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13 février 2016 6 13 /02 /février /2016 11:34

Big Bang et au-delà…

C’est le titre du livre d’Aurélien Barrau qui vient de sortir : Big Bang et au-delà, les nouveaux horizons de l’univers : réédition 2016. Edition Dunod. Je me permets de vivement recommander sa lecture.

Aurélien Barrau est un physicien qui propose une pensée scientifique qui doit être connue et comprise car elle sort d’un cadre contraint habituel du milieu des physiciens qui n’a plus lieu d’être lorsqu’on intègre à bon escient toutes les avancées intellectuelles, culturelles, factuelles bien sûr, qui sont maintenant à notre disposition. A mon avis, A. Barrau est un représentant remarquablement intéressant de cette façon appropriée d’associer des domaines de connaissances et de réflexions multiples pour finalement placer, à la fois, sur un socle consistant des savoirs scientifiques qui ont une portée immédiate et, de plus, sont aussi vecteurs de potentialités qui entretiennent une belle tension intellectuelle. Le fait que cette dynamique soit le fait de quelqu’un qui provient, et qui y est toujours encore, du versant de la physique est (r)assurant. C’est ainsi que je l’éprouve.

Faire émerger de la loi de la Relativité Générale l’idée de multivers au sein duquel se trouve notre univers, (dé)montrer que cette hypothèse iconoclaste est vraisemblable et de plus, avec des arguments bien placés, faire que cette hypothèse soit accessible et donc propice au partage, tout ceci constitue un remarquable exercice. Comme l’auteur le formule : « Ce déplacement fondamental dans la manière de penser la physique » a un côté salutaire car il nous délivre du risque sérieux de l’enfermement téléologique de la pensée à cause du principe anthropique et partant, il met en évidence des potentialités de savoirs nouveaux, différents, que nous devons tenter d’élucider.

Malgré tout je souhaite pointer l’existence dans ce livre d’une contradiction certaine. Je ne la soumets pas seulement à l’auteur puisque quelque part au cours de nos cheminements intellectuelles nous devons y être confrontée, d’une façon ou d’une autre. Ici, je l’ai lue à son paroxysme. Dans les pages 139 – 142, A. Barrau nous fait connaître sa pensée à propos du monde vivant autre que celui du monde de l’homme. Avec une conviction qui ne peut être réduite à une conviction abstraite, de circonstance, il nous fait part de l’intelligence que nous devrions avoir avec le monde animal qui ne devrait pas être considéré comme un monde étranger, extérieur. En ce sens en tant qu’homme de science qui ne se cantonne pas à une vision purement académique, il nous rappelle que la pensée scientifique n’est pas désincarnée, hic et nunc. Pourtant, page 122-123, à propos de la gravité quantique à boucles : « En gravité quantique boucles, l’espace-temps n’est plus une trame continue. Il faut imaginer un réseau d’une immense complexité… Il (le modèle de mousse de spins) ne décrit pas le mouvement ou la composition d’objets se trouvant dans l’espace et le temps mais de l’espace et du temps eux-mêmes. L’Univers y apparaît alors comme une collection de champs quantiques en interaction. Il n’y aurait plus aucune « méta structure » sur laquelle ces champs se déploieraient. » Avec ces propos rapportés, on comprend bien que c’est le mathématicien, le physicien théorique, qui dans son élan est emporté par une conception de l’Univers dictée par l’abstraction mathématique. Est-ce que le logos mathématique est un logos en lui-même qui doit être supporté passivement par le sujet pensant jusqu’à ces conséquences extrêmes ? Alors dans ce cas le sujet pensant ne serait qu’un intermédiaire dont, de fait, sa pensée propre serait creuse. Qu’est ce qui fait penser qu’un Univers sans ‘Présence’ a un sens et en conséquence par et pour lui-même serait toujours.

Si on n’y prend pas garde, des dérives sont possibles, en tous les cas pour moi, il n’y a pas de doute j’en ai rencontrées et R. Penrose en est l’auteur lorsqu’il nous dit que les mathématiques sont de l’ordre du divin. Malgré le théorème de l’incomplétude de Gödel, il conçoit une échappatoire et, selon lui, les mathématiques se situent éternellement au niveau du divin. Cela a pour conséquence de nous mener directement à une conception physicaliste redoutable : l’activité du mental peut être abordée de manière scientifique et les idées de la mécanique quantique sont pertinentes pour le problème des relations du corps et de l’esprit.

Ceci étant dit, je reviens sur mon accord avec l’auteur exprimé à propos de ce déplacement fondamental dans la manière de penser la physique et ses conséquences car je pense que le, là, d’où s’est initié la faculté de penser d’Homo Sapiens n’est pas un là prison, mais un là tremplin (voir article du 03/02/2016) et en conséquence proposer de repousser les frontières de notre Univers, de repousser les frontières de ce qui aurait pu annoncer un essoufflement de la pensée tout court, et scientifique en l’occurrence, est vivifiant et à prendre.

Oui ! Dans d’autres univers du multivers les lois physiques qui prévalent sont autres mais devraient être saisissables. Pour ce qu’il en est de ceux qui seraient dépourvus de temps et d’espace donc univers pour lesquels l’idée de vitesse n’aurait aucun sens, pourquoi ne pas directement les associer à notre univers. En effet selon mon hypothèse, les propriétés des objets intriqués pourraient s’expliquer grâce à cette étrangeté car, dans ce cas, ni espace ni temps ne pourraient être projetés pour rendre compte des propriétés constatées des objets intriqués dès la production de l’intrication de ceux-ci. Ces univers en question ne seraient plus exogènes et notre univers (notre pensée) serait augmenté.

La matière noire et l’énergie sombre, telles que nous tentons de les concevoir, façonnent, à mon sens, non seulement une sorte de tunnel dont les parois sont autant d’obstacles à penser ce qu’il y a au-delà, mais aussi focalisent la partie visible à une source de lumière conceptuelle que l’on appelle le Big Bang. Cette façon de voir, moult fois réévaluée sous des angles différents, ne peut mener à une élucidation. C’est en comprenant que pas d’espace, pas de temps, pas de vitesse C et qu’ainsi E = mC2 ne contraint pas et ne vaut pas pour la matière noire ni pour l’énergie sombre que les parois du tunnel deviendront transparentes, pour ne pas dire non existantes.

Si ce chemin était fructueux, c’est-à-dire que la matière noire ne serait donc pas granulaire, ne s’annihilerait pas avec son antiparticule en photon, bref serait tout autre que ce que notre déterminisme conceptuel ne sait qu’envisager actuellement, là encore bien des univers du multivers composeraient le nôtre qui deviendrait tout autre. C’est un bond qui serait franchi par Homo Sapiens mais de nouvelles énigmes s’installeront dans le paysage. Plus du Big Bang actuel, Il devra certainement s’inventer une nouvelle origine car poser sa pensée sur une origine qui l’implique est probablement une nécessité pour que cette pensée puisse, après coup, se déployer.

Je ne prétends pas que ces propositions iconoclastes soient inscrites dans le livre d’Aurélien mais selon moi elles n’y rencontrent pas d’obstacle.

J’éprouve le besoin de revenir sur l’article précédent du 03/02/2016 dans lequel j’ai développé l’idée qu’Homo Sapiens est ce qu’il est parce qu’il est un être extraordinairement déterminé par les lois de la nature. Depuis le 02/02 dans plusieurs sites anglo-saxon a été publié un article qui rend compte que la forme du cerveau humain s’explique par des lois physiques très simples. En effet, une équipe franco-finno-américaine vient de prouver l’énorme rôle joué par les lois de la mécanique, précisément celles des interfaces, dans la forme si particulière du cerveau humain. Pour comprendre qu’une loi physique aussi basique que celle pilotant les tensions aux interfaces des matériaux puisse agir si directement durant le développement d’un organe à ce point complexe qu’est le cerveau humain, je vous conseille de vous référer entre autres à l’article du site de science et vie.com du 06/02 : « La forme du cerveau humain s’explique par des lois physiques très simples »

Il se trouve que je bénéficie d’une belle coïncidence avec la publication de cet article complémentaire.

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