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22 janvier 2019 2 22 /01 /janvier /2019 11:40

 La Tache Aveugle commentée

Comme annoncé dans l’article précédent du 14/01 : ‘The Blind Spot’ ; ‘La tache Aveugle’, ci-dessous je développe des commentaires en rapport avec les idées que j’ai déjà exprimées depuis plusieurs années sur le blog et qui sont en phase d’une façon très intéressante avec celles proposées par les trois auteurs cités : A. Frank ; M. Gleiser ; E. Thompson.

C’est dans l’ultime paragraphe que je rencontre l’expression qui suscite un très grand intérêt. Je la rappelle en anglais, puis la façon dont je l’ai traduite pour qu’il soit constaté que je ne force pas le trait (enfin, je l’espère). Ainsi je cite : « It’s also to embrace the hope that we can create a new scientific culture, in which we see ourselves both as an expression of nature and as a source of nature’s self-understanding. We need nothing less than a science nourished by this sensibility for humanity to flourish in the new millennium.” ; “Il faut aussi embrasser l'espoir que nous pouvons créer une nouvelle culture scientifique, dans laquelle nous nous considérons nous-mêmes à la fois comme une expression de la nature et comme une source de l'auto-compréhension de la nature. Nous n'avons besoin de rien de moins qu'une science nourrie par cette sensibilité pour que l'humanité s'épanouisse dans le nouveau millénaire(sic). »

J’interprète qu’ici les auteurs prennent en compte mon hypothèse que l’être humain est à la fois un être de la nature et un être dans la nature[1]. C’est évidemment la première fois que je rencontre le partage de cette hypothèse et évidemment j’en suis réconforté car cela est d’une certaine façon une hypothèse difficile à assumer vis-à-vis d’interlocuteurs physiciens.

Les auteurs ont placé cette idée à la fin de leur article, je suppose que pour eux c’est un début de réflexion souhaitable et nécessaire sur ce sujet. Pour mon compte cette hypothèse est posée a priori en tant que condition nécessaire pour penser correctement notre rapport avec la nature et développer notre compréhension des phénomènes et des lois physiques.  

Dans la partie finale de l’article original, il y a de plus l’idée suivante énoncée : « When we try to understand reality by focusing only on physical things outside of us, we lose sight of the experiences they point back to. The deepest puzzles can’t be solved in purely physical terms, because they all involve the unavoidable presence of experience in the equation. There’s no way to render ‘reality’ apart from experience, because the two are always intertwined. » ; « Lorsque nous essayons de comprendre la réalité en nous concentrant uniquement sur des choses physiques qui sont en dehors de nous, nous perdons de vue d’où viennent les expériences. Les difficultés les plus profondes ne peuvent pas être résolues en termes purement physiques, parce qu'elles incluent toutes la présence inévitable de l'expérience dans l'équation. Il n'y a aucun moyen de rendre compte de la « réalité » en dehors de l'expérience, parce que les deux sont toujours entrelacées. »

J’apprécie que le terme ‘présence’ soit ici, comme à de nombreuses autres occasions dans l’article, mis en évidence pour signaler, quelque chose, une situation, incontournable afin que les physiciens aient une pensée plus juste dans leur activité professionnelle. Ce n’est pas pour rien que depuis 12 ans j’assure un cours qui s’intitule : ‘Faire de la physique avec ou sans ‘Présence’’. Mais effectivement l’idée de ‘présence’, je la conçois avec un ‘p’ : majuscule parce que c’est la ‘Présence’ du sujet pensant qui cogite et investit la nature, pas d’une façon occasionnelle mais qui pressent en permanence un rôle de celle-ci dans son existence. Cette ‘Présence’ est évidemment selon moi, authentiquement universelle, absolument établie, plus déterminante et significative que la conscience, que je considère comme une petite présence, plus éphémère, qui a plus à voir avec le travail intellectuel quotidien du physicien, comme l’entendent les ‘Qbist’, ceci étant une des raisons pour laquelle je n’adhère pas à leur interprétation de la mécanique quantique. La ‘Présence’ que je préconise coïncide avec l’érection d’une intelligence primordiale dans la Nature qui s’engage dans une perception distanciée de son environnement et qui concomitamment acquière les prémices des moyens d’un énoncé sur celui-ci, pour se situer avec les autres. D’une certaine façon S. Dehaene émet l’idée que cela se situe, à peu près, à moins de 2 millions d’années (je suis en accord avec cette estimation) avec Homo Erectus, voir article du 05/01/2018 ‘Turing or not Turing’. Mais je pense que Dehaene brûle des étapes en émettant l’idée : « qu’Homo erectus est doté d’un cerveau qui avait peut-être déjà atteint la compétence d’une machine de Turing universelle » Je suis étonné que cela puisse s’engager d’une façon aussi absolue avec cette compétence. Depuis, je n’ai pas eu d’écho que S.D. ce soit à nouveau exprimé sur ce sujet ni qu’il l’aurait développé. Il a au minimum une intuition qui est celle qu’il y a eu l’érection d’une intelligence déterminée par une perception du monde, ici en l’occurrence : la structure de l’Univers ! C’est à suivre.

Je continue de mettre en évidence ce qui constituent mes points d’accord avec le texte original : “Inspired by these perspectives, we propose an alternative vision that seeks to move beyond the Blind Spot. Our experience and what we call ‘reality’ are inextricable. Scientific knowledge is a self-correcting narrative made from the world and our experience of it evolving together. Science and its most challenging problems can be reframed once we appreciate this entanglement.” ; “Inspirés par ces perspectives, nous proposons une vision alternative qui cherche à aller au-delà de la ‘Tache Aveugle’. Notre expérience et ce que nous appelons la « réalité » sont inextricables. La connaissance scientifique est une narration du monde qui s’auto-corrige, et notre narration, ainsi que notre expérience de ce monde évoluent ensemble. La science et ses problèmes les plus difficiles peuvent être reformulés une fois que nous prenons conscience de cette intrication. » Deux articles que j’ai postés, le 18/03/2015 : « Décrypter la physique comme science de l’interface de l’être humain et de la Nature ! » et le 23/08/2016 : « Décrire comment les humains interagissent avec la nature ? Comment ils évoluent grâce à cette interaction ? », décrivent ma version et la dynamique qui font que je suis totalement en phase avec ce que les auteurs écrivent : « Scientific knowledge is a self-correcting narrative made from the world and our experience of it evolving together. » Ici je m’autorise à affirmer que je rencontre aussi une justification de ma métaphysique : « Au sein d’une éternité, parmi tous les possibles, Anthropos ne cesse de creuser sa connaissance de l’univers… » (voir article du 01/10/2014 : ‘Au sein d’une éternité parmi tous les possibles…’)

Je cite sans commentaire, parce que c’est tellement juste, dans le contexte de l’article, que cela devrait être largement partagé : « For these reasons, scientific ‘objectivity’ can’t stand outside experience; in this context, ‘objective’ simply means something that’s true to the observations agreed upon by a community of investigators using certain tools. Science is essentially a highly refined form of human experience, based on our capacities to observe, act and communicate. » ; « Pour ces raisons, l’objectivité scientifique ne peut pas être confondue avec l’idée d’une compréhension extérieure ; dans ce contexte, « objectif » signifie simplement quelque chose qui est fidèle aux observations convenues par une communauté d’enquêteurs utilisant certains outils. La science est essentiellement une forme d’expérience humaine hautement raffinée, basée sur nos capacités à observer, agir et communiquer. »

La citation qui suit, je la commente parce qu’elle est au carrefour d’un projet d’expérience que je propose : « – all of these exist in the scientist’s mind, not in nature. They are abstract mental representations, not mind-independent entities. Their power comes from the fact that they’re useful for helping to make testable predictions. But these, too, never take us outside experience, for they require specific kinds of perceptions performed by highly trained observers. » ; « - tous ceux-ci existent dans l'esprit du scientifique, et non dans la nature. Ce sont des représentations mentales abstraites, pas des entités indépendantes de l'esprit. Leur pouvoir vient du fait qu'elles sont utiles pour aider à faire des prédictions testables. Mais celles-ci, aussi, ne nous placent jamais à l’extérieur de l'expérience, car elles exigent des types spécifiques de perceptions effectuées par des observateurs hautement qualifiés. » Justement, l’expérience que je propose, dans sa dernière version, dans l’article du 05/08/2017 : « Appel d’offres », comprend la condition qu’il n’y ait pas que des observateurs hautement qualifiés. De fait, je propose qu’il y ait trois catégories d’observateurs dans l’expérience dont évidemment des hautement qualifiés mais aussi des non qualifiés.

Cette expérience a pour but de valider ou bien d’invalider mon hypothèse que le temps est un propre de l’homme.

Ce sujet du temps me fait revenir au début de l’article original puisqu’il est ouvert avec la première phrase : « The problem of time is one of the greatest puzzles of modern physics » ; « Le problème du temps est l'un des plus grands problèmes de la physique moderne. » Il y a une quasi-unanimité chez les physiciens pour penser maintenant que le problème du temps posé et toujours sans réponse constitue un des obstacles majeurs à un nouveau déploiement de la physique fondamental et donc la crise est d’actualité : voir article du 16/01/2019 sur le site du NewScientist : ‘We’ll die before we find the answer’: Crisis at the heart of physics’ ‘Ambitious new theories dreamed up to explain reality have led us nowhere.’;  « Nous mourrons  avant  de trouver  la  réponse : Crise au cœur de la physique’ ‘Des nouvelles théories ambitieuses imaginées pour nous expliquer la réalité nous ont conduit nulle part.   Je ne suis pas autant pessimiste que cela, bien que l’on découvre que cette crise dure depuis très longtemps. Je suis convaincu que le couvercle à propos d’une pensée pertinente sur le temps s’est hermétiquement refermé avec le postulat d’Einstein cité dans l’article original : « Il a déclaré à Bergson que le temps physique est le seul temps. » C’est depuis évidemment très difficile d’être en opposition avec Einstein qui a prononcé cet oukase mais comme je l’ai souvent proposé il faut franchir le Rubicon, pour s’émanciper de cette pensée dangereusement réductrice, avant qu’on ne se meure. Depuis, cet oukase constitue un véritable filtre dans le raisonnement des physiciens qui a force d’être imposé et emprunté a conduit à une redoutable impasse.

Les trois auteurs avancent l’idée que : « ‘time’ will always have a human dimension » ; « Le temps aura toujours une dimension humaine ». Cette affirmation a déjà été prononcé, ailleurs, par d’autres physiciens alertés qui ont fini par se rendre compte d’une certaine évidence (voir article : « Bienvenu au ‘Temps Créatif’ de N. Gisin » le 03/06/2016), mais cela n’a jamais été à l’origine de conceptions nouvelles, malgré le dialogue que j’ai eu quelque temps avec Gisin. Ma conviction c’est qu’un vrai nouveau paradigme qui finira par émerger à propos du temps devra être plus radical que de colporter l’idée d’une rectification qui inclurait simplement l’humaine dimension du temps.   

 

           

 

 

[1] J’ai commencé à formuler cette hypothèse dans l’article du 02/11/2012 : ‘Synthèse : un monde en ‘Présence’’, puis par la suite j’ai à de nombreuses occasions, jusqu’à maintenant, conforté progressivement cette hypothèse : voir, ultimement, articles du 24/10/2018 et du 21/10/2018.

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