibles pour investir l’espace entier d’une planète, est un méta-organisme obéissant à une force organisationnelle qui conduit la matière du réel physique à s’utiliser de façon maximale et pour se déployer sur lui-même en se consommant. »

Ce qui est écrit là n’est pas absurde parce que c’est une opinion que l’on peut exprimer, après coup, en aval de multiples constatations. C’est une façon intelligible de dire ce que l’on pourrait croire observer, ce que l’on croit comprendre mais en fait la phrase citée ci-dessus aurait dû commencer ainsi : « C’est, pour nous, comme si un méta-organisme… » De là, vouloir affirmer comme le fait Cardon : C’est ainsi que cela se passe est extrêmement aventureux. Nous n’avons pas les moyens scientifiques de procéder à une telle affirmation anticipatrice, même à titre prospectif, si j’ose dire : c’est vraiment mettre la charrue avant les bœufs. D’ailleurs rapidement l’article devient redondant et ne peut pas s’appuyer sur de quelconques éléments tangibles. Ce n’est certainement pas en introduisant une cinquième dimension informationnelle à l’univers que Cardon fait preuve d’une démarche scientifique conséquente étant donné la fragilité conceptuelle des quatre premières.

Le nouveau paradigme fondamental que propose A. Cardon : « L’hypothèse de l’existence de cette force (organisationnelle) fondamentale permet donc de donner une raison scientifique (sic) à l’existence de notre univers observable et tend à contrebalancer la théorie usuelle de l’évolution du vivant par un pur hasard ou une raison immanente. » ne peut pas être mis en avant sur des bases aussi faibles, non étayées. En fait il remplace une raison immanente par une autre.

Il me semble que pour progresser nous devons nous en tenir à une posture plus modeste et plus réaliste et que j’ai déjà eu l’occasion d’exprimer dans un article le 18/03/2015, avec le titre : ‘Décrypter la physique comme science de l’interface de l’être humain et de la Nature !’ Dans cet article j’exprime ma conviction que progresser dans la compréhension des lois de la Nature c’est aussi progresser dans la connaissance de l’être pensant que nous sommes. Mais cette progression ne peut être effective qu’en s’appuyant fermement sur l’état présent de ce que nous comprenons, sans vouloir suggérer, organiser, une quelconque fuite en avant ou alors on opte pour une pensée métaphysique. Considérer que la science physique est une science qui a aussi la vertu de conquérir une meilleure connaissance du sujet pensant ne relègue pas les autres domaines de connaissances mais cette concomitance : connaissance des lois physiques de la nature – connaissance de celui qui la pense, prend en compte le processus de l’évolution comme cela est rappelé dans un article tout récent du 30/04 : ’L’invention du réalisme’ à propos du livre d’Etienne Bimbenet.

Pour situer correctement la corrélation entre le rôle, la dynamique de la pensée en science physique, et la connaissance du sujet pensant, il ne faut pas s’attacher à l’idée que la physique nous permet d’accéder au monde réel tel qu’il est. En effet ce monde que nous prétendons réel, que l’on croit atteindre est tellement provisoire (pensons au monde soi-disant ‘réel’ (atemporel, stable) à l’époque d’Einstein : tout riquiqui, il y a un siècle, et celui que nous concevons aujourd’hui). On peut répliquer que pour l’essentiel, ces mondes ‘réels’, d’avant, temporairement expliqués, sont englobés par la représentation la plus récente. Je dirais que cela signifie surtout que l’être humain, auteur de cette conception, façon poupées russes, est fondamentalement le même et qu’il procède par évolutions intellectuelles, même si celles-ci peuvent être parfois qualifiées de renversantes comme le fut la Copernicienne. Il est donc superflu et erroné de vouloir s’attarder sur une représentation figée d’une réalité du monde. D’ailleurs, nous sommes actuellement pris à notre propre piège de vouloir considérer que nous devons connaître à tout prix le monde réel puisqu’au bout du compte nous ne connaissons actuellement que 5% de ce qui constituerait Notre univers.

Comme je l’ai conçu explicitement dans l’article du 26/8/2014 : ‘Un authentique Big Bang’, l’émergence d’une intelligence primordiale embryonnaire, correspond à l’émergence dans la Nature de l’Être embryonnaire qui engage le processus de l’hominisation. Les raisons de cette émergence ne sont pas accessibles au ‘sujet pensant’ que nous sommes aujourd’hui. Nous devons renoncer à l’ambition de répondre aux questions anthropologiques fondamentales : pourquoi, comment, un sujet vivant, pur ‘Être de la Nature’ peut-il sortir de lui-même ? Pourquoi, comment, un être vivant qui projetait son existence dans un milieu, acquiert les ressorts pour projeter son existence dans un monde ? (voir article du 30/04 : ‘L’invention du réalisme’)

Ce que l’on peut relater aujourd’hui, c’est qu’avec cette émergence s’engage une praxis sans fin afin que le socle – sur lequel l’Être dans la Nature s’installe et surplombe ainsi cette nature qui l’a façonné – s’élève et se consolide. Cette praxis est sans fin parce que la volonté de l’être humain de s’émanciper des déterminations naturelles, brutes, volonté portée par l’Être dans la Nature peut être sans cesse entravée par ces déterminations naturelles, originaires, inhérentes à l’Être de la Nature. Les forces de rappel à l’origine sont toujours présentes, tendues. L’être humain ne peut pas connaître des états d’équilibre entre l’être dans la nature et l’être de la nature, l’irréversibilité doit être entretenue. C’est ainsi que l’on doit comprendre la permanence de la praxis de la conquête de la connaissance des lois de la nature pour contrer les conséquences obscures de leur ignorance.

Cette praxis est toujours là, Descartes à son époque a rappelé la nécessité d’entretenir la flamme : « l’homme doit se rendre maître et possesseur de la nature. » Maintenant cette praxis a en grande partie changé de nature, puisque nous avons fini par comprendre que la nature est irrémédiablement partie de Nous, en conséquence l’obligation de la connaître est toujours un impératif mais pour mieux la respecter et ainsi préserver notre pérennité et celle de tous les vivants.

A ce stade de mon propos, il me semble qu’il est intéressant de revenir au livre de Bimbenet que j’ai déjà cité et qui à la page 162, cite des spécialistes de l’anthropologie philosophique dont H. Plessner (1892-1985) : « On sait que de Gelhen à Blumberg, en passant par Plessner, toute une « anthropologie philosophique » aura placé le manque et la déficience au cœur de l’exister humain. « L’indigence de l’homme à qui font défaut des dispositions spéciales pour réagir face à la réalité, le fait qu’il soit donc pauvre en instincts, est le point de départ d’une question anthropologique centrale : comment cet être est-il capable d’exister en dépit de son défaut biologique de dispositions ? »

« Ainsi chez Plessner la « positionalité excentrique » de l’homme interdit à ce dernier de s’en remettre à une nature capable de normer ses différents comportements. L’homme est un « émigrant de la nature », un être apatride et utopique, obligé de compenser par l’artifice technique et l’inventivité culturelle tout ce que la nature ne donne pas. Et parce que la déficience naturelle est encore paradoxalement, un tour de la nature en lui, le vivant humain se décline en d’étranges oxymores : il est tout à la fois centré et, par son surplomb réflexif (sic) sur cette centration, excentrique sur lui-même…enfin il est « animal qui laisse son animalité derrière lui. »

Je ne crois pas être dans une interprétation abusive en considérant que la réflexion de Plessner s’inscrit dans une réflexion nostalgique, et peut-être que celle-ci puise dans la source de ce qui a été reconnu au siècle précédent comme le romantisme allemand et/ou puise dans la source de la ‘Naturphilosophie’. Ce que Plessner identifie comme ‘déficiences naturelles’ qui font que l’homme est un ‘indigent’, sont pour moi la marque de l’œuvre de l’être dans la nature dont l’avancée depuis son surplomb réflexif, engage autant un recul progressif des déterminations, non encore maîtrisées, non encore accessibles à notre compréhension, qui sont propres à l’être de la nature confirmant ainsi notre dépendance toujours prégnante de nos racines constitutives.

De même, différemment à la réflexion de Plessner, la nôtre, celle que je préconise, doit être positionnée à partir de la conjecture : l’homme est devenu pauvre en instincts, plutôt que comme affirmé : « l’homme est pauvre en instincts. »

Je considère que oui, l’être humain doit développer l’intelligence technique, oui, l’être humain doit développer l’inventivité culturelle, mais contrairement à ce que dit Plessner ce n’est pas pour compenser ce que la nature ne donne pas, mais pour marquer le territoire propre du sujet pensant, territoire qui résulte de l’avancée du processus de l’hominisation du sujet pensant. Nous ne sommes pas dans ce que la nature ne donne pas mais dans ce que la nature ne donne plus. Alors, ceci étant considéré, nous ne sommes pas paralysés, englués, dans la nostalgie, au contraire nous devons nous inscrire dans une dynamique propre de l’être pensant, de l’être réflexif, dans une dynamique de la quête de la connaissance.

Pour revenir à l’article ci-joint, ci-dessous, je veux bien que l’on parle de l’action d’une force, mais de celle qui mène le sujet pensant dans une dynamique de la conquête de la connaissance des lois physiques de la Nature.

Cette conquête est illustrée par l’intelligence technique de l’être humain qui fait qu’aujourd’hui, par exemple, nous sommes capables d’envoyer dans l’espace des instruments qui scrutent avec de plus en plus d’acuité les fins fonds de ce qu’on appelle Notre univers. Il est évident maintenant que cette connaissance n’aura pas de fin, parce que nous repousserons toujours les frontières de la connaissance d’avant, toujours provisoire, parce que l’univers que nous identifions à chaque stade, est un univers qui correspond à ce que nous sommes en mesure de décrypter étant donné les capacités qui sont les nôtres à ce stade et il est plus en accord avec nos capacités de conception qu’avec un univers réel.

(Anecdote qui à mes yeux n’est pas banal, le 10 mai, j’ai appris dans un journal du dimanche qu’on venait de découvrir la galaxie la plus jeune dans l’univers : EGS-zs8-1, datant de 670 millions d’années. Précédemment, 2mois avant, la plus jeune était A1689-zD1, 800 millions d’années. Ce qui est significatif, c’est qu’un journal généraliste sait que son lectorat peut être intéressé par cette nouvelle. En effet les gens ressentent que ce type d’information les concerne, ils ressentent qu’il s’agit de leur monde dont il est question. Directement cela leur parle. Est-ce que chaque nouvelle ampleur du monde annoncée, est une bonne nouvelle ? Est-ce que c’est pour nous une nouvelle qualitative qui nous touche ? Est-ce que chaque nouvelle compréhension annoncée de Notre univers, est rassurante ? Est-ce que cela accroît notre liberté de penser, tout autant que de se penser ?)

L’hypothèse d’une force organisationnelle fondant le vivant (6 mai 2015)

~~Alain Cardon, professeur des Universités en Informatique

Les recherches actuelles d'Alain Cardon s'inscrivent dans un mouvement, encore peu connu, permettant de faire des synthèses entre l'évolution récente des diverses sciences physiques et biologiques, évolution dont notre site s'est fait l'écho depuis sa création. Nul n'avait jusqu'à une époque très récente, entrepris d'exprimer ces synthèses d'une façon aussi explicite que celle présentée dans cet article. NB: L'image n'a pas de rapport obligé avec le contenu de l'article. L’image représente la genèse de Notre univers depuis le Big Bang.

On peut chercher à préciser la raison de l’existence du vivant organisé formé avec des composants physiques élémentaires en adoptant une approche résolument systémique. Il faut considérer le vivant comme une organisation générale, unifiée sur la Terre comme une très vaste organisation complexe et qui suit une tendance à se déployer en étant évolutive. Cette tendance qui organise le vivant en le faisant évoluer ne peut pas venir du seul hasard, ce qui est trop improbable, mais de l’exercice d’une force tendancielle qui s’exerce systématiquement, une force informationnelle générale s’exerçant sur la matière pour la faire se conformer en organisations et en organismes, des organismes avec membranes qui se multiplient et évoluent pour déployer continuellement la complexité du vivant quand le contexte physique planétaire est favorable.

Le vivant pluricellulaire a, sur la Terre, six-cent-cinquante millions d’années et s’est développé à partir d’une organisation de monocellulaires avec membranes qui avait, elle, plus de trois milliards d’années. Ce vivant qui s’est déployé partout sur la Terre est un système global composé de multiples systèmes en interactions, système déployé sous de multiples formes très organisées que sont les espèces et leurs représentants. Il faut appréhender ce vivant comme un méta-organisme composé d’organisations d’organismes, comme un système unifié fait de multiples systèmes. Le vivant a une origine, une évolution et il doit avoir une raison à pouvoir se déployer sous cette forme extraordinairement variée et si cohérente. Il a une réalité de méta-organisme qui se déploie à une échelle de temps très supérieure à celle de tous les organismes qui le composent, à l’échelle temporelle de la planète. Ce vivant, qui doit être considéré comme une organisation globale unifiée, a donc une origine, un déploiement et une existence propre réifiée par l’organisation des multiples organismes qu’il a fabriqué et qu’il fait se multiplier.

Je pose l’hypothèse que tous ces organismes qui composent le vivant sont soumis à une communication informationnelle incitatrice, information émise sur l’étendue de ce vivant global pour faire déployer ses organismes dans l’espace et le temps de la planète qu’il occupe. Ce type d’information directionnelle, qui a fait être la vie et son évolution sur Terre, s’exerce sur les organismes vivants et se représente comme une force incitatrice, une force organisationnelle s’exerçant à certains moments dans la reproduction de ces organismes pour faire se réaliser une évolution systématique. C’est une force incitatrice qui tend à ce que des modifications organisationnelles se réalisent dans des directions opportunes et pas de manière totalement aléatoire. On peut concevoir que cette force à fait que le vivant a évolué systématiquement en s’organisant pour investir la mer, l’air et la terre, c’est-à-dire tout l’espace disponible lorsque celui-ci a été rendu viable il y a six-cent-cinquante millions d’années par la fonte de la couche de glace qui enserrait la Terre, ce qui a produit massivement de l’oxygène.

Je pose que cette force est émise à un niveau qui se situe sous l’échelle du réel physique de ces organismes, à un niveau substrat du monde matériel et qui incite à son organisation. On doit, là, être précis. Un méta-organisme qui se forme et se reconforme sans cesse en incitant le déploiement de tous les organismes dans toutes les directions viables possibles pour investir l’espace entier d’une planète, est un méta-organisme obéissant à une force organisationnelle qui conduit la matière du réel physique à s’utiliser de façon maximale et pour se déployer sur lui-même en se consommant. C’est une force incitatrice qui est dans le substrat de la matérialité du réel observable, qui incite aux développements, aux déploiements, qui part sans cesse de l’état courant pour l’amplifier dans l’organisation des possibles. Ce n’est absolument pas une force avec un but explicite, une finalité, mais c’est une force opportuniste qui s’applique continûment et qui incite systématiquement le réel au développement de déploiements organisés. Ainsi, les espèces en ont créées d’autres par opportunité, lorsque le contexte des organismes vivants locaux permettait cette extension dans les reproductions, et elles se sont aussi développées sur elles-mêmes en développant leurs organes et leurs organisations. Cela donne aujourd’hui un vivant avec des espèces très belles, très harmonieuses et équilibrées entre elles pour vivre leur petite vie.

Au niveau quantique

Je vais aller plus loin en posant l’hypothèse que cette force s’exerce au niveau substrat de la matière dans tout l’univers, au niveau quantique donc, et qu’elle donne les indications des comportements possibles selon leurs lois physiques à toutes les particules, pour qu’elles passent à l’état organisationnel du réel que nous observons, qu’elle donne l’information comportementale possible à tout ce qui peut se structurer et s’organiser. Je pose donc l’hypothèse d’un substrat informationnel sous le réel observable, hypothèse qui est aujourd’hui posée par certains grands scientifiques [Seth Lloyd, Lee Smolin]. Ce substrat pourrait être constitué de processus strictement informationnels, formant une nappe partout dense, et indiquant les lois comportementales aux particules quantiques selon leurs états, aux atomes, aux molécules, aux amas matériels, aux organismes, au vivant. Tous ces éléments matériels sont soumis aux effets de cette information conductrice qui peut être, à un certain niveau, modificatrice, ce qui sera le cas du domaine du vivant. Je pose donc l’hypothèse constructiviste et systémique que tout notre univers matériel repose sur l’activité continue et partout dense d’un certain type de flux informationnel organisateur, qui réalise son existence et son expansion. Ce flux informationnel serait produit par une nappe informationnelle, avec une topologie particulière, qui est le substrat du réel physique, qui permet à celui-ci de se comporter en l’utilisant. Ce flux serait la force organisationnelle indicatrice du comportement physique des éléments de l’univers à tous ses niveaux. Cette force est posée comme unidirectionnelle, elle s’exerce du substrat informationnel vers les éléments physiques qu’elle incite à se comporter et en aucun cas elle ne peut aller des éléments physiques vers ce substrat informationnel. C’est la tendance générale à déployer sous forme organisée le réel de l’univers dans l’espace et le temps. Mais ce n’est qu’une tendance disponible et incitatrice et les autres lois de la physique, comme la gravité, opèrent systématiquement. Je pose donc l’hypothèse que le vivant organisé sur la Terre est soumis à cette force organisationnelle indicatrice, qui est partout disponible, qui a incité à sa création et à son développement, force qui s’est exercée et qui s’exerce toujours comme la force incitatrice qui fait être ce vivant comme un système global ayant une autonomie comportementale, qui est constitué de multiples organismes qui s’organisent sans cesse entre eux. Cette force opère à une échelle informationnelle qui n’est pas directement conductrice au niveau des organismes, mais qui est bien incitatrice.

Le substrat de l’univers

L’univers est une couche déployée formant un espace spatio-temporel pour la matière sur un substrat purement informationnel partout dense constitué de processus informationnels. L’univers est donc un espace à 5 dimensions : trois d’espace, une de temps et une d’information. Ce substrat informationnel exerce son action à toutes les échelles, il conduit directement le comportement des particules isolées, il incite les éléments proches à se structurer, il incite les éléments structurés à s’organiser pour aller plus loin par l’autonomie comportementale, jusqu’au vivant organisé.

La force organisationnelle

C’est une force exercée par le substrat informationnel sur toute la matière de l’univers, sur chaque particule quantique pour qu’elle se comporte selon les lois de la physique, sur chaque atome pour qu’il se structure avec d’autres pour former les molécules et sur chaque élément matériel structuré pour qu’il s’organise avec d’autres, permettant ainsi de conduire la matière structurée à former continuellement des organisations, jusqu’à la vie et son évolution globalement organisée partout où c’est possible. Cette force s’exerce sur les organisations matérielles de trois façons : elle peut inciter à poursuivre leur organisation dans la continuité, elle peut inciter leur organisation à réaliser des bifurcations, elle peut tendre à laisser les choix d’organisation se faire par la matière organisée elle-même, en suivant les lois de la physique. L’hypothèse de l’existence de cette force fondamentale permet donc de donner une raison scientifique à l’existence de notre univers observable et tend à contrebalancer la théorie usuelle de l’évolution du vivant par un pur hasard ou une raison immanente. La force organisationnelle opère dans l’univers à deux niveaux. D’une part, elle incite la matière à s’organiser selon les états de ses éléments pour y former des organismes dans l’espace physique de toute planète viable, en créant de nouvelles organisations vivantes, en les diversifiant pour submerger tout l’espace physique disponible où ces organismes partagent la même ligne d’univers (voir en relativité générale la définition d’une ligne d’univers). D’autre part, elle s’exerce comme une force informationnelle sur les constituants élémentaires, au niveau quantique pour en préciser les lois d’actions et la cohérence ainsi que sur les atomes et molécules. C’est bien ce que précisait M. Lachièze-Ray sur l’existence d’un vide informationnel [Entre rien et quelque chose : les paradoxes du vide, article de Lachièze-Ray p. 134-144, in Le vide, univers du tout et du rien, Revue de l’Université de Bruxelles, 1997]. Nous préciserons dans un autre article les caractères de cette force qui pose l’existence d’un système générateur d’informations au-dessous du niveau des particules quantiques, qui explique l’intrication, qui fait exister toutes les particules selon leurs lois précises et qui immerge ainsi tout ce qui est réel et structuré dans l’univers. Cette force est fondée sur un calculable très particulier qui n’est pas du tout celui que l’on pratique habituellement, elle représente une cause de l’existence du modèle de Turing, en utilisant notamment une notion différente de programme, en posant une nouvelle loi de calculabilité informationnelle. L’univers pourrait alors être considéré comme un "super-méta programme entropique" incitant à constituer, partout où il le peut, des organisations d’organisations de façon opportuniste. Mais cette notion de programme n’est pas celle de programme informatique, ce qui bouscule un peu l’ordre des choses, car elle contient en elle la notion d’autonomie et pose l’information comme fondamentale, structurelle et disponible partout et tout le temps, et donc pas comme du signal envoyés d’un émetteur à un récepteur qui sont a priori présents. Cette force incitatrice à des intensités différentes selon les structures des éléments qu’elle soumet, selon leur entropie. Il n’y a pas la même information fournie à une particule qu’à un organisme vivant ni à un ensemble d’organismes. L’information donnée aux particules pour permettre de conduire leurs comportements physiques est directe, permettant simplement de suivre les lois de la physique, car il s’agit d’éléments ponctuels et l’information est alors elle-même élémentaire. L’information donnée à des organismes vivants est une incitation envoyée à l’organisation d’une structure complexe, changeante, ayant localement de l’autonomie. Ce sera une information disponible située au niveau de son organisation même, donc de sa complexité. Dans le cas des organismes vivants, cette information sera parfois incitatrice de bifurcations dans leurs reproductions, pour que se réalisent des différences évolutives selon l’état général courant, selon le contexte général, et aussi selon la possibilité des organismes à la suivre. Il y a donc, ce qui est un caractère scientifique des systèmes organisés ayant de l’autonomie, une réelle liberté des éléments organisés à appréhender ou non cette information comme une tendance globale incitatrice. Disons que plus les organismes ont acquis de l’autonomie comportementale, moins ils sont soumis à cette force incitatrice et plus leur organisation peut ne pas en tenir compte. Et précisons que cette force informationnelle ne s’exerce pas directement sur la pensée des êtres humains, leur cerveau étant un organe localisé dans leur corporéité et générant des représentations des choses du monde en étant soumis à de nombreuses pulsions.

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1 mai 2015 5 01 /05 /mai /2015 11:44

~~L’esthétique de la Relativité Générale.

Tout bien pesé, on peut considérer que la civilisation grecque avait eu une intuition précoce de ce qui constitue l’essence de la Relativité Générale (R.G.), c’est-à-dire que la matière et la lumière ont partie liée. Lorsqu’on contemple les œuvres de sculpteurs de cette civilisation dont notre culture en est l’héritière, il ne nous échappe pas que l’interdépendance de la matière et de la lumière constitue le leitmotiv qui guide le ciseau de ces ancêtres. Volumes et formes qui séduisent notre regard sont sculptées par les effets d’enveloppements et de glissements de la lumière qui au paroxysme nous laisse penser que l’éclat de cette lumière jaillit directement de la matière de l’objet ou du sujet sculpté.

Par exemple, contemplons la « Victoire de Samothrace » nouvellement restaurée, et notre impression de la permanence d’un envol imminent est entretenue par la légèreté des ailes déployées soutenues par le flux de la lumière qui les éclaire.

Rodin, C. Claudel, C. Brancusi, etc…, nous rappellent que les grecs sont les initiateurs de l’esthétique qui nous parlent toujours.

Dans la ‘Critique de la raison pure’ (1781), de Kant, l'esthétique transcendantale désigne la science de l'intuition des concepts a priori de l'espace et du temps du point de vue de la connaissance. L'esthétique est la science du "sensible" par opposition à la logique, qui est la science de "l'intelligible".

N’oublions pas que notre intelligence convoque les concepts a priori de l’espace et du temps pour établir l’équation de la géodésique (trajectoire) du photon de lumière. Géodésique (trajectoire) qui se courbe, se modifie, sous l’effet de l’influence de la matière !

Selon Kant : « Est beau ce qui plaît universellement sans concept. » J’ajouterai volontiers : « ce qui nous parle… sans faire appel au besoin d’énoncer. », « ce qui évoque… parce que c’est déjà présent en nous. »

Pour Kant : « La Nature se révèle dans et par l’art », ainsi l’art « doit avoir l’apparence de la nature. »

Si l’on en croit Kant, la loi de la Relativité Générale est dans la Nature, et si on accepte mon interprétation de l’esthétique grecque, l’intuition de ce qui constitue l’essence de la R.G. fait partie de notre culture contemplative de la Nature.

Le résultat qui a surgi en 1915 sous la plume d’A. Einstein, n’était pas, me semble-t-il, préconçu par l’auteur. Les hypothèses du début de son raisonnement en 1905 ne conditionnaient pas le résultat final. Ce qui, à mes yeux, donne encore plus de valeur et de véracité au résultat final en 1915 et suscite à juste raison de l’admiration à propos de la grande disponibilité intellectuelle du découvreur.

Espace – Temps – Matière, propriété d’interdépendance mise en lumière rationnellement par la R.G. est une propriété qui appartient à notre culture, depuis l’origine de son expression, d’une façon intuitive et depuis 1915 elle est régie par la loi physique. De R. Lehoucq, article du 22/04 dans le ‘Monde’ : « Contrairement à la physique classique, la lumière devient sensible à la présence de matière car elle aussi est forcée de suivre les géodésiques. Sa trajectoire peut donc être courbée au voisinage d’un corps massif. »

Espace – Temps – Matière est sensée être une loi qui permet de décrire Notre univers. En effet c’est la loi de la R.G. qui constitue l’outil théorique essentiel pour tenter de décrire ce qu’il pourrait être en tant que contenant et surtout pour décrire son contenu. La structuration de l’univers est considérée comme étant la conséquence de la domination, à cette échelle, de l’interaction gravitationnelle, 380 000 ans après le Big-Bang. Au premier niveau : systèmes solaires et galaxies, ensuite : groupe de galaxies, puis amas de galaxies…et in fine superamas de galaxies : Laniakea magnifiquement identifié en 09/2014.

De R. Lehoucq, du même article : « Aujourd’hui, la déviations des rayons lumineux par la matière est un fait incontournable. Elle est à l’origine du phénomène de lentille gravitationnelle : l’image d’une galaxie lointaine est déformée par son passage à travers un amas de galaxies plus proche. L’amplitude de la déformation permet d’estimer la masse de l’amas déflecteur… »

Maintenant, grâce à : ‘l’effet lentille gravitationnelle’, qui se déduit de la R.G., nous avons entrepris d’ausculter avec plus d’acuité les structures et le contenu de Notre univers.

L’effet lentille gravitationnelle nous permet, a priori, de mieux déterminer les composants qui constituent les amas de galaxies et maintenant ces amas de galaxies devraient nous permettre d’observer la formation, 2 à 3 milliards d’années après le Big-Bang, des proto-amas de galaxies dans les profondeurs du temps de la genèse de l’univers. C’est dans l’œil que l’on observe la formation de l’œil qui nous permet de voir notre Notre univers…

Au début, la validité de la R.G. a été reconnue car elle englobe la loi de Newton, ainsi elle a hérité du caractère universelle de la loi de Newton.

Il se trouve que devant les difficultés que nous rencontrons pour que coïncident les prévisions théoriques et les observations de l’univers, un physicien particulièrement iconoclaste (Milgrom) a sérieusement fragilisé le caractère universel de la loi de Newton, en modifiant pragmatiquement la loi pour qu’elle corresponde au plus près des observations. Après des tâtonnements, au bout de trente ans, Milgrom a montré que dans des domaines, de plus en plus significatifs, sa démarche produit des résultats vraiment crédibles sans ajouter une hypothétique matière noire. Dans d’autres domaines les tenants de la matière noire tiennent toujours la corde. Alors… ! Le plus probable est que ces deux théories antagoniques sont approximatives et donc globalement elles sont erronées.

Faut-il pour autant rejeter la loi de la R.G ? Non, gardons le cadre, mais regardons le contenu. Premièrement, la matière que nous comprenons actuellement dans cette loi est d’une nature trop spécifique, d’autres matières de natures plus variées pourraient être concernées…

Si la loi de la R.G. a une valeur universelle alors il nous faut aussi dépasser notre conception actuelle de l’espace et du temps. Cela s’est déjà produit dans l’histoire de la physique à propos de l’espace et du temps puisque depuis 1905 l’espace et le temps de la Relativité Restreinte et partant de la R.G. n’ont rien à voir avec ceux absolus de Newton de la physique. Donc si nous considérons que le triptyque Espace – Matière – Temps continue d’avoir une validité universelle, alors le nouveau triptyque à mettre en évidence comprendrait un Espace, un Temps, et des Matières qui seraient de natures qu’il nous faut découvrir, reconnaître. En sommes-nous si éloignés ? Pas sûr !

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30 avril 2015 4 30 /04 /avril /2015 10:31

~~L’invention du réalisme.

‘L’invention du réalisme’ est un livre récent (mars 2015) qui a immédiatement attiré mon attention pour des raisons évidentes. Ce livre (édit. Cerf) est écrit par un universitaire philosophe : Etienne Bimbenet. Première déception l’auteur ne s’adresse qu’à ses pairs et ne cite dans son ouvrage que des philosophes. Le ‘critique’ qui m’a permis de découvrir ce livre avertit : « Sans doute ce philosophe original n’a-t-il pas encore pris le temps de faire court, ni de faire vraiment simple. »

Le fil directeur de ce livre ne peut qu’attirer notre attention puisqu’il tente d’approfondir la réflexion sur l’énigme : l’invention humaine du réel. Celle-ci constitue un défi pour la pensée car l’énigme à interroger est celle d’un animal qui est devenu humain, au prix d’une rupture profonde avec ses formes d’existence antérieures. Cet animal en se mettant à parler, a rompu la corrélation originaire avec son milieu. Il a inventé « le monde », le réel, l’affirmation d’un tout ne dépendant pas de lui. Pour ce philosophe et les philosophes en général : l’animal se caractérise par le fait qu’il projette son existence dans un milieu, un milieu satisfaisant ses besoins terre à terre : nourriture, reproduction… et l’être vivant qui devient un être humain se caractérise par le fait qu’il projette son existence dans un monde conçu comme un tout ne dépendant pas de lui. La question anthropologique fondamentale est la suivante : comment un sujet vivant peut-il sortir de lui-même ? Et appréhender, ‘voir’, discriminer, ce qui ne serait pas une émanation de ce qu’il est.

Il n’est pas interdit de penser que ce que nous avons découvert sur les parois de la grotte Chauvet corresponde au stade le plus élaboré du processus affirmant qu’une intelligence définitivement humaine avait identifié un monde extérieur représentable. On comprend bien pourquoi les sujets de ces dessins extraordinaires, émouvants puisque tellement réalistes, sont des représentants du monde animal. Ces artistes du paléolithique nous disent que ces animaux représentés avec une telle économie de moyens sont encore dans l’immédiateté de leur existence mais irrémédiablement ils s’en distinguent.

Bien qu’E. Bimbenet ne s’intéresse nullement aux physiciens, aux cosmologistes, qui prospectent le monde que le sujet pensant conçoit, il vaut la peine de lire son livre. En même temps il faut s’inquiéter de ce discours cloisonné et cloisonnant qui ignore le discours des scientifiques, sur un tel sujet. Pourtant tout au long de son livre il se réfère à la phénoménologie et au fondateur de ce ‘système méthodologique d'accès à la vérité des choses’ : Edmund Husserl (1859-1938), qui lui, a écrit un ouvrage significatif en 1936 qui s’adressait aux scientifiques : ‘La Crise des sciences Européennes et la Phénoménologie transcendantale’.

Dommage que Bimbenet n’ait pas compris que le sujet qu’il a tenté de traiter concerne toutes les activités et les quêtes intellectuelles de l’être humain. Dans la suite du présent article je citerai les pages du livre et les fragments qui enrichiront et prolongeront notre réflexion entreprise sur le sujet car le 26/08/2014, j’ai déjà proposé un article qui évoque cette émergence d’une intelligence primordiale qui s’extirpe de son milieu aliénant et fonde un monde à sa mesure : ‘Un authentique Big-Bang’ : « Ainsi, c’est un authentique ‘big bang’ qui s’est produit quand a surgi dans la Nature une première intelligence, surgissement que l’on situe à peu près entre 10 à 8 millions d’années. Cette intelligence primordiale de notre ancêtre, qui est à l’origine de la trace de la lignée humaine, s’est différenciée des autres hominoïdes en s’installant dans l’espace et dans le temps. C’est donc une ‘Présence’ embryonnaire qui s’installe… »

Dès la page 13 et les suivantes l’auteur précise ce qui l’occupe : « … nous aimerions ouvrir ce dossier philosophique : l’invention du réalisme. Un tel dossier regroupe un ensemble de questions profuses et néanmoins convergentes : comment un vivant a-t-il pu un jour sortir du relativisme et se mettre à croire que le monde existait ? Comment un tel vivant a-t-il pu croire que ce monde était plus vieux que lui, qu’il lui survivrait, qu’il était commun à toute vie possible ? » « Comment cette ouverture fut-elle possible ? Le langage est manifestement partie prenante en cette affaire… » La contribution du langage est certainement essentielle et c’est ce que j’ai pointé dans mes articles du 11/07/2012 : ‘Faire alliance avec les linguistes pour avancer’ et du 10/10/2013 : ‘Comment nous sommes devenus avec/dans le langage.

« Ainsi nous provenons d’une vie (animale) centrée sur soi et s’entourant d’un milieu, c’est-à-dire de tout ce qui compte pour elle. Cet idéalisme pourrait être la définition même d’une vie simplement vivante, ou non encore humaine. Or au terme du parcours hominisant nous trouvons tout à fait autre chose : une vie centrée non plus sur soi, mais sur le réel. (sic) »

p.22 « le réalisme est une attitude : c’est pourquoi on ne saurait le confondre avec le réel auquel prétend cette attitude. On peut croire sans retour au réel, au fait que le monde est là, inhumain et se passant de nous pour être. » Ou bien p.23 « Telle est épurée et radicalisée, la forme liminaire de notre étonnement. Celui-ci s’impose depuis le fait, scientifiquement établi, de notre origine animale. Sauf que celle-ci est désormais passée en philosophie pour y induire, de force, un paysage conceptuel nouveau. Impossible par exemple de s’en remettre à une analyse conceptuelle atemporelle (sic). Dans un tel paysage les concepts sont inévitablement compromis avec l’élément empirique de l’évolution. » ; « Il nous faut considérer que le réalisme n’a pas toujours été, qu’il est une invention de la vie, et plus exactement de l’évolution. Dans l’histoire des vivants le réalisme n’a pas toujours été : il a fallu le long, périlleux, et contingent processus de l’anthropogenèse pour faire advenir une espèce faisant du monde son tribunal ; posant le monde au centre, dans la perception, l’agir, le vouloir ou même le sentiment. »

Comme dit précédemment : « celle-ci est désormais passée en philosophie » mais pas uniquement, en physique aussi : « Impossible par exemple de s’en remettre à une analyse conceptuelle atemporelle. » En physique nous sommes conscients que des concepts évoluent au cours du temps, au fur et à mesure des découvertes constituant autant de tremplins vers la compréhension d’un monde de plus en plus riche de possibilités. Pour le sujet pensant l’ouverture se prolonge. Pensons tout simplement aux concepts d’espace et de temps. Cela concerne notre évolution à condition que l’on accepte de considérer que le développement de notre bagage intellectuel contribue au développement de ce que nous sommes en tant que sujet pensant…le monde.

N’oublions pas qu’avant 1920, Einstein considérait que le monde était immuable et atemporel et celui-ci correspondait à ce que l’on appelle notre galaxie : la Voie Lactée. C’est Edwin Hubble qui a éclairé Einstein en lui faisant voir dans son télescope que cela bougeait, évoluait, au-delà de notre galaxie. Un siècle plus tard nous sommes habitants d’un Univers comprenant des milliards galaxies réunies en amas et de là en superamas et nous dévoilerons bientôt peut-être d’autres Univers exotiques. Le problème c’est que nous enregistrons ces évolutions de notre savoir d’une façon passive comme si elles ne nous affectaient pas, comme si elles ne nous transcendaient pas, comme si elles n’étaient que des ajustements et non pas des ouvertures. Tout dépend si on considère que l’espace et le temps sont fondés par l’être humain ou qu’ils appartiennent à la réalité physique du monde que nous prospectons comme l’affirment les réalistes.

Bref, étant donné la matière à réflexion que j’ai trouvée dans ce livre, après coup, je suis un peu injuste étant donné les reproches que j’ai formulés à l’égard d’E. Bimbenet. Mes articles que j’ai rappelés à cause des idées que j’ai rencontrées au cours de la lecture de ce livre sont dorénavant moins iconoclastes et apparaissent donc moins comme le fruit d’un exercice solitaire. Toutefois comme l’auteur a voulu que son livre soit un livre de philosophie pure, la portée de cette rencontre peut apparaître, dans le court terme, comme limitée. De ce sujet on en reparlera, c’est à peu près certain, mais avec qui ? Avec des physiciens, des philosophes, des philosophes de la connaissance ?

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27 avril 2015 1 27 /04 /avril /2015 16:02

~~Après le dérapage, un rétablissement mais avec un ‘plus qualitatif’. Le dérapage concerne l’article résumé du 26 mars sur le site du NewScientist que j’ai critiqué le 31/03 et le 11/04 dans l’article : « L’objectivité scientifique exclut qu’elle soit parasitée par des problèmes de doctrine. »

Cette analyse critique m’a amené à formuler l’hypothèse que la matière noire pourrait être une matière amorphe, non sécable en constituants élémentaires, et en conséquence on ne devrait pas lui attribuer une masse d’inertie. Ceci n’exclut pas qu’elle soit quand même pourvue d’une masse grave mais de nature différente que celle identifiée par la loi de Newton et de la Relativité Générale et en conséquence ceci n’exclut pas qu’elle interagisse suivant une interaction de type gravitationnel différente non formulée jusqu’à présent.

Des observations récentes de la collision de quatre galaxies au sein de l’amas Abell 3827 ont permis d’inférer que la matière noire (particules ?) pouvait interagir avec elle-même au moyen d’autres forces. Trois articles sur différents sites ont été publiés pour annoncer ces données nouvelles. Je cite particulièrement celui de Futura-Sciences du 17/04/2015, ci-dessous, et qui a pour titre : ‘La matière noire subirait l’influence de forces inconnues’ :

« Ce raisonnement serait parfaitement valide si les particules de matière noire ne pouvaient interagir entre elles que par les forces de gravitation. Mais les théoriciens ont réalisé depuis un certain temps déjà que ces particules interagissent faiblement ou fortement au moyen d'autres forces, inconnues du modèle standard de la physique des particules. En fait, de telles interactions seraient même bien commodes pour rendre compte de certaines observations en cosmologie et en astrophysique qui cadrent mal avec le modèle cosmologique standard.

Or, justement, selon l’astronome Richard Massey de l'université de Durham, les travaux qu’il a menés avec ses collègues sur les caractéristiques de la collision de quatre galaxies dans l’amas Abell 3827, vont dans ce sens. Ils conduisent à postuler l’existence de ces nouvelles forces qui ont conduit les concentrations de matière noire à se freiner tout de même un peu. C’est un résultat très intéressant puisqu’il est complémentaire d’un autre récemment obtenu par Massey et son équipe mais concernant les amas de galaxies. Les chercheurs avaient cette fois-ci conclu que les interactions entre particules de matière noire devaient être plus faibles que celles postulées depuis quelque temps.

Bien que toujours dans l’ombre, la nature de la matière noire se révèle donc chaque année un peu plus grâce aux contraintes que l’on peut poser sur elle. Mais une détection directe en laboratoire est sans doute la seule façon de mettre fin aux doutes de certains sur son existence et la seule manière aussi de la rattacher de façon non ambiguë à un modèle de nouvelle physique. »

« Ces nouvelles forces qui ont conduit les concentrations de matière noire à se freiner tout de même un peu. » peuvent correspondre à ce que j’appelle une interaction suivant un mode gravitationnel différent non encore identifié, non encore formulé jusqu’à présent.

Comme on peut le constater le ‘plus qualitatif’ a surgi en quelques semaines. Patience il en faudra d’autres avant que le but final soit atteint.

Le raisonnement que je privilégie pour formuler l’hypothèse que l’on ne puisse pas attribuer de masse d’inertie à la matière noire pourrait valoir aussi en ce qui concerne les neutrinos, surtout si l’hypothèse d’un neutrino stérile s’avérait fondée.

La masse d’inertie n’est pas une propriété intrinsèque des objets matériels car celle-ci ne se manifeste que pour l’observateur qui est toujours d’une façon ou d’une autre l’auteur d’une intervention extérieure sur les objets. En ce qui concerne la masse grave, sa valeur se manifeste indépendamment de l’observateur, on peut donc considérer qu’elle est une propriété intrinsèque.

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11 avril 2015 6 11 /04 /avril /2015 11:12

~~L’objectivité scientifique exclut qu’elle soit parasitée par des problèmes de doctrine.

J’évoque cette obligation dans le présent article après avoir analysé l’article du NewScientist du 26 Mars : ‘Galaxy smash ups show dark matter wants to be alone’ : ‘Des collisions de galaxies montrent que la matière noire reste isolée’. L’article source est publié dans ‘Science’ : le 12/03/2015. Avec l’abstract suivant, traduit par mes soins : « Les interactions non-gravitationnelles de la matière noire des amas de galaxies en collision. » Voilà pour le titre, ensuite : «Les collisions entre les amas de galaxies fournissent un test à propos des forces non-gravitationnelles agissant sur la matière noire. La matière noire ne subit pas de décélération dans la collision de ‘l’amas du boulet’, la section efficace de son auto-interaction est contrainte par σDM/m < 1.25 cm2/g (68% de limite de confiance). En utilisant les télescopes Chandra ( télescope spatial à rayon X) et Hubble, nous avons observé 72 collisions, incluant des fusions importantes et secondaires. En combinant ces mesures, statistiquement nous détectons l’existence de matière noire avec une confiance de 7.6 σ. La position de la matière noire reste étroitement alignée avec les étoiles associées dans la marge de 5.8 + ou – 8.2 kpc, impliquant une section efficace d’auto-interaction σDM/m < 0.47 cm2/g (95% de limite de confiance), ce qui défavorise des extensions du modèle standard.»

Maintenant analysons l’essentiel de l’article du NewScientist publié avec l’accord des chercheurs en question et traduit par mes soins.

Des collisions de galaxies montrent que la matière noire reste isolée.

Des nouvelles mesures de collisions entre des douzaines d’amas de galaxies montrent que cette mystérieuse substance est encore plus fantomatique que nous l’imaginions.

« Notre résultat élimine une large proportion de modèles qui prédisent que la matière noire interagirait avec elle-même. » dit David Harvey de l’Institut de Lausanne. « C’est la première fois que nous avons été capable d’analyser cette propriété sur une telle échelle. »

La matière noire est pensée constituer 83% de la matière dans l’univers, mais comme elle refuse d’interagir avec la matière ordinaire, 1) excepté gravitationnellement (sic), les scientifiques sont toujours en train d’essayer de comprendre ce qu’elle est.

Quelques chercheurs ont essayé d’éliminer la matière noire en modifiant les lois de la gravité, mais les observations de l’amas du Boulet, une collision entre deux amas de galaxies, 2) suggèrent que ce n’est pas possible.

Normalement, matière noire et matière ordinaire sont trop bien mélangées pour les séparer. Mais quand les deux amas entre en collision, leurs galaxies se croisent en glissant naturellement l’une par rapport à l’autre et laissent une trainée en arrière de gaz chaud qui interagit. La matière noire, 1) vue indirectement par ses effets gravitationnels, reste avec les galaxies. Cela suggère que les 3) particules de matière noire ne rebondissent pas l’une contre l’autre comme cela se produit entre particules ordinaires.

Mais quelques études d’autres collisions d’amas de galaxies ont laissé entendre que la matière noire pourrait interagir avec elle-même via une nouvelle : dark-matter-only, force. Pour tester cette idée, Harvey et ses collègues ont exploité des images de Hubble et de Chandra pour observer les positions du gaz, des galaxies et de la matière noire dans 30 collisions d’amas de galaxies.

« Les amas de galaxies ont la plus haute densité de matière noire de l’univers, voilà pourquoi les collisions entre eux constituent un laboratoire parfait permettant d’étudier les propriété d’auto-interaction de cette mystérieuse matière. » nous dit Harvey.

Ils ont constaté que quand les galaxies collisionnent, la matière noire se déplace toujours sur son chemin complètement, sans empêchement aucun, et non affectée par toute autre matière noire autour, suggérant qu’elle n’interagit pas, après tout, avec elle-même.

J’ai numéroté, 1) ; 2) ; 3), les points qui doivent être discutés.

Le point 1), où il est affirmé sans l’ombre d’un doute que la matière noire interagit gravitationnellement avec la matière noire, doit être discuté. Historiquement le problème de la masse manquante s’est posé lorsqu’on a constaté qu’il y avait, dans les galaxies spirales, en bordure de leur disque, un déficit de masse gravitationnelle pour rendre compte de la vitesse importante des étoiles qui s’y situaient. Généralement au-delà d’un certain rayon de la galaxie la vitesse mesurée des étoiles atteignait une vitesse de plateau supérieure à celle que la dynamique classique autorisait pour maintenir un système galactique stable. Pour combler ce déficit de masse gravitationnelle, on a donc ajouté cette fameuse matière noire. Noire parce que depuis qu’elle a été inventée, elle n’est toujours pas détectée. Il se trouve que la théorie MOND, depuis 30ans, est une théorie qui est en mesure de rendre compte de la dynamique des galaxies sans inventer de matière noire. Dorénavant, les succès scientifiques de cette théorie ne sont plus négligeables pour qu’ils soient ignorés comme le font les auteurs de l’article. Rigoureusement, on ne peut affirmer qu’il y a de la matière noire ni affirmer, si le doute est autorisé, qu’elle interagit gravitationnellement avec la matière ordinaire. On constate pourquoi ils entretiennent cet idée c’est pour pouvoir affirmer : « La matière noire, vue indirectement grâce à ses effets gravitationnelles, reste avec les galaxies. » En conséquence, douter de ses effets gravitationnelles ce serait douter de ce qu’ils auraient vu. En conséquence nous devons le faire à leur place.

Le point 2) soulève un autre questionnement et on découvre un aveuglement doctrinaire car les observations de l’amas du boulet montrent tout autant les faiblesses de la théorie de la matière noire que de la théorie MOND. Voir le cours de F. Combes (collège de France) : ‘Physique des galaxies en gravité modifiée’, p. 17-21. On peut lire : « La vitesse des collisions est obtenue à partir de la forme du choc : 4700 + ou – 500km/s, ce résultat est difficile de réconcilier avec les modèles de matière noire. CDM peut seulement v < 3500km/s et MOND >4500 km/s. »

Les auteurs nous montrent un tel a priori, que nous ne pouvons que douter de leur observation 3) les particules de matière noire n’interagissent pas entre-elles comme cela est pour des particules ordinaires.

Si on veut justifier la supériorité de la théorie CDM à l’égard de la théorie MOND, et vice versa, il faut maintenant étayer avec des vrais arguments qui ont une valeur scientifique. L’une et l’autre ont des points forts et des points faibles. Par exemple en ce qui concerne les amas de galaxies, la théorie CDM est plus conforme avec les observations que la théorie MOND. Mais la théorie CDM, ne prévoit pas correctement la densité de matière noire au centre des galaxies : problèmes des cuspides prédites dans les simulations alors que des cœurs sont observés. En ce qui concerne les galaxies naines, c’est la théorie MOND qui est au plus près des observations.

Lorsqu’on fait un bilan on constate aujourd’hui que les deux théories se valent (sauf au niveau de l’univers primordiale, mais… ?), se contredisent, sont incompatibles, et donc sont tellement approximatives qu’il faudrait penser les choses sur des bases nouvelles. Aucune des deux ne peut s’imposer.

On comprend bien pourquoi on veut croire au fait que la matière noire (inventée) interagisse gravitationnellement puisqu’ainsi elle est insérée dans le cadre de la Relativité Générale et, à ce titre, elle est sensée être directement évaluable grâce à l’effet lentille gravitationnelle, par exemple. D’ailleurs la théorie MOND, a pragmatiquement été adaptée, grâce à Jacob Bekestein en 2004, pour qu’elle soit compatible avec la R.G. On constate que la R.G. est le cadre théorique dont on ne peut se passer, ni actuellement dépasser.

Lorsqu’Einstein a eu la grande idée de considérer l’égalité mi = mg, en 1905, on peut considérer après coup que l’essentiel de la R.G. est à ce niveau postulé. En effet, il n’y a pas de masse d’inertie sans mise en mouvement ou sans modification d’un mouvement perçu comme constant et lorsqu’il y a cette mise en mouvement ou modification, les coordonnées spatiales et temporelles sont immédiatement réquisitionnées par le sujet pensant (voir les travaux originaux de Galilée) pour décrire cette situation. On ne peut concevoir de la mi, sans mise en mouvement ou modification. (Je vous suggère d’essayer de penser quelle est la signification de la masse d’inertie immobile ?) D’ailleurs le sujet pensant ne peut rien observer qui soit immobile (ceci correspond à ce que j’appelle une détermination incontournable du sujet pensant), bien que l’on puisse se rapprocher de 0° Kelvin. Donc mi, implique espace et temps. Affirmer la parfaite égalité entre mi et mg, c’est transférer à mg, la même propriété. L’interdépendance Espace – Matière – Temps constitue, le cadre, le paradigme, dont on ne saurait se passer pour concevoir le monde physique, notamment au niveau cosmologique. On voit aussi l’intérêt de vérifier le niveau de validité de cette égalité, à l’heure actuelle l’équivalence est au niveau 10-12, et des expériences sont programmées pour améliorer la précision, jusqu’à peut-être 10-16.

Rien ne dit que la matière noire puisse s’insérer dans la loi de la R.G. actuelle , car pour les tenants de cette hypothèse, celle-ci est froide : Cold Dark Matter, CDM. Jusqu’à quel degré estiment-ils qu’elle est froide ?, aucune précision sur ce sujet n’a été jusqu’à présent proposée (cela pourrait donc être une sorte de matière amorphe, non corpusculaire), parce qu’ils pensent que cela n’est pas nécessaire ni possible jusqu’à présent, ils ne sont intéressés que par son interaction gravitationnelle estimée surtout pour les premiers instants de la genèse de l’univers pour les besoins de la formation de puits de potentiel.

Penser à une matière qui aurait une masse grave sans masse d’inertie propre n’a rien d’incongru, mais cette matière n’est pas concernée par la loi de la relativité générale ni par la loi de Newton que nous connaissons (cela explique peut-être les succès partiels, notables, de la théorie MOND). Il y a donc là, selon mon point de vue, une vraie incomplétude du raisonnement scientifique, en conséquence, il ne faut pas exclure que ce qu’on appelle CDM ne puisse pas être sous-pesée par les moyens de l’effet lentille gravitationnelle. Ce qui expliquerait bien des résultats approximatifs voire contradictoires.

Selon mon hypothèse, l’espace et le temps, sont fondés par le sujet pensant (voir articles précédents, dont celui du 27/03), avec une fondation sous influence, qui implique la matière ordinaire, celle dont l’anthrôpos en est dépendant avec conscience ou sans conscience. Cela veut dire que le processus de fondation de l’espace et du temps est corrélé, déterminé par cette ‘matière ordinaire’ et rien n’indique que tout autre type de matière et/ou d’équivalent énergie devrait s’inscrire dans ce triptyque : Espace – Matière – Temps.

Il ne faudrait pas exclure a priori que nous soyons à l’aube d’une fondation d’un nouveau concept d’Espace et d’un nouveau concept de Temps qui nous permettrait de mettre en valeur un nouveau triptyque plus riche en diversité de matière et d’énergie et qu’ainsi des pans entiers d’éléments obscurs censés composer Notre univers deviennent accessibles à notre compréhension. Cela implique que cet Espace nouveau et ce Temps nouveau, annuleraient les déterminations intellectuelles actuelles du sujet pensant, celles-ci étant dépassées par des nouvelles, mais le sujet pensant, que nous sommes, serait riche de nouvelles références, de nouveaux paradigmes, de nouvelles données, qui favoriseront une respiration intellectuelle d’une ampleur nouvelle.

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27 mars 2015 5 27 /03 /mars /2015 14:58

~~ Espace – Temps – Matière.

Avec cet article je me réfère aussi à ceux précédents : ‘Un authentique Big-Bang’, du 27/08/2014, et ‘Descartes, Spinoza…merci Maurice Merleau-Ponty’, du 23/09/2014, dans lesquels j’indiquai ma conception de la fondation de l’Espace et du Temps. Ici je veux préciser une différence significative, déjà esquissée, de ces deux processus de fondation par le sujet pensant. Différence qui est conforté ‘en creux’, donc sujet à interprétation et j’en conviens, par un exposé de Thibaud Damour dans le livre ‘Einstein aujourd’hui’ datant de 2005, dans le chapitre : ‘Relativité Générale’

Le processus de fondation de l’espace et du temps par l’être pensant comme je le conçois ne peut pas correspondre de la part de l’être pensant à une émancipation à l’égard de la matière. Notre dépendance, pour ne pas dire notre asservissement, à la matière-Terre est totalement intériorisé à ce stade de notre développement et donc cette intériorisation primitive est incluse dans les opérations de fondation de l’espace et du temps. Il est en soi logique que cette interdépendance apparaisse dans le triptyque : « Espace – Temps – Matière ». Avec Newton un réarrangement significatif de cette intériorisation se produit, puisque ses lois correspondent à une extériorisation, à une explicitation, de la loi qui régit la dépendance de notre personne matérielle avec la planète Terre. Cela n’exclut pas que des aspects immanents de cette intériorisation continuent d’affecter l’être humain. Lesquels ? Ce questionnement ne doit pas être effacé. En tous les cas l’interdépendance Espace-Matière est, selon ma conception, plus prégnante que celle de Matière-Temps, ou Espace-Temps.

(On n’oublie pas que l’interdépendance Matière-Temps est malgré tout tangible car si une montre s’approche d’un puits de potentiel : l’écoulement du temps ralentit et l’effet contraire est aussi mesurable. Le GPS exploite cette propriété, voir aussi le paradoxe des jumeaux à titre d’illustration. En ce qui concerne l’interdépendance Espace-Temps, Samuel Alexander, philosophe britannique (1859-1938), qui s’est beaucoup inspiré de la doctrine Spinoziste, lui a attribué une très forte valeur : « Le temps est l’esprit de l’espace et l’espace le corps du temps. », bref : «Espace et Temps ne sont pas deux choses mais une seule, et il n’y a ni espace sans temps, ni temps sans espace. », ou encore : « Le temps ne saurait faire son œuvre sans l’espace ; mais, cela étant posé, c’est le temps qui est le principe du mouvement et du changement. » (La hiérarchie qualitative que propose S. Alexander : Le temps qui est le principe… me convient car le temps qui émerge, c’est le Logos qui émerge, la pensée réflexive qui émerge… Toutefois les processus de fondation de l’Espace et du Temps que je propose et leurs chronologies m’oblige à exprimer mon désaccord avec : «…il n’y a ni espace sans temps… », Par contre j’adhère complètement à l’expression : « Le temps ne saurait faire son œuvre sans l’espace. »)

Ce que met en évidence Th. Damour à propos de la fluidité spatio-temporelle (p.285), c’est que l’espace-temps subit un effet d’entraînement à cause de la rotation de la Terre. Toutefois, il y a une nuance qui apparaît quand je cite Th. Damour : « La rotation de la Terre entraîne, d’une façon minime, tout l’espace (sic, ce n’est plus l’espace-temps) autour d’elle à « tourner » continuellement comme le ferait un fluide. Cette « rotation de l’espace » se traduit, de façon observable, par une violation des effets prévus par Newton et confirmés par les expériences de Foucault : en particulier, un gyroscope ne s’aligne plus avec une direction « fixe dans l’espace absolu », mais son axe de rotation est « entraîné » par le mouvement de rotation de l’espace local où il se trouve. Cet effet était bien trop petit pour être visible dans les expériences de Foucault. Son observation par Gravity Probe B est importante pour rendre sensible au plus grand nombre la notion einsteinienne révolutionnaire d’un espace-temps (sic, c’est l’espace-temps qui est repris en compte) fluide. »

On peut considérer que dans le propos de Damour, il y a une étape dans laquelle il procède à un découplage de l’espace du temps, faisant comprendre ainsi qu’objectivement, dans l’étude de ce phénomène physique, seul l’espace est concerné par l’effet de la rotation de la terre. Une fois l’étape décrite, il reprend le concept d’espace-temps, ce qui est tout à fait acceptable.

A cette occasion, objectivement, Damour exprime une distinction de ‘nature’ entre l’espace et le temps. Ceci correspond, en creux, à valider les processus de fondation de l’espace et du temps par le sujet pensant que je préconise.

Le processus de la fondation de l’espace a comme ressource première une réalité de l’espace donnée dans la Nature (voir ‘Un authentique Big-Bang’), mais cet espace donné est complètement réaménagé dans le processus d’appropriation-intériorisation par l’anthrôpos à tel point que je peux parler d’un processus de fondation. Toutefois, il ne faut pas exclure qu’il y a quand même des réminiscences de l’origine de l’histoire de cette fondation. En creux on pourrait considérer que la présentation ciselée de Th. Damour constitue une bonne raison de persévérer avec mes hypothèses de fondation de l’espace et du temps par l’anthrôpos dont le processus de fondation a suivi des chemins différenciés.

A propos de la fondation du temps, le TpS comme je le qualifie : ‘Temps propre du Sujet’, est in fine une émanation du sujet pensant, bien qu’à l’origine, des tempos donnés dans la Nature : alternances des saisons et/ou celles du jour et de la nuit, ont pu constituer des références primitives évidentes. L’émergence de TpS est fondatrice du sujet pensant qui développe une capacité au langage, une capacité à la conceptualisation et à la symbolisation. TpS et donc le processus de fondation du temps qui est spécifiquement un processus qui caractérise l’humain. Ce qui expliquerait peut-être la raison pour laquelle il est nécessaire conjoncturellement de découpler l’espace et le temps comme l’a fait Th. Damour dans l’exemple cité.

Mais attention, l’être pensant, fondateur du temps, est un être concomitamment en voie d’humanisation qui est marqué par sa condition d’être terrestre et le lien à la Terre est une donnée première. La découverte de la loi de la loi de Newton qui dit que le poids de notre corps résulte de notre interaction avec la matière de la Terre constitue une opération d’objectivation et non pas d’émancipation, bien que le même Newton ait cru bon de pourvoir l’espace et le temps de la légèreté céleste et divine (‘Sensorium de son Dieu’). Il n’est pas anodin que ce soit le même savant qui ait à la fois pensé à notre relation avec la matière-Terre et simultanément affirmé une nouvelle définition du Temps et de l’Espace

L’interdépendance Espace-Temps-Matière est présentement largement justifiée (par exemple, l’effet lentille gravitationnel). Par contre il est temps de s’interroger si l’Espace et le Temps avec une telle genèse fondatrice peuvent inclure au sein des tirets tous les types de matière dans la Nature. La réponse est : non. Il faudrait donc envisager une conception de l’Espace et du Temps qui dépasse celle qui est encore imprégnée des déterminations de l’être pensant pour qu’une interdépendance avec des types de matière ignorés jusqu’à maintenant soit mise en évidence. L’autre alternative envisageable serait que ce soit la mise en évidence d’autres types de matière qui conduisent à reconsidérer, la valeur et l’intensité des tirets de l’interdépendance actuellement établie et partant d’autres fondements de l’Espace et du Temps devraient être considérés.

P.S. Aujourd’hui, un article circonstancié est posté sur le site du NewScientist, juste avant que je poste le mien : ‘Galaxy smash-ups show dark matter wants to be alone’ qui conclut que la matière noire n’interagirait qu’avec elle-même et par une force qui serait spécifique : ‘dark-matter-only’ force.

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18 mars 2015 3 18 /03 /mars /2015 14:23

Décrypter la physique comme science de l’interface de l’être humain et de la Nature !

 

Pourquoi les connaissances en physique fondamentale sont perçues, appréhendées, comme des connaissances de premier rang. Cela a été explicité par Descartes avec son arbre de la connaissance, dont le tronc représente la physique, les racines plongent dans la métaphysique, et les autres connaissances sont les branches qui se rattachent au tronc.  

Les lois du corpus de la physique fondamentale sont des lois que notre intelligence a pu prélever grâce à l’observation et à l’apparente compréhension des lois de la nature. On peut considérer que les lois de cette physique fondamentale sont des lois qui nous renseignent à propos de ce que nous ne sommes pas dans la mesure où l’objectivation a priori et la mathématisation des lois confirment qu’elles sont accessibles à notre regard intellectuel qui est capable de scruter ce qui est en dehors de ce que nous sommes. En contrepartie, la conquête de tout savoir fondamental, comme celui relatif aux propriétés de la Nature, enrichit à coup sûr, l’être humain que nous sommes, et à ce titre, de palier en palier c’est sur une trajectoire évolutive, positive, que l’on peut figurer les capacités humaines de s’émanciper de l’obscurité des lois de la Nature grâce à nos facultés à les décrypter. (Pensez, 1 - qu’avec les lois de Newton, avec la connaissance de l’attraction terrestre, le poids de notre corps s’explique et du temps de Newton on peut imaginer l’effet libérateur de la compréhension de la pesanteur du corps humain. Et à partir de là on peut concevoir que c’est une relation nouvelle, un entendement nouveau, qui se mettent en place entre l’être humain et la planète terre.  2 - On peut aussi imaginer qu’avec la découverte les lois de Maxwell, il y a une avancée remarquable de l’optique et… de l’anatomie, le récepteur de la lumière qu’est notre œil est devenu le centre d’un questionnement de notre relation avec le monde extérieur et la formation de notre propre représentation de ce monde. Ce n’est pas par hasard si concomitamment la question de ‘Voir’ a été posé sous la forme : « Les couleurs sont-elles une propriété de la lumière ou une sensation ? La réponse de Maxwell est la suivante : « La science des couleurs doit être considérée essentiellement comme une science de l’esprit (sic)[1]. »3 - Plus récemment c’est grâce à la connaissance des lois physiques conduisant à la production des images cérébrales en conjonction avec les sciences cognitives que nous sommes à même, dorénavant, de prospecter le fonctionnement de notre cerveau, siège de notre faculté de penser[2] et d’éprouver des émotions. Cela n’est pas banal et ce n’est pas par hasard que le ‘Human Brain Project’, projet européen, est le centre de conflits de pouvoirs scientifiques antagoniques. Ce n’est pas par hasard que les autorités Américaines ou Chinoises annoncent respectivement des financements de l’ordre du milliard de dollars. 4 - Enfin n’oublions pas, et cela doit nous interpeller, que les premiers briques du monde vivant : les acides aminées à la base des protéines, sont obligatoirement lévogyres, et c’est la lumière stellaire ultraviolette qui forge cette sélection. Ce serait donc une loi physique qui structure au niveau le plus fondamental, le fait que nous soyons !!)

Néanmoins, nous devons accepter, en toute humilité, que le physicien est engagé dans un mouvement sans fin de dévoilement et… de voilement. Ce fut perçu chez les premiers penseurs grecs. Ainsi Héraclite a exprimé l’aphorisme : « la Nature aime à se voiler[3]. » Nous pourrions en déduire : « Ce que nous ne sommes pas, aime à se voiler. » Donc ce que potentiellement nous sommes s’inscrit dans ce mouvement prométhéen de voilement et dévoilement. La déesse de la Nature : Atémis-Isis, est toujours représentée voilée (dans l’antiquité et jusqu’à Goethe, seul le poète est à même de lever le voile d’Artémis-Isis. Voir la gravure où Apollon, génie de la poésie, dévoilant la statue d’Isis-Artémis.)

L’ancêtre du mot physique : ‘phusis[4] : nature,  qui renvoie à la métaphore des « secrets de la nature » devrait sans cesse nous rappeler que le physicien éprouve des difficultés à connaître d’une façon irrémédiable les phénomènes naturels et à construire la partie « physique » de la métaphysique et de la philosophie de la Nature.   

Corréler la connaissance des lois de la nature à la connaissance propre de l’être pensant qui en est le révélateur, c’est peut-être mettre en relief ce qui constitue le frein majeur à toute remise en cause de la conception réaliste de la majorité des physiciens. Cette conception réaliste est très ancrée dans l’esprit des physiciens, même ceux qui sont imprégnés, par leur formation, par les sujets de mécanique quantique qu’ils traitent quotidiennement, finissent le plus souvent, consciemment ou inconsciemment, par rechercher et concevoir un monde réel quantique. Le plus souvent cela consiste de la part de ces physiciens à accepter le formalisme mathématique de la mécanique quantique tout en rejetant sa signification, telle qu’elle fut dégagée par l’école de Copenhague. Les références historiques de ce rejet depuis un siècle ne manquent pas. Ce fut l’objet particulier du précédent article : ‘Une étonnante régression’, en ce qui concerne le travail de C. Rovelli.

Selon les réalistes, leur savoir révèle ce qui est, ce qui s’explique rationnellement. L’indéterminé est repoussé. Saisir ce qui est en dehors de soi, garantit en retour à celui qui en a la conviction, une assurance sur ce qu’il est en tant que sujet pensant. Cette assurance justifie de la part de celui qui en est le détenteur une autorité intellectuelle, pour s’en rendre compte il suffit de lire par exemple les premières phrases de l’article EPR : Si, sans perturber le système en aucune façon, nous pouvons prédire avec certitude la valeur d’une grandeur physique, alors (sic) il existe un élément de la réalité physique correspondant à cette grandeur physique – et une condition de complétude pour une théorie physique – chaque élément de la réalité physique doit avoir un correspondant dans la théorie physiquesinon la mécanique quantique ne permet pas une description complète de la réalité physique. N. Bohr répondra que les arguments de l’article EPR ne font que démontrer : « l’inadéquation essentielle du point de vue ordinaire de la philosophie naturelle pour une analyse rationnelle des phénomènes quantiques et non pas l’incomplétude de la mécanique quantique. » L’article[5]EPR date de 1935, la mort d’Einstein en 1955, celui-ci n’acceptera jamais les fondements de la mécanique quantique, pourtant ils ne furent jamais contredits et il en fut témoin. Mais voilà la philosophie de Bohr violait un idéal de représentation du monde physique qu’il ne pouvait abandonner. On peut même dire que c’était viscérale, dans une lettre à Schrödinger, il écrivait : « La philosophie (ou la religion) lénifiante de Heisenberg-Bohr est subtilement agencées de manière à fournir, provisoirement, à celui qui y croit de profonds coussins dont il peut difficilement s’extirper. Laissons-le donc s’y reposer. »

En tant que réaliste, annoncer en toute certitude ce qu’il y a dans la Nature, ce qui est de l’ordre de la Nature, garantit en retour qu’il n’y a pas matière à s’interroger sur le statut de l’être connaissant et il suffit d’être convaincu de la dynamique irréversible de la conquête du ‘Il y a’ dans la Nature, et ainsi de suite, se remettre sur le métier pour engendrer de nouvelles découvertes d’’Il y a’.

Sans vouloir faire des extrapolations incongrues, il est légitime de tenir compte de ce que Einstein écrit lui-même : « Je crois, avec Schopenhauer que l’un des motifs les plus impérieux qui conduit les hommes aux arts et à la science est la fuite de la vie quotidienne avec sa douloureuse cruauté et sa sécheresse sans espoir. » Et puis il est vraiment explicite quand il écrit à son ami H. Broch : « Ce livre me montre clairement ce que j’ai fui en me vendant corps et âme à la Science : j’ai fui le JE et le NOUS pour le IL du ‘IL y a’. » Le livre en question était la ‘La Mort de Virgile’, cadeau offert par cet ami, H. Broch, et Einstein exprimait à la fois, dans une lettre de remerciement, la fascination et la résistance acharnée suscitées par la lecture de l’œuvre. On pourrait rappeler avec une dose raisonnable d’ironie qu’un individu, un sujet, qui fuit, résiste, est toujours extrêmement là, présent,… à son insu, à son corps défendant… Marie-Antoinette Tonnelat : scientifique et femme de lettres, avait qualifié avec indulgence et poésie, « ce troc de l’irisation du ‘je’ et du ‘nous’ par le dépouillement du ‘il y a’ », mais selon elle, il fallait aussi en payer le prix. D’après son expérience, en guise de conclusion, elle n’hésite pas à affirmer : « Cette propulsion négative est, néanmoins, certainement beaucoup plus fréquente qu’on ne le dit. »

L’école de Copenhague ne définit pas l’objectivité de la mécanique quantique comme étant une théorie qui porte, ou prétend porter, sur ce qui est. En effet fondamentalement l’école de Copenhague impose de renoncer à cet idéal classique. Renoncement douloureux, déstabilisateur, inconcevable pour les réalistes, qui encore aujourd’hui, mutatis mutandis, malgré le théorème de Bell et le résultat de l’expérience d’A. Aspect, ne peuvent renoncer à croire soit à l’existence d’une réalité indépendante de nous-mêmes, soit à la possibilité – si celle-ci « existe » - de la décrire telle qu’elle est.

Renoncer à l’assurance de prendre appui sur le ‘Il y a’ de la Nature pour mettre en relief les lois physiques, tel est le critère paradigmatique de la mécanique quantique. Le discours scientifique ne peut s’appuyer que sur l’apparaître lorsque nous scrutons les propriétés de la Nature qui pourraient prévaloir aux échelles de l’infiniment petit. Un apparaître, au sujet pensant, ondulatoire ou granulaire, cela dépend de l’appareil d’observation, choisi par l’observateur, et des conditions de son exploitation. S’il y a une impossibilité d’acquérir une information spatio-temporelle de la part de l’observateur : c’est une empreinte ondulatoire (dispersion spatio-temporelle) qui s’impose à celui-ci, si au contraire l’observateur reçoit une information spatio-temporelle du passage de l’objet quantique c’est le caractère granulaire de l’objet qui s’impose à lui.

De même un apparaître intriqué s’impose au sujet pensant, s’il y a des conditions initiales qui font que deux objets ne peuvent être différenciés spatio-temporellement, alors, après coup, l’observateur ne pourra plus les distinguer même si chacun des objets a un destin spatio-temporel différencié. L’observateur ne peut récupérer un savoir sur ‘qui est qui’ d’entre les deux, la non localisation de ‘l’un et de l’autre’ perdure. Les exemples qui mettent en jeux un questionnement sur les facultés de l’observateur ne manquent pas. Toutefois le questionnement suivant persiste : « Est-ce qu’à l’échelle quantique les objets se comportent concrètement tels que nous les percevons ? Ou bien est-ce nous observateurs, qui sommes en cause avec ces perceptions paradoxales mais absolument effectives? »

Il est certain que les physiciens répugnent à intégrer les facultés du sujet pensant dans le corpus de la théorie quantique pour le faire évoluer. E. Wigner (1902-1995) fut un des rares physiciens à tenter d’insérer la conscience du sujet pensant dans ce corpus, dans une certaine mesure on peut considérer que les propositions d’Everett relèvent d’une tentative semblable. En fait la ‘toute puissance’ de la conception réaliste s’exprime chez les physicalistes[6], qui eux, renversent complètement la situation en considérant, avec l’autorité de leur croyance, que ce qui fait que nous sommes des ‘sujets pensants’, peut être décrit par le corpus unique de la physique. On a le droit de s’inquiéter de cette conception réductrice de l’être humain

Chez les scientifiques anglo-saxons, cette conception physicaliste est significative. R. Penrose, en est un représentant qui s’est toujours affirmé comme tel.

Considérons que la connaissance en physique nous amène à nous interroger et à enrichir la compréhension de l’être humain parce que la physique est aussi une science de l’interface, de la relation très active (au point que l’on pourrait aussi dire de la confrontation), entre la nature et l’être humain. A ce titre, il est possible de déclarer qu’il n’y a pas de monde quantique. Les lois de la mécanique quantique nous informe sur la perception que nous avons des propriétés de la Nature lorsque nous scrutons celle-ci aux échelles de l’infiniment petit. Les propriétés de la mécanique que nous mettons en relief, nous rappellent que nous sommes des sujets pensants, forgés, moulés, d’une façon irréversible, dans le monde macroscopique classique et à ce titre nous véhiculons des déterminations de notre façon, de penser, de décrypter, les propriétés de la Nature qui sont irrémédiablement inscrites… dans nos gènes. C’est ce que nous dit, J. C. Maxwell que j’ai déjà cité : « Il doit y avoir quelque chose, dans notre nature spécifique, qui détermine la forme de ces lois. » Ce que j’ai très souvent exprimé est quelque peu différent de Maxwell, mais in fine, aboutit à la même conséquence. Ma conception s’appuie sur le fait que nous sommes des êtres déterminés à cause de notre nature spécifique, et les lois de la Nature que nous mettons en évidence sont marquées par cette spécificité et elles ne doivent pas être considérées comme universelles.

Si nous franchissons le cap de comprendre et d’admettre que la science physique actuelle est une science qui nous dit tout autant ce qui relève de la Nature que ce qui relève de notre nature spécifique, alors je fais le pari que cette intelligence-là, nouvelle, permettra de mettre en avant des nouveaux paradigmes qui conduiront à de nouvelles connaissances émancipatrices et qui déchireront le voile de nos ignorances actuelles. Ne doutons pas qu’à nouveau ces nouveaux bagages de connaissances mettront en lumière de nouveaux voiles que l’être humain nouvellement instruit devra soulever.

Depuis plusieurs années, j’ai formulé des hypothèses qui permettent de franchir ce cap et qui ont été déjà discutées dans plusieurs articles du blog :

1 – L’être humain est le fondateur du temps qui est la marque de la ‘Présence’ du sujet pensant qui ainsi, grâce à une scansion primordiale, est à même de développer un logos sur la Nature telle qu’il est en mesure de la prospecter. Le tic-tac primordial de ce temps est TpS, de l’ordre de 10-25s.

2 – Il en est de même en ce qui concerne l’espace, à plus qu’une nuance près, car l’idée de l’espace est présente dans la Nature mais du processus d’appropriation, d’intériorisation, par le sujet pensant, en fonction des conditions de ses possibilités cognitives, il en résulte une telle transformation, qu’elle a la valeur d’une fondation.

3 – 1 et 2 sont deux hypothèses susceptibles d’être soumises à l’expérience, lorsqu’on entreprendra l’expérience qui consiste à imager le fonctionnement cérébrale d’un observateur placé devant un interféromètre qui n’a pas d’information spatio-temporelle sur l’objet quantique qui se déplace dans l’interféromètre, ceci en contraste avec la situation où il a cette information spatio-temporelle. Selon mon hypothèse ce sont deux régions distinctes du cerveau de l’observateur qui sont sollicitées suivant les deux situations contrastées.

4 – Pour préciser 1, je qualifie TpS de point aveugle de l’intelligence humaine et, à mon sens, ce ‘Temps propre du Sujet’ est en jeu avec le phénomène de l’intrication car celle-ci se produit entre deux objets qui pour nous est instantanée donc < 10-25s. 

5 – Contrairement à l’espace et au temps, la lumière céleste est donnée dans la Nature, en tous les cas dans la Nature telle que nous la percevons. En tenant compte de 1 et 2, étant donné que nos capacités de description de cette lumière s’expriment aux moyens de paramètres qui sont fondés par le sujet pensant on doit admettre que notre compréhension de la lumière ne peut être qu’approximative. Pour cette raison, j’ai déjà proposé de considérer la vitesse C comme une vitesse horizon et non pas ayant la valeur déterminée finie que couramment nous lui attribuons. En cosmologie, cette hypothèse devrait permettre de lever bien des voiles car la lumière céleste enveloppe nos connaissances actuelles dans ce domaine. Voir article de R. Lehoucq dans le ‘Monde’ du 18 mars 2015 : ‘La lumière, témoin de la « formation des mondes. »’



[1] Je profite de l’occasion pour préciser qu’à mes yeux, J. Maxwell est un physicien qui a développé une pensée ouverte, d’avant-garde, et qui devrait être mieux connu. Je le cite encore, pour être plus exhaustif à son égard : « si la  sensation que nous appelons couleur, obéit à quelque ensemble de lois, il doit y avoir quelque chose, dans notre nature spécifique, qui détermine la forme de ces lois. Et il n’est pas nécessaire que je vous dise que la seule preuve que nous puissions obtenir à notre sujet dérive de la conscience. La science des couleurs doit dons être considérée essentiellement comme une science de l’esprit… »

[2] Cela ne doit surtout pas nous conduire à penser qu’il existerait des mécanismes (une machinerie) de la connaissance comme par exemple, cela peut être prétendu sur le blog ‘Philoscience’

[3]Effectivement, à notre époque, en cosmologie, un voile opaque, noir, recouvre 95% de ce qui devrait composer notre Univers, et en ce qui concerne la mécanique quantique, il y a tellement de domaines qui échappent à notre compréhension classique que tous ces voiles ne font plus qu’un, au point que B. d’Espagnat a pu écrire, à ce sujet, un livre en 1994 : ‘Le réel voilé’

[4] Philon (13 av. J. C. – 54 apr. J. C.), a souvent utilisé le mot phusis pour désigner soit la Nature qui produit les êtres, soit le cours général de la nature, soit la nature d’une chose. Philon entend par le mot phusis, la réalité ou vérité cachée qu’il faut découvrir au-delà de la lettre… On retrouve, la démarche, l’obsession, Einsteinienne de l’hypothèse des variables cachées pour retrouver le contact avec le monde physique réel.

[5] C’est donc le concept de réalité physique séparable qui est au cœur du débat. Pour Einstein, le monde peut être conçu comme formé d’entités localisables dans l’espace-temps, munies de propriétés qui constituent leur (sic) réalité physique. Ces entités ne peuvent interagir que localement au sens relativiste, c’est-à-dire via des interactions ne se propageant pas plus vite que la lumière. Une telle conception du monde est appelée réaliste locale, ou séparable. Bohr propose une version différente, en refusant de considérer une réalité physique indépendante de l’appareil de mesure, donc indépendante de l’observateur.

[6]Physicalisme : théorie épistémologique néopositiviste qui affirme que le langage de la physique peut constituer un langage universel convenant à toutes les sciences. De Otto Neurath : « Selon le physicalisme, la langue de la physique est la langue universelle de la science et, par conséquent, toute connaissance peut être ramenée aux énoncés sur les objets physiques ».

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28 février 2015 6 28 /02 /février /2015 11:22

              Une étonnante régression.                                                    

C’est avec beaucoup de dépit que je qualifie ainsi ce qui est présenté dans une grande partie du dernier livre de Carlo Rovelli : ‘Par-delà le visible : La réalité du monde physique et la Gravité Quantique’, Edit. O. Jacob.

Dès la page 66, je suis étonné de l’opportunisme de l’auteur qui installe dans les 2 figures un ‘sujet pensant’, puisqu’il lit un journal, mais celui-ci est totalement transparent. C’est-à-dire que si on l’efface rien n’est changé à propos de ce que l’auteur affirme dans cette partie du livre. Dans ces 2 figures l’être pensant n’a aucune épaisseur temporel, aucun ‘temps propre’, bref il n’a aucune ‘Présence’. Or cela revient à occulter le geste principal et essentiel d’Einstein[1]pour fonder la relativité restreinte, c.-à-d. postuler que le temps t’ dans O’ est différent de t dans O. Penser qu’une scansion du temps (Δt) n’est pas la même quand elle est mesurée dans deux référentiels se déplaçant à des vitesses notablement distinctes, oblige à déposer dans chacun de ces référentiels des instruments fabriqués qui mesurent cette différence de l’écoulement du temps. Ces instruments fabriqués, des montres, des clepsydres, etc., déposés, impliquent l’action, la présence au moins implicite, d’un observateur O et un observateur O’. Einstein, lui-même, a mis beaucoup de temps pour formaliser le concept, obligé, d’observateur en Relativité Restreinte[2]. Et à la décharge de C. Rovelli, il faut admettre qu’Einstein n’a jamais considéré, loin s’en faut, qu’il faille attribuer une place, une contribution quelconque, au sujet pensant : lecteur d’un journal, observateur, dans le développement de sa R.R. Par contre on peut interpeller l’auteur à propos de sa croyance forte que fondamentalement le temps n’existe pas (exactement en opposition avec la croyance de L. Smolin qui prétend qu’il est donné dans la Nature), puisque dans ses figures, le temps est là, il s’écoule, indépendamment du lecteur du journal, alors pourquoi peut-il être là ?

En résumé, on doit donc s’étonner de la bévue de l’auteur qui dans la figure 3.2 accompagnée de la légende : « la structure de l’« espace-temps », cf la R.R. Pour chaque observateur, le « présent étendu » est la zone intermédiaire entre le passé et le futur », s’oblige à représenter un observateur qui possède un savoir et que celui-ci peut le rétro-projeter dans le passé ainsi que le projeter dans le futur. Ce savoir, a été élaboré par l’observateur-au-journal, il est intériorisé, il lui appartient en propre, mais C. Rovelli ne lui a accordé aucun Δt au temps t = 0 pour qu’il conçoive se savoir et pourtant il le dénomme « Présent ». Comment peut-on nommer quelque chose qui est rien ? Pour lever ce type de contradiction, depuis de nombreuses années je postule qu’il faut accorder un TpS (temps propre du sujet) de l’ordre de 10-25s à l’Être de connaissance : condition préalable à la fondation de toute connaissance. Ce TpS a évidemment un impact sur les capacités d’investissement de nos facultés intellectuelles et de compréhension des propriétés observables de la nature. C’est une détermination inexpugnable. Ainsi l’affirmation d’Einstein : « Ce qui du point de vue physique est réel… est constitué de coïncidences spatio-temporelles. Et rien d’autre. », est parfaitement stérile car les coïncidences spatio-temporelles ne sont pas accessibles donc pas identifiables au sujet pensant. En conséquence la mécanique quantique et mon hypothèse TpS nous interdisent de considérer que nous pouvons connaître le monde en soi, réel[3].

Il est plausible que le premier reproche que je formule à l’égard du livre de Rovelli c’est son contenu ‘Réaliste’. J’évoque une étonnante régression parce qu’effectivement pour justifier sa thèse de la gravité quantique, il lui faut imposer à priori la thèse du ‘Réalisme’. Logiquement, après un siècle de mécanique quantique, quitte à prendre en compte favorablement la thèse du ‘Réalisme’ il faudrait préalablement qu’elle ait fait fructifier des avancées scientifiques significatives qui la justifie (au moins quelques-unes indicatives). Ce qui n’a jamais été le cas, bien au contraire.

L’auteur n’a pas masqué son projet dans le titre. Il prétend que connaître la ‘réalité du monde physique’ est un projet définissable, et en plus déterminé par la Gravité Quantique. Selon lui, cette réalité n’est pas multiple, en fait, elle se réduit à ce que sont nos capacités de cogitation. On retrouve à nouveau cette conception que l’être humain est doué actuellement, a priori, de penser l’universel, dans sa totalité.

Ce qu’il y a de déroutant et donc profondément erroné dans le livre c’est de prétendre que l’essence de la mécanique quantique est de nous révéler qu’un système physique se manifeste toujours par la relation qu’il entretient avec les autres, et prétendre que la confrontation entre Einstein et Bohr pouvait se résumer ainsi, p.126 : « Einstein ne pouvait admettre l’aspect relationnel de la théorie, le fait que les choses se manifestent seulement dans les interactions. Bohr ne voulait pas céder sur la validité de la manière profondément nouvelle de la nouvelle théorie de concevoir le réel (sic). » Cette façon de dire les choses est dommageable parce qu’il est connu que Bohr n’a jamais eu ce projet de concevoir un quelconque réel, même sous une forme nouvelle, puisque selon lui, la mécanique quantique, étant donné les lois fondamentales qu’il a formulées, nous impose de renoncer à toute velléité de concevoir le réel. Avec Heisenberg, autre fondateur de la mécanique quantique de l’école de Copenhague, qui a toujours été confirmé, voire encore récemment[4], affirme que le postulat d’une réalité physique existant indépendamment de l’homme n’a pas de signification. Il affirme aussi que le seul but de la physique c’est de prévoir correctement les résultats expérimentaux. De même Bohr réfute l’idée « que le but de la physique soit de trouver comment est faite la nature » et propose qu’il soit accepté modestement que : « la physique est seulement concernée par ce que l’on peut dire sur la nature ».

Bohr a été franchement explicite lorsqu’il a été amené à considérer que : « La nécessité d’un renoncement final à l’idéal classique de causalité conduisait à une révision radicale de notre attitude sur le problème de la réalité. » Et in fine les idées de Heisenberg sur la possibilité de comprendre le monde, ont été exprimées très clairement : « Presque tous les progrès de la science ont été payés par un sacrifice, pour presque chaque nouvelle réalisation intellectuelle, les positions et les concepts antérieurs ont dû être révisés. Ainsi, d’une certaine façon, l’accroissement des connaissances a réduit la prétention du savant à comprendre la nature. » Pour lui la physique théorique était essentiellement une activité humaine dont le seul but était de prédire des résultats expérimentaux.  

Qui peut déclarer que tous ces propos cités sont obsolètes ? Comme on peut le constater, la dureté de la mécanique quantique c’est qu’elle dit au physicien : « Renoncez à vouloir représenter la Réalité ! »

Depuis Einstein, ceux qui ont tenté de rétablir ouvertement une conception réaliste de la physique (de J. Bell, à l’école actuelle italienne dite : ‘GRW’) ont échoué.

L’illusion ‘Réaliste’ de Rovelli, conduit à reléguer l’observateur a un rôle plutôt occasionnel, alors que la compréhension essentiel de la mécanique quantique réside dans le fait irrévocable qu’un phénomène physique quantique ne saurait être décrit sans son observation, et qu’un même objet (système) quantique peut avoir un apparaître différent suivant l’appareil de mesure choisi par l’observateur : c’est la thèse de la complémentarité[5]. Pour l’observateur, il n’y a pas d’objet, ni de système quantique, intelligible, en dehors de la façon dont il nous apparaît. En dehors de cette contrainte aucun discours scientifique sensé ne peut être tenu par le sujet pensant.

Je comprends la tentative d’évacuer le rôle éminent de l’observateur de la part de C. Rovelli à partir de la page 224, puisque nous ne devons pas oublier qu’une interaction d’observation est toujours une interaction d’un objet quantique avec un objet macroscopique et ce n’est pas cette interaction-là qu’évoque l’auteur : « Pourquoi la notion d’information est-elle utile, et peut-être même fondamentale pour comprendre le monde ? Pour une raison futile : elle mesure la possibilité des systèmes physiques de communiquer entre eux… p.228, toute la structure de la mécanique quantique peut être lue et comprise en termes d’information de la façon suivante. Un système physique se manifeste seulement et toujours en interagissant avec un autre. La description d’un système physique est donc toujours faite par rapport à un autre système physique, celui avec lequel le premier interagit. Toute description de l’état d’un système physique est donc toujours une description de l’information qu’un système physique a d’un autre système physique, c’est-à-dire de la corrélation entre les systèmes. Les mystères de la mécanique quantique deviennent moins épais si nous l’interprétons (sic) de cette façon, à savoir comme la description de l’information que les systèmes physiques ont l’un de l’autre… »

Grâce au concept d’information[6] dont chaque objet serait vecteur d’une information propre qui le caractériserait (à un instant donné), C. Rovelli envisage qu’il y ait une traçabilité de ces objets en dehors de la procédure standard de l’observation quantique. Il pense qu’il est possible de spéculer sur les corrélations entre les systèmes et à partir de là, il nous entraîne dans ce qu’il croit être la réalité quantique ou le monde quantique. C’est une extrapolation tentante et qui a déjà été tenté sans réussite jusqu’à présent. Son idée étant que nous vivons au-dessus d’un monde quantique et par exemple la gravité quantique serait la loi du dessous ou de l’avant du monde macroscopique de notre immédiateté.

La mécanique quantique est l’expression de notre rapport avec la nature aux échelles de plus en plus microscopique. Avec ces propriétés c’est la façon dont la nature nous apparaît à nous ‘sujet pensant’ irrémédiablement macroscopique, intellectuellement formatés par les concepts macroscopiques. La mécanique quantique est notre façon d’interpréter les propriétés de la nature lorsque nous l’auscultons avec des outils qui scrutent l’infiniment petit. Nous ne pouvons pas dire que la nature est ainsi à ces échelles, ce que nous pouvons dire c’est ainsi qu’elle nous apparaît étant donné ce que nous sommes. 

Page 127, l’auteur ramasse sa pensée et à mes yeux toutes les questions qu’il formule sont, à l’heure actuelle, toujours parfaitement appropriées : « Mon opinion est que nous devons accepter l’idée que la réalité n’est qu’interactions. Physiciens et philosophes continuent à s’interroger sur ce que signifie vraiment la théorie, et, ces dernières années, les articles et les colloques sur la question se sont multipliés. Qu’est-ce que la théorie des quanta, un siècle après sa naissance ? Une extraordinaire plongée en profondeur dans la nature de la réalité ? Une méprise, qui fonctionne par hasard ? Un morceau incomplet du puzzle ? Ou l’indice de quelque chose de profond que nous n’avons pas encore bien assimilé et qui concerne la structure du monde ?

L’interprétation de la mécanique quantique que j’ai présentée ici est celle qui me semble la moins irrationnelle. Elle est appelée « interprétation relationnelle »… »

Effectivement, après un siècle, la théorique quantique, nous bouscule, notre rationalité est mise à l’épreuve, notre capacité de prédiction est mise à mal. Toutes les exclamations : ‘Euréka, j’ai compris !’ n’ont été que feu de paille. Et pourtant que d’exploitations technologiques elle engendre avec succès ! L’intrication qui est une propriété si inattendue est déjà une source d’exploitation technologique.   

C. Rovelli nous rappelle que : « Physiciens et philosophes continuent à s’interroger sur ce que signifie vraiment la théorie, et, ces dernières années, les articles et les colloques sur la question se sont multipliés. » Les multiples réunions, around the world, des physiciens et des philosophes, pendant cette décennie, n’ont pas malheureusement dénoué les questions posées. Cette volonté de décloisonnement des connaissances et réflexions est pertinente. J’ai déjà, à plusieurs occasions, proposé de faire appel à d’autres domaines scientifiques, et proposé que des expériences d’observation (au moins une) soient réalisées avec des neuroscientifiques et avec la contribution de l’imagerie cérébrale (voir article du 27/08/2012). Ainsi, peut-être que la propriété de la complémentarité : apparaître ondulatoire ou apparaître corpusculaire à l’observateur pourrait être élucidé.    



[1] Geste que ni Poincaré, ni Lorentz, n’ont su anticiper, n’ont su penser, car ils raisonnaient, bien trop, en tant que mathématicien.

[2] En fait le concept d’observateur apparaît naturellement, sans explication, en 1936, dans un ouvrage commun écrit avec Infeld : L’évolution des idées en physique. On peut penser qu’à cette occasion, Infeld en personne a dû contribuer à combler ce déficit conceptuel.

[3] Voir article du 21/12/2011 : « L’être humain est-il nu de toute contribution lorsqu’il décrypte et met en évidence une loi de la Nature ? »

[4] Expérience de pensée d'Einstein-Bohr réalisée à l'échelle moléculaire, dont le résultat conforme au point de vue de Bohr a été publié début décembre 2014. Cette expérience réalisée est d’une très grande qualité et aucun doute ne peut être exprimé quant à la valeur de son résultat.

 

[5]Contrairement à la thèse du ‘Dualisme’, la thèse de la ‘Complémentarité’ exclut que l’objet quantique puisse être considéré comme de la somme de ses apparaîtres différents. Ainsi il est erroné de penser onde et particule. Ce qui est juste, c’est de penser onde ou particule, c’est selon les conditions de l’observation. Si l’on veut quand même additionner, il faut que dans cette addition soient intégrées les conditions d’observation.

[6] Jusqu’à présent, je considère que le concept d’information n’a aucune ‘signification intrinsèque originale’ qui puisse concerner la mécanique quantique et l’enrichir.

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2 février 2015 1 02 /02 /février /2015 17:01

Période aride. Comment en sortir ?

Il convient de qualifier ainsi cette période pour ce qui est des résultats négatifs concernant l’astrophysique et la cosmologie. Le plus récent de ces résultats est du 31/01/2015, et c’est un article de l’ESA très attendu : “Planck: gravitational waves remain elusive. « Despite earlier reports of a possible detection, a joint analysis of data from ESA's Planck satellite and the ground-based BICEP2 and Keck Array experiments has found no conclusive evidence of primordial gravitational waves. » Traduisons simplement : “Planck : Les ondes gravitationnelles restent indétectables”. “En dépit de récents rapports d’une possible détection, une analyse commune de données du satellite Planck de l’ESA et des observations au sol (Pôle Sud) via : BICEP2 et Keck Array, aucune conclusion quant à l’évidence d’ondes gravitationnelles primordiales ne peut être prononcée. »

On peut dire que c’est de la faute de l’équipe de BICEP2 si nous sommes tenus d’enregistrer cette annonce négative. En effet très rapidement, une semaine ou deux après la publication en mars 2013 de la publication de détection des ondes gravitationnelles primordiales par l’équipe de BICEP2, des doutes fondés ont été exprimés quant à la validité scientifique de ce résultat[1]. Le manque de rigueur de l’équipe ainsi qu’une volonté de précipiter l’annonce d’un résultat étaient malheureusement perceptibles. S’il n’y avait pas eu cette publication parasite, Planck aurait pu publier, il y a plusieurs mois sur une dynamique prospective comme l’a indiqué A. Riazuelo de l’IAP : « Il n’existe pas de région du ciel qui, vue de la Terre, permettrait de s’affranchir de l’émission de poussière. Cela ne signifie pas que le signal de l’inflation est absent, seulement qu’il sera beaucoup moins facile à voir qu’on ne l’imaginait. »

Un autre domaine où l’aridité de la période se confirme c’est celui de la recherche de la matière noire. En effet le terme ‘aride’ convient car aucune trace de cette matière n’a pu être détectée jusqu’à présent. Pis encore, les quelques indices qui pouvaient entretenir une petite flamme d’espoir ont été balayés par des conclusions des observations de Planck. Depuis une trentaine d’années, avec une vingtaine de détecteurs sur la planète Terre, et cinq détecteurs spatiaux plus ou moins dédiés, il n’est pas possible de confirmer d’une façon probante la moindre détection de cette fameuse matière noire. (voir article précédent)

Pourtant dans le cadre du scénario du Big-Bang et avec la genèse de Notre univers qui en découle, la matière noire est strictement nécessaire. Dans le cours du Collège de France de F. Combes : janvier-février 2015, elle nous confirme dans la 4e séance : « La matière noire sauve la formation des galaxies. »

Est-ce qu’il est trop tôt pour considérer qu’il est temps de revoir la copie du modèle standard de la cosmologie ? Non ! Il est temps, d’autant que la théorie MOND qui est émancipée d’une quelconque nécessité de matière noire dans ses équations et donc compose uniquement avec la matière visible, cette théorie, que l’on peut qualifier d’effective, décrit et prédit de plus en plus de résultats qui sont en accord avec des observations. Ceci constitue pour la communauté des physiciens, qui réfléchissent sur le sujet, un signal très fort pour repenser les hypothèses qui prévalent au développement des recherches spécifiques. En effet, il faut considérer qu’hypothèses de la matière noire et théorie MOND sont antinomiques, et donc ensemble elles doivent être remises en cause.

Matière noire veut dire matière qui n’émet pas de lumière détectable : que nous ne sommes pas capables de détecter par nos moyens habituels. Il est étrange que tous les moyens que nous utilisons pour tenter de la voir impliquent que cette matière noire obéisse directement ou indirectement à E = mc2.

Nous devons nous émanciper de la contrainte, je dirais de la détermination d’une vitesse limite réelle de la lumière. Nous devons la considérer comme une vitesse horizon, définitivement non quantifiable dans notre système d’évaluation car dans notre monde, avec notre constitution, il est vain de lui attribuer une valeur de déplacement. J.M. Lachièze-Rey nous propose un raisonnement qui met le doigt sur une difficulté logique si on persiste à considérer que l’on peut connaître, étant donné ce que nous sommes, une valeur réelle de la vitesse de la lumière. In ‘Pour la Science’, novembre 2010, p.45, « Il existe une durée en un sens « plus valable » que les autres. Les équations de la relativité indiquent que dans notre exemple, plus le trajet d’un observateur est proche de celui du photon émis par l’étoile, plus la durée qu’il va mesurer est petite. D’une façon générale, l’observateur qui est lié à un processus et l’accompagne du début à la fin mesurera la durée la plus petite possible. Nommée « durée propre », on peut considérer que c’est la vraie durée du processus. Dans notre exemple, la durée propre du phénomène est celle que mesurerait le photon. Or la relativité indique que la durée propre d’un photon est…nulle. Cela n’est qu’une manifestation du fait qu’il voyage à la vitesse limite, celle de la lumière ; de façon générale c’est vrai pour toute particule de masse nulle. Ainsi la durée propre du trajet du photon, de son émission dans une galaxie lointaine à sa réception, est nulle. On aurait pourtant envie de dire que le trajet dure des milliards d’années. »

Notre condition d’être humain constitue un obstacle rédhibitoire pour mesurer, connaître, une vitesse effective de la lumière. Selon moi, la lumière qui est une donnée de la Nature que nous percevons, n’est pas vraiment caractérisable par une vitesse, sinon c’est une opération réductrice. En tant que vitesse horizon, nous pouvons l’appréhender, sans la connaître in-fine, puisque notre existence ne peut être qu’en deçà. Nous devons postuler qu’il y a, au-delà de notre conception actuelle de la lumière qui nous détermine, du Monde-univers, des Mondes-univers, que nous devrions pouvoir investir en prenant en compte les raisons qui nous amènent à cette période aride. 

Je conçois aisément que certains lecteurs de l’article pensent que face aux sérieux obstacles présents, je me réfugie dans une prospective métaphysique. Dans une certaine mesure cela est juste, mais selon mon point de vue cela n’est pas une régression de la réflexion car si on analyse l’histoire du développement de la pensée scientifique, on peut se rendre compte qu’une pensée prospective métaphysique peut constituer une sorte d’état chrysalide préalable à une pensée scientifique qui prend par la suite son envol dans le monde de la pensée scientifique.

N.B. L’occasion est très favorable pour préciser la spécificité de ma conviction, lorsque j’affirme que nous faisons de la physique ‘en ‘Présence’’, qui est celle du ‘sujet pensant’ et qui est inexpugnable. En effet, j’adhère sans réserve au raisonnement exposé de J.M. Lachièze-Rey (et je le remercie de m’offrir ce raisonnement) et là où il arrête son raisonnement : « On aurait pourtant envie de dire… », je prends le relais. En effet dans ma conception de l’émergence de la connaissance en physique, en tenant compte de notre existence inexpugnable en deçà du fond céleste de la lumière, et considérant ce que nous sommes, notre sagacité devrait pouvoir concevoir l’au-delà du fond apparent de la lumière. Il serait intéressant de savoir pourquoi Lachièze-Rey qui place l’observateur dans le processus : « D’une façon générale, l’observateur qui est lié à un processus et l’accompagne du début à la fin mesurera la durée la plus petite possible. », l’élimine totalement ensuite dans sa réflexion quand il prononce : « Cela n’est qu’une manifestation du fait qu’il voyage à la vitesse limite, celle de la lumière. »



[1] Voir mon article du 23/04/2014 : ‘Doute sur la publication du 17/03/2014.’

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29 janvier 2015 4 29 /01 /janvier /2015 16:56

                          Bilan de la recherche de la matière noire.

Tout savoir sur l’Univers est inaccessible pour le ‘sujet pensant’ car le ‘Tout’ de l’univers est infini. Ainsi le sujet pensant sera toujours en quête… en mouvement.

Au tout début des années 1980, lorsqu’il s’avéra évident que la dynamique : des galaxies, des amas de galaxies, et plus généralement des structures recensées dans Notre univers, ne pouvait pas être rendue compte correctement en ne considérant que la matière identifiée c’est-à-dire la matière baryonique, le problème de la masse manquante s’est posé. Assez rapidement cette hypothèse de ‘masse manquante’ fut qualifiée : hypothèse de la matière noire.

 Astrophysiciens, cosmologistes, ont tout de go considérés qu’ils devaient résoudre cette problématique d’une façon globale, universelle, conformément à leur assurance que la vraie science fondamentale, la bonne science, est celle qui fournit des réponses complètes, invariantes, à ce genre de questionnement nouveau. Ils ont entrepris de lever cet énigme en ne tenant compte que des connaissances canoniques à cette époque et toujours dominantes aujourd’hui. Ils raisonnent sur la base d’un univers fermé (que je désigne comme : Notre univers), d’une genèse de cet univers sur la base d’un Big-Bang, comme si cette hypothèse de matière noire ne pouvait pas battre en brèche ces certitudes canoniques.

Fin 2014, début 2015, aucun indice tangible de cette fameuse matière noire n’a été mis en lumière. La situation est extrêmement anarchique car les proclamations des indices de matière noire varient, selon les équipes de recherche de quelques meV (tel l’axion) à 1012 eV (tel un WIMP comme le neutralino), en passant par le neutrino stérile à 7.1 keV et autres WIMPs de plusieurs GeV. Ces propositions dans cette très large gamme de masse proviennent d’instruments de détection dans l’espace dédiés ou pas à la recherche de la matière noire (XMM-Newton, PAMELA, CHANDRA, Fermi Space Télescope, AMS-02). Plus déroutant encore, un grand nombre de publications très récentes (en 2014), pour justifier leurs résultats et leurs annonces, s’appuient sur une phénoménologie qui semblerait interdite, consistant à privilégier la propriété d’annihilation entre les particules de matière noire (matière et antimatière). ‘J’indique qui semblerait interdite’ car dès 2013 les premiers résultats publiés par l’équipe de ‘Planck’, et les plus récents de novembre 2014, affirme qu’il n’y a pas eu d’annihilation de matière noire dans l’univers primordial car, dans le cas contraire, il y aurait eu un excès d’énergie de radiation qui aurait laissé son empreinte dans le rayonnement fossile très précisément analysé. Or le bilan est : pas d’annihilation dans les temps primordiaux, donc pas d’annihilation après. Ou alors il faudrait expliquer pourquoi cette propriété puisse apparaître après coup. Cette perspective est très peu probable, et peu cohérente. On doit donc s’interroger sur cette persistance à concevoir l’annihilation de composants de la matière noire.

Ainsi l’article de l’ESA-Planck du 04/12/2014 précise : « Nos nouveaux résultats sont encore plus intéressants quand on les compare avec les mesures réalisées par d’autres instruments. Les satellites Fermi et Pamela, tout aussi bien que l’expérience AMS-02 au sein de l’ISS, ont observé un excès de rayons cosmiques, qui pourrait être interprété comme la conséquence de l’annihilation de matière noire. Etant donné les observations réalisés par Planck, une explication alternative pour AMS-02 et les mesures sur Fermi – comme des radiations de Pulsars non encore identifiés – doivent être considérées, si on fait l’hypothèse raisonnable que les propriétés des particules de matière noire sont stables dans le temps. »

Pour être complet, il faut préciser que Planck exclut aussi l’hypothèse d’une 4e famille de neutrinos donc exclut l’hypothèse du neutrino stérile.

Aucun de ces détecteurs spatiaux n’est spécifiquement configuré pour détecter directement la matière noire. Les équipes qui décryptent les signaux sur ces détecteurs sont contraints de considérer que ces signaux résultent des produits de la cascade du processus d’annihilation, par exemple des rayons ϒ en ce qui concerne le Fermi Space Télescope, des rayons X en ce qui concerne XMM-Newton, des flux d’antimatière (rayons cosmiques, essentiellement des positrons) en ce qui concerne AMS, etc… On devrait s’étonner que, selon les physiciens, cette matière exotique s’annihile en produisant obligatoirement des produits standards. De même, il est possible de lire, dans des articles : « Although still elusive in particle-physics experiments, dark matter is a reality for astronomers. » : «Bien que toujours insaisissable dans les expériences de physique des particules, la matière noire est une réalité pour les astronomes.» Sans être provocant on doit s’étonner de l’absence de recul intellectuel de la part de ces astrophysiciens et astronomes. En effet considérer par la force des choses que la matière noire est une matière exotique, mais la faire rentrer immédiatement dans le tuyau de la phénoménologie de la matière standard dès qu’on conçoit son annihilation[1]ou bien considérer qu’on en a tellement besoin dans notre conception du cosmos et de sa genèse qu’on postule sa réalité, on est loin d’une démarche scientifique. L’impatience de résoudre des énigmes persistantes en court-circuitant le raisonnement et la rigueur scientifiques ne peut mener qu’à une succession d’impasses.

Sans vouloir dramatiser outre mesure, j’ai perçu que nous atteignîmes l’Impasse, avec un ‘I’ majuscule, le 1er Novembre 2013, lorsqu’il fut annoncé qu’aucun indice de détection directe de matière noire n’a été relevé au sein du détecteur : LUX. Or tous les atouts sont réunis à propos de ce détecteur, (Large Underground Xenon Experiment, situé dans une mine désaffectée dans le Dakota), atouts technologiques qui autorisent d’évaluer d’un facteur 100, par rapport aux meilleurs détecteurs actuels, l’amélioration de sa sensibilité, et aussi atouts de compétences humaines car l’équipe dédiée à LUX est considérée comme l’une des plus pointues dans ce domaine. On peut considérer qu’il y a, depuis plus de dix ans, sur la planète terre, une bonne dizaine de détecteurs configurés pour relever des traces de passages de particules de matière noire. Même s’ils sont moins sensibles que LUX, l’accumulation de résultats non significatifs doit être prise en compte. Il pourrait y avoir une exception avec les détecteurs Cogent et Dama, mais l’interprétation des résultats ne fait pas l’unanimité, loin s’en faut : il vaut mieux s’en tenir là.

En 1983, une autre démarche, très solitaire, pragmatique, a été empruntée par le scientifique : Moti Milgrom. Il a proposé de modifier la loi de Newton pour rendre compte d’une façon pragmatique de la dynamique observée des galaxies et autres structures de Notre univers (cela conduit à la théorie MOND : MOdified Newtonian Dynamics). Autant dire que ce pragmatisme iconoclaste fut spontanément rejeté par la communauté scientifique. Il a fallu beaucoup de témérité de la part de Milgrom pour qu’il soit entendu plutôt que occulté. En fait, on a commencé à exprimer de l’intérêt pour MOND, lorsqu’il y eut une conjonction remarquable entre la loi de Tully-Fischer et les travaux de Milgrom. La loi de Tully-Fischer (découverte en 1977, par les deux astronomes américains Tully et Fischer), obtenue par les moyens d’observations, montre une corrélation très significative entre la masse d’une galaxie et sa vitesse de rotation. Ce résultat est contenu dans la théorie MOND et cela permet d’attribuer à cette théorie une valeur prédictive à ce niveau donc elle acquiert un statut nouveau. Après coup et plus récemment la théorie MOND s’est avérée plus précise que l’hypothèse courante de la matière noire pour rendre compte de la dynamique des ‘galaxies naines’ qui sont au voisinage de la Voie Lactée et d’Andromède, par exemple.

En conséquence il n’est plus souhaitable de sous-estimer l’intérêt que représentent les travaux de Milgrom sur plus de 30 ans qui précisons-le ne résolvent pas toutes les questions relatives à la dynamique des structures de Notre univers, mais les adéquations croissantes, significatives, obtenues le sont sans qu’il soit fait appel à l’existence de matière noire dans l’univers. Malgré cela, que devons-nous penser de ce que nous dit F. R. Bouchet[2], cosmologue à l’Institut d’Astrophysique de Paris, directeur de recherche : «En dépit de ce succès, l’immense majorité des cosmologues a préféré accepter l’existence de matière noire en grande quantité plutôt que d’abandonner un cadre conceptuel qui a fait ses preuves, au profit d’une modification ad hoc. Il pourrait s’avérer que MOND soit une théorie effective, limite de basse énergie d’une théorie plus fondamentale, mais cela nous laisse alors sans cadre théorique bien défini, en dépit de nombreuses tentatives. Il devient alors difficile de progresser, puisqu’il est dès lors impossible de vérifier si l’alternative est capable de reproduire les succès bien réels de la cosmologie relativiste, même s’ils sont obtenus au prix de révisions de nos idées sur ce qu’est le contenu « naturel » de l’Univers. En bref, même sans trop d’a priori, il semble que, pour aller de l’avant, le plus prometteur soit de chercher d’autres indications de la matière sombre, en ignorant cette tentation de MOND. »

Ecrit il y 10 ans ce paragraphe indique d’une façon remarquable le dilemme dans lequel les cosmologistes sont pris dans une sorte de houle intellectuelle. Il serait intéressant de savoir si F. Bouchet continue de considérer la théorie MOND comme purement effective. De même, il serait intéressant qu’il  nous dise, s’il considère toujours, après ces 10 dernières années de recherche infructueuse de matière noire, « Pour aller de l’avant, le plus prometteur soit de chercher d’autres indications de la matière sombre, en ignorant cette tentation de MOND. » Je ne crois pas extrapoler abusivement les propos de Bouchet en disant qu’en fait il retient l’hypothèse de la matière noire par défaut. Combien de temps est-ce souhaitable, est-ce que ce n’est pas aveuglant sur le plan intellectuel et aussi contraire à la curiosité scientifique ouverte ?

Depuis que F. Bouchet a écrit : « Il devient alors difficile de progresser, puisqu’il est dès lors impossible de vérifier si l’alternative est capable de reproduire les succès bien réels de la cosmologie relativiste… », il semblerait que les choses aient changé puisque dans le NewScientist du 03/May 2014, M. Milgrom affirme « Après bien des efforts jusqu’en 2004, J. Bekenstein avec B. Sanders, en s’appuyant sur la théorie TeVeS, ils obtinrent de décrire la gravité avec trois champs et ainsi ils ont obtenu que MOND soit compatible avec la relativité d’Einstein. » Est-ce que cette compatibilité avec la relativité d’Einstein est en mesure de réduire la prévention de Bouchet ? Ou bien cela confirmerait sa prévention que MOND n’est qu’une théorie effective ?

Il y a un domaine sur lequel MOND est muet c’est évidemment sur la formation des puits de potentiel si nécessaires dès les premières secondes de la genèse de Notre univers afin que la matière baryonique s’y précipite pour former les grumeaux primordiaux de matière qui sont à l’origine des structures de l’univers. Jusqu’à présent, la thèse du Big-Bang a besoin de ce scénario puisque les fluctuations relevées du rayonnement fossile sont de 10-5 à 10-6 °K

Au-delà des problèmes de la détection de constituants de matière noire sur lesquels je me concentre dans cet article, il est nécessaire de signaler les désaccords très significatifs entre les résultats des observations et ceux résultants de la simulation. Citons[3]le désaccord de la densité de matière noire observée avec celle simulée lorsqu’on fait une évaluation de cette densité au plus près du centre des galaxies (désigné comme problème des cuspides, prédites dans les simulations, alors que des cœurs sont observés.) Autre désaccord : il concerne, avec l’hypothèse de la matière noire, la prédiction de 500 galaxies naines autour de la Voie Lactée alors que nous atteignons à peine une trentaine observées.

Wimp, axions, neutrinos ? Détecteurs enterrés, accélérateurs de particules, observatoires spatiaux ? « Je ne sais pas d’où viendra la lumière, mais le bout du tunnel est proche », nous dit Emilian Dudas de l’Ecole polytechnique dans une interview très récent, son collègue Pierre Salati (Université de Savoie) assure que : « Si rien ne vient, il nous restera à réexaminer les lois de la physique. »

Au début des années 1980, c’était une démarche ‘raisonnable’ que de vouloir insérer l’hypothèse de la matière noire dans le cadre des connaissances canoniques qui prévalaient à cette époque à propos de notre connaissance rassemblée pour concevoir ce que l’on appelle l’univers, accompagné de sa genèse. Etant donné qu’avec cette hypothèse nous n’avons pas progressé d’un iota, il est temps de se s’interroger sur le fait que : soit l’hypothèse n’est pas judicieuse, soit le cadre des connaissances canoniques est incorrecte, soit encore d’une façon plus dramatique nous devons simultanément reconsidérer ces deux socles de connaissances et d’hypothèses. Les succès croissants de la théorie MOND nous y obligent d’une façon objective sans devoir considérer que cette théorie est la ‘bonne’, loin s’en faut.

Et si cette hypothèse de matière noire nous signalait que notre conception de l’univers était erronée, en tous les cas provisoire ? Dans le sens où ce que nous désignons actuellement comme l’Univers n’est rien d’autre que l’univers de nos connaissances actuelles et qu’il faut franchir maintenant un cap de connaissances nouvelles pour résoudre les problèmes posées depuis les années 80. Par exemple, ne plus penser en terme d’un univers borné, déterminé, par la vitesse de la lumière, ne plus considérer que le Big-Bang est un paradigme valable. Mais penser à un univers qui engloberait un champ plus riche de connaissances, qui n’obligerait pas à réexaminer les lois de la physique présentement acceptées comme l’imagine Pierre Salati mais à accepter leur validité locale, provisoire, pas vraiment universelle. (Notre univers n’aurait que la valeur d’un univers local). Bref il faudrait aller au-delà. Dans cet au-delà de connaissances (que nous devons nous approprier) le problème lié à l’hypothèse de l’énergie sombre devrait certainement avoir aussi une explication.  



[1] Qui plus est, ne jamais prendre en considération, dans ce cas, que la quantité de matière noire diminue dans notre univers et qu’ainsi un effet gravitationnel général va en diminuant, laisse perplexe.

[2] In ‘Einstein, aujourd’hui’, p.361, Edit. CNRS Editions, 2005.

[3] Voir livre de F. Combes : ‘Mystères de la formation des galaxies – vers une nouvelle physique ?’, édit. UniverSciences, 2008. P. 150-158. Voir aussi cours de F. Combes, Collège de France : janvier-février 2015.

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