Notre cerveau détecterait de façon inconsciente le champ magnétique terrestre.
Avec le titre de cet article très récent, survient deux interrogations. Est-ce que le résultat de la recherche dont l’article rend compte met en évidence un argument supplémentaire et convaincant que chez l’être humain, il y a de l’être de la nature ? Est-ce qu’il est ainsi identifié une détermination chez l’être humain qui obligatoirement oriente sa capacité d’inférer et qui interdit de considérer qu’il dispose d’une liberté intellectuelle complète pour traiter de certains sujets notamment physiques.
La réception de façon inconsciente du champ magnétique terrestre par notre cerveau ne peut pas être intégrée dans une cogitation consciente, en conséquence elle conditionnerait le travail réflexif du sujet pensant sans qu’il soit possible d’en connaître les effets et les conséquences, ce qui fragiliserait la croyance que l’être humain peut atteindre un niveau de réflexion qui soit garanti du bénéfice d’un réel et pur libre arbitre.
Le compte rendu de cet article (voir en fin de mon propre article) que l’on peut lire sur le site de ‘Futura-Science’ du 23/03/2019 précise d’emblée : « Beaucoup d'animaux, comme les oiseaux migrateurs, perçoivent le champ magnétique terrestre. Des chercheurs californiens ont réalisé des expériences mettant en évidence la magnétoréception chez l'Homme : notre cerveau détecterait de façon inconsciente le champ magnétique terrestre. » Il est ainsi affirmé que l’être humain comme beaucoup d’animaux est relié à des causes naturelles à son corps défendant. La liberté absolue de l’être humain à l’égard de causes naturelles ne peut pas être présentement affirmée. C’est pour cette raison que je considère qu’il est impératif de prendre en compte cette dimension de l’influence déterminante de la nature sur l’être humain dans tout processus qui a pour finalité d’accéder à une connaissance objective du monde physique extérieure. Bref cette connaissance objective pure ne peut être atteinte car la nature agit sur notre être à notre insu. Il y a donc une composante ‘être de la nature’ qui habite, agit en nous. L’autre composante qui habite en nous, je la désigne : ‘être dans la nature’, elle est une composante qui, depuis l’hominisation, réduit notre dépendance à l’égard de la nature. C’est une émancipation qui est étroitement corrélée à la compréhension, à la découverte, de ce qui est de l’ordre de propriétés de la nature c’est-à-dire ce qui est en dehors du soi humain devenant ainsi de plus en plus autonome.
Ainsi, avec cet article, je rencontre un exemple concret qui illustre mon hypothèse : grâce au développement de l’activité de ‘l’être dans la nature’ nous découvrons que l’être humain possède un sens géomagnétique. C’est une première étape ! La deuxième sera franchie lorsqu’il sera possible d’intégrer la réceptivité géomagnétique de notre cerveau au niveau de notre conscience et conséquemment atteindra le statut d’un nouveau savoir acquis. Ce nouveau savoir réduira l’influence de ‘l’être de la nature’, ce qui contribuera au développement de la liberté existentielle de l’être humain au sein de la nature et partant accroîtra le rayonnement de ‘l’être dans la nature’ qui conduira à lever le voile sur d’autres déterminations naturelles encore inconscientes. C’est bien le processus de la conquête des connaissances qui est en jeu, processus qui constitue, à mes yeux, le moteur essentiel de notre évolution depuis les premiers temps de l’hominisation.
Selon moi, c’est une dynamique sans fin qui est à l’œuvre, elle est la ressource essentielle qui a fait que l’homme ancestral a pu émerger au sein de la lignée des primates. Sans fin, cela implique que la composante ‘être de la nature’ qui nous habite ne peut être réduite à rien car ce serait la fin de l’homme, c’est donc une composante vitale qui nous habite aussi. Cela indique aussi à quel point la connaissance des lois physiques fondamentales de la nature est si essentielle. La physique serait la mère de toutes les sciences comme René Descartes en son temps l’affirmait.
Les chercheurs (de l’institut de technologie Caltech (Californie)) qui ont réalisé l’expérience sur 34 participants, ont conçu une cage de Faraday dans laquelle il pouvait appliquer un champ magnétique d’une intensité 100 fois plus faible que celle d’un aimant collé sur la porte d’un réfrigérateur (sic). Soit 35 micro Tesla, sachant que le champ magnétique terrestre, en France, est de l’ordre de 45 micro Tesla. Ici nous pouvons constater que la progression vers des connaissances fondamentales nouvelles est étroitement corrélée à la maitrise progressive de technologies de plus en plus sophistiquées, nourrie par des connaissances préalables, permettant de construire des instruments d’une sensibilité remarquable. C’est donc vers cet extrêmement sensible qu’il y a à connaitre la relation intime effective entre la nature et l’être humain. (D’une façon générale j’ai déjà proposé de nombreux articles sur ce sujet, peut-être trop ? Je renvois à deux : celui du 18/03/2015 : ‘Décrypter la physique comme science de l’interface de l’être humain et de la Nature !’ ainsi que celui du 02/11/2012 : ‘Synthèse : un Monde en ‘Présence’’ etc…)
Notre dépendance observée à l’égard du champ magnétique terrestre, jusqu’à présent ignorée parce qu’inconsciente, ne pourra pas être naturellement annulée, mais sera appelée à devenir une connaissance dont on comprendra son action objective, dont on comprendra et évaluera le biais qu’elle introduit dans notre cheminement consistant à développer une pensée qui soit la plus objective possible, émancipée de l’inconnu de l’effet du champ magnétique terrestre sur notre cerveau.
Au début de l’année un article publié par 3 physiciens américains intitulé ‘La Tache Aveugle’ semblait indiquer qu’ils rejoignaient une position semblable à celle que je développe depuis si longtemps[1] (voir, articles de janvier et particulièrement celui du 22/01). J’ai souhaité, en leur proposant un échange sur ce sujet, mesurer jusqu’où il y avait convergence de nos points de vue mais cela est resté sans suite. Malheureusement, je n’en suis pas étonné car cela s’est déjà produit avec quelques autres physiciens qui dans la chute de leur article écrivent quelque chose de semblable, et hors des clous de la croyance majoritaire de la communauté scientifique, mais au bout du compte cela n’est qu’un effet de chute.
C’est un sujet encore trop iconoclaste pour qu’il soit abordé dans le cadre d’une interrogation collective par le milieu scientifique, on peut comprendre cette situation de la part des physiciens sans pour autant l’accepter car une des motivations qui guide cette communauté savante c’est la croyance que le savoir des physiciens est détaché de la moindre empreinte du monde subjectif. Pour eux, ce serait déjà un savoir ordonné, dans un univers ordonné et établi, il n’y aurait qu’à le mettre en évidence, à le débusquer : cela s’appelle ‘Réalisme’. Ceci est très ‘Platonicien’, beaucoup de mathématiciens et physiciens théoriques explicitent majoritairement ce point de vue.
Bref, la conséquence c’est un constat qui est de plus en plus partagé : ‘La physique est en crise’, depuis plusieurs décennies, voir article du 04/02. Il est toujours recherché au sein des mathématiques une issue à cette crise. Il est oublié que ce sont des nouveaux paradigmes qui sont à l’origine de bifurcations qui permettent de sortir des impasses. Ces nouveaux paradigmes[2] résultent toujours de sursauts de l’intelligence humaine qui propose une nouvelle façon, un nouveau référentiel, pour prospecter des propriétés encore inconnues de la nature. Dans ce cadre les mathématiques fournissent des outils efficaces pour accompagner ces sursauts fertiles.
Marie-Céline Ray, article de Futura Science :
Publié le 23/03/2019
Beaucoup d'animaux, comme les oiseaux migrateurs, perçoivent le champ magnétique terrestre. Des chercheurs californiens ont réalisé des expériences mettant en évidence la magnétoréception chez l'Homme : notre cerveau détecterait de façon inconsciente le champ magnétique terrestre.
Nos livres de sciences naturelles nous ont appris très tôt que le corps humain était doté de cinq sens : la vue, l'audition, le toucher, le goût et l'odorat. Depuis fort longtemps, la question de l'existence d'un sixième sens humain, permettant de percevoir le champ magnétique, fait débat.
Jusqu'ici, les expériences réalisées n'avaient pas convaincu la communauté scientifique. Sur le site The Conversation, les auteurs de cette nouvelle recherche expliquent que ces échecs étaient dus « au fait que pratiquement toutes les études antérieures reposaient sur des décisions comportementales des participants. Si les êtres humains possèdent un sens magnétique, l'expérience quotidienne suggère qu'il serait très faible ou profondément subconscient. » C'est pourquoi les chercheurs de l'institut de technologie Caltech (Californie) ont voulu capter des réactions inconscientes du cerveau.
Le saviez-vous ?
Le champ magnétique terrestre, dont l’intensité et la direction varient à la surface du globe, est lié aux mouvements des fluides du noyau terrestre. Ce champ magnétique est assez faible à la surface de la Terre : son intensité est 100 fois plus faible que celle d’un aimant collé sur la porte du réfrigérateur !
Bien que de faible intensité, ce champ magnétique est perçu par différents animaux qui s'en servent pour se repérer. De nombreux vertébrés répondent à des stimuli magnétiques : poissons, amphibiens, reptiles, oiseaux et, chez les mammifères, des baleines, rongeurs, chauves-souris, vaches, chiens... Dans le monde microbien aussi, des bactéries possèdent des cristaux de magnétite qui sont des sortes de boussoles permettant d'orienter la nage de la cellule en fonction des lignes du champ magnétique. La magnétite est présente chez de nombreux animaux, y compris dans le cerveau humain. D'où la question que tout le monde se pose : l'Homme a-t-il un sens magnétique ?
Pour répondre à cette interrogation fondamentale, les chercheurs ont créé une cage de Faraday dans laquelle ils pouvaient appliquer un champ magnétique grâce à de grandes bobines. Le champ magnétique créé, d'une intensité de 35 µT (microTesla), pouvait être dirigé dans différentes directions. Par comparaison, en France, le champ magnétique terrestre est de l'ordre de 45 µT.
L’être humain possède un sens géomagnétique
Pour connaître l'activité électrique du cerveau des 34 participants, les chercheurs ont effectué des électroencéphalogrammes. Lors de l'expérience, chaque participant devait rester assis sur une chaise dans cette chambre isolée des radiofréquences extérieures, pendant 7 minutes, en fermant les yeux, tandis que les chercheurs modifiaient le champ magnétique. Le champ pouvait tourner dans le sens horaire ou anti-horaire, comme si vous bougiez la tête à gauche ou à droite, et il était orienté vers le bas, avec une inclinaison de 60° par rapport à l'horizontale, comme le champ magnétique terrestre aux latitudes de Pasadena, en Californie.
Les participants n'ont rien senti de particulier quand le champ magnétique a été manipulé, mais leur cerveau semblait réagir. Les chercheurs ont observé chez certaines personnes que, lorsque le champ magnétique, dirigé vers le bas, tournait en sens inverse des aiguilles d'une montre, l'amplitude des ondes alpha diminuait beaucoup. Les ondes alpha, d'une fréquence de 10 Hz, dominent un électro-encéphalogramme lorsque nous sommes éveillés, mais les yeux fermés, c'est-à-dire dans un état détendu. Lorsqu'un stimulus apparaît subitement, le rythme des ondes alpha est désynchronisé, et elles baissent en amplitude. Ce phénomène, appelé « désynchronisation liée à un événement alpha », ou alpha-ERD en anglais, peut avoir lieu par exemple quand le cerveau perçoit un flash lumineux. L'alpha-ERD signifie que le cerveau a capté le stimulus et traite l'information.
Nous avons un système sensoriel qui traite le champ géomagnétique tout autour de nous
Ces expériences suggèrent donc que le cerveau humain détecte le champ magnétique terrestre. D'après le communiqué de l’institut Caltech, « nous avons un système sensoriel qui traite le champ géomagnétique tout autour de nous. » Une nouvelle question se pose alors : à quoi servirait ce sens géomagnétique chez l'Homme ? Peut-être nos ancêtres chasseurs-cueilleurs l'utilisaient-ils pour s'orienter et survivre.
Dans l'expérience, il y avait des différences entre les participants : certains ne réagissaient presque pas, alors que d'autres avaient une chute de moitié des ondes alpha après le changement magnétique. Les êtres humains auraient donc une sensibilité géomagnétique variable d'une personne à une autre.
Ce qu'il faut retenir
- L’existence d’un sens magnétique chez l’Homme est controversée.
- De nombreux animaux sont sensibles au champ magnétique terrestre.
- Des chercheurs californiens ont étudié les ondes cérébrales de personnes placées dans une chambre dans laquelle ils faisaient varier un champ magnétique.
- Le cerveau répondait à des changements du champ magnétique.
[1] « Il faut aussi embrasser l'espoir que nous pouvons créer une nouvelle culture scientifique, dans laquelle nous nous considérons nous-mêmes à la fois comme une expression de la nature et comme une source de l'auto-compréhension de la nature. Nous n'avons besoin de rien de moins qu'une science nourrie par cette sensibilité pour que l'humanité s'épanouisse dans le nouveau millénaire(sic). »
[2] Nouveaux paradigmes ou nouveaux principes posés a priori : pensons au principe d’équivalence posé par A. Einstein ainsi que le principe de l’invariance des lois physiques fondamentales par rapport aux conditions de leurs observations ; pensons au postulat posé par N. Bohr quant à la reconnaissance qu’à l’échelle quantique, les grandeurs physiques fondamentales ont des valeurs discrètes : ce qui fonde l’Ecole de Copenhague.