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2 février 2015 1 02 /02 /février /2015 17:01

Période aride. Comment en sortir ?

Il convient de qualifier ainsi cette période pour ce qui est des résultats négatifs concernant l’astrophysique et la cosmologie. Le plus récent de ces résultats est du 31/01/2015, et c’est un article de l’ESA très attendu : “Planck: gravitational waves remain elusive. « Despite earlier reports of a possible detection, a joint analysis of data from ESA's Planck satellite and the ground-based BICEP2 and Keck Array experiments has found no conclusive evidence of primordial gravitational waves. » Traduisons simplement : “Planck : Les ondes gravitationnelles restent indétectables”. “En dépit de récents rapports d’une possible détection, une analyse commune de données du satellite Planck de l’ESA et des observations au sol (Pôle Sud) via : BICEP2 et Keck Array, aucune conclusion quant à l’évidence d’ondes gravitationnelles primordiales ne peut être prononcée. »

On peut dire que c’est de la faute de l’équipe de BICEP2 si nous sommes tenus d’enregistrer cette annonce négative. En effet très rapidement, une semaine ou deux après la publication en mars 2013 de la publication de détection des ondes gravitationnelles primordiales par l’équipe de BICEP2, des doutes fondés ont été exprimés quant à la validité scientifique de ce résultat[1]. Le manque de rigueur de l’équipe ainsi qu’une volonté de précipiter l’annonce d’un résultat étaient malheureusement perceptibles. S’il n’y avait pas eu cette publication parasite, Planck aurait pu publier, il y a plusieurs mois sur une dynamique prospective comme l’a indiqué A. Riazuelo de l’IAP : « Il n’existe pas de région du ciel qui, vue de la Terre, permettrait de s’affranchir de l’émission de poussière. Cela ne signifie pas que le signal de l’inflation est absent, seulement qu’il sera beaucoup moins facile à voir qu’on ne l’imaginait. »

Un autre domaine où l’aridité de la période se confirme c’est celui de la recherche de la matière noire. En effet le terme ‘aride’ convient car aucune trace de cette matière n’a pu être détectée jusqu’à présent. Pis encore, les quelques indices qui pouvaient entretenir une petite flamme d’espoir ont été balayés par des conclusions des observations de Planck. Depuis une trentaine d’années, avec une vingtaine de détecteurs sur la planète Terre, et cinq détecteurs spatiaux plus ou moins dédiés, il n’est pas possible de confirmer d’une façon probante la moindre détection de cette fameuse matière noire. (voir article précédent)

Pourtant dans le cadre du scénario du Big-Bang et avec la genèse de Notre univers qui en découle, la matière noire est strictement nécessaire. Dans le cours du Collège de France de F. Combes : janvier-février 2015, elle nous confirme dans la 4e séance : « La matière noire sauve la formation des galaxies. »

Est-ce qu’il est trop tôt pour considérer qu’il est temps de revoir la copie du modèle standard de la cosmologie ? Non ! Il est temps, d’autant que la théorie MOND qui est émancipée d’une quelconque nécessité de matière noire dans ses équations et donc compose uniquement avec la matière visible, cette théorie, que l’on peut qualifier d’effective, décrit et prédit de plus en plus de résultats qui sont en accord avec des observations. Ceci constitue pour la communauté des physiciens, qui réfléchissent sur le sujet, un signal très fort pour repenser les hypothèses qui prévalent au développement des recherches spécifiques. En effet, il faut considérer qu’hypothèses de la matière noire et théorie MOND sont antinomiques, et donc ensemble elles doivent être remises en cause.

Matière noire veut dire matière qui n’émet pas de lumière détectable : que nous ne sommes pas capables de détecter par nos moyens habituels. Il est étrange que tous les moyens que nous utilisons pour tenter de la voir impliquent que cette matière noire obéisse directement ou indirectement à E = mc2.

Nous devons nous émanciper de la contrainte, je dirais de la détermination d’une vitesse limite réelle de la lumière. Nous devons la considérer comme une vitesse horizon, définitivement non quantifiable dans notre système d’évaluation car dans notre monde, avec notre constitution, il est vain de lui attribuer une valeur de déplacement. J.M. Lachièze-Rey nous propose un raisonnement qui met le doigt sur une difficulté logique si on persiste à considérer que l’on peut connaître, étant donné ce que nous sommes, une valeur réelle de la vitesse de la lumière. In ‘Pour la Science’, novembre 2010, p.45, « Il existe une durée en un sens « plus valable » que les autres. Les équations de la relativité indiquent que dans notre exemple, plus le trajet d’un observateur est proche de celui du photon émis par l’étoile, plus la durée qu’il va mesurer est petite. D’une façon générale, l’observateur qui est lié à un processus et l’accompagne du début à la fin mesurera la durée la plus petite possible. Nommée « durée propre », on peut considérer que c’est la vraie durée du processus. Dans notre exemple, la durée propre du phénomène est celle que mesurerait le photon. Or la relativité indique que la durée propre d’un photon est…nulle. Cela n’est qu’une manifestation du fait qu’il voyage à la vitesse limite, celle de la lumière ; de façon générale c’est vrai pour toute particule de masse nulle. Ainsi la durée propre du trajet du photon, de son émission dans une galaxie lointaine à sa réception, est nulle. On aurait pourtant envie de dire que le trajet dure des milliards d’années. »

Notre condition d’être humain constitue un obstacle rédhibitoire pour mesurer, connaître, une vitesse effective de la lumière. Selon moi, la lumière qui est une donnée de la Nature que nous percevons, n’est pas vraiment caractérisable par une vitesse, sinon c’est une opération réductrice. En tant que vitesse horizon, nous pouvons l’appréhender, sans la connaître in-fine, puisque notre existence ne peut être qu’en deçà. Nous devons postuler qu’il y a, au-delà de notre conception actuelle de la lumière qui nous détermine, du Monde-univers, des Mondes-univers, que nous devrions pouvoir investir en prenant en compte les raisons qui nous amènent à cette période aride. 

Je conçois aisément que certains lecteurs de l’article pensent que face aux sérieux obstacles présents, je me réfugie dans une prospective métaphysique. Dans une certaine mesure cela est juste, mais selon mon point de vue cela n’est pas une régression de la réflexion car si on analyse l’histoire du développement de la pensée scientifique, on peut se rendre compte qu’une pensée prospective métaphysique peut constituer une sorte d’état chrysalide préalable à une pensée scientifique qui prend par la suite son envol dans le monde de la pensée scientifique.

N.B. L’occasion est très favorable pour préciser la spécificité de ma conviction, lorsque j’affirme que nous faisons de la physique ‘en ‘Présence’’, qui est celle du ‘sujet pensant’ et qui est inexpugnable. En effet, j’adhère sans réserve au raisonnement exposé de J.M. Lachièze-Rey (et je le remercie de m’offrir ce raisonnement) et là où il arrête son raisonnement : « On aurait pourtant envie de dire… », je prends le relais. En effet dans ma conception de l’émergence de la connaissance en physique, en tenant compte de notre existence inexpugnable en deçà du fond céleste de la lumière, et considérant ce que nous sommes, notre sagacité devrait pouvoir concevoir l’au-delà du fond apparent de la lumière. Il serait intéressant de savoir pourquoi Lachièze-Rey qui place l’observateur dans le processus : « D’une façon générale, l’observateur qui est lié à un processus et l’accompagne du début à la fin mesurera la durée la plus petite possible. », l’élimine totalement ensuite dans sa réflexion quand il prononce : « Cela n’est qu’une manifestation du fait qu’il voyage à la vitesse limite, celle de la lumière. »



[1] Voir mon article du 23/04/2014 : ‘Doute sur la publication du 17/03/2014.’

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