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21 juin 2016 2 21 /06 /juin /2016 12:19

Evolutions des connaissances ; évolution de l’humanité.

Dans l’article précédent, à propos de N. Gisin, il est intéressant de retenir qu’il y a de sa part une recommandation qui mérite toute notre attention : « Finalement, la physique – et la science en générale – est l’activité humaine qui a comme but de décrire et de comprendre comment la Nature fonctionne. Pour cette raison on a besoin de décrire comment les humains interagissent avec la nature, comment on questionne la nature. » Gisin renvoie à un ouvrage de Schrödinger de 1958 : ‘Esprit et Matière’ Cambridge Univ. Press. Cette référence nous indique que cette question est posée depuis longtemps (surtout depuis l’avènement de la mécanique quantique) mais sans aucun progrès utile, significatif. Je confirme que Gisin nous fait une recommandation sans toutefois s’atteler lui-même au problème. C’est en général le type de recommandation que l’on rencontre en fin d’article, ce qui ressemble à une ponctuation intellectuelle qui a vocation à interpeller le lecteur sans que cela engage l’auteur à entreprendre la tâche. Effectivement c’est un travail ardu et qui va à contre-courant du métier entendu habituellement du physicien considérant que muni de l’équipement mathématique le plus développé, il n’a pas besoin de se mettre en jeux en tant que sujet pensant. Tout au contraire, la croyance amplement partagée est celle d’une science physique, science objective, excluant qu’une moindre composante de subjectivité imprègne le contenu de ses lois.

Dans l’article du 18/03/2015 : ‘Décrypter la physique comme une science de l’interface de l’être humain et de la Nature’, j’ai voulu signifier qu’il était maintenant possible de concevoir que la dynamique de la connaissance en physique se nourrissait d’une confrontation évolutive causée par le besoin et le désir de savoir de l’être humain. C’est donc une distanciation que je propose. L’être humain est la cause, l’acteur, et la Nature est la source. Bien évidemment l’intelligibilité de cette interface ne peut pas nous apparaitre en temps réel. En l’occurrence cette intelligibilité ne peut nous apparaitre qu’à travers une analyse historique profonde qui intègre le processus de l’évolution de l’humanité au sein de la Nature pour survivre face à sa dureté, jusqu’à forger le projet de la dominer.

La paléoanthropologie est une science qui a atteint, maintenant, un tel niveau de développement et partant de maturité que l’on peut se référer à celle-ci, pour identifier des jalons solides contribuant à valider cette hypothèse d’interface. Majoritairement les paléoanthropologues sont d’accord pour constater que les ancêtres de Homo sapiens (hominines) sont ceux qui ont survécu aux changements climatiques, qui ont su s’adapter, ont su contrecarrer, contourner, les duretés de ces changements. Les premiers Homo surgissent quand les Australopithèques disparaissent et cela remonte autour d’il y a 2 millions d’années.

Dans l’article du 21/07/2015 : ‘La seconde naissance de l’homme’, nourri de l’ouvrage du même titre, publié en 2015, j’ai puisé des références qui me permettent d’étayer mon propos, notamment pour ce qui constitue, selon l’auteur, l’assimilation intellectuelle (sic) du temps et de l’espace à travers une évaluation de l’amplitude chronologique et spatiale nécessaire à l’accès aux proies ou aux cueillettes. C’est il y a de l’ordre de 2 millions d’années que ce processus d’assimilation intellectuelle a été identifié. Quel est donc le statut que l’on pourrait attribuer à ce qui ressemble à une conception première d’un marquage par les moyens d’une composante spatiale et d’une composante temporelle pour se situer et se projeter. Le caractère extrêmement utilitaire de ce processus, nous oblige à constater la prégnance de la subjectivité. Subjectivité difficile à spécifier car elle concerne les premiers Homos dont il est difficile d’évaluer comment et avec quelle intensité il se distingue de la nature en tant que sujet pensant embryonnaire. Je cite : « « Les temps paléolithiques, dont la très longue durée (quelques 2 500 000 ans) n’avait connu, en dépit de remarquables exemples d’adaptation aux contextes environnementaux, aucun affranchissement fondamental à l’égard de ceux-ci. L’homme ne pouvait jusque-là que négocier avec la nature et gérer au mieux les ressources que celle-ci lui proposait. Elle était dominante, lui dominé. »

La composante spatiale et la composante temporelle ainsi que la synthèse spatio-temporelle sont toujours pour nous des ingrédients fondamentaux qui contribuent à notre structuration intellectuelle et contribuent à mettre en ordre notre pensée scientifique. Toutefois, l’objectivation de l’espace et du temps est toujours insaisissable. Le sera-t-elle un jour ? Après tout, étant donné ce que nous disent les paléoanthropologues, est-ce une quête impossible voire erronée ? L’espace et le temps, l’espace-temps, sont tellement constitutifs de ce que nous sommes qu’il est vain voire absurde de vouloir les penser et a fortiori de les concevoir hors-de-soi. Privilégier la fondation du temps et de l’espace par le sujet pensant comme je le propose me semble l’hypothèse la mieux appropriée. Ceci n’a jamais été un principe, c’est de moins en moins un postulat et ce serait donc de plus en plus un fait.

Maintenant, je me réfère à un livre nouveau, mai 2016, « Origines de l’humanité : les nouveaux scénarios », édit : la ville brûle. Je ne peux que recommander de le lire, je vais surtout proposer d’attirer votre attention sur les questions qui concernent le rapport avec les objets de la nature, leur appropriation pour les façonner et tenter de décrypter l’évolution intellectuelle que cela suppose afin de s’émanciper de cette Nature.

Le chapitre : « Quels sont les liens entre évolution biologique et culturelle entre -2 et -0,2 millions d’années ? » :

p.105 : « les populations d’Homo erectus ont manifestement été capables de s’adapter à des environnements très différents dans toute l’Eurasie. Que nous apprennent ces traces archéologiques de leur mode de vie ? Elles nous apprennent que leur adaptation s’est probablement faite au départ sans aucune maîtrise du feu : aucune trace de maîtrise – voire même d’utilisation du feu – n’a été trouvée dans les gisements des sites les plus anciens. L’adaptation se fait avec des systèmes de production d’éclats de pierre très simples. Et il va se passer quelques centaines de milliers d’années avant d’arriver à un système plus complexe : la fabrication d’outils et de supports d’outils bifaciaux, qui marque l’entrée dans l’Acheuléen en Europe. (Les premiers bifaces sont vieux de près de 500 000 ans en Europe alors qu’ils sont vieux de près de 1,7 millions d’années en Afrique.) » Sur ce sujet de la taille volontaire de la pierre pour instrumentaliser celle-ci, je renvoie à la lecture de l’article du 10/10/ 2013 : ‘Comment nous sommes devenus avec/dans le langage’, qui cite un article précisant qu’il y aurait une concomitance sérieuse entre le début du développement du langage et la capacité à travailler le silex pour fabriquer des outils. Ceci a été confirmé dans une publication plus récente. Ce serait donc, grâce à l’intercession du besoin de façonner des objets de la nature immédiate que Homo Ergaster ce serait engagé dans la voie extraordinaire de l’être de langage. De là, tenter d’imaginer un parallélisme entre donner forme et volume à du silex et donner sens et volume aux sons qui sortent de la bouche, il y a, à coup sûr, bien des étapes à franchir au cas où cette thèse aurait du sens.

« Le feu serait réellement domestiqué et clairement imbriqué de manière récurrente dans le mode de vie des hommes à partir de -400 000 ans en Europe… Le feu et ses conséquences sur l’alimentation (cuisson potentielle des aliments, de la viande mais aussi d’un lot de tubercules par exemple) ont sans doute eu des répercussions sur l’évolution de l’Homme en ce sens que la viande cuite fournit davantage d’énergie et présente donc des avantages métaboliques… Il semble que la cuisson assure une plus grande diversité alimentaire, offre de nouvelles solutions pour conserver les aliments et épargne à l’organisme un coûteux travail digestif, ce qui pourrait constituer une coévolution entre les pratiques alimentaires et des traits biologiques comme le développement de l’encéphale. » Ainsi, comme il est précisé, p.114 : « L’encéphalisation, l’ontogenèse et la durée de l’immaturité des spécimens sont liées. Ainsi, en considérant que les fossiles d’Homo Dmanisi avaient une capacité crânienne de 650 cm3, les Homo erectus les plus récents étant plus jeunes d’un million d’années devaient avoir une capacité crânienne d’environ 1200 cm3. »

Parallèlement : « En ce qui concerne les traditions techniques, les outillages, il y a sur le temps long une tendance vers des formes moins aléatoires, plus standardisées ou stéréotypées, ou en tous cas pensées à l’avance (sic). De manière caricaturale, on va passer des traditions d’éclats et galets aménagés du monde Oldowayen (-2,6 et -1,8 millions d’années), où l’on recherche un tranchant et où chaque éclat est de forme relativement variable, au monde Acheuléen avec le biface, qui a une structure symétrique (déjà cette symétrie naturelle qui concentre et éveille la pensée) beaucoup plus complexe, qui est beaucoup plus difficile à confectionner et d’utilisation plus élaborée puisque certains bifaces sont pareils au principe des couteaux suisses et incluent plusieurs outils en un, certaines zones de l’objet pouvant servir à couper, d’autres à racler… »

« Du point de vue cérébrale, deux modifications se produisent, la partie gauche du cerveau n’est pas le reflet exacte de la partie droite… Les humains de cette période ont un cerveau qui devient disproportionné par rapport à la taille de leur corps. Il y a de plus en plus de matière cérébrale produite pour une taille corporelle qui reste à peu près équivalente à celle des prédécesseurs. »

Notre cerveau continue à évoluer, peut-être plus en ce qui concerne son volume sauf s’il y a encore des possibilités d’accroissement et d’approfondissement des plis au sein du cortex. L’évolution que l’on peut véritablement évoquer est celle qui correspond à la multiplication des connexions entre les neurones dont 1/3 des 60 milliards sont disponibles. Par exemple, grâce au développement de nos capacités techniques illustrées par notre capacité à réaliser des instruments de plus en plus ingénieux pour sonder notre Univers, il s’ensuit, grâce à cette conquête d’un au-delà toujours plus vaste, que notre potentiel intellectuel pour concevoir de prochains savoirs s’enrichit d’une façon que l’on peut qualifier d’exponentiel. On peut faire l’hypothèse que l’extension de notre filet intellectuel permet le développement de nos capacités d’inférer et cela prépare le terrain à de nouvelles conquêtes. Peut-être que dans 100 000 ans, ou avant, les paléoanthropologues de cette époque pourront mesurer cette (r)évolution.

Bien que j’utilise ce type de référence, qui sont les nôtres actuellement, je n’ai pas du tout la volonté de minimiser le processus bien plus terre à terre par lequel nos ancêtres se sont dégagés de l’emprise de la Nature et j’ai la conviction que ce serait une erreur cruciale car nous sommes dans cette lignée. Ainsi on peut lire p.142 : « Effectivement, les Hommes modernes du Paléolithique supérieur eurasiatique témoignent d’un tout autre rapport aux animaux et à la nature en général que leur prédécesseurs néanderthaliens. L’animal voit ses propres armes naturelles, les bois des cervidés en l’occurrence, se retourner contre lui. C’est en effet principalement aux dépens de bois de rennes que les aurignaciens et leurs successeurs du Paléolithique supérieur vont confectionner de redoutables pointes de sagaie, qu’ils pouvaient aussi armer de petits morceaux de silex standardisés pour augmenter le pouvoir pénétrant de ces armes. On saisit ici combien l’Homme se défait alors des griffes de la nature, s’en émancipe en la « dominant » de manière symbolique. »

Quand on sait que nous avons pu envoyer des satellites ou des sondes dans l’espace en sachant à la fois vaincre la gravitation naturelle de la terre et utiliser celle des autres objets célestes pour les projeter bien plus loin, ou les satelliser, on peut s’interroger si au bout du compte nous ne sommes pas toujours en cours d’exploiter le même paradigme ?

Il y a toujours des griffes de la nature qui nous enserrent. Nous nous libérons de leur étreinte quand nous levons le voile sur des nouvelles propriétés et lois physiques. Cette dynamique s’est engagée il y a 2 millions d’années. Ainsi, l’Être dans la Nature continue de consolider le socle qui favorise son surplomb et concomitamment l’Être de la Nature continue de perdre de son épaisseur et de sa prépondérance.

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3 juin 2016 5 03 /06 /juin /2016 08:27

Bienvenu au ‘Temps créatif’ de Nicolas Gisin.

Le 02/05/2013, j’ai déjà exprimé une bienvenue à l’adresse de Lee Smolin, avec l’article : ‘Bienvenu au ‘Moment Présent’ de Lee Smolin’ faisant référence à l’époque à un article de l’auteur sur le site du NewScientist qui sera suivi en 2014 par un livre en français : ‘La Renaissance du temps : pour en finir avec la crise de la physique’, édit. Dunod. Mon enthousiasme était dû au fait que je rencontrais pour la première fois un travail très élaboré d’une conception du temps et d’une habilitation de celui-ci qui rejoignait la mienne. La convergence principale s’effectue entre mon hypothèse de ‘l’Instant Présent’, avec celle de Smolin : le ‘Moment Présent’. Au-delà nos points de vue se séparent puisque Smolin conjecture que le temps est un donné réel alors que pour moi le temps est fondé grâce à la ‘Présence’ du sujet pensant qui doit être réellement inclue dans le décryptage des lois de la nature auxquelles nous accédons au fur et à mesure de nos investigations et de nos conquêtes de celles-ci.

Nicolas Gisin, avec son concept de ‘Temps Créatif’, apporte de l’eau à notre moulin d’une façon significative. Nous devenons un trio de précurseurs, comme les 3 mousquetaires (qui étaient 4), espérons que nous allons emporter la victoire. Selon Gisin ce temps créatif qui à la valeur d’un instant, d’un moment, s’impose grâce, primordialement, au ‘libre arbitre’ de l’être humain qui est une ressource fondamentale de l’être humain quand il pense quel que soit le domaine de sa pensée. En conséquence le flux du temps est de notre monde et il faut rétablir cette compréhension pour retrouver les voies des bons raisonnements en science physique. Au-delà, comme avec Smolin, je diverge beaucoup avec sa conception des choses mais je considère, étant donné l’état de l’art, que c’est secondaire car ce qui est fondamental, et c’est là que tout se joue, c’est d’introduire comme inexpugnable l’‘Instant Présent’, quelle que soit la signification première qu’on lui attribue, et reconnaître qu’il a un rôle pivot autorisant une nouvelle conception du temps. Clairement, il y a matière à un nouveau paradigme permettant de sortir de l’ornière la physique théorique et fondamentale.

Enfin, avec Gisin, je rencontre une convergence explicite à propos de la cause réelle de la mésinterprétation du temps : ce sont les lois de la relativité d’Einstein et donc de sa conception de la perception de la nature du monde. Chez Smolin, j’étais resté interrogatif à la lecture de son livre car comme on dit : il a tourné autour du pot, mais n’a pas franchi le Rubicond, ce que fait Gisin bien qu’il ajoute dans son article (arxiv : 1602.01497v1) en incise : « désolé Einstein ». Moi aussi, en incise, j’éprouve le besoin de commenter ces excuses qui en disent beaucoup sur la difficulté d’oser s’opposer à la conception réaliste einsteinienne de la connaissance de la nature. Comme je l’ai déjà indiqué cette Totémisation a des conséquences redoutables et cause de sclérose de la pensée en physique. Espérons que Gisin a entrouvert une fenêtre, bien qu’il soit dans la ligne de la pensée de Bell, c’est-à-dire celle des réalistes.

Dans l’article du NewScientist du 18 Mai de N. Gisin au titre radical « La physique a tué le libre arbitre et le flux du temps. Nous devons revenir en arrière (sic).» Je cite, partant de Newton et de « Sa loi de la gravitation universelle qui de fait implique une théorie déterministe, donc ce qui arrive aujourd’hui était fixé hier et donc était déterminé par les conditions initiales du Big-Bang ; rien de véritablement nouveau ne se produit. » « Cela devient encore plus impénétrable avec la relativité d’Einstein, qui montre qu’il n’y a pas de définition unique d’évènements simultanés. Pour cadrer ceci avec un univers déterminé, une figure connue comme ‘l’univers bloc’ émerge (voir livre de L. Smolin : la renaissance du temps, pages 62-69). Ici nous nous passons non seulement de libre arbitre mais aussi de l’écoulement du temps. Passé, présent et futur sont gelés dans un énorme bloc de glace. Le présent dans lequel nous sommes libres de penser et d’être – dans lequel nous exerçons notre libre arbitre – est juste aussi illusoire que le ‘libre arbitre’ lui-même. »

Dans le livre de Smolin et dans les pages citées, on lit : « Si vous ôtez de la description de la nature donnée par la relativité restreinte tout ce qui correspond à des observations faites par des observateurs particuliers, ce qui reste est la structure causale. Puisque c’est tout ce qui est indépendant de l’observateur, cela doit correspondre – si la théorie est correcte – à la réalité physique (sic). » ; « L’image de l’histoire de l’univers, prise en une fois, comme un système d’événements reliés par des relations causales, est appelée univers bloc. » ; « Avec l’univers bloc culmine le mouvement entamé par Galilée et Descartes pour traiter le temps comme s’il s’agissait d’une autre dimension d’espace. Il donne une description de l’histoire entière de l’univers sous la forme d’un objet mathématique, qui comme nous l’avons noté dans le chapitre 1, est intemporel. Si vous croyez qu’il correspond à ce qui est objectivement réel dans la nature, vous supposez que l’univers est fondamentalement intemporel. Cette image de l’univers bloc est la seconde étape dans l’éradication du temps découlant de la théorie d’Einstein de la relativité restreinte. » ; « De l’histoire de l’univers entier représenté en relativité générale, le résultat est encore l’image de l’univers bloc. »

Ce qui est pointé par Smolin ci-dessus : «Puisque c’est tout ce qui est indépendant de l’observateur, … – à la réalité physique (sic). », est exactement ce qui m’avait intellectuellement secoué, il y a 10 ans en rencontrant cette réflexion d’Einstein : « Seules les coïncidences spatio-temporelles sont réelles. Et rien d’autre ! » Ce réalisme appuyé exprime une condition essentielle : l’évacuation de l’observateur. Et c’est le refus de cette incongruité qui m’a amené à introduire le paradigme de la ‘Présence’ du sujet pensant, (de l’être réflexif), ce qui implique τs ou TpS (temps propre du sujet pensant) estimé de l’ordre de 10-25s. Entre autres, voir article du 02/11/2012 : ‘Un Monde en ‘Présence’’ et celui du 01/01/2013 ‘Un Monde en ‘Présence’ II’. Les 3 mousquetaires : Smolin, Gisin, et moi-même, faisons le même diagnostique, et formulons une hypothèse a priori suffisamment semblable pour produire une sortie d’impasse dans laquelle se trouve la physique aujourd’hui.

La conception de N. Gisin est centrée sur la propriété fondamentale qu’il attribue à l’être humain qui est celle du ‘libre arbitre’. Je ne pense pas que cela soit un bon choix parce qu’en premier lieu le libre arbitre est une qualité certes spécifique à l’être humain mais évolutive, donc pas si fondamentale comme l’est la ‘Présence’ qui est immuable comme un phare qui est dressé et éclaire l’océan. A mon sens le libre arbitre évolue avec les acquis de la connaissance, plus on dispose de connaissances plus nos capacités d’arbitrage sont affûtées et plus la liberté va grandissante. Ainsi avec l’argument du libre arbitre on prend le risque de donner du grain à moudre à ceux qui l’interprèteront comme une introduction néfaste de la subjectivité dans le corpus de la physique et s’en serviront pour rejeter cette idée nouvelle. Avec le concept de la ‘Présence’, on introduit un concept qui est un invariant, quelle que soit l’évolution du sujet pensant. Comme on le sait, les physiciens ont besoin d’ancrer le produit de leur pensée sur des éléments invariants et c’est légitime. Cette façon de concevoir les choses permet aussi d’accepter l’idée, à mon sens importante, de l’évolution (au sens de la phénoménologie Darwinienne) de la pensée en physique. Par exemple, il y a quelques jours une découverte originale a été faite d’une grotte aménagée, comprenant des outils travaillés, des aménagements géométriques, dans le Tarn et Garonne, il y a 170.000 ans, par l’homme de Neandertal. Une paléoanthropologue n’hésite pas à nous dire que dans cette grotte nous avons des preuves de ce que le développement cérébral de Neandertal permettait déjà de concevoir et de faire. Cette dynamique du développement cérébrale doit être prise en compte pour mieux situer l’émergence des concepts de la physique qui visent à mieux rendre compte des propriétés de la nature que l’on contribue ainsi à situer hors-de-soi.

En adhérant à cette dynamique on évite l’erreur que nous propose N. Gisin de revenir en arrière car c’est en analysant ce qui est erroné et, même plus, ce qui est cause de régression de la pensée que l’on peut faire des progrès remarquables. Voir article : ‘Une seconde naissance de l’homme’ du 21/07/2015 ; article ‘Là, où, pense Homo Sapiens’ du 03/02/2016.

Les concepts franchement novateurs de Smolin et de Gisin ont l’inconvénient de n’être que qualitatifs ce qui limite la possibilité dans le cadre du corpus de la physique de les exploiter pour les soumettre à la question. A mon concept de la ‘Présence’ se trouve étroitement associé le ‘TpS’ avec la valeur de l’ordre 10-25s, ce qui impliquerait que sur des durées plus petites, l’intelligence du sujet pensant soit rédhibitoirement aveugle. Ceci peut être testé, pas encore d’une façon définitive mais nous pouvons déjà apprécier des bornes dépassables ou indépassables sachant que nous avons techniquement la capacité de mesurer des intervalles de temps de 10-18s. 10-21s à 10-22s est déjà de l’ordre de l’acquis indirect, peut être que 10-26s va s’imposer. Cette dernière évaluation est obtenue par l’intermédiaire de la limite de l’intervalle de distance = 10-18m, la plus petite mesurable dans l’interféromètre Ligo. En prenant en compte C, cela nous conduit à une aptitude potentielle d’apprécier jusqu’au mieux 10-26s.

A la fin de l’article publié dans arXiv, N. Gisin dit : « Finalement, parce que la physique – et la science en général – est l’activité humaine ayant pour but de décrire et de comprendre comment la Nature fonctionne. Pour cette raison nous devons décrire aussi comment l’être humain interagit avec la nature, comment on la questionne. » Evidemment, je suis en total accord avec cette proposition fondamentale. On peut aller plus loin encore en intégrant dans cette proposition, le versant de la question : comment l’être humain évolue en se frottant et en conquérant une compréhension de la Nature ? Dans le but de mettre en œuvre ce questionnement, j’ai proposé le 18/03/2015 : ‘Décrypter la physique comme une interface de l’être humain et de la Nature.’ et le 10/11/2015 : ‘Principe de causalité : construction de l’esprit ou loi dans la nature ?

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27 mai 2016 5 27 /05 /mai /2016 09:36

L’évolution de la silhouette de l’humain

Ces derniers temps, j’ai eu l’occasion de citer des réflexions et des recommandations de physiciens qui rappelaient que les avancées des connaissances en physique dépendraient des facultés propres de l’être humain et non pas préalablement d’équation plus aboutie. J’en rappel quelques-unes :

Article de la revue : NewScientists du 27 avril, dans la série des étrangetés physiques étaient pointées : ‘L’intrication quantique qui mutile (malmène) l’espace et le temps’ : « Depuis l’an passé, nous avons la certitude que l’action fantôme à distance est crédible sans aucune échappatoire. Cette spécificité doit être considérée comme une caractéristique fondamentale de la nature. Ainsi le problème repose sur notre perception de l’espace et du temps. »

Ici, ce qui est préconisé par M. Brooks, c’est d’approfondir encore et encore notre perception de l’espace et du temps, avec l’espoir que dans ce processus la nature de ces deux concepts finira par être mieux comprise. Pour lui évidemment, ce n’est pas uniquement une affaire d’équation juste, c’est l’affaire d’une meilleure perception conduisant à une idée plus juste permettant ainsi, au moins, de rendre compte de ce phénomène de l’intrication qualifié de bizarre. Présenter ainsi la résolution de l’énigme de l’intrication c’est supposer que l’être humain est perfectible dans sa façon de percevoir l’espace et le temps c’est-à-dire que le sujet pensant dispose toujours au moins d’une marge d’évolution intellectuelle significative.

Il n’y a pas longtemps, j’ai cité des idées intéressantes d’A. Barrau (voir article du 12/04/2016 :

« … Nos manières d’appréhender cet « autre part » n’en demeure pas moins humaines et créées. Il faut rester conscient que cette tentative d’exploration du loin n’est entreprise qu’avec nos modalités purement et inéluctablement humaines et donc locales. Nous choisissons les rapports au(x) monde(s) que nous jugeons pertinents. Ils ne sont pas donnés, ils sont construits… La science est une louable tentative d’accéder au non-humain-du-réel. Elle devrait être toujours consciente de ses limites. » Bref : « La science est construite et pratiquée par des hommes et oublier cela n’est pas nécessairement lui rendre service. »

Là encore, avec A. Barrau, il est mis en évidence d’une façon très explicite la primauté des facultés d’inférence de l’être humain. Il est donc important de prendre sérieusement en considération le fait que si on progresse dans la compréhension fondamentale des modalités de ces facultés on peut parallèlement espérer être en mesure de mieux séparer le bon grain de l’ivraie, et en conséquence on distinguera avec plus d’intelligence ce qui est de l’ordre du réel hors de l’humain de ce qui est plus spécifiquement de l’ordre de l’humain.

Vient de sortir un livre avec le titre : ‘La Silhouette de l’Humain. Quelle place pour le naturalisme dans le monde d’aujourd’hui ?’, livre de Daniel Andler, édit. Nrf essais. L’auteur est reconnu en tant que philosophe des sciences et mathématicien. L’objectif de l’auteur est, de révéler une silhouette plus précise de l’humain, de définir des nouvelles frontières entre ce qui de l’ordre de l’humain et de l’ordre du non-humain. Ce non-humain ne pouvant être que de l’ordre de la nature.

Dans mon enseignement depuis 10 ans sur le thème : ‘Faire de la physique avec ou sans ‘Présence’’, je développe l’idée que l’Être humain résulte de la cohabitation de l’Être de la nature et l’Être dans la nature : Voir article du 02/11/2012 et celui du 01/01/2013. L’être dans la nature est en surplomb de la nature, on pourrait supposer que c’est par excellence le physicien dont la compétence et la mission est de conquérir un savoir sur le non-humain-du-réel, conquête toujours limité du fait qu’il est un être de la nature, nature qui le détermine et réduit l’élan de son émancipation. Aucune étape d’une conquête d’un savoir significatif sur le non-humain-du-réel ne peut constituer une réduction de l’humain, au contraire cette conquête implique une réduction de ce qui le détermine et elle est à coup sûr un enrichissement existentiel de l’être dans la nature.

Je reviens au livre de D. Andler. Avant tout, il faut déblayer le terrain pour atteindre un périmètre correcte de que signifie naturalisme. Il ne faut pas non plus l’isoler de son opposé car comme l’indique l’auteur : « l’opposition entre nature et non-nature dépend d’un contexte ontologique, théologique, scientifique qui varie d’une époque à l’autre. » On peut dire que depuis les années 1950, un flux abondant d’ouvrages de scientifiques, neurobiologistes pour la plupart, mais aussi linguistes, psychologues et anthropologues nous a tenus informés de l’émergence et des développements des sciences cognitives. Ceci contribue à la constitution de programmes de naturalisation. L’idée que l’esprit humain est un objet du même type que ceux dont s’occupent les sciences de la nature se renforce. Balayant ainsi les résistances de la phénoménologie ou la de la psychologie traditionnelle, pour qui l’esprit procède d’une essence différente de celles des choses. Les progrès spectaculaires des neurosciences du cerveau et leur application aux sciences cognitives, celles qui traitent de l’esprit, sont tels qu’on pourrait déjà considérer par extrapolation que la nature embrasse tout ce qui existe (sic). Il peut être légitime de considérer que plus on arrive à dévoiler des fonctionnements cérébraux qui relèvent d’une organisation spécifique observable, reproductible, plus on puisse considérer que ce sont des mécanismes naturelles qui sont responsables de cette organisation. Contrairement à ce que l’on pouvait croire auparavant, le poids de l’inné n’est plus aussi imposant, et l’identification de processus naturel autorise de mettre en avant le poids de l’éducation.

Prenons l’exemple de l’article cité le 23/04 : ‘Comment fonctionne le cerveau des grands mathématiciens’ in ‘Pour la Science’ : Pour réfléchir aux concepts mathématiques complexes, les experts utilisent des régions de leur cerveau impliquées dans les calculs « simples », contrairement aux non-mathématiciens chez qui ces aires restent inactives.

Auteurs de l’article : M. Amalric et S. Dehaene, Origins of the brain networks for advanced mathematics in expert mathematicians, PNAS, en ligne le 11 avril 2016.

« Cédric Villani, mathématicien lauréat de la médaille Fields, et autres brillants chercheurs en mathématiques ont-ils un cerveau distinct du nôtre ? En d’autres termes, les mathématiques de haut niveau mettent-elles en jeu des régions cérébrales particulières ? Oui, ou du moins, les mathématiciens n’utilisent pas leur cerveau de la même façon que le « novice », selon Marie Amalric et Stanislas Dehaene, du Centre NeuroSpin à Paris-Saclay.

Tous deux ont cherché à déterminer l’origine des aptitudes en mathématiques en enregistrant l’activité cérébrale par IRM fonctionnelle de 15 mathématiciens professionnels (hommes et femmes, âgés en moyenne de 29 ans), comparées à celle de 15 personnes ayant des niveaux d’études semblables mais non expertes en mathématiques. Stanislas Dehaene et ses collègues avaient déjà montré que nous sommes tous aptes à faire des mathématiques – quoi que l’on puisse croire… –, comme nous sommes tous capables de parler, car nous avons tous une « bosse » des maths qui nous permet de manipuler les nombres et de calculer. Elle correspond à différentes régions cérébrales : le cortex préfrontal, les sillons intra-pariétaux, ainsi que les aires temporales inférieures des deux hémisphères, découvertes très récemment.

Selon Marie Amalric et Stanislas Dehaene, trois étapes interviennent dans toutes activités mathématiques. D’abord, le fait de se représenter de façon intuitive des nombres et des quantités, une aptitude présente chez l’homme dès sa naissance ainsi que chez certains animaux. Ensuite, le fait que nous y attachions des symboles, ce qui nous permet de progresser. Enfin, l’automatisation de la réflexion. L’éducation et l’apprentissage des mathématiques modifient les zones d’activation cérébrales. Quand une tâche nécessite des efforts, par exemple quand un enfant âgé de 5 ou 6 ans doit additionner 2 et 6, l’ensemble du réseau s’active (cortex préfrontal, sillon intra-pariétal et cortex temporal inférieur). Après automatisation, l’addition mobilise uniquement les sillons intra-pariétaux, les cortex préfrontal et temporaux devenant « libres » pour d’autres réflexions supposant un effort mental. Et ce réseau cérébral des maths ne correspond pas à celui du langage, une autre aptitude caractéristique de notre espèce.

Alors pourquoi certaines personnes sont-elles plus douées en maths ? Les chercheurs ont proposé aux mathématiciens et aux sujets témoins d’écouter des propositions mathématiques compliquées correspondant à différents domaines (algèbre, analyse, géométrie et topologie), comme « tout compact convexe d’un espace euclidien est l’intersection d’une famille de boules fermées » ou « la projection stéréographique admet pour caractéristique d’Euler la racine carrée de 2 », ainsi que des phrases complexes dans d’autres thématiques, par exemple « dans l’Antiquité, en Grèce, un citoyen ne payant pas ses dettes devenait un esclave » ou « Léonard de Vinci a rencontré Machiavel ». Les participants devaient dire si la proposition était juste, fausse ou dénuée de sens.

Ainsi, dans le cerveau de tous les participants, les aires associées au langage et à sa compréhension s’activent quand ils réfléchissent aux phrases de culture générale. Et tous répondent correctement à environ deux tiers des propositions. En revanche, quand les sujets entendent puis analysent les propositions mathématiques, les régions correspondant aux nombres, aux calculs et aux représentations dans l’espace ne « s’allument » que chez les mathématiciens experts, qui donnent des réponses correctes dans 65 % des cas (comparés aux 37 % des non mathématiciens).

La « bosse » des maths des experts serait donc dédiée à la réflexion (après automatisation des tâches mathématiques plus simples), celle des novices restant cantonnée à la manipulation des nombres et aux calculs. Et les mathématiques de haut niveau « recyclent » des fonctions cérébrales anciennes du point de vue de l’évolution.

Dès lors, ces résultats confirment l’existence de régions cérébrales associées aux mathématiques, et indépendantes de celles traitant le langage. Mais nous ne serions pas tous égaux : Stanislas Dehaene et ses collègues avaient déjà constaté que plus des enfants manipulent bien les nombres, de façon intuitive, plus ils ont de chances d’arriver à comprendre des concepts mathématiques compliqués en grandissant. Toutefois, correctement entraînées, par l’éducation et l’apprentissage, la « bosse » des maths permettrait à tout à chacun de comprendre les mathématiques, au-delà des simples calculs algébriques (et aucune étude n’a montré que les femmes ont moins de facultés que les hommes dans ce domaine)… »

Avec cet exemple, peut-on considérer que cette objectivation du fonctionnement cérébral des grands mathématiciens à la différence des non-mathématiciens nous autorise à inférer qu’il y a une ligne de partage entre ce qui est de l’ordre naturel et ce qui ne l’est pas ? Pour moi c’est oui car cette expérience permet de réduire ce qui est de l’ordre de l’inné (propre à chaque individu) et elle montre ce qui est de l’ordre de l’apprentissage, de l’automatisation, avec des zones de mémorisation. Le fait que l’on puisse mettre en évidence ce qui est caractérisable comme du ‘fonctionnement’ du cerveau dans ce type d’expérience nous permet de penser qu’il y a des sous-bassement naturels à la pensée mathématiques. Il y a de fait une réduction de ce qui pouvait être considérée comme de la pure prouesse intellectuelle attachée à de l’étoffe humaine, à des qualités humaines personnalisées mais cette banalisation a une contrepartie car ce nouveau savoir devrait permettre à un plus grand nombre d’acquérir plus d’agilité intellectuelle en mathématique.

A plusieurs occasions nous avons été intéressés par des résultats d’expériences proposés par S. Dehaene, chercheur dont les travaux me semblent probants. Il ne faut pas pour autant sous-estimer que ce domaine de recherche est traversé par des courants divergents. Comme le rappel D. Andler : « La naturalisation de l’esprit achoppe sur le comportement de l’agent en situation en contexte. Le monde est trop compliqué pour qu’on puisse établir un catalogue des situations possibles et des règles à appliquer dans chacune. S’imaginer un univers où tout serait objet de science, reste une utopie. »

Ces résultats obtenus grâce aux techniques de l’IRMf (f de fonctionnel) seraient contestables. P206-207 : « Selon beaucoup de critiques, les résultats de la neuro-imagerie sont généralement peu robustes. Pourquoi dès lors ne pas renoncer à cet instrument, qui a l’inconvénient d’être, à l’échelle des sciences cognitives, extraordinairement lourd et couteux ? De fait, elle est une source irremplaçable de savoir (sic) quand bien même ce savoir, à lui seul, demeure beaucoup trop incomplet et fragile pour être utile. L’IRMf est un excellent outil pour formuler des hypothèses intelligentes, fondées sur des données, mais ce n’est que dans certains cas particuliers qu’elle est vraiment utile pour choisir, parmi ces hypothèses, la meilleure… »

En se référant aux résultats de Dehaene, on peut avancer qu’avec cette compréhension des spécificités du fonctionnement cérébrale dans le cas du traitement des mathématiques, il y a moins de mystère à propos des aptitudes en math, il y a moins de fatalité puisqu’une amélioration des apprentissages peut être organisée. Nous avons un exemple qui nous indique que le sujet pensant peut agir sur lui-même pour améliorer ses facultés intrinsèques de sujet pensant. Quand on subit moins on acquiert une plus grande liberté d’action. On pourrait citer aussi les résultats des travaux de l’imagerie cérébrale à propos de la dyslexie, la dyscalculie, travaux qui permettent dans certains cas de réduire significativement les effets négatifs de ces dys. car en exploitant la plasticité cérébrale reconnue surtout chez les jeunes sujets on a la possibilité de réduire l’ampleur de ces handicapes peut-être même les annuler. Dans les articles publiés dans ‘Le Monde’ daté du 25/05 est mis en évidence un nouveau concept qui commence à être mis en œuvre : ‘La neuroéducation’.

Je cite quelques lignes d’un de ces 3 articles qui fait référence à l’histoire d’un prof de maths. Au bord du désespoir : « Il y a une dizaine d’années, il participe à un énième projet éducatif pour des lycéens en difficulté. Ceux-ci sont réunis dans une classe à petit effectif, sous la houlette de professeurs motivés et appréciés. Mais malgré la créativité de ces derniers, les élèves stagnent, et Eric Gaspard est prêt à jeter l’éponge. La même semaine, il lit dans un article que 50% des gens sont persuadés que les capacités intellectuelles sont figées. C’est un déclic. Un tel fatalisme, réalise-t-il, peut suffire à réduire à néant tous les efforts des enseignants. Le prof de maths se plonge alors dans des ouvrages de neurosciences, et retrousse ses manches… dix ans après son bilan est très significatif.» A lire dans son intégralité.

Ce qui est certain c’est que la réflexion du sens commun qui dit : « Il y en a qui sont plus doués que d’autres, c’est humain ! », se trouve être prise à contre-pied, car la différence, ici pointée, n’est pas à cause d’un facteur proprement humain mais à cause d’un fonctionnement cérébral sur lequel il est possible d’agir (sans prothèse). A partir de là, on peut considérer qu’il est, qu’il sera, permis à un plus grand nombre de personnes d’accéder à des connaissances par les voies du langage mathématique. Et en se référant à l’article du monde on peut généraliser : qu’il sera permis à un plus grand nombre de personnes d’accéder à des connaissances par toutes les voies de la réflexion. Avec ces exemples on fait un bilan intéressant de la conception d’une interaction dynamique à l’œuvre entre l’être de la nature et l’être dans la nature. On peut faire aussi une évaluation intéressante de comment on peut lever des déterminations d’origine naturelle (qui ne peuvent être qu’ainsi) et qui interfèrent négativement au développement de l’étoffe proprement humaine.

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10 mai 2016 2 10 /05 /mai /2016 11:47

Questionnement circulaire à propos de l’espace-temps.

L’article que je propose aujourd’hui peut apparaître comme étant particulièrement circulaire. En effet, son contenu boucle sur une analyse, que j’espère appropriée, de ceux qui sont convaincus que la loi de la Relativité Générale véhicule des propriétés et des concepts exacts sans failles. Je me concentre plus particulièrement sur le fait qu’il est considéré que l’espace-temps est subordonné au champ gravitationnel qui est du domaine de la ‘réalité’ pour ceux-là. Etant donné que la crise de la physique fondamentale depuis plusieurs décennies est très corrélée à une incompréhension effective de la nature de l’espace et du temps, il vaut la peine de tenter de creuser ce sujet quand des opportunités nouvelles se présentent.

Le 5 Avril dernier, l’Académie des Sciences a organisé une conférence qui rendait compte de la détection des ondes gravitationnelles annoncée le 11/02/2016. Les différentes interventions sont accessibles en vidéo et celle de Fabien Cavalier : ‘La première détection directe des ondes gravitationnelles’ a retenu toute mon attention surtout à partir de la minute 38. En effet, un des auditeurs lui pose la question suivante : « Est-ce qu’à travers ces travaux on peut dire que l’espace-temps Einsteinien qui est plat quand il n’y a rien (sic), a une réalité, une existence, intrinsèque, indépendante, et que les ondes gravitationnelles plissent cet espace-temps, indépendant et intrinsèque ? »

Réponse de F. Cavalier : « L’onde EM, n’a pas besoin d’éther pour se propager, donc l’onde gravitationnelle, onde de l’espace-temps non plus n’a pas besoin de support matériel (sic). »

Quelques instants plus tard au cours d’un commentaire spontané à propos de l’effet gravitationnel, il dit : « les ondes gravitationnelles se propagent dans l’espace-temps et suivent les mêmes géodésiques...que celles de la lumière. »

De l’espace-temps, est une affirmation qui est en accord avec l’hypothèse Einsteinienne que l’espace-temps n’a pas de réalité physique et ce qui doit pris en compte c’est le champ gravitationnel comme nous l’a rappelé récemment C. Rovelli : « Ainsi donc, pour répondre à votre question: ce qu'on appelle l'espace-temps et le champ gravitationnel sont ultimement la même chose. » Ceci est fortement confirmé quand il écrit, en mars 2015, dans : ‘Temps universel et métabolisme de l’espace-temps’ : « Les avancées d’Einstein peuvent être lues comme une invitation à renoncer à des idées préconçues sur l’espace et le temps jusqu’à abandonner ces notions entièrement. »

L’invitation à ce renoncement intellectuel n’est toujours pas évident à intégrer de nos jours car comme indiqué ci-dessus quelques instants plus tard F. Cavalier nous dit : les ondes gravitationnelles se propagent dans l’espace-temps… Ici, il serait dit que l’espace-temps préexiste aux ondes gravitationnelles. Ainsi, l’espace-temps aurait une nature propre et ce n’est pas la même chose que le champ gravitationnel. Mais encore, il y a une autre interprétation possible : concomitance absolue entre espace-temps et gravitation et on peut évoquer alternativement l’un ou l’autre sans précaution. A mon avis, il ne faut pas considérer qu’il y aurait de la part de Cavalier un manque de rigueur dans son exposé, il faut plutôt considérer que nous avons à faire, ici encore, en temps réel, au témoignage d’une conception perpétuellement vacillante de la nature de l’espace-temps. Arrêter une conception stable et largement partagée s’avère être un processus délicat car comment s’opposer à ce qui constitue l’essence même de la Relativité Générale, in fine : réalité du champ gravitationnel au détriment d’une quelconque réalité de l’espace-temps. Peut-être que C. Rovelli nous propose une stratégie de contournement quand il écrit juste après la phrase citée ci-dessus : « Mais elles (les avancées d’Einstein) peuvent être aussi lues comme la découverte de propriétés particulières de l’espace et du temps, que nous n’avons peut-être pas entièrement éclaircies. » Voilà qui est dit : admettons qu’après un siècle nous n’ayons toujours pas compris toute la teneur des idées géniales d’Einstein, mêmes celles qu’il n’a pas explicitement proposées, et ainsi nous nous octroyons la liberté intellectuelle de lire entre les lignes de ses hypothèses, donc d’interpréter celles-ci à l’aune de notre questionnement actuel. On verra quelle suite sera donnée à cette proposition astucieuse. Peut-être qu’elle est déjà à l’œuvre avec les interprétations proposées par A. Barrau : « La relativité générale nous apprend précisément que le monde est relationnel. Il n’y a plus de cadre fixe et absolu. Les choses ne peuvent plus être « ici et là », elles sont les unes par rapport aux autres. Nous sommes des vaguelettes sur un raz de marée qui tient lieu d’espace et de temps. » (Mars 2016). Ou encore : « Le cœur de la théorie d’Einstein, c’est l’invariance de fond : le fait qu’il n’existe plus aucune structure « figée » dans l’Univers, le fait que tout est dynamique et en interaction, le fait que l’espace-temps est un champ comme un autre (sic) régi par des lois d’évolution…Il devient alors possible d’étudier des théories qui respectent cette invariance fondamentale, disons donc l’esprit de la relativité générale, mais sont régies par des équations d’évolution un peu différentes. » (Janvier 2016)

Je reviens sur la réponse première de F. Cavalier « L’onde EM, n’a pas besoin d’éther pour se propager, donc l’onde gravitationnelle, onde de l’espace-temps non plus n’a pas besoin de support matériel (sic). » Il propose donc de mettre en parallèle le processus de propagation que l’on conçoit pour l’onde EM avec celui de l’onde gravitationnelle. A mon avis ce n’est pas juste de penser ainsi. En effet l’onde électromagnétique est clairement identifiée par un champ électrique et un champ électromagnétique qui oscillent en se propageant. Ce champ EM, n’est pas toujours là, dans ce cas l’hypothèse de l’auditeur qui interroge Cavalier et dit : quand il n’y a rien, a du sens. En effet ce champ est causé par une source (un électron qui oscille, qui peut être soustrait, donc créer la situation : il n’y a rien, par ex.) qui est identifiable jusqu’à l’échelle quantique puisque ce champ est quantifiable.

Pour un observateur, pour spécifier cette propagation il est normal qu’il repère celle-ci à l’aide des variables spatio-temporelles qui lui sont propres, qu’il projette et qui n’ont a priori aucune influence sur la représentation physique des objets. A ce stade il est évident d’admettre que c’est une opération propre à l’observateur qui ne fait référence à aucune contrainte naturelle. A ce stade nous sommes dans une situation identique à celle du suivi du mouvement classique d’un mobile. La spécificité apparaît parce que le champ EM se déplace à la vitesse limite C, constante, qui ne peut s’additionner à aucune autre vitesse quel que soit le point de vue de tout autre observateur. Ceci amène à ce que des contraintes soient posées aux équations mathématiques qui rendent compte du mouvement du champ EM, et ce sont les équations de la relativité restreinte qui sont ainsi obtenues. Nous ne devons pas oublier le geste premier de l’observateur qui associe des moyens de repérage qui lui sont propres aux objets en mouvement. A ce stade, il est possible de considérer abstraitement l’irréalité de l’espace et du temps et considérer que l’espace et le temps n’auraient, comme toutes autres variables, qu’une fonction purement relationnelle, selon l’idée de Leibniz ou encore de Mach. Cette conception implique l’idée que la connaissance en physique pourrait s’énoncer par elle-même, sans la ‘Présence’ d’un observateur intelligent qui engendre un discours relatif à cette connaissance.

Est-ce que la réponse de Cavalier qui considère que ce qui vaut pour l’onde EM, vaut pour l’onde gravitationnelle est appropriée ?

Lorsqu’un physicien dit que les ondes gravitationnelles sont des ondes de l’espace-temps, est-ce qu’il peut dire par la suite qu’elles sont des ondes dans l’espace-temps. Rappelons-nous la confirmation de C. Rovelli : « Ainsi donc, pour répondre à votre question: ce qu'on appelle l'espace-temps et le champ gravitationnel sont ultimement la même chose. Puisque que c’est un objet dynamique, ce n'est pas très étonnant qu'il contienne des oscillations qui se propagent dans sa structure. » Il y aurait donc de fait, selon ces propos, une parfaite concomitance entre espace-temps et champ gravitationnel et en conséquence de l’espace-temps et dans l’espace-temps seraient compatibles.

Si j’interprète correctement Th. Damour, on pourrait dire aussi : sur. En effet dans le livre : ‘Einstein aujourd’hui’, l’auteur écrit page 297 : « Nous avons décrit ici la propagation d’une onde gravitationnelle dans un espace-temps de fond décrit par la métrique de Minskovski. On peut aussi considérer la propagation d’une onde dans un espace-temps de fond courbe, c’est-à-dire étudier les équations d’Einstein avec une perturbation (gravitationnelle) supplémentaire non seulement petite mais qui varie sur des échelles de temps et d’espace beaucoup plus courtes que la métrique de fond. » Ici, il y a deux niveaux d’espace-temps, celui de fond et celui de l’onde qui se propage. Celui de fond apparaît comme un espace-temps de fait permanent, atemporel, qui aurait donc la valeur d’un support matériel !

Le fait que le champ gravitationnel et l’espace-temps seraient la même chose impliquerait que c’est le champ gravitationnel qui détermine l’espace-temps et l’observateur n’y est pour rien. Il en résulte que, dans cette situation, le processus de projection de moyens de repérages par l’observateur que j’ai proposé pour le champ EM n’est pas reproductible. En conséquence, il n’est pas correct de faire un parallèle entre propagation d’une onde EM et une onde gravitationnelle, bien qu’elles aient en commun une même vitesse de propagation.

Espace, Temps, Espace-Temps, sont des sujets travaillés sous toutes les coutures. Pendant que j’écrivais cet article, trois nouveaux articles ou livres en anglais ont surgi dans l’actualité : ‘Images du temps : Esprit, Science, Réalité.’ ; ‘C’est étrange : l’intrication quantique mutile (malmène) l’espace et le temps.’ ; ‘Pourquoi l’espace est à 3 dimensions ?

Du premier ouvrage, il s’agit d’un livre de George Jaroszkiewicz, (édit. Oxford University Press) et Massimo Giovannini, en a fait une présentation dans le ‘CernCourier’ du 4 Mai, dont j’en propose quelques extraits traduits par mes soins :

«… Il y en a qui soutiennent que tandis que le temps est mesuré avec plus de précision, sa nature est discutable étant donné qu’il apparaît omniprésent en physique mais souvent avec des significations légèrement différentes. Il y en a qui clament que le temps est un mystère dont les fondations sont sociologiques, biologiques et psychologiques. Le travail de l’auteur du livre suggère que les différentes disciplines (et même les différents domaines de la physique) conçoivent des images diverses du temps à travers les années. Les propos érudits et ambitieux du livre conduisent à une collection la plus complète des images conceptuelles du temps et en particulier en ce qui concerne la science physique... L’impression générale est que les différentes branches de la physique traitent avec des images multiples du temps. Parce que ces conceptualisations ne sont pas toujours consistantes, le temps est perçu par le lecteur (et partiellement présenté par l’auteur) comme un énigmatique sujet de spéculation. Un lecteur malicieux peut même inférer qu’après presque 5 siècles depuis la méthode galiléenne, les physiciens travaillent quotidiennement avec quelque chose qu’ils ne comprennent pas bien (sic).

Cette revue des différentes images du temps est certainement valable, mais elle échoue à expliquer pourquoi les mesures de plus en plus précises du temps sont corrélées aux constants développements de la science moderne en général et de la physique en particulier. La vérité est que la physique prospère d’un mélange d’expériences, de théories et d’énigmes : sans des mystères qui conduisent notre curiosité, nous ne serions pas pourquoi nous devrions mesurer avec plus de précision, par exemple, le moment magnétique anomale du muon (sic). Cependant, en ne faisant que contempler le temps comme une énigme, nous serions probablement encore cantonnés à l’usage du cadran solaire. »

Le deuxième article provient de la revue : NewScientists du 27 avril, dans la série des étrangetés physiques étaient pointées : ‘L’intrication quantique qui mutile (malmène) l’espace et le temps’.

« Depuis l’an passé, nous avons la certitude que l’action fantôme à distance est crédible sans aucune échappatoire. Cette spécificité doit être considérée comme une caractéristique fondamentale de la nature. Ainsi le problème repose sur notre perception de l’espace et du temps. »

Le troisième article du 3 mai, publié sur le site de physics.aps.org, présente les travaux d’une équipe de recherche qui prétend avoir mis au point un modèle thermodynamique (2e loi de la thermodynamique) qui répond à la question : ‘Pourquoi l’espace a trois dimension ?

L’auteur nous dit : "De nombreux chercheurs dans le domaine des sciences et de la philosophie ont considéré que les 4 dimensions naturelles de l’espace-temps sont justifiées et nécessaires pour qu’il y ait de la vie, de la stabilité, de la complexité. La grande signification de notre travail est que nous proposons, à partir d’un modèle physique, une dimensionnalité de l’univers avec un scénario raisonnable de l’espace-temps. C’est la première fois que le nombre ‘trois’ des dimensions d’espace survient grâce à l’optimisation d’une quantité physique qui est la densité d’énergie libre de Helmhotz. Cette ontologie de l’espace est conçue durant la toute première fraction de seconde après le Big Bang dès que l’univers commence à se refroidir. Les autres dimensions éventuelles sont figées à des échelles extrêmement petites à cause de ce refroidissement quasi immédiat dû à l’expansion. »

On retiendra, à propos de cette publication, que les chercheurs considèrent comme valables aux premiers instants de l’univers les lois physiques connus aujourd’hui, telle l’énergie libre de Helmhotz : F (T, V) = U – TS. Ceci est à mon sens une gageure qui est très difficile voire impossible à authentifier. Ce qui est certain, c’est que Lee Smolin dans son livre : ‘La Renaissance du Temps’, ‘Pour en finir avec la crise de la physique’, proclame, page 133, que : « La physique doit abandonner l’idée que les lois sont intemporelles et éternelles et adopter à la place l’idée qu’elles évoluent dans un temps qui est réel. » Pour lui c’est une condition sine qua non d’une réalité qui témoigne de l’existence naturelle du temps.

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23 avril 2016 6 23 /04 /avril /2016 10:54

‘De la Vérité dans les Sciences’, et après !

Effectivement, il faudrait qu’il y ait un après ce qui fut analysé et exprimé par Aurélien Barrau dans son livre dont j’ai rapporté, dans l’article du 12/04/, ce qui m’a potentiellement semblé être à la source d’une compréhension différente donc nouvelle de la science physique. J’ai la conviction que c’est une étape importante et nécessaire. Toutefois cela peut être illusoire, au regard de velléités parfois significatives qui ont pu surgir dans le cours de l’histoire du développement du corpus de cette science. Simplement, je cite N. Bohr : « La physique est seulement concernée par ce que l’on peut dire sur la nature. », W. Heisenberg : « Le postulat d’une réalité physique existant indépendamment de l’homme n’a pas de signification. »

Avant tout, il faut se demander si les équations actuelles de la physique sont hermétiques à une quelconque possibilité d’intégration d’éléments complémentaires qui incluraient de la signification relative à la réflexion de Barrau, je cite notamment : « Mais il ne faut pas oublier, … que nos manières d’appréhender cet « autre part » n’en demeurent pas moins humaines et créées. » Il y a fort à parier qu’une très grande majorité de physiciens réalistes répondraient oui, parce que, selon eux, les bonnes lois de la physique sont celles qui ont justement évacué toute trace de subjectivité (voir la loi de la Relativité Générale). D’autres répondront qu’il y a herméticité parce que de fait cela est déjà inclus dans le processus de la formulation des lois : elles sont humaines, cela ne peut pas être dépassé. Cette situation de fait s’imposerait donc à l’insu des réalistes proclamés alors que les tenants de l’impossibilité du réalisme en physique ont la conviction qu’aucune pensée, pas même une pensée scientifique aussi élaborée soit-elle, ne peut totalement s’émanciper de l’essence de la chrysalide de la pensée humaine. C’est, à mon sens, ce que nous dit A. Barrau, p37 : «La science est une louable tentative d’accéder au non-humain-du-réel. » Louable tentative certes, toujours renouvelée, mais qui ne peut pas être plus que cela. En tant que physicien, il ne resterait donc qu’à prendre du recul à l’égard du travail scientifique et avec distance tenter d’analyser et d’expliquer que ce qu’il n’est… et surtout ce qu’il ne peut pas être. On peut considérer que le livre de Barrau est un bel exemple de cet exercice. Mais il ne faudrait pas qu’il se cantonne à n’être qu’un bel exercice de plus… d’épistémologue, de philosophe des sciences, etc…

Prenons appui sur ce qui est dit page 36 : « Mais il ne faut pas oublier,… que nos manières d’appréhender cet « autre part » n’en demeurent pas moins humaines et créées » et sur : « Nous choisissons et inventons les rapports au(x) monde(s) que nous jugeons pertinents. Ils ne sont pas donnés, ils sont construits. » L’auteur nous dit que le physicien ne découvre pas (jamais !), il construit sa connaissance au(x) monde(s). En adoptant ce point de vue, on ne doit pas pour autant se condamner à la passivité car l’exercice suivant à mener, que l’on pourrait qualifier d’herméneutique, vise à tenter de distinguer ce qui serait, au sein de la construction et de l’expression scientifique humaine, des ponctuations plus spécifiquement révélatrices de la contribution du sujet pensant, bref de la réalité de sa ‘Présence’. Cela concerne tout autant ce qui se pense bien, se conçoit bien, a priori, que ce qui se pense difficilement, sans qu’une conception satisfaisante ne s’impose. Sans que cela soit exhaustif je pense plus particulièrement à l’effet Zénon, à l’effet tunnel, à l’impossibilité à identifier clairement dans le corpus de la physique le rôle respectif attribué au champ gravitationnel et au champ d’espace-temps, au concept de ‘moment présent’, à l’intrication.

En ce qui concerne l’effet Zénon, effet qui s’observe lorsque des processus quantiques laissent constater des durées naturelles qui s’accroissent lorsqu’ils sont effectivement scrutés avec une plus grande fréquence par un observateur. Ici, si on installe dans le discours scientifique, l’effet conséquent de la réalité de la ‘Présence’ du sujet pensant, on explique l’essence du phénomène. (Voir article de Phys.org, le 23/10/2015 : l’Effet Zénon vérifié : les atomes ne bougeront pas tandis que vous les observez.)

En ce qui concerne l’évolution du formalisme qui traite de l’effet tunnel, dès que l’observateur peut exploiter des horloges qui scandent l’attoseconde, le temps dans les équations de cet effet n’a plus de raison d’être représenté par un nombre complexe. Grâce à la prouesse technique récente qui permet maintenant à l’observateur de produire, donc mesurer l’attoseconde, c’est-à-dire marquer, installer, sa présence devenue réelle durant cet intervalle de temps, l’effet tunnel est rendu compte sous un nouvel éclairage. (Voir article du 17/06/2015)

En ce qui concerne le statut variable de l’espace-temps à l’égard du champ gravitationnel, il est clair que pour le fondateur de la relativité général et ses disciples l’espace-temps ne serait qu’un ersatz du champ gravitationnel. Mais comme on l’a encore constaté à l’occasion de la première détection d’une onde gravitationnelle, c’est l’ébranlement de l’espace-temps qui est observé. L’espace-temps ne peut pas être radié lorsqu’il y a la présence d’un observateur humain, d’un penseur humain qui décrypte les propriétés dans la nature. A partir de ce constat, il ne faut pas exclure que l’espace et le temps soient fondés par l’être réflexif, ils en sont un attribut.

Quand il y a quelques années, L. Smolin, découvre que l’idée d’un ‘moment présent’ doit avoir du sens pour un physicien, à mon avis, subrepticement il est entrain de découvrir que la ‘Présence’ du sujet pensant dans sa louable tentative d’accéder au non-humain-du-réel est inexpugnable. Ceci est mon interprétation pas celle de Smolin qui jusqu’à présent est resté au milieu du gué sur ce sujet.

En ce qui concerne l’intrication, mon hypothèse consiste à faire appel au ‘TpS’ point aveugle de l’intelligence humaine de l’ordre 10-25s (voir nombreux articles). Le processus de l’intrication étant un processus instantané (ou quasiment), le sujet pensant ne peut pas fonder des espace-temps différenciés pour chacun des composants de l’intrication et inévitablement cette situation perdure. Pas d’espace, pas de temps, la notion de vitesse n’est plus valide, d’où l’impression d’’action fantôme’.

Les ponctuations que je propose pourraient recevoir des justifications grâce aux nouveaux moyens d’imagerie cérébrale de plus en plus perfectionnés qui sont maintenant à l’œuvre. J’ai déjà cité le travail de S. Dehaene (voir article du 26/05/2015 : ‘Académie des sciences : A la recherche du temps.’) Celui-ci vient d’être confirmé, avec des nuances, par une équipe de l’école polytechnique de Lausanne, le 12/04/2016 in la revue : ‘Plos Biology’.

Tout récemment, sur le site de ‘Pour la Science’ on peut lire un article du 14/04/2016 : ‘Comment fonctionne le cerveau des grands mathématiciens’, relatant le résultat des travaux de M. Almaric et S. Dehaene. Ils ont mis en évidence un fonctionnement nettement différencié entre le cerveau du mathématicien de haut vol qui réfléchit sur des mathématiques abstraites et le cerveau du mathématicien basique qui pratique simplement le calcul. Ce résultat m’encourage à proposer à nouveau l’expérience qui consiste à placer devant un interféromètre de laboratoire des physiciens éduqués et des non physiciens qui seraient appelés à réagir quand ils disposent d’information spatio-temporelle d’un objet quantique qui transite dans l’interféromètre et alternativement appelés à réagir lorsqu’ils ne disposent pas d’information spatio-temporelle. Selon mon point de vue, très probablement, selon la catégorie des personnes en position d’observateur, les images cérébrales seraient distinctes. Cela permettrait probablement de lever ou comprendre la nature du voile sur la problématique quantique aspect ondulatoire ou aspect ponctuel.

Effectivement, la majorité des sujets physiques que j’ai pointée révèle des problèmes d’interprétation concernant l’espace et le temps. Ce n’est pas par hasard si la très grande majorité des physiciens reconnait que la crise de la physique fondamentale est corrélée à l’incompréhension que nous avons à propos de la nature de l’espace et du temps. L’attribution d’une origine naturelle à l’espace et au temps ne conduit pas à une levée de l’incompréhension, idem si on leur refuse une quelconque origine.

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12 avril 2016 2 12 /04 /avril /2016 11:50

Selon A. Barrau, ‘De la vérité dans les Sciences’

A l’occasion de la sortie du livre d’Aurélien Barrau, édit. Dunod, je souhaite mettre en exergue quelques-unes des idées exprimées par l’auteur qui, à ma connaissance, le sont pour la première fois, en tous les cas publiées dans le cadre d’un ouvrage qui vise à offrir aux lecteurs sa conception de la recherche fondamentale en science (physique), son but, et son apport à la quête de vérité dans les sciences en général. Je privilégierai surtout les idées avec lesquelles je me trouve en résonnance et qui pour moi font immédiatement sens parce que sous une forme ou sous une autre je les ai déjà fait miennes et exprimées ces dernières années. Ceci suppose évidemment que j’interprète correctement ce qu’il a voulu nous dire. A cet égard, il faut toujours être vigilant par respect à l’auteur et pour que les conditions d’un échange utile puisse s’établir à terme. Donc en première recommandation : il faut lire le livre dans son intégrité.

(Parmi les articles au sein desquels j’ai exprimé des idées qui convergent avec celles d’A Barrau, je cite les plus anciens : ‘L’être humain est-il nu de toute contribution lorsqu’il décrypte et met en évidence une loi de la Nature ?’, le 21/12/2011 ; ‘Les nouveaux paysages : physiques ? intellectuels ? bref scientifiques de l’anthrôpos.’ Le 24/04/ 2012 ; ‘Synthèse : un Monde en Présence’, le 02/11/2012 ; ‘Un Monde en Présence II’, 01/01/2013 ; ‘Bienvenu au ‘Moment Présent’ de Lee Smolin’, le 02/05/2013 ; plusieurs autres, au-delà de ces dates jusqu’à maintenant, reprennent et tentent de préciser mes hypothèses.)

Page 36 et 37 : « Mon ami le génial physicien Carlo Rovelli – inventeur de l’une des meilleures théories de gravitation quantique – considère que la science c’est « un peu d’air frais qui entre dans la maison ». Il n’est plus seulement question de s’émerveiller devant nos propres créations mais aussi devant ce qui semble exister et se déployer indépendamment de nous. Je pense qu’il a raison. Il est sain, voire salutaire, de souligner cela. Mais il ne faut pas oublier, en parallèle de cette mise en rapport avec l’autre, avec l’ailleurs, avec l’hors, que nos manières d’appréhender cet « autre part » n’en demeurent pas moins humaines et créées. Il faut rester conscient que cette tentative d’exploration du loin n’est entreprise qu’avec nos modalités purement et inéluctablement humaines et donc locales. Nous choisissons et inventons les rapports au(x) monde(s) que nous jugeons pertinents. Ils ne sont pas donnés, ils sont construits. Tout se joue dans cette tension entre l’ « air frais » qui vient du dehors et notre ressenti ou notre explication de cet air frais qui n’est jamais une mise en lumière de la nature intrinsèque et absolue de l’essence de cet air frais

La science est souvent arrogante dans ses enjeux et parfois même dans ses conclusions mais elle est fondamentalement modeste dans ses moyens. Elle est une louable tentative d’accéder au non-humain-du-réel. Elle est toujours consciente – elle devrait en tout cas l’être – de ses limites. Limites omniprésentes ! Elle intègre sa finitude et c’est ce qui lui permet de jouer avec l’illimité.

La situation est parfois complexe et plurivoque. Il ne faut pas chercher à enfermer la science dans une vision linéaire et parfaitement sans équivoque… »

Ci-après mon commentaire de cette première tranche de citation du livre.

Je constate que l’auteur attribue à C. Rovelli le rôle d’inventeur de la gravité quantique et non pas de découvreur de ce qui serait dans la Nature. C’est une prise de distance judicieuse car Rovelli a récemment publié un livre (2015, O. Jacob) pour expliquer sa découverte (sic) : ‘Par-delà le visible, la réalité du monde physique et la gravité quantique’. Après avoir indiqué le respect qu’il a pour son travail depuis 20 ans, A. Barrau rappelle à juste raison : nos manières d’appréhender cet « autre part » n’en demeurent pas moins humaines et créées. Ainsi est-il précisé, pour ne pas faire fausse route quant au statut du travail scientifique et de ses résultats, que c’est l’intelligence humaine qui produit des résultats. Ce n’est pas faire preuve de pessimisme, ni de réduction des capacités et des méthodes de recherche en physique que de préciser que l’activité du physicien conduit à de la création et non pas à de la découverte. Effectivement nos modalités déterminées et inéluctablement humaines ne peuvent pas être néantisés pour que le spectacle du réel se présente à nous. Barrau, évoque nos modalités ; dans mes articles j’évoque : nos déterminations, et ce terme me paraît plus évocateur de ce qui caractérise les contraintes qui expliquent que penser, voir le monde réel, est certes une perspective motivante, mais jamais absolument accessible. Acceptons l’idée que nos savoirs sont construits, et sont souvent de belles constructions qui, en retour, nous construisent en tant que ‘sujet pensant’ et nous propulsent vers de nouvelles constructions. C’est cette dynamique-là qui a du sens et nourrit nos facultés proprement humaines. Je me permets d’ajouter (comme déjà exprimé dans quelques articles) que la connaissance en physique a un rôle fondamental d’avant-garde à propos de cette dynamique.

Ensuite A. Barrau nous dit que la science est souvent arrogante. Cela correspond a du véridique mais analyser la cause de celle-ci vaut la peine. Depuis Galileo Galilei, qui a ouvert au 17e siècle l’ère de la science positive, est véhiculée la croyance que La science moderne se distingue avant tout par le caractère mathématique universel de ses théories. Elle correspond au remplissage d’un cadre prédéterminé, où chaque phénomène doit être rapporté à une construction mathématique. Ainsi le physicien n’invente pas son monde, son rôle est beaucoup plus modeste et il doit se contenter de découvrir ce qui est (sic). C’est cette croyance qui imprègne notre culture (occidentale), pas uniquement scientifique, et peut conduire à l’arrogance du : « Moi je sais, parce que mon savoir me met en rapport avec ce qui est de l’ordre de l’universel. » D’accord pour l’arrogance mais ce qui est le plus dommageable c’est la croyance en ce dogme (chez les physiciens) qui n’est pas du tout minoritaire, bien au contraire.

Page 56 : « Depuis près d’un siècle nous tentons de construire une théorie cohérente de gravitation quantique et c’est un effort qu’il est indispensable de poursuivre ! Pour autant, il n’est pas exclu que dans certaines de ses modalités le réel se dérobe aux sciences mathématiques, même lorsqu’il est sondé par ce prisme. Rien n’assure que cette manière spécifique d’appréhender l’Univers soit de portée tout à fait illimitée. Il faut continuer à chercher à comprendre le Big Bang avec des équations et des télescopes, et je m’y emploie, avec beaucoup d’autres ! Mais il ne me semble pas absolument exclu que dans certains cas les mathématiques, par exemple, ne fonctionnent tout simplement plus. Demeurons, ici aussi, modestes. »

Cette citation d’A. Barrau : page 56, il faut la commenter parce que, à ma connaissance, cela est tout à fait nouveau d’évoquer les limites des mathématiques par des physiciens. La première fois que j’ai rencontré ce doute à l’égard des mathématiques, c’est dans le livre de L. Smolin : ‘La renaissance du Temps : pour en finir avec la crise (sic) de la physique’, 2014, édit. Dunod : « Quand les lois de la physique sont décrites mathématiquement, les processus causaux qui illustrent l’activité du temps sont représentés par des implications logiques intemporelles. Mais l’univers réel a des propriétés qui ne sont pas représentables par un quelconque objet mathématique. Une de celles-ci est qu’il y a toujours un moment présent. Les objets mathématiques, étant intemporels, n’ont pas de moments présent, n’ont pas de futurs ni de passés. Toutefois, si on embrasse la réalité du temps et voit les lois mathématiques comme des outils plutôt que des miroirs mystiques de la nature, d’autres faits têtus, inexplicables, concernant le monde deviennent explicables… »

Très probablement cette prise de conscience chez l’un et chez l’autre résulte d’une compréhension aigue de la crise de la physique fondamentale à notre époque. Il faudrait qu’ils l’explicitent eux-mêmes mais il me semble qu’ils sont entrain de comprendre que les mathématiques n’ont pas la valeur prédictive comme ils le pensaient. C’est, pour eux, la fin de la croyance Platonicienne réactivée par Galilée : « La philosophie est écrite dans cet immense livre qui est constamment ouvert sous nos yeux, je veux dire l’univers, mais on ne peut le comprendre si l’on ne s’applique d’abord à en comprendre la langue et à connaître les caractères avec lesquels il est écrit. Il est écrit en langue mathématique et ses caractères sont des triangles, cercles et autres figures de géométrie, sans le moyen desquels il est humainement impossible d’en comprendre un mot. Sans eux, c’est une errance vaine dans un labyrinthe obscur. »

On peut considérer que cette crise de la physique qui perdure, ne pourra être dépassée que par une réévaluation salutaire de la place et du rôle des mathématiques dans la volonté humaine de rendre compte de vérités à propos des propriétés dans la nature. Selon moi, la primauté appartient à la faculté de penser, de projection, de l’être réflexif et les mathématiques pourvoient en moyens (outils) descriptifs, très puissants qui condensent cette pensée. Les mathématiques constituent un langage commun qui permet la communication intersubjective si essentielle pour que vive les connaissances toujours provisoires. Le fait que Barrau fasse référence, page 70, au théorème de K. Gödel n’est pas fortuit, car la thèse de l’incomplétude des mathématiques conduit à la thèse de l’incomplétude de la physique théorique (quoi qu’en dise R. Penrose) lorsque l’on considère que cette physique ne peut s’épanouir que par l’épanouissement de la langue mathématique comme le prétend Galilée. C’est donc une révolution culturelle qui doit être entreprise pour dépasser les apories qui sont identifiées.

Page 57 : « Mais nos organismes – et donc nos pensées – résultent de plus de 4 milliards d’années d’évolution ininterrompue. Il y a, me semble-t-il, quelque chose de naïvement arrogant à supposer que, justement, à cet instant précis de notre histoire, la vérité ferme nous apparaît ! D’autant que ce sentiment fut évidemment partagé par toutes les civilisations précédentes… »

Ces quelques phrases de la page 57, à priori me réjouissent car la référence de ce que l’on sait de mieux en mieux de l’histoire de l’évolution de l’humanité offre un cadre de réflexions enrichissant en ce qui concerne la relation physique et intellectuel de l’être humain avec la Nature et donc le processus de décryptage de ses propriétés. Toutefois se référer à plus de 4 milliards d’années en arrière constitue une gageure inutile. Cela correspond à la période de la formation très évolutive du système solaire pendant laquelle sont forgés, sous l’action de la lumière naturelle, les acides aminés lévogyres : briques élémentaires du monde vivant puisque constituants essentiels des protéines. (Voir article du 02/08/2014 : ‘Accordons quelques batifolages à l’esprit.’). Par contre grâce au développement de la paléoanthropologie, qui a le statut d’une science pluridisciplinaire, nous pouvons remonter à plus de 2 millions d’années quand émerge parmi le foisonnement des espèces celui des homos, qui de sélections en sélections aboutiront à ‘Homo Sapiens’ : l’homme moderne. Auparavant j’ai eu l’occasion d’isoler des publications et des ouvrages qui commencent à constituer une base de données et partant de réflexions enrichissantes. Ainsi, dans l’article du 10/10/2013 : ‘Comment nous sommes devenus avec/dans le langage ?’, j’ai saisi immédiatement l’intérêt de l’article de ‘Plos One’ qui mettait en évidence une forte corrélation entre l’émergence de la faculté de langage et le besoin de tailler le silex, il y a à peu près 2 millions d’années. Le langage qui naîtrait dans ces conditions serait ainsi originellement déterminé et en conséquence la faculté de penser qui en résulte. Ces travaux ont été confirmés par une deuxième expérience, voir in ‘La recherche’ hors-série, mars-avril 2016 : ‘L’odyssée de l’homme’ page 70. De même avec la sortie du livre : ‘La seconde naissance de l’homme’ (voir article 21/07/2015), j’ai tenté d’interpréter, grâce à ce qui était relevé par les professionnelles, les indices peut-être primordiaux d’une perception ‘intellectualisée’ de l’espace et donc du temps avec la nécessité pratique de gérer l’accès à des gisements de matière première de silex. Avec l’article 10/11/2015 : ‘Principe de causalité : construction de l’esprit ou loi de la Nature ?’ j’ai tenté d’esquisser pourquoi on pouvait considérer que le principe de causalité était un principe sélectionné, élaboré, au cours d’un processus de survivance empirique propre à l’homme. Cette esquisse est motivé par l’idée qui devient de plus en plus forte chez les paléoanthropologues que ce serait à cause des phases successives de changements climatiques que l’évolution des différents Homos ce serait produite. Faire référence à l’évolution acquière de plus en plus de sens quand par exemple on lit dans un article de M. Almaric et S. Dehaene du 11/04/2016, in ‘Pour la Science’, ‘Comment fonctionne le cerveau des grands mathématiciens’ : « Et les mathématiques de haut niveau « recyclent » des fonctions cérébrales anciennes du point de vue de l’évolution. »

Etant donné tout le bien que j’exprime à l’égard du livre d’A. Barrau, il me reste à souhaiter qu’il passe à la prochaine étape, celle des travaux pratiques, car il est premièrement un physicien reconnu et il doit transcrire effectivement certaines de ses idées dans le corpus de la physique. Au moins dans le domaine qui correspond au champ intellectuel qui lui est le plus familier, cela ne peut pas être autrement. Quand par exemple il écrit : Ils (les mondes) ne sont pas donnés, ils sont construits, cela implique qu’il engage une écriture qui se distingue sur le plan mathématique et/ou conceptuel de la description traditionnelle de la physique. C’est un exercice difficile, mais comme on dit, il a le background théorique pour passer à l’action.

Il est donc possible d’envisager qu’un dialogue productif se mette en place, on verra bien ! Ainsi il sera possible d’échanger et de discuter de l’idée que le temps n’est pas donné, il est inhérent à la ‘Présence’ et donc à l’émergence de l’être doué de capacités réflexives c’est-à-dire le sujet pensant. En ce qui concerne l’espace, il faut introduire des nuances, car c’est un construit avec des références plus physiques à l’origine.

En ce qui concerne mon hypothèse iconoclaste : TpS, celle-ci n’est pas fragilisée, bien au contraire. Avec cette quantification du ‘Temps propre du Sujet’ cela permet de penser un certain nombre de situations physiques en termes de relations entre systèmes, (voir ‘Effet Zénon’ par exemple)

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29 mars 2016 2 29 /03 /mars /2016 15:06

Petit dialogue sur le sujet des ondes gravitationnelles : prolongations.

Petit dialogue :

Question posée le 18/03 sur le site de Samir Amoun :

Avec l’annonce de la détection d’une onde gravitationnelle, nous lisons dans les articles que les ondes gravitationnelles engendrent des ondes de (dans) l’espace-temps. N’y a-t-il pas là une contradiction car la prédiction des ondes gravitationnelles résulte de la loi de la relativité générale. La R.G. est fondée sur la propriété fondamentale de la covariance que l’on appelle encore invariance par difféomorphisme. Cette propriété met en évidence une invariance de fond (A. Barrau), que l’on peut interpréter encore comme un principe d’indifférence (Th. Damour). Finalement cette invariance conduit à annuler effectivement l’hypothèse de l’existence de l’espace-temps. Comment expliquer ce hiatus ?

Réponse donnée sur le site le 20/03 :

  • SMC Quantum Physics Dit:

20th March 2016 at 9:43 pm

Cher Philip Maulion,

Ceci est un sujet qui se trouve au cœur de la gravité quantique. Comme vous le dites, « l'invariance par difféomorphisme » conduit à la conclusion que le champ métrique à partir duquel nous définissons la relativité générale ne correspond pas lui-même à un objet physique (voir "hole argument" et "manifold sustantialism"). Au contraire, l'espace-temps est identifié avec le champ gravitationnel (c.a.d. avec le champ dynamique). Cette interprétation est à la base de la gravité quantique à boucles. Un exposé complet se trouve dans le livre de Carlo Rovelli "Quantum Gravity" (section 2.3.2 ‘la disparition de l’espace-temps’). Néanmoins l'espace-temps est toujours bien présent dans la théorie, sous cette nouvelle forme dynamique, qu'ici nous appelons le "métabolisme" de l'espace-temps. Ainsi donc, pour répondre à votre question: ce qu'on appelle l'espace-temps et le champ gravitationnel sont ultimement la même chose. Puisque que c’est un objet dynamique, ce n'est pas très étonnant qu'il contienne des oscillations qui se propagent dans sa structure.

Prolongations :

La réponse vise à préserver coûte que coûte, au prix de ce que je considère être une série de contorsions, l’originalité essentielle de la relativité générale qui « façonne elle-même la scène sur laquelle elle se joue » On comprend l’intérêt et l’obligation pour les fondateurs de la gravité quantique à boucles de préserver le pureté fondamentale de la pensée einsteinienne mais il ne faut pas oublier qu’en tant que réaliste Einstein a attribué en relativité à l’espace-temps un statut presque matériel. Ce qu’Einstein ne réussit pas finalement à prouver. Enfin pour accréditer l’idée que les arguments proposés de la réponse puissent être matière à controverse je cite J.M. Lachièze-Rey : « Un champ physique, quelle que soit sa nature, est défini sur l’espace-temps. », p.29, dans : ‘la nature de l’espace et du temps’, présentation du débat sur ce sujet entre Hawking et Penrose, 1997.

En premier lieu, il est incontestable que la courbure de l’espace-temps observée, via par exemple la déflexion de la lumière, est la manifestation observée de l’action du champ gravitationnelle généré par le (les) objet(s) massif(s) dans le voisinage de la déflexion constatée. Quand à cette occasion on décrit la courbure de l’espace-temps c’est exactement comme si on décrivait l’action du champ gravitationnel sur l’espace-temps avec les valeurs qui le caractérise. A ce niveau, c’est-à-dire en amont de la réponse qui est proposée ci-dessus il y a accord, bien que j’évoque plutôt l’action du champ gravitationnelle. Cf : Th. Damour, : « Le mouvement gravitationnel n’est plus décrit comme étant dû à une force, mais est identifié au mouvement « le plus inertiel possible » dans un espace-temps dont la chrono-géométrie est déformée en présence d’une distribution de matière-énergie. » Ou encore : « L’espace-temps est devenu, en 1915, un « champ » physique (identifié au champ gravitationnel), c’est-à-dire une entité dynamique influencée par et influençant la distribution de matière-énergie qu’il contient. »

A ce stade de la réflexion, il est communément admis que si on pense en terme de champ gravitationnelle, cela estompe, jusqu’à effacer : penser en terme d’espace-temps. Cela est expressément signifier dans la réponse ci-dessus : Au contraire, l'espace-temps est identifié avec le champ gravitationnel (c.a.d. avec le champ dynamique). Le point de vue des réalistes est que la primauté de la réalité est attachée au champ gravitationnel, et l’espace-temps n’en est qu’un succédané, un aspect, auquel on fait référence par commodité. L’idée d’engendrement exprimée par Th. Damour (conférence en 2000) renforce à son paroxysme cette conception : « La théorie d’Einstein affirme donc que la chrono-géométrie de l’espace-temps est un « champ » modifié par la présence de masse-énergie. Dans ce « champ chrono-géométrique de l’espace-temps engendré par la présence de masse énergie… » Citons encore : J. M. Lachièze-Rey, dans ‘Au-delà de l’espace et du temps’, édit. Le Pommier, 2003, p117 : « Dans la pratique, par commodité (sic), on choisit tout de même de l’exprimer (la covariance) dans un certain espace-temps, mais ce choix est arbitraire. Cette possibilité de déplacements arbitraires fait finalement perdre aux points toute réalité, toute importance. Les seules choses qui comptent, ce sont les valeurs des grandeurs transportées, comme les tenseurs de courbure. Peu importe le point auquel elles sont attachées. » Le prolongement logique de cette assertion est proposée par A. Barrau, dans ‘Big Bang et Au-delà’, Dunod 20015, p77 : « Le cœur de la théorie d’Einstein, c’est l’invariance de fond : le fait qu’il n’existe plus aucune structure « figée » dans l’univers, le fait que tout est dynamique et en interaction, le fait que l’espace-temps est un champ comme un autre régi par des lois d’évolution. Cette idée un peu vague (sic) admet une traduction mathématique très rigoureuse que l’on nomme l’invariance par difféomorphisme. »

Etant donné tout ce qui précède, il est difficile d’adhérer passivement à l’affirmation ci-jointe dans la réponse donnée : « Ainsi donc, pour répondre à votre question : ce qu'on appelle l'espace-temps et le champ gravitationnel sont ultimement la même chose. »

Tout ce qui est dit ci-dessus se réfère à l’échelle classique dans la mesure où aucune contrainte quantique n’est présupposée. Le passage à l’échelle quantique, notamment avec la gravité quantique à boucles, impose pour qu’il y ait validation que la contrainte de la covariance (autrement dit, l’invariance par difféomorphisme) soit strictement respectée.

Selon C. Rovelli, il est difficile de considérer que l’espace-temps est, dixi Barrau: un champ comme un autre. Dans son livre ‘Par-delà le visible’ O. Jacob, (janvier 2015), P162 : « En un certain sens, l’espace n’existe plus dans la théorie fondamentale : les quanta du champ gravitationnel ne sont pas dans l’espace. De la même façon, le temps dans la théorie fondamentale n’existe plus : les quanta de gravité n’évoluent pas dans le temps. C’est le temps qui naît comme conséquence de leurs interactions. Le temps doit émerger, comme l’espace, du champ gravitationnel quantique. » Au niveau quantique se trouve donc réaffirmé la primauté du champ gravitationnel. P. 168, finalement, « Le monde que décrit la théorie est loin de celui qui nous est familier. Il n’y a plus d’espace qui « contient » le monde ni le temps au « cours duquel » se produisent les faits, mais des processus élémentaires où des quanta d’espace et de matière interagissent sans arrêt. »… P169, « Ce processus ne se produit pas dans le temps, de même que les grains d’espace ne sont pas dans l’espace. Le processus est en soi le déroulement du temps, de même que les quanta de gravité ne sont pas dans l’espace, étant eux-mêmes l’espace. »

In fine, p177 : « Les particules sont des quanta de champs quantiques ; la lumière est formée des quanta d’un champ ; l’espace n’est qu’un champ (ici, posons-nous la question : engendré ou pas ? : réalité par lui-même ou pas ?) lui aussi quantique ; et le temps naît à partir des processus de ce même champ. Autrement dit, le monde est entièrement fait de champs quantiques.

Ces champs ne vivent pas dans l’espace-temps ; ils vivent, pour ainsi dire, les uns sur les autres : des champs sur des champs (sic). L’espace et le temps que nous percevons à grande échelle sont l’image floue et approchée d’un de ces champs quantiques : le champ gravitationnel.

Les champs qui vivent sur eux-mêmes, sans besoin d’un espace-temps pour leur servir de substrat, et capables d’engendrer eux-mêmes l’espace-temps, sont appelés champs quantiques covariants. La substance dont le monde est fait s’est radicalement simplifiée ces dernières années. Le monde, les particules, l’énergie, l’espace et le temps ne sont que la manifestation d’un seul genre d’entité : les champs quantiques covariants. »

N’oublions pas que la gravité quantique à boucles n’est obtenue que par la quantification de l’espace et du temps, et de là il est prétendu que quantification de l’espace-temps = quantification de la gravité. P153 : « L’espace est le champ gravitationnel et les quanta du champ gravitationnel seront des quanta d’espace : les constituants granulaires de l’espace. » De ce résultat, il s’avère que l’espace et le temps sont seuls vraiment saisissables, par le sujet pensant, et traitables si on croit à cette théorie. En conséquence on peut s’étonner que le sujet pensant mathématicien minore à ce point le substrat qui anime sa pensée. Il la minore au point de postuler qu’elle n’a pas de réalité physique propre.

Dans le livre déjà cité d’A. Barrau, on peut lire, p122 : « Si ce modèle était correct, il s’agirait bien sûr d’une immense révolution. Il ne décrit pas le mouvement ou la composition d’objets se trouvant dans l’espace et le temps mais de l’espace et du temps eux-mêmes. L’Univers y apparaît alors comme une collection de champs quantiques en interaction. Il n’y aurait plus aucune « métastructure » sur laquelle ces champs se déploieraient. Aujourd’hui, la dynamique de cet espace-temps quantique, granulaire, commence à être bien comprise grâce à plusieurs approches complémentaires. Vraie ou fausse, le fait est que la théorie réussit le tour de force consistant à concilier les éléments fondateurs de la relativité d’Einstein d’une part et de la mécanique quantique d’autre part. »

On peut considérer que j’ai pesamment cité C. Rovelli mais il m’a semblé nécessaire de procéder ainsi parce qu’il y a mon sens de bonnes raisons de s’interroger. Ainsi dans cette assertion : « Les champs qui vivent sur eux-mêmes, sans besoin d’un espace-temps pour leur servir de substrat, et capables d’engendrer eux-mêmes l’espace-temps… », il y a donc matière à réflexion.

Maintenant atterrissons :

Atterrissons aux US, où récemment pour la première fois une onde gravitationnelle a été détectée. C’est une onde qui a modifié la position spatiale de chacun des miroirs des interféromètres à des instants très légèrement différents. Cette onde aurait été émise par le mouvement très rapide de deux trous noirs qui auraient finalement fusionné et en conséquence à cause de cette variation brusque et locale, de la distribution de masse-énergie ils auraient provoqué un ébranlement se propageant à la vitesse C : onde de déformation de l’espace-temps qui se propage dans l’espace-temps, selon Th. Damour, qui de plus rappelle : « A cause de l’identité entre le champ espace-temps et le champ gravitationnel ces ondes s’appellent aussi « ondes gravitationnelles ». F. Combes est moins précise : « Les ondes EM se propagent dans l’espace. Les ondes gravitationnelles : c’est l’espace qui se déforme. » Voir son dernier cours 2016 du Collège de France.

L’équation de propagation de cette onde gravitationnelle s’inscrit formellement dans l’espace et le temps de l’observateur et produit son effet sur les détecteurs dans ce cadre. Certes au cours de sa propagation à la vitesse C, c’est spécifiquement l’espace qui a ondulé à partir de la région d’émission jusqu’au lieu de réception pendant une durée de l’ordre de 1,2 milliard d’année. C’est donc l’espace-temps qui est le contexte formel pour rendre compte de l’évolution de cette onde. Cf. Th. Damour, p297 : « Nous avons discuté ici de la propagation d’une onde gravitationnelle dans un espace-temps de fond décrit par la métrique de Minkowski. On peut aussi considérer la propagation d’une onde dans un espace-temps de fond courbe, c’est-à-dire étudier les solutions d’Einstein… »

C’est avec la RG et ceci dès les prémices de sa fondation qu’il a été affirmé avec force que l’espace et le temps n’avaient pas de raison d’être… par lui-même. Ces prémices comprennent aussi la nécessité d’annuler toute idée de présence d’’être pensant’ pour être assuré d’atteindre l’os de la réalité du monde. Dans tout le parcours proposé ci-dessus dans l’article on constate que le sujet pensant qu’il soit physicien, mathématicien, observateur, doit toujours faire appel à l’espace-temps pour penser et relater les conséquences et les phénomènes reliés à la RG.

Est-ce que de fait cette inexpugnabilité de l’espace-temps signifie une même inexpugnabilité de ‘l’être pensant’ ? La réponse est oui, cela est mon hypothèse. Avec ces exemples, il est difficile de continuer à postuler que la science physique est une science objective dans la mesure où tout ce qui pourrait constituer des éléments de subjectivité serait exclu. Ainsi il serait possible de décrire le monde tel qu’il est objectivement, tel qu’il est réellement. Mon hypothèse est que le ‘sujet pensant’, qui n’est pas nu de toute contribution lorsqu’il décrypte et met en évidence une loi de la Nature : article du 21/12/2011, est dans la réalité du discours développé par les physiciens. Ainsi, il serait plus juste de penser que nous atteignons des vérités consistantes aussi représentatives de ce que nous sommes capables de penser, au moment où elles ont ce statut, en considérant qu’elles évolueront vers plus de justesse au fur et à mesure que la pensée humaine sera en mesure d’évoluer et de scruter plus en avant. Il est possible de considérer que les physiciens (non exclusivement) constituent une avant-garde qui contribue à la dynamique de l’évolution de la pensée humaine.

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15 mars 2016 2 15 /03 /mars /2016 10:27

Onde gravitationnelle, ondulation de l’espace-temps, est-ce compatible ?

L’annonce du 14 février de la détection, pour la première fois, d’une onde gravitationnelle, dans les détecteurs Ligo, a été considérée comme une annonce majeure, à juste raison, par la communauté scientifique et au-delà. La raison principale de cette clameur générale c’est qu’il y eut un siècle d’attente entre la prédiction théorique conséquemment à la loi de la relativité générale d’Einstein et cette première détection. Il n’y a pas de doute, tous les articles relatifs à cette annonce nous disent : « Les ondes gravitationnelles sont (produisent) des ondulations de (dans) l’espace-temps. »

En conséquence, il est essentiel de comprendre quel fut le sort réservé à l’espace-temps pendant le siècle de traitement théorique de la relativité générale.

En premier lieu, il faut sérieusement prendre en compte la démarche intellectuelle d’Einstein qui l’a conduit à inventer la loi de la relativité générale (jusqu’à maintenant, la plus belle invention d’un esprit humain). On peut saisir l’essence de sa conviction intellectuelle en se rappelant le dialogue ci-dessous qui eut lieu effectivement entre A. Einstein et Rabîndranâth Tagore (écrivain et poète indien 1861-1941, prix Nobel de littérature en 1913), dialogue qui illustre parfaitement ce qui l’a guidé tout au long de sa vie dans sa quête pour faire émerger les lois physiques qui régissent les propriétés de la nature.

Einstein : Il y a deux conceptions fondamentales concernant la nature de l’univers ; on le considère soit comme un tout inséparable de la vision qu’en a l’humanité, soit comme une réalité indépendante de notre perception humaine.

Tagore : Quand l’univers est connu comme harmonie selon l’homme éternel, il vous apparaît dans sa dimension de beauté et de vérité.

Einstein : C’est la conception de l’univers qui relève entièrement de l’homme.

Tagore : Il ne peut y avoir d’autre conception ; le monde séparé de nous n’existe pas (sic) ; c’est un monde relatif dont la réalité dépend de notre conscience.

Einstein : Alors, s’il n’y avait plus aucun être humain, il n’y aurait plus, non plus, de beauté ni de vérité ?

Tagore : Non.

Einstein : Je suis d’accord en ce qui concerne la beauté, mais pas en ce qui concerne la vérité. Telle est ma religion : il existe un réel indépendant de l’homme et une vérité concernant ce réel (sic).

Tagore : Une vérité qui serait indépendante de l’humanité et sans relation avec elle n’existe absolument pas.

Einstein : Alors, je suis plus religieux que vous !

Cela veut dire que pour Einstein, les bonnes lois physiques sont celles qui atteignent l’os du monde réel et qui ont expulsé la moindre trace d’une quelconque influence du ‘sujet pensant’, en l’occurrence : le physicien découvreur. Selon lui, la confirmation que toute subjectivité est abolie dans ces bonnes lois c’est qu’elles sont indépendantes, invariantes, des conditions spécifiques de leur observation, de leur vérification. Il fut encouragé dans cette certitude quand en 1905, il mit en évidence, aussi, finalement, dans le cadre de la relativité restreinte, des grandeurs résultantes qui sont égales à elles-mêmes quel que soit le référentiel d’inertie dans lequel elles sont exprimées (ex : quadrivecteur espace-temps (métrique), quadrivecteur impulsion-énergie d’une particule en mouvement (masse énergie au repos), temps propre d’une particule (durée de vie d’une particule au repos), etc... A partir de ce constat, il fut encouragé pour généraliser cette quête d’invariance dans un autre référentiel, celui qui inclut l’action de la gravitation. A la suite de dix années de recherche il mit en évidence les lois de la relativité générale en 1915.

Comme le rappel Th. Damour (professeur à l’Institut des Hautes Etudes Scientifiques), il faut noter que le principe de relativité générale (contrairement aux apparences et contrairement à ce qu’Einstein crut pendant quelques années) a un statut physique différent du principe de relativité restreinte. Le principe de relativité restreinte était un principe de symétrie de la structure de l’espace-temps qui affirmait que la physique était la même dans une classe particulière de référentiels, et donc que certains phénomènes correspondants se déroulaient exactement de la même façon dans des référentiels différents. En revanche, le principe de relativité générale est un principe d’indifférence : les phénomènes ne se déroulent pas de la même façon dans des systèmes de coordonnées différents, mais aucun des systèmes de coordonnées n’a de statut privilégié par rapport aux autres. C’est aussi ce que l’on appelle le principe de covariance.

Ce principe d’indifférence nous dit que les coordonnées spatio-temporelles ne sont pas significatives à l’égard de cette physique. Cela confirme l’idée de supprimer la notion d’espace-temps (sic), sous-jacent aux phénomènes, servant de cadre de référence, et ne retenir que les relations entre objets, comme cela fut préconisé par Leibniz, Mach ou Penrose. L’objectif est alors de construire une physique sans espace-temps, ou plus exactement dans laquelle l’espace-temps n’apparaît que comme une limite de la théorie à grande échelle. En effet, bien interprétée la relativité générale interdit toute localisation dans l’espace-temps, et a fortiori dans l’espace ou dans le temps : toute localisation ne peut être que relationnelle, c’est-à-dire ne s’exprimer que par rapport à d’autres événements, mais non par rapport à une structure géométrique existante. Ainsi la relativité générale est une théorie très contrainte, contrainte que l’on qualifie, le plus souvent maintenant : d’invariance par difféomorphisme et donc les points de l’espace-temps n’ont pas de réalité physique par eux-mêmes.

Sur ce sujet, citons Aurélien Barrau en complément de l’article du 13/02/2016 : « Le cœur de la théorie d’Einstein, c’est l’invariance de fond : le fait qu’il n’existe plus aucune structure « figée » dans l’Univers, le fait que tout est dynamique et en interaction, le fait que l’espace-temps est un champ comme un autre régi par des lois d’évolution. Cette idée un peu vague (sic) admet une traduction mathématique très rigoureuse qu’on nomme l’invariance par difféomorphisme. »

Je propose, à ce stade de l’article, de citer aussi le point de vue de Marc Lachièze-Rey exprimé dans son livre ‘Au-delà de l’Espace et du temps’, 2003, édit. Le Pommier, p116 : « La covariance est une propriété subtile et fondamentale. Elle est considérée comme la véritable symétrie fondamentale de la relativité générale (Th. Damour, voir ci-dessus, ne fait pas la même analyse). Comme toute symétrie, elle s’exprime sous la forme d’une invariance vis-à-vis de certaines transformations, que les mathématiciens appellent difféomorphisme. Cette invariance permet finalement d’exprimer la théorie en se passant de l’hypothèse d’existence de l’espace-temps. »

On constate que la conception de l’espace-temps, que peuvent avoir les physiciens, virevolte dans tous les sens. Selon mon hypothèse ces tergiversations sont dues au fait qu’il est majoritairement pensé comme l’affirme A. Einstein : « Il existe un réel indépendant de l’homme et une vérité concernant ce réel. » et donc la bonne physique est celle qui évacue la ‘Présence’ de l’être pensant. Ceci est explicitement affirmé par A. Barrau, p123 : « l’Univers apparaît alors comme une collection de champs quantiques en interaction. Il n’y aurait plus aucune « méta structure » sur laquelle ces champs se déploieraient. » Contrairement à ce qui est affirmé, la ‘Présence’ du sujet pensant qui formule les lois de la physique est inéluctable, elle est inexpugnable, et comme le dit succinctement, R. Tagore : « Le monde séparé de nous n’existe pas. » Réfuter l’idée d’éliminer le ‘méta structure’, le ‘fond’ de la ‘Présence’ du sujet pensant résout l’inconstance de la conception de l’espace-temps que nous avons identifiée car c’est cette ‘Présence’ qui fonde l’espace-temps.

Comme je l’ai indiqué dans plusieurs précédents articles les processus de fondation de l’espace et du temps ne sont pas semblables. A propos du temps le processus abstrait de fondation est finalement illustré par mon hypothèse de TpS. Quant à l’espace le processus de fondation est moins abstrait car j’imagine qu’il peut prendre appui sur une matérialité concrète qui permet le déplacement et le repérage physique du bipède que nous sommes devenus (voir article du 21/07/2015 : ‘La seconde naissance de l’homme’), en tous les cas, et depuis cet exemple, penser l’espace et le temps en tant qu’espace-temps est intériorisé.

En guise de conclusion de cet article, je considère qu’il faut abandonner l’ambition affirmée par Einstein que la physique atteint la description du monde réel. Cette ambition est de fait une croyance partagée par une très grande majorité de physiciens que l’on qualifie de ‘Réaliste’. Jamais, dans l’histoire de la connaissance en physique depuis Galilée, cette ambition n’a été confirmée, loin s’en faut. Les étapes significatives de cette histoire ont plutôt correspondu à l’établissement de vérités provisoires. En effet, la science physique est une science suffisamment rigoureuse pour qu’à un moment donné une communauté de scientifiques partage un point de vue commun et un langage (mathématique) commun de représentation. Ces étapes historiques ne durent pas plus que quelques décennies, jusqu’à ce que de nouvelles vérités s’imposent et qui, d’ailleurs, peuvent englober les précédentes. Je fais cette proposition non pas par purisme, ni par souci d’esthétisme, mais par souci d’efficacité. Cette ambition de réalité immédiate provoque une focalisation intellectuelle réductrice qui retarde le recul de l’intelligence collective qui devrait prévaloir dans ce domaine.

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26 février 2016 5 26 /02 /février /2016 11:00

Au-delà de ce que l’on appelle la lumière.

Officiellement, le 11 février nous avons appris qu’au-delà de ce que l’on appelle la lumière il y a d’autres moyens d’extraire de la connaissance en ce qui concerne ‘notre univers’. C’est une première qui annonce ce cap remarquable qui vient d’être franchi. Jusqu’à présent toutes les informations que nous avons pu obtenir et mettre en ordre, à propos de notre univers, cela fut grâce à la lumière. Quand je dis ceci je globalise car j’appelle lumière tout ce qui est onde électromagnétique avec un spectre qui s’étend des ondes radios jusqu’aux rayons gamma. Respectivement de plus de mille mètres jusqu’à moins de 10-19mètre en longueur d’onde. Les ondes des couleurs de l’arc-en-ciel constituant la lumière naturelle à laquelle notre œil est sensible sont comprises entre 7.10-11m (rouge) et 4.10-11m (bleu). Très grande sensibilité de l’œil humain mais, comme on le constate, très spécialisé sur une gamme particulièrement étroite si on compare l’ampleur de la gamme qui a été depuis conquise. La gamme a été effectivement conquise par l’homme moderne qui a construit au fur et à mesure des instruments qui ont étendu par des moyens indirects des capacités de ‘voir’. Ainsi aujourd’hui on peut découvrir un article intitulé : «Voie Lactée : une spectaculaire image ... invisible (à notre œil) »

L’accès à une connaissance de la diversité des rayonnements électromagnétiques s’est engagé grâce à I. Newton : en 1672, à travers un prisme, il décompose la lumière blanche en lumière de l’arc-en-ciel. En 1800, W. Herschel découvre le rayonnement infra-rouge (I.R.). En 1801, J.W. Ritter découvre le rayonnement ultraviolet (U. V.). En 1815, Von Fraunhofer invente la spectroscopie. En 1865, J. Maxwell découvre les équations de propagation du rayonnement électromagnétique en général qui correspondent aussi à la lumière en particulier. En 1884 les ondes micro-ondes sont découvertes. En 1888, H. R. Hertz montre l’existence concrète des ondes électromagnétiques. En 1895, les rayons X sont découverts par W. Röntgen et les rayons gamma en 1900 par Paul Villard. Les rayons cosmiques découverts en 1900 qui sont d’origines matérielles ne sont étudiables que par les cascades de lumière induites quand ils pénètrent dans notre atmosphère et dont le flux est partiellement mesurable in fine dans des détecteurs appropriés, ex : Observatoire Pierre Auger.

Cette scansion historique, nous rappelle que c’est à partir de la faculté naturelle de voir que nous avons développé l’observation de notre monde. Ce n’est pas rien mais cela donne du poids à l’interrogation suivante : au-delà de cette faculté naturelle de l’être humain est-il possible de décrypter autrement et plus largement notre monde ?

Ces derniers jours, depuis le 11 février, on peut lire dans de nombreux articles des prédictions du type : « L’astronomie des ondes gravitationnelles va révolutionner notre compréhension de l’univers. » ; « Nouvelle fenêtre sur l’univers » ; « Ici on ouvre un nouveau domaine scientifique, l’astronomie des ondes gravitationnelles » ; « A l’aube d’une nouvelle astronomie » …etc. Ces prédictions ont de bonnes probabilités de se réaliser car ce ne sera plus uniquement avec notre œil et les outils qui en ont dérivé que l’on va être amené à constater ce qui se produit et ce qui ordonne notre univers. L’expression ‘notre univers’ acquière maintenant toute sa force, puisqu’elle nous rappelle les limites plus que jamais discernables de ce que nous avons su jusqu’à présent décrypter. C’est exactement ce que nous devons retenir du précieux résultat du 11 février : l’univers que nous avons pu investir jusqu’à présent, est celui qui est donné par, (à cause de), nos déterminations d’être humain.

N’oublions pas qu’il y a une grande majorité de physiciens qui considère que l’on voit déjà au-delà de nos propres déterminations grâce à la puissance des mathématiques et donc nous sommes des êtres doués d’une faculté universelle de ‘voir’ qui se déploie avec notre faculté de penser. Certes, cette conception se défend ! D’autant que les ondes gravitationnelles ont été pensées grâce à l’équation de la Relativité Générale en 1916. Toutefois l’euphorie du 11 février est significative. Les résultats obtenus ont la valeur d’une conquête historique pour la communauté scientifique parce que fondamentalement la physique est une science expérimentale dans le sens où il faut que des effets prédits par la théorie soient effectivement détectables et mesurables par l’un de nos sens et celui de la vue, a le statut de la plus grande objectivité. Cette assertion est d’autant plus consistante qu’elle s’applique aux ondes gravitationnelles elles-mêmes. En effet, les conséquences relatives à leur existence avaient été calculées avec une précision remarquable par R. Hulse et J. Taylor, il y a plus de 30 ans. A juste raison, ils ont été récompensés en 1993 par un prix Nobel. Le 11/02 on a vu leurs effets dans 2 interféromètres grâce à un train d’onde qui a imprimé pendant 0.2 seconde.

Voir les ondes gravitationnelles est encore, malgré tout, de l’ordre de l’actuel possible parce que ce résultat s’obtient avec des moyens et des contraintes encore anthropocentrés car celles-ci se déplacent dans l’espace-temps à la vitesse de la lumière. Comme je l’ai déjà exprimé cette vitesse est une vitesse horizon, pour nous, jusqu’à ce que nous puissions la dépasser, au moins penser que cela est pertinent. Mais il est certain que dans l’immédiat les ondes spatio-temporelles vont nous fournir des informations qui ne peuvent être qu’inédites et les connaissances de notre univers vont être plus denses dans un futur proche. Etant donnée l’originalité des ondes gravitationnelles, comparées aux ondes électromagnétiques, il est probable que les limites, de l’univers que nous avons investi, vont être repoussées mais il faut aussi envisager aussi que de nouvelles énigmes, de nouveaux paradoxes, vont surgir. Il n’est pas nécessaire d’être devin pour faire ce genre d’annonce car il est de plus en plus évident que dans le monde physique il y a quantités de phénomènes et d’informations qui ne nous sont pas encore accessibles. La preuve pour le moment nous n’avons identifié que 5% de ce qui est censé composer notre univers. Les 95% pour lesquels nous sommes toujours aveugles pourraient être éclairés, au moins indirectement, grâce, aux nouvelles énigmes, aux nouveaux paradoxes. Les motivations pour chercher à débusquer ces 95% seront redoublées puisque des pistes nouvelles de détection deviennent envisageables. Comment aboutir ? Concentrera beaucoup d’énergie cérébrale.

Il faudra probablement concevoir des détecteurs qui ne seront plus aussi anthropocentrés comme cela est actuellement. Ici, avec ces propos, il ne faut pas que cela soit entendu comme inaccessible à l’entendement de l’Homo Sapiens que nous sommes mais il faut l’entendre comme le fait qu’Homo Sapiens franchira un cap supplémentaire de sa faculté de concevoir grâce à la maîtrise de nouveaux paradigmes et qu’il en déduira de nouvelles capacités de ‘voir’. Ce ‘voir’ comprendra une haute proportion qui sera de l’ordre du ‘penser’ en général. De cette façon, il y aura de fait, grâce à l’accroissement de l’acuité intellectuelle, suffisamment de convergences pour que nous nous approchions, au plus près, d’une vérité partagée. Il faut prendre en compte qu’avec l’évolution, l’Homo Sapiens, que nous sommes, est devenu de plus en plus sujet pensant, et à ce titre les conquêtes dans l’espace-temps sont de moins en moins physique, mais de plus en plus le fruit de l’accroissement de nos capacités cognitives et à ce titre ont plus de sens. Le poids des déterminations de ‘l’être de la nature’, partie de l’être humain, diminue, et cette émancipation correspond au fait que s’élève le socle duquel ‘l’être dans la nature’, cette autre partie de l’être humain qui prend de l’ampleur, surplombe de plus en plus des conceptions du monde physique à venir. Voir articles du 2/11/2012 : ‘Synthèse : un Monde en ‘Présence’’ ; du 29/06/2013 : ‘Notre matière n’est pas toute la matière’ ; du 10/09/2013 : ‘Convergence’.

On peut considérer qu’assez rapidement on procèdera à une plus ample évaluation de ce que l’on appelle notre univers, soit par extension, soit par addition. Par addition, cela veut dire comme je l’ai indiqué dans l’article 13/02/2016, que nous additionnerons par exemple des univers du multivers déjà considérés avec une certaine probabilité avec des lois physiques qui nous semblent aujourd’hui encore totalement exogènes, mais que nous finirons par intégrer dans notre espace d’intelligibilité, lorsque des preuves à l’appui seront mises en relief.

Ainsi, c’est presqu’en temps réel que se trouve illustré ma référence métaphysique : ‘Au sein d’une Eternité, parmi tous les possibles, l’anthrôpos ne cesse de creuser sa connaissance de l’Univers, jusqu’à ce qu’il soit en mesure d’atteindre l’addition de tous les possibles, c’est-à-dire à l’infini du temps et de l’espace là où ils se confondent.

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13 février 2016 6 13 /02 /février /2016 11:34

Big Bang et au-delà…

C’est le titre du livre d’Aurélien Barrau qui vient de sortir : Big Bang et au-delà, les nouveaux horizons de l’univers : réédition 2016. Edition Dunod. Je me permets de vivement recommander sa lecture.

Aurélien Barrau est un physicien qui propose une pensée scientifique qui doit être connue et comprise car elle sort d’un cadre contraint habituel du milieu des physiciens qui n’a plus lieu d’être lorsqu’on intègre à bon escient toutes les avancées intellectuelles, culturelles, factuelles bien sûr, qui sont maintenant à notre disposition. A mon avis, A. Barrau est un représentant remarquablement intéressant de cette façon appropriée d’associer des domaines de connaissances et de réflexions multiples pour finalement placer, à la fois, sur un socle consistant des savoirs scientifiques qui ont une portée immédiate et, de plus, sont aussi vecteurs de potentialités qui entretiennent une belle tension intellectuelle. Le fait que cette dynamique soit le fait de quelqu’un qui provient, et qui y est toujours encore, du versant de la physique est (r)assurant. C’est ainsi que je l’éprouve.

Faire émerger de la loi de la Relativité Générale l’idée de multivers au sein duquel se trouve notre univers, (dé)montrer que cette hypothèse iconoclaste est vraisemblable et de plus, avec des arguments bien placés, faire que cette hypothèse soit accessible et donc propice au partage, tout ceci constitue un remarquable exercice. Comme l’auteur le formule : « Ce déplacement fondamental dans la manière de penser la physique » a un côté salutaire car il nous délivre du risque sérieux de l’enfermement téléologique de la pensée à cause du principe anthropique et partant, il met en évidence des potentialités de savoirs nouveaux, différents, que nous devons tenter d’élucider.

Malgré tout je souhaite pointer l’existence dans ce livre d’une contradiction certaine. Je ne la soumets pas seulement à l’auteur puisque quelque part au cours de nos cheminements intellectuelles nous devons y être confrontée, d’une façon ou d’une autre. Ici, je l’ai lue à son paroxysme. Dans les pages 139 – 142, A. Barrau nous fait connaître sa pensée à propos du monde vivant autre que celui du monde de l’homme. Avec une conviction qui ne peut être réduite à une conviction abstraite, de circonstance, il nous fait part de l’intelligence que nous devrions avoir avec le monde animal qui ne devrait pas être considéré comme un monde étranger, extérieur. En ce sens en tant qu’homme de science qui ne se cantonne pas à une vision purement académique, il nous rappelle que la pensée scientifique n’est pas désincarnée, hic et nunc. Pourtant, page 122-123, à propos de la gravité quantique à boucles : « En gravité quantique boucles, l’espace-temps n’est plus une trame continue. Il faut imaginer un réseau d’une immense complexité… Il (le modèle de mousse de spins) ne décrit pas le mouvement ou la composition d’objets se trouvant dans l’espace et le temps mais de l’espace et du temps eux-mêmes. L’Univers y apparaît alors comme une collection de champs quantiques en interaction. Il n’y aurait plus aucune « méta structure » sur laquelle ces champs se déploieraient. » Avec ces propos rapportés, on comprend bien que c’est le mathématicien, le physicien théorique, qui dans son élan est emporté par une conception de l’Univers dictée par l’abstraction mathématique. Est-ce que le logos mathématique est un logos en lui-même qui doit être supporté passivement par le sujet pensant jusqu’à ces conséquences extrêmes ? Alors dans ce cas le sujet pensant ne serait qu’un intermédiaire dont, de fait, sa pensée propre serait creuse. Qu’est ce qui fait penser qu’un Univers sans ‘Présence’ a un sens et en conséquence par et pour lui-même serait toujours.

Si on n’y prend pas garde, des dérives sont possibles, en tous les cas pour moi, il n’y a pas de doute j’en ai rencontrées et R. Penrose en est l’auteur lorsqu’il nous dit que les mathématiques sont de l’ordre du divin. Malgré le théorème de l’incomplétude de Gödel, il conçoit une échappatoire et, selon lui, les mathématiques se situent éternellement au niveau du divin. Cela a pour conséquence de nous mener directement à une conception physicaliste redoutable : l’activité du mental peut être abordée de manière scientifique et les idées de la mécanique quantique sont pertinentes pour le problème des relations du corps et de l’esprit.

Ceci étant dit, je reviens sur mon accord avec l’auteur exprimé à propos de ce déplacement fondamental dans la manière de penser la physique et ses conséquences car je pense que le, là, d’où s’est initié la faculté de penser d’Homo Sapiens n’est pas un là prison, mais un là tremplin (voir article du 03/02/2016) et en conséquence proposer de repousser les frontières de notre Univers, de repousser les frontières de ce qui aurait pu annoncer un essoufflement de la pensée tout court, et scientifique en l’occurrence, est vivifiant et à prendre.

Oui ! Dans d’autres univers du multivers les lois physiques qui prévalent sont autres mais devraient être saisissables. Pour ce qu’il en est de ceux qui seraient dépourvus de temps et d’espace donc univers pour lesquels l’idée de vitesse n’aurait aucun sens, pourquoi ne pas directement les associer à notre univers. En effet selon mon hypothèse, les propriétés des objets intriqués pourraient s’expliquer grâce à cette étrangeté car, dans ce cas, ni espace ni temps ne pourraient être projetés pour rendre compte des propriétés constatées des objets intriqués dès la production de l’intrication de ceux-ci. Ces univers en question ne seraient plus exogènes et notre univers (notre pensée) serait augmenté.

La matière noire et l’énergie sombre, telles que nous tentons de les concevoir, façonnent, à mon sens, non seulement une sorte de tunnel dont les parois sont autant d’obstacles à penser ce qu’il y a au-delà, mais aussi focalisent la partie visible à une source de lumière conceptuelle que l’on appelle le Big Bang. Cette façon de voir, moult fois réévaluée sous des angles différents, ne peut mener à une élucidation. C’est en comprenant que pas d’espace, pas de temps, pas de vitesse C et qu’ainsi E = mC2 ne contraint pas et ne vaut pas pour la matière noire ni pour l’énergie sombre que les parois du tunnel deviendront transparentes, pour ne pas dire non existantes.

Si ce chemin était fructueux, c’est-à-dire que la matière noire ne serait donc pas granulaire, ne s’annihilerait pas avec son antiparticule en photon, bref serait tout autre que ce que notre déterminisme conceptuel ne sait qu’envisager actuellement, là encore bien des univers du multivers composeraient le nôtre qui deviendrait tout autre. C’est un bond qui serait franchi par Homo Sapiens mais de nouvelles énigmes s’installeront dans le paysage. Plus du Big Bang actuel, Il devra certainement s’inventer une nouvelle origine car poser sa pensée sur une origine qui l’implique est probablement une nécessité pour que cette pensée puisse, après coup, se déployer.

Je ne prétends pas que ces propositions iconoclastes soient inscrites dans le livre d’Aurélien mais selon moi elles n’y rencontrent pas d’obstacle.

J’éprouve le besoin de revenir sur l’article précédent du 03/02/2016 dans lequel j’ai développé l’idée qu’Homo Sapiens est ce qu’il est parce qu’il est un être extraordinairement déterminé par les lois de la nature. Depuis le 02/02 dans plusieurs sites anglo-saxon a été publié un article qui rend compte que la forme du cerveau humain s’explique par des lois physiques très simples. En effet, une équipe franco-finno-américaine vient de prouver l’énorme rôle joué par les lois de la mécanique, précisément celles des interfaces, dans la forme si particulière du cerveau humain. Pour comprendre qu’une loi physique aussi basique que celle pilotant les tensions aux interfaces des matériaux puisse agir si directement durant le développement d’un organe à ce point complexe qu’est le cerveau humain, je vous conseille de vous référer entre autres à l’article du site de science et vie.com du 06/02 : « La forme du cerveau humain s’explique par des lois physiques très simples »

Il se trouve que je bénéficie d’une belle coïncidence avec la publication de cet article complémentaire.

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  • : Ce blog propose une réflexion sur les concepts fondamentaux de physique théorique. Le référentiel centrale est anthropocentrique. Il attribue une sacrée responsabilité au sujet pensant dans sa relation avec la nature et ses propriétés physiques. L'homme ne peut être nu de toute contribution lorsqu'il tente de décrypter les propriétés 'objectives' de la nature.
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